Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
|
| Jean Rhys (La Prisonnière des Sargasses et autres romans) | |
|
+19Tatiana Lady Crumpets Petit Faucon Zakath Nath moodytryme Liewen Kibiko Camille Mc Avoy Théophile Tizzie Aude Louise B. Lady Rose Clelie mimidd Miss Smith Cinnamon cat47 Muezza 23 participants | |
Auteur | Message |
---|
cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: Jean Rhys (La Prisonnière des Sargasses et autres romans) Mer 12 Oct 2011 - 14:27 | |
| Moi aussi j'ai eu quelques problème avec ce livre, et il me semble que c'était aussi pour une question d'atmosphère étrange, à laquelle je n'ai pas accroché. C'est sûr qu'en plus Rochester n'y apparaît pas à son avantage, ce qui n'arrange pas les chose. Ce qui est le plus bizarre, c'est qu'il y manque tout à fait de charisme. Or on peut reprocher beaucoup de choses à Rochester, mais le montrer sans charisme, eh bien ça fait vraiment bizarre. _________________ |
| | | Zakath Nath Romancière anglaise
Nombre de messages : 4819 Age : 41 Date d'inscription : 04/11/2007
| Sujet: Re: Jean Rhys (La Prisonnière des Sargasses et autres romans) Jeu 19 Jan 2012 - 18:04 | |
| Je viens de terminer le livre et je suis également perplexe.
La narration ne facilite pas vraiment les choses, on entrevoit des thèmes intéressants (les Antilles après l'abolition de l'esclavage, avoir le point de vue de Bertha sur son mariage) mais tout est trop vague et j'avais du mal à comprendre les relations de certains personnages et surtout leur évolution. Pendant la première partie, ça me semblait vague car la narratrice est encore une enfant donc ne donnait pas l'impression de tout comprendre à ce qui arrivait autours d'elle (et peut-être a-t-elle déjà un grain?). Mais la deuxième partie, avec le point de vue du mari dont-on-ne-doit-pas prononcer-le-nom (non, pas Voldemort) m'a parue finalement tout aussi confuse: elle glisse dans la folie parce qu'il la traite mal ou ne fait-il qu'empirer un mal héréditaire? Et même lui est difficile à cerner.
Du coup, j'ai trouvé que c'était un exercice de style intéressant, mais sans plus. |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Jean Rhys (La Prisonnière des Sargasses et autres romans) Lun 30 Jan 2012 - 18:12 | |
| Je n'ai pas lu Wide Sargasso sea, mais je voudrais dire un mot sur Jean Rhys, et rebondir sur le message de Liewen, qui me parait contenir une analyse très intéressante. - Citation :
- Ce livre est en effet, à mes yeux, le roman de l'incompréhension de l'autre, que ce soit l'autre immédiat, personne en face de nous, ou l'autre symbolique. Cette incompréhension liée au regard faussé qu'on peut avoir de l'autre, parce que l'on se fie à ses seuls repères socio-culturels, mènent à la cruauté envers l'autre, au déni de son identité, voire jusqu'à sa folie.
Cette phrase reflète tout à fait l'impression que j'ai eue en lisant "Voyage in the Dark" de J Rhys, qui me parait être une écrivain de l'étranger, de l'étrangeté à soi-même, qui finit par faire que l'héroïne devient spectatrice de sa propre histoire, et non pas actrice. - Citation :
- Pour moi le titre Wide Sargasso Sea pointe l'espace géographique et surtout symbolique qu'il y a entre le narrateur (quel qu'il soit) et l'autre, ce no man's land où s'entrechoquent deux regards, deux cultures, deux mondes qui ne se comprennent pas semblent dans le livre condamnés à ne pas pouvoir se comprendre.
Je crois que c'est pour cela que je n'ai pas lu WSS parce que j'avais déjà souffert du manque d'empathie avec l'héroïne de "Voyage in the Dark", et je n'ai pas eu le courage de le lire. |
| | | Lady Crumpets Demande enflammée
Nombre de messages : 355 Age : 38 Date d'inscription : 05/06/2011
| Sujet: Re: Jean Rhys (La Prisonnière des Sargasses et autres romans) Sam 25 Fév 2017 - 14:25 | |
| Alors je viens de finir d'éplucher dans son entier ce sujet (ça m'a pris deux jours ), lisant tous les avis et commentaires et j'avoue être étonnée par certains, me demandant même parfois si nous avons lu le même livre ! Mais c'est ça qui est justement intéressant dans l'échange sur ce forum J'ai terminé la lecture de ce livre il y a à peine quelques jours, le lisant d'une traite ou presque (j'ai mangé quand même :-P ) et ce petit livre m'a tellement remuée et déconcertée que j'ai vraiment ressenti le besoin de partager avec d'autres les impressions de lecture. Je pense qu'on est tous d'accord sur un point : l'atmosphère particulière, étouffante, un peu langoureuse, quelque peu opiacée à mon humble avis d'ailleurs qui règne tout au long du livre, et qui vraiment nous plonge dans un état étrange et crée un malaise omniprésent. On est gêné tout le long du livre, et c'est évidemment fait exprès. Alors vu tout ce qui a déjà été dit, je ne vais pas m'étendre mais je suis particulièrement d'accord avec l'analyse de Liewen, je la rejoins en tous points. Également sur son impression générale à la fois indéterminée mais plutôt positive. J'ai aimé lire ce livre qui m'a dérangée, qui soulève de nombreuses problématiques intéressantes. Et la grande force de cet ouvrage est justement son atmosphère et son écriture intense, très orale et très perturbante, qui nous met exactement dans l'état qu'il faut pour appréhender ce livre : on ne comprend pas toujours ce qu'il se passe, les uns disent certaines choses, d'autres en disent d'autres, ils se contredisent, confrontent leurs visions, on ne sait pas réellement où est la vérité, les temps se mélangent et les narrateurs aussi. En bref, c'est un roman très vrai, exactement comme cela se passerait dans la vie réelle, ce flou artistique qui régit parfois nos vies et c'est à tout un chacun de démêler tout ça et faire ses choix. Et je pense qu'entre autre chose, c'est ce qu'a voulu démontrer ce livre : tout n'est pas si simple, tout n'est pas blanc ou noir, et c'est toujours, toujours, toujours, beaucoup plus compliqué que ce qu'on aimerait croire. Je ne suis pas tellement d'accord avec ceux qui ont dit que le but était de réhabiliter totalement Bertha et de descendre Rochester. Non, je pense seulement qu'elle a voulu donner un autre écho à celui qu'on a dans Jane Eyre et qui ne nous donne que la vision de Rochester, et ne nous fait avoir que de l'empathie pour lui à travers son regard sur l'histoire et le place forcément en "victime" unique. Elle a juste voulu nous montrer qu'il y a toujours deux côtés d'une pièce et que les choses sont bien plus compliquées quand il s'agit de relations humaines. Elle ne fait pas d'Antoinette une pauvre colombe blanche totalement innocente, et ne fait pas de Rochester un monstre sans coeur. Je pense justement qu'elle donne à tous deux une dimension extrêmement humaine, avec chacun ses problèmes, voire ses tares, son histoire, ses repères socio-culturels etc et ses fautes. C'était très perturbant à lire (je l'ai lu en VO donc pas de soucis de traduction) mais je pense que c'est fait exprès pour nous montrer la confusion dans les esprits de chacun, nous montrer aussi la folie croissante, et cette sorte de demi rêve dans lequel semble plongés les protagonistes. J'ai beaucoup aimé les descriptions de paysage, très parlantes et vivantes et la dernière partie en Angleterre m'a serré le coeur. Oh et parce que j'ai cru lire une interrogation à ce sujet, mais Rochester dit bien qu'il l'a aimée, vraiment aimée. Surtout via son attirance physique presque animale, mais il le dit qu'il l'a aimée, il se l'avoue à lui-même presque même à regret, comme si ça aurait été plus simple de ne pas l'aimer du tout finalement. Enfin moi je l'ai compris comme ça. En bref, j'ai aimé ce livre, mais il était dérangeant et déconcertant. Et je ne vais pas m'étaler sur les autres sujets, l'analyse de Liewen correspond vraiment à la mienne |
| | | Tatiana A view from the past
Nombre de messages : 14361 Age : 39 Localisation : Quelque part dans l'Angleterre du XIXe... Date d'inscription : 26/02/2010
| Sujet: Re: Jean Rhys (La Prisonnière des Sargasses et autres romans) Mar 27 Aoû 2019 - 19:15 | |
| Pour info le topic, initialement dans le sous-forum des Brontë, a été déplacé dans le sous-forum des auteurs anglo-saxons divers pour pouvoir aborder les autres oeuvres de la romancière.
_________________ |
| | | Dulcie Romancière anglaise
Nombre de messages : 1613 Date d'inscription : 19/12/2009
| Sujet: Re: Jean Rhys (La Prisonnière des Sargasses et autres romans) Jeu 29 Aoû 2019 - 1:26 | |
| Merci pour la modification de topic, Tatiana Je replace deux brefs avis : - Citation :
- Dulcie a écrit:
- Terminé Voyage dans les ténèbres, court roman (~200p) de Jean Rhys.
On y suit un bout de la vie de la narratrice dans l'Angleterre du début du 20e siècle avec ses difficultés matérielles, les hommes et les femmes qu'elle rencontre, ses souvenirs d'enfance aux Caraïbes. Rhys a une écriture simple, très "ramassée", elliptique, qui va à l'essentiel. Elle raconte peu mais réussit souvent à émouvoir de par la détresse et la solitude de son personnage principal. Malgré leurs différences, ce roman-ci en particulier m'a fortement fait penser à Intempéries de Rosamond Lehmann - ils ont d'ailleurs été publiés à deux ans d'intervalle à l'époque (1934 & 1936).
- Petit Faucon a écrit:
- Merci Dulcie pour ton commentaire sur le Voyage dans les ténèbres, j'en ai un souvenir assez émouvant et triste
- Dulcie a écrit:
- J'ai relu Quai des Grands-Augustins de Jean Rhys. C'est un court roman, comme d'habitude très elliptique, avec une héroïne psychologiquement et matériellement instable, perdue, qui erre dans Londres et Paris, vit dans des chambres d'hôtel minables et se cherche des amants pour recevoir de l'argent. Du pur Rhys donc. J'aime beaucoup. J'hésite encore à dire qu'il s'agit d'une des romancières que je préfère, mais il y a indubitablement quelque chose qui me plaît dans ses récits, son style.
* J'ai également lu Bonjour minuit : c'est avec ce roman que je l'ai découverte et tout de suite accroché, même s'il est assez particulier dans le style et comme toujours plutôt déprimant. Mais j'aime énormément ce genre d'héroïne. * Puis Souriez s'il vous plaît, son autobiographie inachevée, courte et de toute façon fragmentaire. Il faudrait que je la relise mais je me rappelle d'un ouvrage émouvant et honnête, où elle parle de son enfance aux Antilles, des difficultés de sa vie adulte. Mes souvenirs sont assez flous cependant même si ça ne fait pas tellement longtemps. * L'oiseau moqueur et autres nouvelles. Pas mal mais m'avait moins convaincue (quoique c'est peut-être moi sur le moment). J'aimerais le relire peut-être ou surtout découvrir d'autre de ses nouvelles. * Enfin un volume de correspondance (traduit en français, des années 30 à 60) où elle écrit surtout à sa fille. J'avais apprécié même si ce sont des lettres dans l'ensemble "très quotidiennes" et qui paraitront sans doute ennuyeuses à moins de vouloir comme moi se "rapprocher de", en savoir plus sur Jean Rhys, la femme et écrivaine. A l'instar des personnages de ses livres, elle a eu une vie matérielle et psychique relativement compliquée mais était somme toute combative et a été capable d'écrire. |
| | | esperluette Magnolia-White Ampersand
Nombre de messages : 9312 Date d'inscription : 11/07/2009
| Sujet: Re: Jean Rhys (La Prisonnière des Sargasses et autres romans) Jeu 29 Aoû 2019 - 12:30 | |
| Je n'ai jamais lu Jean Rhys (même si j'ai noté La Prisonnière des Sargasses depuis longtemps) mais ton post me donne envie de m'y pencher, Dulcie. J'ai l'impression que ses textes peuvent me parler. |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29118 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| | | | Leibgeber Coléoptère d'Afrique
Nombre de messages : 267 Age : 47 Localisation : Loin des Vertes-Collines Date d'inscription : 13/06/2013
| Sujet: Re: Jean Rhys (La Prisonnière des Sargasses et autres romans) Mer 9 Mar 2022 - 6:23 | |
| J’ai relu The Left Bank (Rive gauche), recueil de nouvelles qui a constitué la première publication de Jean Rhys en 1927 (alors qu’elle avait 37 ans). Celle-ci y fait revivre ces années parisiennes pour offrir des scènes et des portraits divers, mais surtout évoquer la pauvreté et la solitude qu’elle y a connu.
L’ironie domine d’abord comme au sujet de l’envahissement de Montparnasse par les Britanniques et les Américains :
"For they are very intelligent, all these people. They paint, they write, they express themselves in innumerable ways. It is Chelsea, London, with a large dash of Greenwich Village, New York, to liven it, and a slight sprinkling of Moscow, Christiania and even of Paris to give incongruous local colourings." (Tout Montparnasse and a Lady)
Ce ton, Jean Rhys l’aura aussi pour traiter de son triste sort :
"For it was her deplorable habit, when she felt very blue indeed, to proceed slowly up the right-hand side of the Boulevard, taking a fine à l’eau – that is to say a brandy and soda – at every second café she passed." (In the rue de l’arrivée)
Et encore plus loin dans la même nouvelle, quand Jean Rhys se décrit d’une façon qui est typique dans son œuvre :
"Miss Dufreyne, for such was the Lady’s name, was a weak, sentimental, very lazy, entirely harmless creature, pathetically incapable of lies or intrigue or even of self-defence – till it was too late. She was also sensual, curious, reckless, and had all her life roused a strong curiosity in men. So much for her."
Toutefois, l’expression intime et poignante de la détresse prendra de plus en plus le pas, notamment dans Hunger (le titre dit tout de ce que l’auteur a dû subir au cours de sa vie) ou dans Vienne, le dernier texte et de loin le plus long du recueil :
"Not to be poor again. No and No and No. ...And every second-rate fool can have their cheap little triumph over you… C’est rien – c’est une femme qui se noie !… How lonely I am – how lonely I am. Tears."
Pauvre Jean Rhys… Un crève le cœur.
Il y aurait beaucoup à dire sur les 120 pages de The Left Bank, mais une chose m'y semble spéciale, comme mes extraits précédents le laissent suggérer, c’est l’emploi que Jean Rhys fait du français jusqu’à l’hybridation avec l’anglais. Il faudrait hélas citer de longs extraits pour bien faire ressortir l’impression de créole – à mon avis recherchée par Jean Rhys qui venait des Antilles - que l’on peut éprouver.
Enfin, avec The Left Bank, on pensera à une autre authoress dont beaucoup de nouvelles se passent à la même époque à Paris : Katherine Mansfield. Je dois avouer que c’est seulement hier que je me suis avisé qu’elle et Jean Rhys n’avaient que deux années de différence (1888 pour Katherine Mansfield, 1890 pour Jean Rhys, toutes deux enfants des îles). Par contre, pas moins que 56 ans séparent leur mort (1923 pour Katherine Mansfield, 1979 pour Jean Rhys). 56 ans ! Cela m’a donné le tournis d’une vie si courte pour l’une, de souffrances si longues pour l’autre...
Dernière édition par Leibgeber le Sam 19 Mar 2022 - 14:05, édité 1 fois |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Jean Rhys (La Prisonnière des Sargasses et autres romans) Ven 11 Mar 2022 - 16:12 | |
| Ton commentaire et surtout les extraits me donnent envie de revenir à Jane Rhys, merci Leibgeber |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Jean Rhys (La Prisonnière des Sargasses et autres romans) | |
| |
| | | | Jean Rhys (La Prisonnière des Sargasses et autres romans) | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|