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 Préface à mon 2° projet de livre

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Mee Yung
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Mee Yung


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MessageSujet: Préface à mon 2° projet de livre   Préface à mon 2° projet de livre Icon_minitimeJeu 29 Oct 2009 - 7:21

(Texte en constante évolution)

Imaginez que vous regardiez un film dont vous avez raté le début. N'avez-vous pas envie de le regarder depuis le départ pour comprendre pleinement l'instant où vous avez commencé le visionner ?
Et si pour votre vie, c'était pareil ?
Comment expliquer le fait que l'on soit arrivé par la « cigogne de fer», que l'on soit en occident entouré de « long-nez » ?

L’adoption est un sujet que tout un chacun a pu aborder. En littérature, les rares livres traitant de ce sujet sont pour la plupart des avis d’adoptants. Mais il est vrai qu’à l’heure où j’écris ces lignes, on commence à peine à voir paraître l’avis de certains adoptés, et enfin, de plus en plus d'adoptés se manifestent !

Pour une bonne partie, les personnes ont pris le recul nécessaire pour faire le point. Qui suis-je ? D’où je viens ? Qu’en est-il de mon pays d'origine ?
Questions pour le moins difficiles, auxquelles il faudra répondre un jour ou l'autre tant du côté des parents que des enfants : du côté adoptant, comme du côté de l’enfant, les attentes sont importantes voire écrasantes. Bien des familles se sont heurtées à l’incompréhension et ont fini par s'enfoncer dans le dialogue de sourds.

Par ailleurs, tout se passe comme si on plaçait l’enfant dans un contexte adulte : on ne semble pas lui laisser le choix : il doit faire table rase de son passé. Mais est-ce pour autant qu’il doit se taire une fois devenu adulte ?

Des discussions que j’ai eues avec des non adoptés, il en est ressorti que je crachais dans la soupe, que je méprisais cette fameuse « chance » d’avoir été élevée en France.
Cela ressemble, par moment, à des propos d’éleveurs de bétails. Oui, l’adoption est soumise à un marché : il y a une demande forte des pays riches, notamment occidentaux, et une offre « proposée » par des pays plus pauvres...
La chance me dit-on … Parce que j’ai joué au loto et j’ai gagné le gros lot ?

De tels propos ne sont, à mon avis, que le reflet d’une vision erronée de l’adoption. L’adoption n’est, en aucun cas, un chemin semé de roses, bien au contraire… : apprendre à se connaître et se reconnaître, tenter de panser des blessures (manque d’enfants d’un côté, manque d’amour de l’autre.)

Tant que la plupart des personnes abordant le sujet ont / auront une vision judéo-chrétienne, une image d’Epinal, les adoptés adultes auront du mal à s’y retrouver en tant que citoyens de leur pays d’adoption, et de manière plus globale, comme citoyens du monde.

J'ai souhaité que ce récit s'inscrive dans un témoignage sur l'adoption. Cette fois-ci, pour une fois, cela se passe du côté de l'adopté : Ses ressentis, ses expériences.
Non pas que je veuille parler au nom de tous les adoptés, loin de là. Il ne s'agit que d'un témoignage parmi tant d'autres car il y a autant d'histoires que d'adoptions.

Par ailleurs, cet ouvrage fait suite à la demande d’adoptants ou de futurs adoptants. Ils souhaitent connaître l’avis voire mêmes les conseils d’adoptés majeurs. Il est temps pour nous, adoptés majeurs, de dire notre point de vue sur la question. Aussi douloureux soit il pour certains d’entre nous. Foin de nous victimiser ! Bien au contraire, il s’agit avant tout de donner des informations, voire des conseils mais aussi d’échanger des avis.

Les récits suivants sont le fruit d’une réflexion, assez douloureuse parfois : C’est une partie de ma vie que j’expose aux yeux des lecteurs - raconter sa propre vie est un exercice en soi très difficile et parfois déroutant - et c’est pourtant ce que je vais faire.
Au cours de mes deux premiers voyages, j’ai tenu des carnets de voyage. Ce sont ces carnets que je vais vous présenter maintenant.

La première partie relate mon enfance et les questions sur l’origine. La deuxième partie concerne le carnet de voyage tenu lors de mon premier retour en Corée. Pour la troisième partie, mon second séjour, à la première lecture, il est possible que tout vous paraisse distant car mes sentiments ne sont pas exprimés. Ils sont en filigrane. Peut être vous faudra-t-il lire entre les lignes par moment. De plus, j’ai reçu des compléments d’informations lors de mon troisième voyage effectué été 2009, qui formera l’épilogue de ce « Carnet de voyage ».

Pour autant, par ces écrits, je ne prétends pas être LA voix de TOUS les adoptés car, je l'ai déjà dit, il y a autant d'histoires que d'adoptés. Si certaines histoires peuvent se ressembler de par la trame, aucune ne sera identique à une autre. Il s'agit, finalement, que d'un simple avis - d'adoptée - sur la question.
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MessageSujet: Re: Préface à mon 2° projet de livre   Préface à mon 2° projet de livre Icon_minitimeLun 9 Nov 2009 - 12:07

Mee Yung, tu sembles très bien maîtriser ton sujet, je te souhaite une bonne continuation.
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Mee Yung
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MessageSujet: Re: Préface à mon 2° projet de livre   Préface à mon 2° projet de livre Icon_minitimeLun 9 Nov 2009 - 12:47

Merci Lady Clare.

Et je pense, en effet, qui d'autre peut mieux parlé de l'adoption qu'un adopté ?
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MessageSujet: Re: Préface à mon 2° projet de livre   Préface à mon 2° projet de livre Icon_minitimeLun 9 Nov 2009 - 13:12

Tout à fait, mais j'imagine aussi que ce n'est pas donné à tout le monde de pouvoir trouver les mots qu'il faut et qui expriment le ressenti (même si comme tu le dis aussi chaque parcours d'adopté est très personnel), et cela tu y réussis très bien!
C'est un sujet qui m'intéresse car quelqu'un de ma famille vient d'adopter un petit garçon.
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Mee Yung
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MessageSujet: Re: Préface à mon 2° projet de livre   Préface à mon 2° projet de livre Icon_minitimeLun 9 Nov 2009 - 14:12

Première partie : Enfance et Questions sur les Origines

Naissance et enfance

Les deux premières années de ma vie sont bien obscures, tout autant que mon pays natal. je suis née à JeonJu le 2 juillet 1980. C'est dans cette ville que j'y passais ces 2 ans.
Durant ce laps de temps, un évènement se produisit : je fus abandonné avec mon frère. J'étais âgée alors de 1 an et 4 mois, mon frère en avait 3 ans et 3 mois. J'ignore les raisons de mon abandon. Dix mois plus tard, nous avons été envoyés en France, pays que nous allions devoir faire nôtre. C'est ainsi que nous sommes arrivés le 16 septembre 1982, par la « cigogne de fer ».

Mes parents m'ont maintes fois raconté nos réactions lors de notre arrivée. Selon leurs dires, je ne cessais de pleurer tandis que mon frère tentait d'attraper tout ce qu'il se trouvait alentour en criant. De cette mémorable journée ne me reste qu'une fugace scène : mon frère tentait d'aller sur le toit de la voiture tandis que ma mère essayait de le retenir. Je n'ai que la conclusion de cette scène par les propos de nos parents : Maman, excédée, a fini par gifler mon frère qui est parti bouder sur la banquette arrière. Ce geste a eu une lourde conséquence sur les relations entre eux.

Ma santé n'était guère florissante. Je souffrais de nombreuses carences. A 2 ans et 2 mois, je ne pesais que quelques 7,2 kg et mesurais 76 cm. Là où d'autres en faisaient déjà 13-14 kg en mesuraient quelques 90 cm... Le fait que notre maman s'occupait plus de moi a peut être créé un sentiment de jalousie chez Fabrice. Ce que je prends comme un sentiment de jalousie chez ce dernier, je l'ai ressenti plus tard.
En effet, j'ai entendu à plusieurs reprises mon frère lui reprocher : « tu t'occupes plus d'elle que de moi !" ».

Il me vient à l'esprit une petite anecdote : Mon frère et moi prenions le bain ensemble. Pour s'amuser, il n'a pas trouvé mieux que de m'asperger d'eau glacée. Ce qui a déclenché chez moi une réaction immédiate par une défécation dans la baignoire. Il faut savoir que je n'étais pas encore remise des maladies attrapées à l'orphelinat. Ma santé, au fil du temps, s'améliorait. Le plan sanitaire et matériel ne posait aucun souci.

Je tenais à mentionner une personne qui a énormément pour moi : il s'agit de ma grand-mère maternelle. Elle n'était qu'amour. Elle prenait des nouvelles de tout le monde quand elle téléphonait. Elle vivait avec ma tante maternelle. Tout allait très bien. Je me sentais totalement intégrée à ma famille d'adoption bien que mes parents m'aient toujours dit que j'avais été adoptée. J'avais sept ans et demi quand ma grand-mère partit. Je me souviens d'une chose : Le jour de son enterrement, il pleuvait. Je pleurais avec le ciel. A voir tant de monde habillé de noir, il y a matière à marquer l'esprit d'un enfant. Je mis six mois à me rendre compte que je ne la reverrais plus jamais.
Je pris également conscience de mon adoption, à l'âge de 8 ans. Cette double prise de conscience créa un vide en moi. Ce vide me fit tomber dans une dépression qui aura duré 11 ans.

A partir de la disparition de ma grand-mère, le plan scolaire ne fut guère brillant. Mes notes ne cessaient de chuter. Je passais mon temps libre de la journée à lire. Je lisais aussi la nuit. En effet, j'avais perdu le sommeil ou peu s’en faut. J'avais besoin de la magie des mots pour combattre mes maux, même si je devais me passer de sommeil.
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MessageSujet: Re: Préface à mon 2° projet de livre   Préface à mon 2° projet de livre Icon_minitimeLun 9 Nov 2009 - 14:15

c'est vraiment dur ce que tu as traversé Mee Yung...
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MessageSujet: Re: Préface à mon 2° projet de livre   Préface à mon 2° projet de livre Icon_minitimeLun 9 Nov 2009 - 16:09

quelle histoire, c'est difficile tout cela pour une petite fille, durs moments de la vie qui s'enchaînent !
Je te souhaite une bonne continuation dans la suite de ton projet !
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Mee Yung
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MessageSujet: Re: Préface à mon 2° projet de livre   Préface à mon 2° projet de livre Icon_minitimeLun 9 Nov 2009 - 16:37

Merci beaucoup pour vos messages.

J'essaie, dans la mesure du possible, de ne pas tomber dans le sensationnalisme (dont sont devenues friandes certaines chaines de TV).
Il est évident que c'est le genre d'histoire que beaucoup de monde veut lire.
Je suis également consciente que parler de soi en restant en retrait est un exercice pour le moins difficile.

J'espère m'acquitter assez bien de cette tâche.

Si jamais vous avez des commentaires à faire sur la forme ou même des questions sur le contenu : n'hésitez pas à me le faire savoir.
Les modifications sont possibles jusqu'à réception des premières épreuves.
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MessageSujet: Re: Préface à mon 2° projet de livre   Préface à mon 2° projet de livre Icon_minitimeLun 9 Nov 2009 - 16:55

Ce sont effectivement des épreuves terribles, mee yung. No
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MessageSujet: Re: Préface à mon 2° projet de livre   Préface à mon 2° projet de livre Icon_minitimeLun 9 Nov 2009 - 17:25

(Ici un petit clin d'oeil lambtonnien )

Adolescence et questions

Un jour, étant collégienne - âgée de 14 ans -, j'avais emprunté un livre "Jane Eyre". J'en avais à peine lu 2 chapitres à la fin de la journée. Après le repas du soir, je me disais : quelques chapitres avant de dormir. Vers minuit, je lisais toujours. Au final, j'ai terminé le livre vers 3.00 du matin. Ayant peu dormi, j'étais assez fatiguée en fin journée si bien qu'en TP de physique ou de chimie, je me suis endormie. Le professeur s'en étant aperçu, s'est planté devant moi puis s'est mis à imiter le ronflement. Je me suis réveillée bien sûr en sursaut et me sentis honteuse.

Aux anniversaires et Noël vient la question habituelle : que veux-tu comme cadeaux ? Ce à quoi je répondais : des livres. Au début, mes parents étaient agréablement surpris puis au fil du temps ils étaient lassés. Je me souviens d'une réponse de ma maman assez exaspérée : « Tu pourrais demander autre chose comme des habits ou même des jeux, mais non ! Tu ne fais que demander des livres, toujours et encore des livres ! »
Lorsque j'ai redoublé ma 6°, j'avais lu près de 80 livres en une année scolaire sans tenir compte des livres que je demandais à mes parents d’acheter, soit un peu plus d'une centaine. A cette époque, j'ai réussi à me faire coller car je lisais un livre de Jules Verne en plein cours de math ! Et oui être bibliovore a un prix ….

Papa étant militaire, on déménageait très régulièrement. Une de ces mutations fit que j'eus la chance de vivre deux ans à Berlin. A ce jour, ces deux années sont les années les plus heureuses de mon adolescence (dixit mon papa). J'y ai passé un temps formidable. C'est là-bas que j'ai pu apprécier pleinement la musique classique bien que ce penchant soit déjà bien présent avant ce séjour. Papa, encore aujourd'hui, trouve que ce n'est qu'à Berlin que j'ai été vraiment bien. Entrant au collège, le choix de la première langue ne se posait pas. C'est ainsi que j'ai pu étudier l'allemand durant 9 ans.

Si je ressentais un certain bien-être, il n'en était pas de même pour mon frère. Il causait bien du souci à nos parents. Ses incartades au collège rejaillissaient dans le travail de notre papa. Si ma nature était relativement calme, le caractère de Fabrice était plus instable. Mon papa s'est finalement décidé de le renvoyer en France.

Ici, je me dois de faire plus d'explications. Quand nous vivions à Berlin, on était dans un cercle fermé, pas en autarcie, loin s'en faut. On formait une communauté. De ce fait, les bruits de couloir se propageaient à la vitesse de la lumière. Ainsi, les agissements des uns et des autres étaient connus.

Par ailleurs, l'ambiance à la maison était assez déroutante. il n'y avait pas un soir sans disputes et cris entre mon frère et maman, puis entre maman et papa et pour finir entre papa et mon frère. Si papa a un caractère assez conciliant, mon frère et ma mère avaient un caractère explosif pour ne pas dire volcanique. Au bout de 5-6 mois, papa prit la décision d'envoyer Fabrice en pension. C'est à l'âge de douze ans que je fus séparée de mon frère.
La dépression que j'avais commencée à huit ans s'agrandissait. La seule personne avec qui je pouvais parler adoption n'était plus présente. Je me repliais un peu plus sur moi-même. Mais j'étais sourde ou aveugle à ce que je pouvais ressentir à ce moment là.

Je vais maintenant vous parler de son parcours scolaire. Au début du séjour berlinois, il était en 4°. Mais une fois mis en pension, Papa avait décidé de le mettre en apprentissage en tant que cuisinier: il l'a poussé dans cette voie car Fabrice aimait manger. Mais en pension, mon frère continuait ses incartades. C'est quasiment quotidiennement que notre papa avait le directeur de l'établissement au téléphone. Mon frère a eu un grave échec scolaire. Du fait de son tempérament instable, il n'a jamais pu suivre correctement les cours.

A cette période, mes parents ayant de nombreuses réceptions, j'ai appris à « vivre » seule à la maison. En général, ma mère me concoctait un bon petit repas pour compenser.
Mon niveau scolaire n'était guère plus brillant que celui de mon frère. Mes notes étaient extrêmement moyennes ce qui occasionnait des cours de soutien notamment en maths. Pour tout vous avouer, les matières scientifiques ont toujours été ma bête noire. Je me souviens d'avoir été collée en maths car je lisais un Jules Vernes ... Malgré ces lacunes dans cette matière, cela ne m'empêchait pas de lire des revues scientifiques destinées à un public adulte. Foin des versions junior !! Sinon j'ai redoublé la sixième (et deuxième classe que je redoublais)
Papa a reçu une nouvelle mutation. Cette fois-ci, nous mettons le cap pour le Var (Flayosc plus exactement). On se rapprochait donc de mon frère qui était en service militaire à Toulon.

Quand je suis entrée en cinquième, on s'est rendu compte que j'avais besoin de lunettes. En effet, j'étais devenue myope à force de lire jusqu'à ce qu'il fasse nuit noire sans lumière.
Mon niveau scolaire restait toujours aussi moyen. Les rares matières où j'excellais étaient l'allemand, le français, l'histoire géographie et la musique, ainsi que, bizarrement, l'initiation au grec et au latin.
Parfois, Fabrice venait nous rendre visite. Cela nous a donné quelques moments de joie, bien trop rares à mon gout.

En revanche, je refusais de me confier à mes parents. Même maman n'a jamais réussi à recevoir la moindre de mes confidences. Je gardais tout pour moi. J'avais accumulé et cumulé tellement de stress que je ne savais comment m'en sortir. Alors j'ai soustrait un couteau de la cuisine. J'ignore comment papa l'a su mais toujours est-il qu'il a fait part de sa découverte à ma mère. Malheureusement, les contacts avec ma mère ne sont pas aussi bons que l'aurait pu le croire. Me faire avouer ce que je voulais faire avec ce couteau relevait de l'exploit. Voyant que cela s'éternisait, j'ai menti. J'ai menti par faiblesse. Si j'avais eu le cran de dire le triste sort que je me réservais, j'aurais été peut être soulagée de bien des souffrances. Mais nul n'a le droit de se soustraire à sa famille et ce quelque que soit le motif.
La dernière année sur Flayosc s'annonce. Étant en dernière année de collège, je dois passer le brevet ... et de le réussir. Ainsi reçue au brevet, papa a téléphoné depuis le portable (oui on en est au balbutiement en 1998) à la maison à maman pour lui annoncer la bonne nouvelle.
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MessageSujet: Re: Préface à mon 2° projet de livre   Préface à mon 2° projet de livre Icon_minitimeMar 10 Nov 2009 - 11:31

Mee Yung, je viens de lire tout le début de ton récit et j'en reste pantoise devant mon ordi. Préface à mon 2° projet de livre Icon_neutral
Quelle vie !

Ton histoire est vraiment étonnante et tes mots (qui sonnent vraiment justes) parviennent à montrer l'intensité de tes émotions durant ces épreuves difficiles. Je n'avais jamais envisagé qu'être adopté pouvait s'avérer si compliqué à gérer.

De mon point de vue d'européenne calée bien douillettement dans le fond de sa petite maison, je voyais plus ou moins, comme tu l'as signalé, l'adoption d'enfants "abandonnés" ou "orphelins" de pays d'asie ou d'afrique (par exemple) comme une chance pour eux. Je n'avais pas pleinement réalisé le choc qu'ils devaient subir (même si jeune puisque tu as quitté la Corée à 2 ans je crois) mais, puis-je te demander ce qui as été le plus difficile à surmonter ? Les différences culturels, de mentalité, la séparation avec ton pays d'origine, avec les gens et l'environnement que tu connaissais, le fait d'avoir dû devenir "l'enfant" d'"étrangers" (dans tous els sens du terme), la peur de ce qui t'attendais ? Pourquoi, exactement, cette transition a-t-elle été si dure ? Tu te le rappelles ?

En tout cas, je te souhaite bon courage pour la suite et j'espère que tes problèmes font partie du passé à présent. Préface à mon 2° projet de livre Icon_wink
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MessageSujet: Re: Préface à mon 2° projet de livre   Préface à mon 2° projet de livre Icon_minitimeVen 13 Nov 2009 - 21:48

Coucou
Je ne peux répondre qu’avec beaucoup de recul …

On arrache des enfants à une culture, celle de leur naissance, pour leur inculquer une autre par la force … N’est-ce pas déjà dur en soi de vivre ?
Imagine que l’on te force à quitter ton pays pour aller dans un autre pays défini sans ton accord, lequel tu ne connais absolument pas la culture ni les us et coutumes….

Étant arrivée très jeune, je ne me souviens de très peu choses … mais les prises de conscience quand j’ai eu mes 8 ans : ont été difficiles. Déjà, le fait que l’on me considère, encore aujourd’hui, comme une « chinoise », même encore aujourd’hui me fait hausser le sourcil. Bien souvent cela relève d’un manque total de connaissances géographiques, notamment au niveau de l’Asie. Si on devait écouter la majorité : l’Asie se résume à la Chine, au Japon, à Taïwan, le Viet Nam et la Thaïlande, mais quid des deux Corée, du Cambodge, du Népal, du Bhoutan, de l’Inde ou même le Sri Lanka ?

C’est un ensemble de choses qui ont été difficiles à surmonter : le fait que ma maman fasse la sourde oreille à mes desirata de connaitre le pays qui m’a vu naitre. Elle n’a accepté que devant le fait accompli, soit en 2004. En gros, c’est comme si elle faisait un déni total de mes origines.
Le fait aussi que dans mes recherches de ma famille biologique, je n’ai été soutenue par personne, pas même par mon frère. Quand j’ai commencé à faire les recherches, je commençais à gravir la colline, lui était très loin de la colline …

Quant à la peur, je ne pourrais répondre … Tout ce que je sais, je changeais de pays et que je me devais de continuer à vivre.
La transition a été effectivement dure car dès le départ, je n’ai pas ressenti d’amour dans les bras de la femme qui allait être ma maman. Elle est devenue maman par obligation. Mais ce n’est qu’aujourd’hui que l’on peut parler d’amour maternel. Cet amour que je recherchais étant enfant s’est exprimé bien trop tardivement à mon gout …
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MessageSujet: Re: Préface à mon 2° projet de livre   Préface à mon 2° projet de livre Icon_minitimeVen 13 Nov 2009 - 23:08

D'accord, je comprends mieux. Je n'avais pas saisi que ta mère d'adoption n'acceptait pas réellement d'évoquer ton pays d'origine; j'imagine alors combien ça a dû être frustrant et difficile. J'espère que tu as pu obtenir les informations que tu recherchais sur ta famille aujourd'hui et que tu te sens plus à l'aise dans notre pays (qui est le tiens aussi bien sûr =)).

Quoiqu'il en soit, je trouve ton projet de livre tout à fait intéressant et j'espère qu'il aboutira comme tu l'espères.

Je te souhaite bon courage et je continuerai à te lire si tu mets la suite de tes écrits sur le forum.

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MessageSujet: Re: Préface à mon 2° projet de livre   Préface à mon 2° projet de livre Icon_minitimeSam 14 Nov 2009 - 23:41

Bonne continuation Mee Yung!
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MessageSujet: Re: Préface à mon 2° projet de livre   Préface à mon 2° projet de livre Icon_minitimeDim 21 Fév 2010 - 19:02

Découverte d’une association et « thérapie de groupe »

Entre temps, mon père s'est (enfin!) rendu compte que je n'allais pas bien. Je me sentais régulièrement fatiguée. De plus, tous les matins à la même heure, je me réveillais à cause des douleurs à l'estomac qui se répercutait ailleurs dans le ventre. Nouvelle et dernière mutation pour mon père : Nous sommes partis à Tours
La découverte de Tours m'a fait le plus grand bien. J'étais aux anges : il y a des pistes cyclables un peu partout, ce qui me permettait d'aller en ville sans embêter les parents. Quel changement aussi, passer d'un village de 1500 âmes à une grande ville !!

Un matin je me lève avec la douleur à l'estomac et petite différence : la douleur plus forte qu'à l'ordinaire, j'en informe mes parents qui m'emmènent voir le médecin. Le diagnostic tombe : très fortes suspicions d'ulcère à l'estomac et au duodénum. Je dois suivre un traitement d'une semaine. Ma dépression s'amplifiait. Le fait que e n'ai pas d'amies pour des balades inquiétait mon père qui rejetait tout sur le manque de confiance en moi. Il pensait que c'est au fait d'avoir été adopté. C'est ainsi que je fis mon entrée au lycée.

Ayant régulièrement des trous dans mon emploi du temps, je n'avais pas tout le temps des devoirs à faire. Tous les jours, papa vérifiait mon agenda. S'l n'y avait rien, il me grondait. Il était trop papa poule. Mais à vouloir bien faire, il me faisait plus de mal. Alors je m'inventais des devoirs par le truchement des exposés. Bien sûr, je n'ai pu tenir le rythme l'année entière, juste 3 mois guère plus. Par ailleurs, on s''est rendu compte que je faisais de l'insomnie, et ce depuis l'âge de 8 ans. Ce n'est qu'à mon redoublement de première que l'on fait comprendre à papa qu'il fallait qu'il me mette moins de pression. Le médecin scolaire lui a suggéré de me faire suivre une psychothérapie. J'avais 18 ans. Quand je suis allée pour la première fois chez un psy, ça m'a fait bizarre. Cela a duré environ 1 an.
A ce moment, j'ai douté de l'efficacité d'une telle thérapie. Je pensais que cela allait servir à rien. Mais j'étais loin de me douter qu'en parlant de ce que je ressentais, j'allais enfin mettre le doigt sur des souffrances longtemps enfouies en moi, ce qui me pesait sur le cœur : la disparition de ma grand-mère dont je n'avais jamais fait le deuil, l'adoption que je vivais au final assez mal sans compter les disputes incessantes entre mon frère et mes parents. Tout ce que j'avais pu construire reposait sur du vide... Sur du vide, voilà sur quoi reposait ma vie. J’ai toujours considéré que l'Homme est un peu comme une maison. Une maison sans fondations n'est pas une véritable maison. C'est ainsi que je me représente un être humain. Sans fondations, sans bases solides, il ne peut se construire durablement.

Durant toute mon adolescence, parler d'adoption me faisait souffrir. Dès lors, je décidai d'en parler ouvertement afin de ne plus en souffrir. C'est ainsi que j'ai pu commencer des recherches sur mes origines, d'abord sur internet (qui, en 1998, n'étais pas aussi développé que maintenant). Je m'étais inscrite sur un newsgroup coréen : La seule réponse obtenue me demandait mes mensurations. Mon interlocutrice faisait partie d'une agence de mannequins et n'avait pas compris le sens de mon message.
Au cours du début cahoteux vers la découverte de mon pays natal, quand j’en parlais, maman se mettait en colère : « Qu’est-ce que tu vas encore chercher ? Tu as vécu tout le temps en France ! »
Tout le temps ? Qu’en est-il alors de mes deux premières années passées en Corée ?
J’ai le sentiment qu’il y a un déni de mon passé en là-bas, aussi infime soit-il.

Durant l'été, je travaillais chez une dame, Annie, qui tenait des chambres d'hôtes. Je l'aidais pour les services du matin et du soir. Le reste de la journée, je m'occupais du linge et du ménage. Cette dame avait un frère qui vivait à Paris. Un jour, il me remet un petit prospectus. Il s'agissait d’une association d'adoptés majeurs d'origine coréenne. J'ai longtemps attendu avant d'adhérer. En septembre 1999, j'ai franchi le pas. A lire le forum, j'ai compris que je n'étais pas seule dans mon coin. Bien sûr, papa m'avait parlé de couples d'amis ayant adopté également des enfants coréens. Je n'ai pas véritablement rencontré ces enfants. Or ce que je souhaitais, c'est justement la rencontre, un échange de points de vue.
Cette association, Racines Coréennes, organise un repas le dernier dimanche du mois. Au départ, j'y allais lors des vacances scolaires.

Les souvenirs de la première participation à ces réunions sont empreint d'étrange. Cela me faisait bizarre de voir autant d'asiatique réunis au même endroit. De plus (re)découvrir la cuisine coréenne m'a surprise : complètement différente de la cuisine chinoise, vietnamienne : plus épicée. Mais avant tout : Enfin ! On ne me regardait pas comme une bête curieuse. Je me sentais enfin bien, parmi les miens, au milieu de frères et sœurs. A partir de ce moment, j'ai aussi compris que je pouvais me passer de psychothérapie. J'avais trouvé ma propre thérapie : écrire sur le forum de l'association. Je retournai par intermittence aux réunions. Quand des personnes revenaient de Corée, je buvais leurs paroles.

Quelques temps plus tard, le forum avait changé de présentation. Chaque jour, je passais au moins 2 heures à lire et répondre aux messages : en effet, j’étais modératrice. A ce moment, j'ignorais que j'allais entamer une longue quête identitaire.

Je n'ai pas choisi le domaine d'études. Au départ, mon père m'a mis en tête de faire du commerce international. Malgré les très bonnes appréciations, mon dossier scolaire était moyen. En France, quand va-t-on cesser de s'accrocher aux sacro-saintes notes de l'écrit ???
Je n'ai pu faire de BTS à l'issue de mon bac. Alors j'ai travaillé dans la restauration rapide. Au bout de 10 mois, j'ai rendu mon tablier. J'avais trouvé un autre travail sur Paris: horaires de bureau, meilleur salaire. Malheureusement, c'était un CDD.
J'ai découvert sur le tard que j'étais assez douée pour la couture : je me renseigne pour un BTS stylisme. Refusée à peine annoncé le bac obtenu : « Vous n'avez pas pris la bonne filière ». Là aussi, l'enseignement français cantonne les gens dans une filière qu'ils ont choisie par défaut.

Dans le même temps, Papa était parti en mission au Kossovo. Maman ne cessait de me surveiller. Une fois, j'ai remplacé un collègue au pied levé. Ne me croyant pas, elle a téléphoné à la cafétéria où je travaillais pour vérifier si je ne mentais pas. Ce fut la goutte d'eau qui a fait déborder le vase. J'ai pris toute mes affaires et je suis partie de la maison sur coup de tête car j'étais en colère. Le fait qu'elle me surveille de cette façon à l'âge de 22 ans me révoltait.
Mi-juin 2002, me voici à Paris. J'avais en tête la dernière scène du roman « Le Père Goriot » de Balzac où Rastignac s'écrie : A nous deux Paris ! J'avais envie de dire la même chose : A nous deux Paris !

Bien entendu, cela me permet de participer plus souvent aux repas de l'association. Je ne faisais pour le moment, que découvrir l'histoire des uns et des autres. Force est constater que nous avions cette conscience aigüe d'avoir une double culture.
Ce n'est qu'à l'âge de 18 ans que je me suis dit qu'il fallait que je forge ma propre personnalité. Les différents déménagements que j'ai connus m'y ont aidée.
J'avais tendance à idéaliser la Corée du Sud. Certaines personnes prenaient cela pour du fanatisme. Mais quand on ne connait pas une chose, il est logique de l'idéaliser. Pour créer ma propre personnalité, il fallait que je connaisse la culture coréenne afin de prendre les meilleurs aspects ainsi que je l'avais fait pour la culture française. Etre prise entre deux feux, c'est logique lorsque l'on est d'origine étrangère et c'est encore plus vrai dans le cadre des adoptions internationales.

A l'adolescence, la question des origines est doublement dérangeante. En 2000, une de me cousines s'est marié. Evidemment vu mon faciès, il était difficile de savoir que j'étais sa cousine.
Lors d'un mariage, la question qui vient naturellement sans arrière pensée : qui es tu pour la/le marié(e) ? Cette question, pourtant si anodine, résonnait étrangement à mon oreille. Lors des festivités, je ne me suis pas sentie complètement intégrée à la famille du fait des regards étonnés et interrogateurs à ma réponse. Comment ne l'auraient-ils pas pu l'être ?
A cause de cette demande, je me suis sentie complètement étrangère à ma propre famille. Je ne mets personne en cause, cela venait de moi. J'étais à la recherche de mes origines.

Durant de nombreuses années, je faisais toujours le même rêve éveillé, ou plus exactement, j'avais une vision. Je me voyais bébé en train de ramper au sol me dirigeant vers es escaliers. J'étais incapable de dire d'où me venais cette vision. Il y avait aussi une autre chose où je ne pouvais dire la l'origine. Un jour, je suis allée dans un marché couvert. La première chose que j'ai humée est le parfum des épices.
Le goût de la nourriture épicée a toujours été présent dans mon alimentation. Du plus loin que remontent mes souvenirs, j'ai toujours aimé la nourriture ayant un goût prononcé. Etant petite, je prenais, à jeun, l'habitude de manger des cornichons et d'en boire le jus. Bien entendu, ce n'était pas le point de vu de mes parents. Cela se comprend aisément.
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MessageSujet: Re: Préface à mon 2° projet de livre   Préface à mon 2° projet de livre Icon_minitimeSam 13 Mar 2010 - 10:45

DEUXIEME PARTIE : PREMIER SEJOUR

Découverte des origines


Fin juillet 2004, plus exactement le 29 juillet, j’apprends par l’association des résidents coréens qu’un voyage est organisé en septembre : Il s’agit du World Korean Festival, séjour créé pour les expatriés afin qu’ils ne perdent pas contact avec leur pays d’origine. Depuis que je connais Racines Coréennes, une association d’adoptés d’origine coréenne, j’attendais avec impatience de pouvoir partir moi-même découvrir mon pays natal. Durant ce laps de temps, je ne faisais que me préparer à ce voyage psychologiquement et matériellement.

Cette année en mars, j'avais réservé mon billet d'avion pour partir en juillet de la période du 9 au 23 juillet. Finalement, en raison du travail, le voyage a été repoussé en septembre. Avec mon compagnon d’alors, Florian, je devais partir du 31 août au 21 septembre. Et là encore, j'ai repoussé les dates du 4 septembre au 25 septembre : je pars avec le gouvernement.

Et plus les dates approchent, plus j'appréhende ce voyage car je ne sais pas ce qui m'attend là bas. Comment vont réagir les "vrais" coréens en me voyant avec mon fiancé (qui est un occidental) ? Comment vont-ils prendre le fait que je sois adoptée ?
Enfin plein de questions qui me taraudent en ce moment, occasionnant des maux d'estomac. Même si je sais, d'après l'expérience des personnes qui y sont déjà allées, que tout se passera bien. En fait, je rêvais de ce voyage !! Et là il est sur le point de se réaliser et je n'arrive toujours pas à vraiment y croire. Je pense que j'ai une peur bleue. Mais de quoi ??


Le 30 juillet 2004
En fait, je meurs d'envie d'y aller. Tout me dit que je dois partir les yeux fermés
J'ai repoussé le voyage pour plusieurs raison : le prix du billet d'avion n'est pas le même en septembre et juillet (Vérité de la palisse). Etant donné que je pars avec le Gouvernement, ça m'a fait repousser une deuxième fois le voyage.

Nous somme le 4 août 2004. Il reste encore 30 jours. L'impatience monte d’un cran. Dans un mois jour pour jour je serais en Corée !!

Le 18 août 2004

17 jours avant la date fatidique, les billets ont été pris hier soir. L’avion décollera à 21.50, heure de Paris, de Roissy Charles De Gaulle, soit le 3 septembre pour arriver le lendemain aux environs de 15 heures -heure locale- après 11 heures de vol et 8.00 de décalage horaire

Un circuit dans la Corée a été programmé :

Séoul (passage obligé)
Busan
Jirisan
Jeonju <--- lieu supposé de ma naissance
Kyeonju
(Ulleungdo, île volcanique au large des côtes sud coréennes et contestée par le Japon)
Busan
Retour sur Séoul le 16 septembre.

Le lendemain commence le programme avec la semaine organisée par le gouvernement.


28 août 2004, J-7
Hier avec Florian on est parti faire des achats : trousse de premier secours, des sacs à dos ....
Demain on va faire une check list de façon à rien oublier et on va préparer les bagages au fur et à mesure. Sinon j'ai de plus en plus peur.
Florian a acheté un guide sur la Corée "Lonely Planet" il veut me faire lire le guide mais rien à faire. Je n'y arrive pas à m'y mettre.

1er septembre 2004, J-3
Le lave linge fonctionne à fond ainsi que le fer
mais sinon je stresse trop pour manger. Il en résulte que je frôle l'anorexie et m'énerve pour un rien. Le pauvre Florian doit supporter mes sautes d'humeur. C'est un amour

Demain soir on devrait finir de boucler la valise et vendredi soir : en route pour la Corée !!


Le 4 septembre 2004
Me voici sur le sol coréen. Cela fait vraiment bizarre de se (re)trouver au beau milieu de ses congénères. Pouvoir passer inaperçue dans la foule est très étrange.

Le voyage a été assez long : prés de 11 heures de vol.
Durant ce voyage, on a eu le droit à 2 repas : 1 coréen (Bibimpap) et le second c'était le petit déjeuner à base d’omelette, de saucisse et légumes.

On a dormi pas mal de temps mais entrecoupe.
Une fois arrives a l’aéroport, on cherchait à prendre le bus pour aller au Koroot. Très gentiment, des Coréens nous ont aidés. Cette aide spontanée m’a beaucoup surprise.
Tout se bouscule dans ma petite tête. Ce ne sera que demain tout prendra son ampleur : je ne réalise toujours pas.

2ieme journée en Corée
Mis a part la langue, je me fonds bien dans la masse. Sinon le regard des vrais coréens sur le couple mixte que je forme avec mon compagnon est amusant dans le sens où ils me prennent pour une vraie coréenne parlant très bien français.

Sinon j’ai pu faire du PIU (pour ceux qui connaissent). Sur une borne d’arcade, il y avait une touche cassée.

Sinon le kimchi est délicieux. Je suis au Koroot, une résidence créée par un pasteur pour les adoptés désirant découvrir leurs racines. Il s’agit de la contraction Korean Roots soit Racines Coréennes. Cela ne vous rappelle rien ?
Les gens sont adorables. De plus, on rencontre d’autres adoptés venant d’un peu partout dans le monde.

Sinon demain on va aller Yongsan, le marché des produits informatiques, le matin et NamDaeMun, l’un des plus grands marchés aux vêtements et objets déco, l’après midi.

L’odeur ambiante m’est très familière : un mélange d’odeurs d’épices, d’aromates … L’odeur de kimchi fermentant dans des grandes jarres en terre cuite l’est également …
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MessageSujet: Re: Préface à mon 2° projet de livre   Préface à mon 2° projet de livre Icon_minitimeDim 27 Mar 2011 - 1:11

Le 9 septembre 2004
Sinon je suis actuellement sur 부 산 ou Bu San, ville où se situe le plus grand marché aux poissons. Des petites baraques sont tenues par les femmes des pêcheurs vendant le produit de la pêche de leur mari. C’est assez cher, mais question fraîcheur, on ne peut faire mieux.

Ce soir, nous allons en direction de Jirisan, un parc naturel.

Dans 4 jours (et là je stresse un peu), je vais visiter Jeon Ju, lieu supposé de ma naissance. J’ai emporté mon dossier médical, celui de l’orphelinat donné à mes parents.
Le circuit programmé débute plutôt bien. Je songe à mettre quelques photos.
Mais la joie est un peu entachée par le fait que la grand-mère paternelle de mon compagnon est décédée. Mais il s’y attendait un peu car, avant notre départ pour la Corée, elle était souffrante et hospitalisée.


Le 11 septembre 2004

De retour vers la vie trépidante de la ville après un court passage dans un lieu de méditation et de repos.
Le temple de Jirisan vaut vraiment le détour. Il est d’une telle beauté. La quiétude de l’endroit invite à la méditation et la réflexion.

Depuis hier soir, je suis sur Jeon Ju, ville de ma naissance mais aussi le berceau de la dynastie Choson.

Hier soir, on a eu un petit souci : on n’a pas pu trouver de distributeur de billets qui fonctionnant à la lecture de la puce. La grosse majorité des distributeurs de billets ne lisent que la piste magnétique.
L’hôtel que nous avons trouvé était miteux : pas d’eau chaude pour la douche, draps inchangés depuis le précédent occupant. Pour finir, nous avons décidé d’appeler la résidence Koroot afin d’avoir un peu d’aide, ce qui dépassait notre entendement.
Un pasteur dont la fille parlait très bien anglais nous ont aidé à trouver un distributeur sur JeonJu. Puis , ils nous ont invité pour le déjeuner.

[Visite de mon ancien orphelinat]

J’ai demandé à visiter l’orphelinat, Jeon Ju Baby Home, qui nous avait accueilli mon frère et moi. Il s’agit d’une nurserie qui a été complètement détruite en 1998 puis reconstruite afin d’être aux normes pour accueillir des enfants en bas âge. Pour chaque nourrice, il y a 9 bébés.

Le directeur nous a accueillis. On a commencé à faire des recherches dans les archives. On retrouve le dossier de mon frère et, par la même occasion, le mien. Le directeur actuel était déjà travailleur social il y a 22 ans. Il se souvenait parfaitement de mon frère pour l’avoir accompagné jusqu’à l’aéroport. Il était heureux de savoir « que l’on avait bien grandi et que l’on n’en voulait pas à la Corée de nous avoir abandonné ».

Ensuite, j’ai visité la nurserie. Au premier étage, les bébés puis les enfants âgés de 2 ans et puis finir les enfants âgés de 4-5 ans, situés au rez-de-chaussée, dans une salle de jeu. On me montre une chambre, plus exactement un dortoir. On m’explique que c’est dans une de ces chambres qu’aurait dormi mon grand frère.

Des enfants se sont jetés sur nous. J’en ai pris dans mes bras. Ils réclamaient tant d’amour et d’attention que j’en avais les larmes aux yeux. La situation était terrible : derrière ces sourires se dissimulait une certaine tristesse. Par ailleurs, cela me renvoyait quelques 21 ans en arrière : j’étais à leur place, en attente d’une famille d’adoption. Mais aussi, je me suis laissé quelque peu mourir. Comment un enfant peut-il être heureux dans un tel cadre ?

Je me sentais en colère car la Corée n’a plus aucune raison d’abandonner encore ses enfants, mais aussi triste pour ces enfants qui ne connaissent que très peu la joie d’un foyer, d’être entourés de parents.

Au moment des photos avec le directeur, on nous a offert des petits cadeaux. Le souvenir de cette visite est douloureux et me fait encore pleurer même aujourd’hui.

Le moyen le plus facile pour voyager à travers le pays et d’être au contact des Coréens reste le bus. Le réseau ferré n’est autant développé qu’en Europe.

Après JeonJu : nous sommes allés au Kyeong Ju qui est considère comme la 2° ville la plus ancienne du monde, après Rome, selon les dires de certains spécialistes (Quid de Pékin ?) puis retour sur Busan pour prendre l’avion en direction de Séoul pour le Festival.

Lors de la visite du site historique, l’accueil et le regard du guide à mon égard a été le seul comportement positif de ce premier séjour en Corée. Il était très content de voir que « j’avais bien grandi et que je n’avais aucune rancœur envers la Corée de m’avoir abandonnée ». Si j’avais pu, j’aurais serré cet homme dans mes bras pour le remercier d’avoir de telles paroles.

La plupart du temps, je n’ai eu que des regards de pitié ou de gêne. Les Coréens ont le sentiment d’avoir « vendu » leurs enfants à des étrangers qui les ont exploités.
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MessageSujet: Re: Préface à mon 2° projet de livre   Préface à mon 2° projet de livre Icon_minitimeJeu 26 Juin 2014 - 21:00

Du 17 septembre au 23 septembre 2004
Le World Korean’s Festival s’adressait plus au Kyopos (expatriés coréens) qu’aux Ibyang (adopté coréens) La semaine a été très éprouvante avec des levers à 7 heures voire 6 heures du matin, surtout pour des vacances !

Lors de la cérémonie d’ouverture, le premier soir, on a eu droit à un discours non traduit en anglais par le ministre de la jeunesse et des Sports (dont le nom m’échappe) ainsi qu’une sorte de rétrospective des exploits coréens aux J.O.


Le 18 septembre 2004
Nous avons eu une réunion concernant les Ibyang que nous étions. Le problème récurrent était la traduction au moins en anglais. Parfois, parmi les Kyopos, on trouvait bien une personne pour nous traduire un peu ce qui se passait. Mais ce n’était guère évident. On a passé une semaine très rythmée par un programme des plus serrés.

Pour finir, on voulait aller a la DMZ mais finalement on est resté sur Séoul pour faire les derniers achats : souvenirs et autres babioles.

Le dimanche quand on est parti, on a pris le bus pour aller à l’aéroport. Durant le trajet, je n’ai pas arrêté de pleurer : je voulais rester en Corée. Alors mon compagnon m’a dit : on retournera en Corée l’an prochain avec tes parents bien sur. En fait, toute la pression et les émotions que j’ai eues au cours du voyage qui refluaient dans mon coeur. Et puis peut être le regret de ne pas avoir poussé les recherches plus loin que je ne l’ai fait. Mais au final je me dis que je ne me sentais pas prête pour le moment. Ce que j’ai fait déjà bien. A l’aéroport on a effectue les tous derniers achats de souvenirs et de cadeaux.

Sinon a propos des Ibyangs : il y a 2 sortes de comportements de la part des coréens : soit de la pitié voire de la honte, soit de la joie. La honte d’avoir abandonné ses enfants aux étrangers et puis de la pitié parce que nous ne connaissons pas nos parents de naissance. Et pour certains de la joie : parce que nous revenons au pays qui nous a vu naitre et que nous n’avions pas envers la Corée de l’hostilité.

Le 2 octobre 2004

Sur un forum d'adoptés majeurs

Un intervenant me questionne : Que ressens-tu vis à vis de la Corée depuis ton voyage ?
Plus qu’avant le besoin de retourner là bas. Le besoin de vraiment voir comment vivent les gens. Mais surtout le fait que je ne ressente aucune haine envers la Corée. Juste un soulagement de voir que les Coréens soient si accueillants.

Et envers la Corée en général ?
Je me sens toujours aussi partagée en France et Corée, comme avant. Je dis ça sur le coup cela peut changer plus tard.
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