Les amazones de la blogosphère : un article de télérama sur les blogs littéraires

J'ai vu que l'on parlait de moi alors je suis venue mettre mon petit grain de sel à la discussion ^_^.

Je suis loin d'avoir un blog influant, mais il est vrai qu'entre blogueurs (peut-être moins entre "simples" -dans le sens non-blogueurs- lecteurs et blogueurs, mais je suis régulièrement les conseils que ceux-ci me donnent), on a envie de comparer nos avis sur un même livre ou un même film, on s'incite donc mutuellement à les lire, et, en tant que lecteurs avant tout, on est avides de découvertes intéressantes. Pour ma part, et je ne suis pas forcément fière de le dire, j'ai cessé de lire la presse "officielle" de critiques de livres et de films (à part la revue "Brazil") parce que je n'arrive plus à me retrouver dans leurs critiques. Soient ils parlent de livres/films qui ne m'intéressent pas, soit ils n'ont simplement pas la même opinion que moi. Et pour moi, lire les critiques n'a d'intérêt que quand on sait qu'on partage des goûts communs (à quoi ça sert de suivre la critique de quelqu'un n'aimant pas les mêmes choses que nous?). Ma politique, c'est de trouver un critique qui avec qui j'ai des références communes, des coups de cœur communs, et dont je pourrai dès lors suivre l'avis plus ou moins heureusement. Eh bien, ce n'est plus dans la presse mais bien sur la blogosphère que j'ai trouvé de tels "critiques". D'où la raison de l'influence que certains blogueurs peuvent avoir sur moi: on aime plus ou moins les mêmes choses, on commence à se faire confiance ou en tout cas à connaître l'avis les uns des autres.

Maintenant, je voudrais réagir sur deux points:

- Y a-t-il une profession officielle de critique? Je ne suis pas contre le fait de reconnaître qu'on peut être critique professionnellement, mais je suis contre le fait que ces critiques s'autoproclament les seuls ayant l'expertise pour faire des critiques. Pour avoir voulu être critique (cinéma), je sais qu'il n'y a PAS d'études pour ça. J'ai fait des études en Information et Communication, orientation cinéma et arts audiovisuels. J'ai donc été formée pendant quatre ans à analyser, décortiquer et donner du sens aux films. A ma sortie de l'unif, j'ai cherché du boulot dans ce domaine et ai malheureusement appris que toutes les places étaient prises. Du coup, à part quelques mini-critiques faites bénévolement pour un supplément d'un journal régional, je n'ai pas été publiée comme critique professionnelle. J'en ai pourtant reçu la formation (ou ce qui s'en approche le plus). Maintenant, j'aimerais bien savoir si ceux qui se retrouvent critiques dans la presse, professionnels comme ils se disent, ont eux aussi suivi des études de journalisme, de cinéma ou de littérature... Je suis prête à parier que la moitié d'entre eux ne doit pas être dans le cas. Dès lors, pourquoi pourraient-ils se targuer d'être plus professionnels que des personnes qui ont peut-être reçu la même éducation universitaire qu'eux et qui, à la limite, publient plus de "critiques" qu'eux sur un blog non financé par des entreprises privées (qui sont même parfois des maisons d'édition)? Et est-ce qu'un blogueur qui, après tout, n'est pas financé par ce type d'entreprises et n'a pas la pression des lettres de plaintes des lecteurs, voire des goûts d'un rédacteur en chef, ne serait au final pas plus libre qu'un critique?
De toute manière, je ne pense pas que le but d'un blogueur soit généralement de faire des critiques dites professionnelles. En tout cas, en ce qui me concerne, je n'écris pas sur mon blog comme j'écrirais pour un journal. Mais en attendant, si j'ai voulu être critique à la base, c'est parce que je ressens le besoin de partager et de faire découvrir les choses que j'ai aimées et parfois, aussi, celles qui m'ont moins plu parce que j'aurais peut-être aussi aimé être "prévenue". J'adore recevoir les réaction des lecteurs qui ont aimé (ou pas) quelque chose lu ou vu grâce à(ou à cause de ^_^) moi, parce qu'il est toujours intéressant de mettre à plat nos impressions, comme on le fait aussi sur un forum. Maintenant, de qui allez-vous avoir envie de suivre l'avis: de quelqu'un qui écrit professionnellement et lit parfois des livres non souhaités parce qu'on lui a demandé un papier dessus, et se sent dès lors parfois forcé dans sa lecture (et aussi quelques fois dans sa critique parce qu'il ne faut pas se leurrer, les sphères d'influences des grandes compagnies sont plus prégnantes que ce que l'on croit... Un de mes profs en commu avait même écrit un livre de 500 pages sur les "influences" subies par la première chaîne privée belge, RTL), ou bien celui d'un blogueur qui a principalement motivé ses choix de lecture par le plaisir, qui ne parle d'ailleurs pas forcément de tout ce qu'il a lu mais de ce qu'il veut partager avec les autres? Moi, mon choix est fait, n'en déplaise aux critiques officiels qui oublient un peu trop souvent à mon goût le facteur "plaisir de lecture" au nom de la reconnaissance de la Grande Littérature.

- Est-ce que les blogueurs risquent de perdre leur objectivité s'ils reçoivent des livres de maisons d'édition? Je ne peux évidemment pas parler au nom de tous les blogueurs, mais je ne me suis jamais privée de faire une critique négative sur un livre reçu. Si l'éditeur m'envoie un livre, ça me fait bien sûr plaisir, mais il doit sûrement savoir qu'il y a toujours le risque que le livre ne plaise pas. A la différence que, comme je l'ai reçu gratuitement, je vais d'office écrire un article dessus. Mais là où je m'abstiendrais peut-être en temps normal de faire une critique négative pour une livre que j'ai choisi et n'ai pas aimé, je ne mentirai pas et dirai ce que j'ai ressenti au sujet du livre reçu, même si c'est négatif (parfois avec un pincement au cœur, parce que je sais que pour les maisons d'éditions plus confidentielles, les auteurs viennent voir les critiques, et même si je n'ai pas aimé un livre, je ne prends pas plaisir à le descendre et à blesser ainsi un auteur qui a cru à ce qu'il écrivait).

@Christelle: Je ne lis pas de livres électroniques, simplement parce qu'en plus de l'inconfort de lecture, je ne supporte pas de ne pas avoir le contact des pages. C'est très vieux jeu de dire ça, mais je suis plutôt fétichiste en ce qui concerne les livres. J'adore les toucher, les sentir, et j'ai même failli acheter un livre hier juste parce que les pages étaient incroyablement fines et douces (mais je me suis abstenue parce que c'était un livre sur la réfutation de thèses scientifiques allant à l'encontre de la religion chrétienne et que bon, voilà, j'ai mes limites quand même ^_^).