Bandes dessinées : des petites bulles pas si bêtes...

Ah c'est bien que tu aies pu le trouver, Petit Faucon Je l'ai cherché à la bibliothèque mais ne l'ai pas trouvé

De mon côté, j'ai lu récemment une BD passionnante, sur le thème de l'autisme Asperger, intitulée La Différence invisible :

Citation :

Marguerite a 27 ans, en apparence rien ne la distingue des autres. Elle est jolie, vive et intelligente. Elle travaille dans une grande entreprise et vit en couple. Pourtant, elle est différente.
Marguerite se sent décalée et lutte chaque jour pour préserver les apparences. Ses gestes sont immuables, proches de la manie. Son environnement doit être un cocon. Elle se sent agressée par le bruit et les bavardages incessants de ses collègues. Lassée de cet état, elle va partir à la rencontre d’elle-même et découvrir qu’elle est autiste Asperger. Sa vie va s’en trouver profondément modifiée.

Les dessins sont simples, mais très jolis ; je me suis totalement identifiée au personnage de Marguerite (notamment dans la phrase "elle aime les animaux, les journées ensoleillées, le chocolat, la cuisine végétarienne, son petit chien et le ronronnement de ses chats" ) et j'ai beaucoup aimé le traitement du thème de l'autisme

Le pitch et ton retour sur cette BD attirent mon attention Juliette! Le sujet a l'air intéressant et bien traité.

Je l'avais feuilletée à la bib et avais hésité à la prendre, je vais voir si je la retrouve Juliette

Super si ça vous a donné envie !

J'ai lu Radium Girls de Cy, dont a parlé Esperluette en page 19 de ce topic, et je sors un peu chamboulée de ma lecture.

C'est une très belle BD , la douceur du trait et des couleurs (je n'étais pas conquise d'avance) amortit la violence de l'ensemble, et enveloppe le lecteur. De même, Cy omet de dessiner ou de raconter les détails les plus éprouvants (comprendre : les symptômes affreux de l'empoisonnement au radium), pour se concentrer sur l'humanité des héroïnes. Cela ne retire en rien sa force au récit et ça le rend poignant dans la sobriété. C'est comme si cette BD laissait deviner le pire et le meilleur de l'humanité, c'est oppressant et réconfortant. Il y a quelque chose de terrifiant et de troublant dans le radium, qui vous fait briller dans la nuit mais vous tue de l'intérieur...

J'ai été touchée par l'histoire de ces femmes (qui donne sérieusement envie de casser des trucs), qui m'a horrifiée et fait beaucoup de peine en même temps. Je me sens un peu nauséeuse, j'ai l'impression d'avoir mangé du radium.



D'abord le féminisme : il a fallu attendre les premières victimes masculines (de préférence riches) pour qu'on commence à s'intéresser aux dangers du radium à la fin des années 1920 (avant, certaines femmes malades avaient juste été traitées de "femmes dépravées", le diagnostic officiel était leur décès causé par la syphilis pratique). Les hommes (qui géraient la peinture au radium dans des labos) étaient largement mieux protégés (masques et tabliers de plomb, alors qu'on laissait les filles sucer leurs pinceaux sans rien leur dire... ). Bref les filles étaient quantités négligeables, et on les regardait tranquillement "pourrir" de l'intérieur en quelques mois.

L'histoire a oublié le combat de ces femmes, qui ont apporté beaucoup : les recherches scientifiques sur le radium qui ont pu avancer, d'une part, et la mise en place de mécanismes de protection des salariés américains d'autre part (la possibilité de porter plainte contre son entreprise pour un dommage causé par elle - avant il n'y avait que quelques maladies professionnelles qui étaient reconnues ; et la mise en place de structures consacrées au contrôle et à l'amélioration de leurs conditions de travail). Des avancées modernes et fondamentales, qui sont venues des Radium Girls.

Ensuite, la question sociale, la bataille du petit contre le gros, est évoquée en filigrane dans cette BD, et ça rend sérieusement fou là-aussi. Vous avez une centaine d'ouvrières, dont finalement seules quelques unes ont saisi la justice (en plus elles mouraient trop vite pour aller au bout de la procédure... ), qui se battent contre une entreprise intouchable qui paye à tour de bras les victimes pour les faire taire, qui trafique des rapports médicaux, qui finance des faux médecins pour de faux témoignages, et qui à la fin s'en sort sans véritable dommage. Ce n'est ni la première ni la dernière fois que ça arrive, mais c'est un bel exemple. Les big boss de l'entreprise United State Radium Corporation allaient même (source : internet) jusqu'à piller certaines tombes d'ouvrières, pour que personne ne puisse prouver que leurs os étaient radioactifs (ce qu'ils sont encore de nos jours, compte tenu de la demi-vie du radium, et les os brillent dans le noir ).

Ce que je retiens finalement, c'est l'humanité qui se dégage de cette BD , comme je le disais plus haut, le meilleur et le pire, où la santé de ces femmes passe après tous les intérêts financiers, et est détruite pour de bon par la lâcheté et la médiocrité d'un paquet d'hommes.

Juste une critique, mineure. Je ne suis pas certaine d'être totalement en phase avec Cy dans l'interview qui clôt la BD. Elle s'y concentre quasi-exclusivement sur le volet féministe de son récit, notamment lorsqu'elle dit avoir trouvé une légitimité à raconter l'histoire des Radium Girls dans le fait qu'elle même est militante féministe et que tous ces sujets sont encore d'actualité (ce serait purement et simplement une illustration des méfaits du patriarcat). J'ai trouvé que ses propos, à défaut d'être complètement faux sur le principe, bien entendu, étaient un peu caricaturaux ou simplistes dans sa manière de les exprimer. Cela m'a paru dommage vis à vis de la richesse et la finesse de la bande dessinée. Il me semble que le volet "social" est vraiment à mettre au même plan que le volet "féministe", pour ne pas risquer de tomber dans une sorte de biais idéologique.

Voilà, vous aurez compris que je recommande, c'est une lecture qui ne m'a pas laissée indemne.

Merci pour ton retour Annwvyn!
Cette BD m'a été offerte à Noël. Je ressens un mélange d'intérêt suite aux retours plutôt positifs sur le forum et d'appréhension, sur comment je vais digérer ce qui est arrivé à ces personnes empoisonnées par l'utilisation du radium...

Merci pour ton retour, Annwvyn ! Comme toi, cette BD ne m'a pas laissée indemne (comment rester insensible face au sort réservé à ces femmes ? ), mais j'ai cependant été moins séduite que toi par l'ensemble (en particulier les dessins que j'ai trouvés assez négligés).

Je profite de mon confinement pour avancer sur mes lectures et ai dépilé Radium girls, qui m'avait été offert ce Noël.  

J'ai apprécié cette lecture, le choix de présenter l'humanité de ces jeunes femmes percutée par les mensonges sur la létalité de leur pratique. J'en ressors avec des sentiments mitigés, l'horreur de la situation qu'elles ont vécues, la satisfaction que leurs combats aient fait avancer à petits pas la législation et la beauté du rappel que derrière la maladie il y avait des femmes avant tout. (Quand je dis "femmes", ce n'est pas dans le sens genré, mais plutôt dans le sens "des êtres humains avec leur vie, leurs espoirs et leur sensibilité").

J'ai beaucoup aimé le dessin et le choix des couleurs (une des rares fois où je ne rejoins pas l'avis de Juliette   ). La forme m'évoquait les années 20, les lignes Art Déco. Le côté crayonné est intéressant pour rendre la phosphorescence de certaines scènes. Et le côté minimaliste des couleurs renforce certains aspects (j'ai adoré le choix de la mer verte, outre l'aspect esthétique, cela m'évoquait le fait qu'elles baignaient dans les radiations mortelles).
J'ai noté une certaine rugosité sur la couverture, je vais attendre la nuit pour voir si la raison en est une encre fluorescente ou phosphorescente...

J'ai pensé à toi Annwvyn en lisant l'interview de fin.

Annwvyn a écrit:

Juste une critique, mineure. Je ne suis pas certaine d'être totalement en phase avec Cy dans l'interview qui clôt la BD. Elle s'y concentre quasi-exclusivement sur le volet féministe de son récit, notamment lorsqu'elle dit avoir trouvé une légitimité à raconter l'histoire des Radium Girls dans le fait qu'elle même est militante féministe et que tous ces sujets sont encore d'actualité (ce serait purement et simplement une illustration des méfaits du patriarcat). J'ai trouvé que ses propos, à défaut d'être complètement faux sur le principe, bien entendu, étaient un peu caricaturaux ou simplistes dans sa manière de les exprimer. Cela m'a paru dommage vis à vis de la richesse et la finesse de la bande dessinée. Il me semble que le volet "social" est vraiment à mettre au même plan que le volet "féministe", pour ne pas risquer de tomber dans une sorte de biais idéologique.

Je rejoins ton bémol. Je n'associe pas ce qui est arrivé aux Radium girls à une opposition hommes/femmes, mais plutôt employeurs/employés. J'ai bien aimé le parallèle au film Erin Brockovich qu'en fait esperluette.

Ramener trop de faits à une opposition de genre finit par diluer le discours et amoindrir la portée des problèmes vraiment genrés.

Merci pour ton retour détaillé !

Vavyala a écrit:

J'ai beaucoup aimé le dessin et le choix des couleurs (une des rares fois où je ne rejoins pas l'avis de Juliette   ).

Exact

J'ai lu L'été Diabolik de Smolderen et Clerisse, appâtée par le nom de Diabolik (un dessin animé dont j'étais fan étant gosse, lui-même inspiré d'une BD italienne des années 60, elle-même inspirée de Fantômas (les romans) ) Bref pour en revenir à la BD, les graphiques ne sont pas fous, mais l'histoire m'a bien plu!

Citation :

Été 1967, Clairville, France. Antoine a 15 ans. Lors de la finale d'un tournoi de tennis, il bat Erik, un jeune de son âge, sous les yeux de leurs pères. Cette victoire anodine est le point de départ d'un enchainement de faits qui vont à jamais changer le court de sa vie. Un agent secret sorti de nulle part, un accident dramatique, une fille troublante et la disparition de son père, le tout en deux jours. Et toujours cette sensation étrange, comme une présence menaçante et diffuse qui l'observe...

Du mystère sur fond années 60 (côté hippie pas côté yéyé), ça fonctionne bien. Est-ce-que l'agent secret est vraiment agent secret? Pourquoi son père a disparu? Est-ce-que la fille a abusé du LSD ou est-ce qu'elle est vraiment dans les ennuis?

Edit: je viens de me rendre compte qu'un nouveau film Diabolik vient d'être fait, avec Luca Martinelli A voir! Je suis fan de la version années 60 avec Piccoli moi

cléopatre a écrit:

je viens de me rendre compte qu'un nouveau film Diabolik vient d'être fait, avec Luca Martinelli

C'est un argument

Merci pour ton retour !

Je passe vous parler d'un gros coup de coeur pour Idiss, une adaptation du livre que Robert Badinter a consacré à sa grand-mère. Les auteurs sont Richard Malka et Fred Bernard. Les dessins sont magnifiques, l'histoire est très belle, je ne sais quoi vous dire de plus, c'est une très belle découverte

Vous pouvez consulter l'album sur le site de l'éditeur ici

Merci d'en avoir parlé, serendipity ! je l'avais lu moi aussi, et beaucoup aimé, c'est un livre très touchant.
Je pensais en avoir dit quelques mots ici, mais je ne trouve pas ... j'ai dû rêver 

Vos retours donnent envie! Le trait est agréable...

Merci pour vos retours, les filles Le roman est dans ma liste à lire, j'ajoute son adaptation en bande dessinée

J'ai récemment emprunté deux BD adaptant des romans :

- Les dames de Kimoto de Cyril Bonin (d'après le roman de Sawako Ariyoshi)
- La vie me fait peur de Tronchet et Durieux (adaptation du roman de JP Dubois Les hommes n'habitent pas le monde de la même façon)

Je reviendrai vous en parler, probablement dans les topics des auteurs (si cela existe pour le roman japonais).

serendipity a écrit:

- Les dames de Kimoto de Cyril Bonin (d'après le roman de Sawako Ariyoshi)

Ton retour sur cette BD m'intéresse beaucoup. Je la croise assez souvent en librairie et elle est assez tentante... Les graphismes ont l'air très beau! A voir si le scénario est tout autant bien ficelé.

Alors je peux te dire que j'ai beaucoup aimé cette BD Vavyala

Pas tant le graphisme à vrai dire

Spoiler:

Je ne connais pas du tout le roman dont est tirée cette BD, et je suppose qu'il doit s'agir d'une fresque historique très riche étant donné que l'action s'étire sur toute la première moitié du XXème siècle et présente trois générations de femmes, donc pour les initiés la BD pourrait être source de frustration car cela va vite. Mais j'ai trouvé que c'était très bien fait, l'émotion, la psychologie des personnages tout est très bien rendu

Je conseille donc sans réserve cette BD (j'ai la chance de l'avoir trouvée au rayon des nouveautés de ma médiathèque)

Merci serendipity pour ton retour, d'autant qu'il est positif!
J'irai voir si je la trouve en médiathèque aussi...

serendipity a écrit:

Alors je peux te dire que j'ai beaucoup aimé cette BD Vavyala  

Pas tant le graphisme à vrai dire  

Spoiler:

Je ne connais pas du tout le roman dont est tirée cette BD, et je suppose qu'il doit s'agir d'une fresque historique très riche étant donné que l'action s'étire sur toute la première moitié du XXème siècle et présente trois générations de femmes, donc pour les initiés la BD pourrait être source de frustration car cela va vite. Mais j'ai trouvé que c'était très bien fait, l'émotion, la psychologie des personnages tout est très bien rendu

Je conseille donc sans réserve cette BD (j'ai la chance de l'avoir trouvée au rayon des nouveautés de ma médiathèque)

A tout hasard, voici ce que j'ai dit du roman dans "littérature japonaise" page 13 :

Spoiler:

Je n'étais pas revenue sur ce topic pour lire vos retours sur Les Dames de Kimoto (livre et BD), merci les filles
De mon côté, j'ai reçu la BD à Noël et je viendrai poster mon retour dans le topic lorsque je l'aurai fini (dans la semaine je pense) !

Comme indiqué ci-dessus, je viens de finir la bande-dessinée Les Dames de Kimoto, adaptée du roman de Sawako Ariyoshi !
N'ayant pas lu le roman original, mes impressions se limiteront donc au contenu de la bande-dessinée : d’un trait régulier, les dessins de Cyril Bonin m’ont particulièrement plu, nous plongeant dans la culture japonaise, sa délicatesse, ses limites aussi, ses évolutions tout au long d’un siècle en pleine effervescence. En près de 100 pages, les destins d’Hana, Fumio et Hanako sont minutieusement esquissés jusqu’à sa conclusion émouvante, scellant la fin d’une ère .
Les Dames de Kimoto a été une lecture passionnante, se démarquant par son propos féministe, son immersion dans l’histoire japonaise, de la guerre russo-japonaise à la montée du fascisme ayant conduit à la Seconde Guerre mondiale, ainsi que par ses thèmes intemporels, comme la quête de soi, le déracinement, le deuil, l’anticonformisme, le devoir ou les ravages du temps…
Une très belle découverte !

J'ai passé le week-end en immersion dans les trois tomes des Légendes de la Garde, de David Petersen.



Un immense coup de cœur!

Dans un univers médiéval, les souris se sont organisées en cités. La Garde veille sur le peuple souris, vulnérable aux grands prédateurs (furets, renards, hiboux,...). Alors que leurs membres veillent, un complot semble se dessiner contre les institutions en place...
Ce n'est pas une sortie récente, le tome 1 est sorti en 2008 en France. J'avoue avoir la flemme de parcourir les 20 pages du topic pour vérifier si la série a déjà été présentée, mais si c'est le cas, je me dis qu'un nouveau coup de projecteur pour cette saga vaut le coup.

J'ai adoré l'idée, le scénario, le monde et le graphisme (quelques exemples en spoiler).

Spoiler:

J'attends avec impatience le moment où je pourrai lire d'autres tomes dérivés, Bastian, loup solitaire et autres contes et Baldwin le brave et autres contes.

Merci pour cette présentation alléchante, Vavyala !!

Merci Vavyala, ça a l'air très sympa comme univers