Virginia WOOLF

Merci pour vos avis, les filles !

Ludi, quelle rapidité pour lire ce roman

Petit Faucon a écrit:

Voilà, c'est la traduction de Marie-Claire Passer chez Folio, l'édition que Ludi a lue, je pense ; j'en profite pour dire que moi j'ai apprécié les notes et le plan de Londres ; j'ai lu d'abord toutes les notes pour être débarrassée

Merci Petit Faucon, la comparaison est toujours intéressante

J'ai lu aussi l'édition Folio et les notes m'ont un peu agacée pour les mêmes raisons que Ludi (surtout que je déteste les notes en fin d'ouvrage, c'est tellement peu pratique par rapport à des notes de bas de page) donc je les ai lues en diagonale. J'ai fini le livre hier et je vais jeter un oeil au dossier, et surtout lire la préface ces jours-ci.

Cela a été une lecture agréable, assez surprenante par rapport à ce que je pensais savoir du livre : Clarissa est finalement plutôt dépeinte par son entourage, on la croise assez peu alors que je m'attendais à passer une journée en immersion dans la tête de Mrs Dalloway. J'ai apprécié l'enchaînement d'un personnage à un autre, tout cela est très fluide, même si comme Ludi je trouve qu'il n'est pas facile de couper cette lecture (je l'avais mise de côté ce weekend, et pas évident d'y replonger hier). J'ai bien aimé, mais quand même, cela n'égale pas la forte impression que m'avait fait Vers le phare il y a quelques années. Je me rends compte que tout ce que j'ai lu de Woolf est finalement assez différent, mais peut-être que mes ressentis diffèrent aussi en fonction de mon état d'esprit. Mais cela ne fait que conforter mon envie de découvrir l'ensemble de son oeuvre !

Je l'ai fini également, y compris la postface sur la genèse de l'oeuvre et la préface assez copieuse de Brugère.

J'ai trouvé le livre très intéressant, tout à fait différent de ce à quoi je m'attendais (aussi !), à la fois sur le fond et la forme.

Sur la forme j'ai été vraiment déstabilisée par la fluidité du discours, et par les phrases longues, partiellement coupées par des points-virgules, et le texte sans aucune coupure ; d'où la difficulté pour moi de le lire dans les transports en commun, avec nombreuses ruptures de charge, et donc nombreuses interruptions ; j'ai été à chaque reprise obligée de feuilleter en arrière pour me souvenir dans la tête de qui on était, pour rattacher mon fil ; dans la préface on rapproche son style de celui de Proust, et c'est vrai que cette comparaison est assez juste, pour la subjectivité du discours et la fluidité du style.
En même temps ce discours qui saute d'un personnage à l'autre (VW  indique qu'elle a mis presque un an à trouver le moyen de passer de façon harmonieuse d'un personnage à l'autre) donne un point de vue multiple et on voit cette société comme à travers un prisme ou un kaleidoscope, avec chacun son angle de vue, ce qui est enrichissant et donne un peu le vertige ; c'est assez visuel et cinématographique, je trouve, bien qu'on soit dans la tête d'un personnage.

Sur le fond je m'attendais à quelque chose d'assez mondain, et finalement j'ai trouvé l'ensemble assez caustique : Septimus Smith n'arrive pas à sortir de son stress post-traumatique, le Dr Bradshaw flanque carrément les jetons avec ses méthodes, Hugh et Lady Bruton et Lady Bradshaw font peur aussi, ils sont à la fois caricaturaux et risibles au premier abord, mais in fine ils font peur ; quelle est cette société de l'apparence et du jeu où la réalité, la beauté, la chaleur humaine n'a pas de place ; ils sont tous seuls, effroyablement seuls, et je ne sais pas si c'est voulu par VW, mais j'ai trouvé cela très grinçant et pessimiste finalement.

Petit Faucon a écrit:

En même temps ce discours qui saute d'un personnage à l'autre (VW  indique qu'elle a mis presque un an à trouver le moyen de passer de façon harmonieuse d'un personnage à l'autre) donne un point de vue multiple et on voit cette société comme à travers un prisme ou un kaleidoscope, avec chacun son angle de vue, ce qui est enrichissant et donne un peu le vertige ; c'est assez visuel et cinématographique, je trouve, bien qu'on soit dans la tête d'un personnage.

C'est vrai que c'est une écriture finalement assez cinématographique !

Petit Faucon a écrit:

quelle est cette société de l'apparence et du jeu où la réalité, la beauté, la chaleur humaine n'a pas de place ; ils sont tous seuls, effroyablement seuls, et je ne sais pas si c'est voulu par VW, mais j'ai trouvé cela très grinçant et pessimiste finalement.

J'ai lu quelque part (Wikipedia il me semble ) que c'était un roman sur l'impossibilité à communiquer. Cela rejoint ce que tu dis.

Fini  

Je crois que j'étais la première à le commencer et je suis bonne dernière pour le terminer (à moins que Léti soit encore plongée dedans ?). Très contente d'avoir mené cette lecture jusqu'au bout merci à vous esperluette, Léti, Ludi33 et Petit Faucon (par ordre alphabétique)  

Sans vous, je ne me serais jamais jetée à l'eau, d'autant que les avis sur ce roman ne sont pas toujours très positifs  

Je m'attendais à ne pas aimer et à jeter l'éponge assez vite... mais finalement je me suis accrochée, j'ai pris mon temps et j'ai plutôt aimé cette lecture exigeante.

Petit Faucon a écrit:

Sur la forme j'ai été vraiment déstabilisée par la fluidité du discours, et par les phrases longues, partiellement coupées par des points-virgules, et le texte sans aucune coupure ;

C'est aussi mon cas   mais j'ai pris plaisir à le lire en VO car j'ai pu découvrir que la langue de Virginia Woolf est très poétique et qu'elle joue beaucoup sur les sonorités (assonances et allitérations ne sont pas rares dans ses longues phrases   et encore, je n'ai été attentive aux sons que dans la seconde partie du roman   ).

Petit Faucon a écrit:

quelle est cette société de l'apparence et du jeu où la réalité, la beauté, la chaleur humaine n'a pas de place ;

Une société finalement assez proche de la notre ?    

J'ai vu qu'une adaptation de ce roman avait été réalisée avec Vanessa Redgrave (1997). Quelqu'un l'a vue ? Je l'aurais volontiers visionnée mais elle n'est pas disponible en médiathèque  

Merci de tes impressions, serendipity !
Je suis très contente que tu aies apprécié toi aussi Mrs Dalloway, et en effet la société post-guerre de14 décrite par Virginia Woolf est aussi égoïste et sans pitié que la nôtre.
C'est super que l'émulation lambtonienne ait fonctionné avec cette lecture pour toi, ce qui démontre qu'il ne faut pas se laisser impressionner par des commentaires négatifs.
En résumé, nous sommes toutes devenues des adeptes de VW après cette lecture !!!

J'ai lu Mrs Dalloway pendant mes études, ça fait déjà plusieurs années. On avait décortiqué ce roman en long et en large et il fut ma première rencontre avec l'oeuvre de Virginia Woolf. J'avais adoré ce livre à l'époque. J'ai lu plusieurs choses ensuite autour de Virginia Woolf. J'avais bien aimé Les heures de Cunningham par la suite qui reprend l'univers de Woolf.

Pour revenir à Mrs Dalloway, j'ai vu le film avec Vanessa Redgrave mais ça fait si longtemps! Il était alors passé à la télé. Je garde un souvenir vague, j'avais aimé, mais je ne saurais comparer avec le roman. Je ne l'ai jamais revu, je dirais qu'il est introuvable aujourd'hui, en tout cas par ici!

Petit Faucon a écrit:

C'est super que l'émulation lambtonienne ait fonctionné avec cette lecture pour toi, ce qui démontre qu'il ne faut pas se laisser impressionner par des commentaires négatifs.
En résumé, nous sommes toutes devenues des adeptes de VW après cette lecture !!!

Tant mieux pour vous si l’œuvre vous a plu, mais je trouve vos commentaires assez "scolaires", l'essentiel d'une lecture, en ce qui me concerne aujourd'hui, c'est qu'elle me donne du plaisir, je ne lis plus les livres comme au lycée, j'espère au moins que vous avez apprécié votre lecture et que vous ne vous êtes pas forcé d'aller jusqu'au bout

@ Marganne : je ne vais pas m'exprimer pour les autres membres, mais je ne vois pas ce qui te donne l'impression que quelqu'un se soit forcé à aller jusqu'au bout de cette lecture

J'ai personnellement pris plaisir à cette lecture et je ne fonctionne pas par obligation. J'étais curieuse de me faire mon propre avis sur ce roman qui suscite des avis partagés et de tester le style très particulier de l'auteur. J'ai pris du plaisir à ce lecture, oui. Je ne classerai pas pour autant Virginia Woolf parmi mes auteurs préférés, loin de là. Je ne suis même pas certaine que je lirai autre chose de sa plume car j'ai envie de découvrir d'autres auteurs et que notre temps de lecture n'est malheureusement pas extensible.

@ Alaska : merci pour ton témoignage. Cela devait être intéressant de l'étudier ainsi en profondeur

serendipity a écrit:

@ Alaska : merci pour ton témoignage. Cela devait être intéressant de l'étudier ainsi en profondeur

Oui vraiment! La littérature m'intéresse et j'aime bien comprendre une oeuvre, qu'elle soit classique ou contemporaine. Je ne le fais pas avec toutes mes lectures, par contre quand certains éditeurs, auteurs ou autres mettent à la disposition des lecteurs du contenu en plus autour d'une oeuvre, que ce soit la genèse, l'inspiration, etc, je trouve toujours très intéressant de découvrir ce qui a conduit à telle ou telle oeuvre. Je lis aussi des essais, autour de plusieurs sujets, par plaisir mais pour également approfondir mes lectures. Je trouve que c'est enrichissant et personnellement, j'aime enrichir mes lectures, soit en lisant d'autres livres, soit en essayant d'en comprendre les fondements. Je ne lis pas un livre après l'autre juste pour lire. J'ai besoin d'un peu plus! Virginia Woolf se prête à beaucoup de recherches et appelle à beaucoup d'autres lectures.

Alaska a écrit:

Virginia Woolf se prête à beaucoup de recherches et appelle à beaucoup d'autres lectures.

C'est très bien résumé, Alaska.  Je te rejoins sur la quête derrière toute lecture. Certaines s'y prêtent plus que d'autres. Mrs Dalloways et certainement Virginia Woolf en général, en font partie. Je me souviens l'avoir beaucoup apprécié lors de ma lecture. Elle remonte à loin, certes; Je ne me souviens pas des détails, certes, mais y en avait-ils? C'est plus une exploration de l'être. Derrière les déambulations des personnes, il y avait déambulation de l'être. Lors d'un trajet, les rappels, les rencontres, les souvenirs...et les questionnements. J'aime beaucoup ce genre de livres. Ce genre d'écrivains qui sans tracer une histoire avec un début, des faits, une intrigue, un épilogue, sont capables de raconter beaucoup de choses, pour peu qu'on lise avec son cœur, qu'on lise entre les lignes.
Je pense le relire depuis un moment. Je n'ai pas pu participer à la lecture de groupe, mais il est dans ma PAL. Merci à toutes pour vos retours

Ysabelle a écrit:

Ce genre d'écrivains qui sans tracer une histoire avec un début, des faits, une intrigue, un épilogue, sont capables de raconter beaucoup de choses, pour peu qu'on lise avec son cœur, qu'on lise entre les lignes.

Oui voilà c'est totalement ça. Être capable de capturer l'instant, l'atmosphère, le questionnement, etc. C'Est très difficile de faire ça, sans mettre forcément de l'action toutes les pages. Je crois que c'est pour ça que j'aime ce roman. Il y a quelque chose de très sensible dedans. Il faut l'être pour arriver à décrire les choses comme elle le fait.

Je me dis souvent qu'il faut que je le relise. J'attends le bon moment.

Peut-être ferons nous une relecture en duo?

serendipity a écrit:

@ Marganne : je ne vais pas m'exprimer pour les autres membres, mais je ne vois pas ce qui te donne l'impression que quelqu'un se soit forcé à aller jusqu'au bout de cette lecture

J'ai bien aimé cette discussion "scolaire" moi.

Il y a effectivement des oeuvres qui se prêtent plus à l'analyse que d'autres, et une prose aussi particulière que celle de Woolf demande en plus à être "apprivoisée". C'est comme Proust, il y a des auteurs qui demandent un peu plus de concentration ; ceci dit je n'ai pas trop eu de mal à lire Mrs Dalloway dans le métro même en heure de pointe.

Et j'admire totalement le fait de l'avoir lu dans le texte Serendipity !

J'ai pris le temps de lire la préface de l'édition Folio, tout ne m'a pas passionnée mais c'était tout de même éclairant sur la génèse du livre, son aspect social, le travail de la phrase...

serendipity a écrit:

Je ne suis même pas certaine que je lirai autre chose de sa plume car j'ai envie de découvrir d'autres auteurs et que notre temps de lecture n'est malheureusement pas extensible.

Une chambre à soi c'est court et passionnant.

Ma prochaine lecture de Woolf sera probablement Les Vagues, mais j'ai aussi dans ma PAL un recueil d'articles, L'art du roman. Mais ce ne sera pas pour tout de suite, j'ai lu deux de ses romans en 2017 et ma PAL est monstrueuse !

Peut-être me ferai-je embarquer sur Une chambre à soi pour une lecture en duo ou trio  
En tout cas, nos échanges m'ont donné envie de prolonger en revisionnant "The Hours", ce que je ferai prochainement si je trouve un moment
@ Ysabelle et Alaska, ça peut-être un chouette projet de relire ce livre puisqu'il vous a tant plu

Ysabelle a écrit:

Peut-être ferons nous une relecture en duo?

Mais oui, pourquoi pas! Mais pas tout de suite! Noël et l'hiver ce sont des lectures spécifiques que je fais. Ce sont les mois de l'année que je préfère et j'ai déjà planifié mes lectures depuis l'été dernier! Mais plus tard, oui je serais très partante pour qu'on le lise et en discute aussi!

serendipity a écrit:

En tout cas, nos échanges m'ont donné envie de prolonger en revisionnant "The Hours", ce que je ferai prochainement si je trouve un moment  

Tu avais lu le livre, Les heures?

serendipity a écrit:

@ Ysabelle et Alaska, ça peut-être un chouette projet de relire ce livre puisqu'il vous a tant plu

Oui vraiment!

Ne t'inquiète pas Alaska. Je ne peux pas non plus commencer dans l'immédiat. J'ai aussi quelques lectures en attente.

Je n'ai pas souvenirs qu'un livre "The hours" existe C'est un film en revanche qui est pour moi culte. Il a réuni une panoplie de pointures du cinéma comme Meryl Streep, Nicole kidman, Ed Harris, Julianne Moore,... C'est à ça que fait allusion Serendipity, je crois

Ysabelle a écrit:

Je n'ai pas souvenirs qu'un livre "The hours" existe  

C'est de Michael Cunningham! Un très bon auteur d'ailleurs.

Je connais l'auteur mais pas le livre Merci Alaska J

C'est très bien! J'avais beaucoup aimé!

esperluette a écrit:

serendipity a écrit:

@ Marganne : je ne vais pas m'exprimer pour les autres membres, mais je ne vois pas ce qui te donne l'impression que quelqu'un se soit forcé à aller jusqu'au bout de cette lecture

J'ai bien aimé cette discussion "scolaire" moi.

Il y a effectivement des oeuvres qui se prêtent plus à l'analyse que d'autres, et une prose aussi particulière que celle de Woolf demande en plus à être "apprivoisée". C'est comme Proust, il y a des auteurs qui demandent un peu plus de concentration ; ceci dit je n'ai pas trop eu de mal à lire Mrs Dalloway dans le métro même en heure de pointe.  

Je ne suis jamais arrivée à lire Proust, que tu compares Proust et Woolf me fait dire que Woolf n'est définitivement pas un auteur pour moi. Bonne lecture pour ses autres oeuvres

Non Alaska, je n'ai pas lu le livre. Comme le disait Ysabelle, je pensais au film, que j'avais vu en salle à sa sortie et beaucoup aimé
J'ai trouvé le DVD à la médiathèque, je vais essayer de le regarder prochainement

Pour en revenir à la comparaison avec Proust, je n'ai lu qu'un seul livre de chaque auteur mais VW me paraît quand même plus facile (j'ai lu "Mrs Dalloway" dans les transports en commun alors que je ne pourrai pas le faire avec Proust...)

J'avoue que je n'ai jamais lu Proust. Il ne m'attire pas le moins du monde...

Alaska a écrit:

C'est très bien! J'avais beaucoup aimé!

J'avais énormément aimé le livre de Michael Cunningham aussi, ainsi que le film.

Marganne a écrit:

Je ne suis jamais arrivée à lire Proust, que tu compares Proust et Woolf me fait dire que Woolf n'est définitivement pas un auteur pour moi. Bonne lecture pour ses autres oeuvres

serendipity a écrit:

Pour en revenir à la comparaison avec Proust, je n'ai lu qu'un seul livre de chaque auteur mais VW me paraît quand même plus facile (j'ai lu "Mrs Dalloway" dans les transports en commun alors que je ne pourrai pas le faire avec Proust...)

Il me semble aussi que Woolf est plus "facile" (c'est un peu un cliché de dire ça mais chez Proust, il me semble que la difficulté est de s'habituer à ses phrases-fleuves qui peuvent vraiment être très longues) mais il y a des similitudes entre les deux je trouve, dans l'attachement à décrire le plus précisément possible une sensation ou un souvenir, l'importance également de la nostalgie et des réminiscences. Mais je suis un peu plus familière de Woolf que de Proust dont je n'ai lu qu'un livre.