Alors sous la pression accrue ... je m'exécuteTab : Virginia Woolf par Roger FryVirginia Woolf et le groupe de Bloomsbury Comme je le disais, notre conférencière, Madame Gilliane Bardinet a commencé par nous faire écouter Jardin sous la pluie de Debussy. Et il n’en fallait pas plus pour retenir un type aussi fan de Claude qu’il était néophyte de V. Woof.
http://www.deezer.com/fr/user/maxdal/music/vanessa-wagner#music/vanessa-wagner/debussy-images-estampes-262552En fait, Mme Bardinet considérait que C. Debussy et le coté sensoriel de sa musique était le mieux à même de nous transporter dans une ambiance propice à la compréhension de l’œuvre de V. Woolf.
Point sur lequel je la rejoins entièrement (même si je connais à peine V. Woolf; mais a-t-on jamais assez de bonnes excuses pour écouter Debussy ?) Bref, 10 lignes et je suis déjà hors-sujet.
Sortant de mon coma musical, je saisis mon stylo et mon cahier et tente de retrouver les vieilles habitudes de prise de notes.... Hum, c’est pas gagné !
Madame Bardinet a lancé les festivités et nous avons retrouvé avec joie son français parfait, assoupli d’un léger accent Oh so British !
Elle a commencé par opposer les travaux des Brontë/Austen (qui avaient fait l’objet des deux conférences précédentes) avec celui de V.Woolf pour nous monter que cette dernière ne cherchait pas tant à faire de ses romans une description des mœurs de la société de l’époque mais plus largement à capter le miroir des sentiments, à y intégrer au maximum la complexité humaine dans son ensemble (émotions, arts et philosophie).
(là, j’étais déjà partiellement paumé. Je me sentais lentement décrocher et je commençais sérieusement à scotcher sur une grosse mouche qui s’amusait à atterrir sur l’épaule renforcée de la veste de ma voisine de devant !)En gros qu’elle avait développé une utilisation très précise et créative de la langue anglaise pour réunir rêve, souvenir et imaginaire. (J'essaierai de développer dans une seconde partie.)
Mme Bardinet en a ensuite profité pour situer le contexte historique.
Virginia Woolf (Stephen), née en 1882, a donc atterrie en pleine apogée Victorienne, au summun de l’empire Britannique.
Une époque de stabilité, de prospérité et de rayonnement international pour le Royaume-Uni.
Tab1 : Crystal Palace Opening par Henry Courtney Selous
Tab2 : Scotland forever (il n'y a pas que la Normandie) par Lady Elizabeth Butler(à noter que j'ai trouvé l'utilisation du Scotland forever de Butler un peu anachronique puisque c'est la charge d'un régiment à Waterloo... mais bon dans l'idée !)Félicité qu’elle a tout de suite nuancée en nous montrant un tableau de Luke Fildes pour illustrer la misère qu’avait créée/concentrée la révolution industrielle.
Tab1 : Applicants for admission to a casual ward par Sir Samuel Luke Fildes
Tab2 : Caricature de Darwin du magazine HornetC’est aussi l’époque ou les thèses comme celle de Darwin émergent pour remettre en question la bonne société de l’époque; thèses auxquelles adhère la famille Stephen.
Le père de Virginia, Vanessa et Thoby, Sir Leslie Stephen était un intellectuel qui a participé à l’édition du Dictionnary of National Biography.
Il était à la fois Alpiniste de renom, philosophe, écrivain et journaliste et a toujours vécu entouré d’intellectuels (bon nombres partageant des thèses « révolutionnaires » pour l’époque)
Agnostique, voire athée, il avait récusé ses croyances (ayant fait partie un temps du clergé anglican), il était en totale contradiction avec l’Angleterre traditionnelle et impérialiste incarnée par Kippling.
A mettre en relation avec les Brontë, filles de Pasteur ou avec l’éducation traditionnelle des Austen.
Ses enfants (surtout Virginia) seront donc élevés dans ce cadre intellectuel et littéraire où les convictions nouvelles et révolutionnaires étaient légions. En outre, Virginia, à l’instar des sœurs Brontë (cf conférence précédente) avait accès à toute la bibliothèque de son père et n'était pas scolarisée.
Virginia Woolf semble avoir eu une enfance relativement aisée (même si elle se sentait parfois exclue du couple de ses parents cf photo; à Hyde Park dans une famille de 8 enfants issues de 2 mariages. Hélas elle relatera dans ses mémoires le traumatismes qu'auront été les viols commis par ses demi-frères. Ses traumatismes la suivront toute sa vie.
Elle va connaitre sa première grave dépression à 13 ans, à la mort de sa mère, très belle femme qui avait l’habitude de poser pour un bon nombre d’artistes. (Watts, Ed Burne-Jones, Cameron.)
Virginia connait sa deuxième et très grave dépression en 1904 à la mort de son père.
Elle en était très proche et s’en était beaucoup occupé. Sa vie sera une succession de période dépressive et de période de créativité exacerbée. Evoluant toute sa vie entre mélancolie et période créative, on lui prête un syndrome bi-polaire.
A partir de là, Vanessa, Virginia et Thoby quitte Hyde Park pour s’installer dans le quartier Bloomsburry, plus jeune et plus « bohème ».
Virginia Woolf écrira dans son journal «
Nous allions peindre, écrire, prendre du café (Notre conférencière notera ici avec humour le caractère « révolutionnaire » du café)
après le diner au lieu de thé à 9h. Tout allait être nouveau. »
C’est en présentant ses amis du Trinity College et de son club, les « Apostles », que Thoby va catalyser la formation du Bloomsbury Group.
Vanessa et Virginia vont ainsi faire la connaissance de Lytton Strachey, Clyve Bell, Leonard Woolf...etc
Dans cet environnement intellectuel des réunions du jeudi soir à Bloomsbury, Vanessa (l’artiste) et Virginia (l’écrivain) rejettent catégoriquement les idéaux victoriens de la bonne société victorienne.
Mme Bardinet oppose ici un portrait de Singer Sargent et un portrait de Vanessa Bell.
Tab1 :Mrs. Carl Meyer and Her Children par J. Singer Sargent
Tab2 : Vanessa Bell par Duncan Grant C’est au cours de ces réunions du jeudi et (du vendredi pour les artistes de Vanessa), que les sœurs feront la connaissance de Keynes, Duncan Grant, Roger Fry et Clyve Bell qui épousera Vanessa. (et d'autres)
On y discute de religion, d’arts, d’anti-colonialisme... on refait le monde ! On repeint le monde. On fume, on boit, on innove dans un cadre bohême-chic ! On y découvre aussi les subtilités du corps sans réelle barrière morale. La bi-sexualité n’a rien de choquant à l’intérieur du groupe et les relations entre les membres du groupe sont rapidement très « imbriqués » .... (ça frôlait le Tetris version adulte, d’ailleurs je n’ai pas tout suivi.)
Disons, pour simplifier, que l’ambiance y était aussi libérée que libertine.
D’ailleurs Virginia était "choquante" rien que dans sa vie privée. Elle aura des amants/amantes et le ménage à trois n’aura rien de surprenant dans le groupe.
Ici Mme Gardinet nous montre un tableau de Vanessa Bell ou le chiffre 3 semble revenir de manière symbolique, selon certaines théories c’est un clin-d’œil au ménage à trois de sa sœur.
Tab : Iceland Poppies par Vanessa BellMais cette ambiance générale favorise la création.
Duncan Grant est d’ailleurs l’un des rares a comprendre le talent, le monde et les aspirations de Virginia Woolf, qu’il encourage à continuer.
C’est au sein du groupe que Virginia Woolf fera la connaissance de Leonard Woolf, qu’elle « snobe » dans un premier temps en le surnommant le « juif sans un sou ». Elle l’épousera en 1912. Sa sœur Vanessa ayant épousé Clive Bell en 1907.
On voit ici une photo ou le couple Woolf a finalement bien vécu.
A la suite du Bloomsbury Group, Roger Fry va trouver une application pratique et commerciale à leurs envies de révolution artistique.
C’est plus ou moins lui qui introduira l’art moderne Français en Angleterre en y présentant Cézanne, Manet ..etc et les post-impressionistes (terme dont il a la paternalité).
Dans la lignée créatrice du Bloomsburry Group, Fry va créer les Omega Workshops (sur la base d’un équivalent français dont je n’ai pas retenu le nom) avec Vanessa Bell, Clive Bell et Duncan Grant.
Les ateliers s’étaient donnés pour mission de révolutionner les arts décoratifs (meubles, céramiques, costumes de théâtre, bois gravés avec par exemple le célèbre chat de Simon Bussy)
Tab 1 : Auto-portrait de Roger Fry
Img 2 : Invitation au lancement des Omega Workshops
Img 3 : mobilier par Roger Fry
Img 4 : Assiette par Duncan Grant
Photo 5 : Salon de la maison de Charleston.(A noter ici une céramique pour laquelle je n'ai pas trouvé de photo. Elle s'appelle Virgin and Child et elle est de Vanessa Bell. Tout le monde aura compris qu'il s'agit d'une Vierge à l'enfant, elle était plutôt abstraite et ce qui m'a surpris c'est que Vanessa ait choisi un tel sujet, connaissant leur distance avec la religion.... Etait-ce par pure clientélisme ? aucune idée mais la statuette avait de jolies couleurs)
De leur cotés les Woolf se lancent dans l’édition en 1917 avec leurs presse Hogarth à Richemond. Virginia Woolf devient une typographe émérite (au début plus par distraction) et pour soulager les conséquences de ses dépressions.
La Hogarth Press va ainsi éditer les Woolf entre autres mais surtout des auteurs désormais reconnus aujourd’hui comme E.M Forster, et Maxime Gorky (Virginia est particulièrement intéressée par sa vision cosmique.) entres autres auteurs russes.
Virginia s’intéresse aussi à la psychanalyse de Freund et c’est la Hogarth Press qui éditera les premières traductions.
Virginia édite aussi les œuvres de son père, mais aussi des essais et textes de Fry, de Vita Sachville etc.
Enfin (toutélié), Katherine Mansfield a été éditée par la Hogarth Press.
A noter que même si les Omega Workshops de Fry ont eut à l’époque une notoriété confidentielle et une durée de vie dépassant de peu la première guerre mondiale, il existe un travail collaboratif entre Omega et Hogarth, voir les couvertures des œuvres de V.Woolf par sa sœur Vanessa.
Et là, plus de couvertures :
Et les ateliers auront un impact important sur la révolution des arts décoratifs.
Pendant la guerre, les membres du Bloomsbury Group ont toujours revendiqué son pacifisme.
Duncan Grant devient même agriculteur dans le Sussex pour « éviter » la guerre.
Homosexuel, il s’y installe avec D. Garnett et ils se proposent d’y accueillir les artistes objecteurs de conscience qui en ont assez de recevoir des « plumes blanches » à Londres (on décernait des « plumes blanches » comme décorations pour les lâches).
Vanessa qui entretient une relation compliquée (d’ailleurs j’ai rien compris, c’était trop compliquée) avec Grant s’installe à Charleston (Sussex aussi).
Le Bloomsbury Group est donc plus ou moins reconstitué dans le Sussex puisqu’en 1919 les Woolf achètent la maison Monk’s House à Rodmell pas très loin de la maison de Charleston.
Fry, Forster, Elliot, Strachey, Grant, Keynes ....etc resteront des invités fréquents de Charleston et Monk’s House.
Voila, en substance, une partie de la conférence. (désolé s'il y a des fautes et il doit y en avoir, je me relirai plus tard ...)
Enfin, j'ai encore deux trois notes concernant plus particulièrement l'écriture de V.Woolf... mais je crois que j'ai laissé passer pas mal de choses intéressantes, n'étant pas assez initié pour saisir tout ce qu'il y avait à saisir.
Et puis la mouche était revenue sur l'épaule de ma voisine de devant ...et mon estomac commençait à réclamer les petits gâteaux de la fin.