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 Technologie et littérature : les réseaux sociaux au temps d'Austen, Dickens et Troloppe

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MissAcacia
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MessageSujet: Technologie et littérature : les réseaux sociaux au temps d'Austen, Dickens et Troloppe   Technologie et littérature : les réseaux sociaux au temps d'Austen, Dickens et Troloppe Icon_minitimeJeu 3 Fév 2011 - 9:46

J'aurais pu créer ce sujet dans le forum des auteurs anglo-saxons du XIXe siècle, vu les auteurs cités dans le titre de l'article, mais je me suis dit les outils présentés peuvent s'appliquer à tout type de littérature, donc autant faire général.

L'article qui a attiré mon attention (en anglais, malheureusement, désolée) Arrow explique comment un chercheur en linguistique a créé un logiciel capable de reconnaître les dialogues dans un roman et de créer sur cette base une carte des réseaux sociaux (voir le schéma pour Mansfield Park dans l'article).

Cela peut paraître assez limité comme résultat mais ce que j'ai trouvé le plus intéressant, c'est que l'utilisation de ce logiciel a permis d'infirmer une théorie existante, théorie qui affirmait que dans le roman victorien les interactions sociales étaient différente si l'histoire se déroulait en ville ou à la campagne. L'auteur de cette théorie affirmait que les romans urbains contenaient plus de personnages mais moins de dialogues et donc que les réseaux sociaux étaient plus diffus, plus limités dans ce cadre. La technique nous prouve que ce n'est pas le cas.

Vive la comptabilité littéraire! lol! Franchement, cette approche rationnelle me plaît bien, je trouve que ça permet de donner une touche plus "science exacte" à certaines études littéraires.

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MissAcacia
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MessageSujet: Re: Technologie et littérature : les réseaux sociaux au temps d'Austen, Dickens et Troloppe   Technologie et littérature : les réseaux sociaux au temps d'Austen, Dickens et Troloppe Icon_minitimeJeu 3 Fév 2011 - 12:16

Je n'ai pas le temps de tout lire maintenant mais ceci semble confirmer l'assertion de Mrs Bennet sur la vie à la campagne et ses échanges d'invitations à dîner avec plus de 20 familles...

J'aime beaucoup ce genre de statistiques improbables Very Happy .
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Tatiana
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MessageSujet: Re: Technologie et littérature : les réseaux sociaux au temps d'Austen, Dickens et Troloppe   Technologie et littérature : les réseaux sociaux au temps d'Austen, Dickens et Troloppe Icon_minitimeJeu 3 Fév 2011 - 12:24


Cette initiative est intéressante en ce qu'elle ouvre de nouvelles perspectives de recherche, mais je ne pas m'empêcher de penser que toutes ces analyses enlèvent une partie du mystère et de la saveur des romans, surtout avec l'intervention de la technologie.
J'ai du mal à expliquer pourquoi, mais pour ma part j'apprécie toujours de garder une part d'inconnu ou d'imagination sans me poser trop de questions. Bon, ce que j'écrit ne me semble pas très clair Rolling Eyes Ceci dit, j'aime bien la distinction entre romans ruraux et romans urbains, où les réseaux sociaux varient et reflètent les mentalités de l'époque.

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clinchamps
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MessageSujet: Re: Technologie et littérature : les réseaux sociaux au temps d'Austen, Dickens et Troloppe   Technologie et littérature : les réseaux sociaux au temps d'Austen, Dickens et Troloppe Icon_minitimeJeu 3 Fév 2011 - 12:34

Quant à moi Embarassed Embarassed Embarassed Embarassed rendeer rendeer rendeer je ne suis pas sûre de comprendre de quoi il s'agit !! lol! lol!
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Hercule Poirot
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MessageSujet: Re: Technologie et littérature : les réseaux sociaux au temps d'Austen, Dickens et Troloppe   Technologie et littérature : les réseaux sociaux au temps d'Austen, Dickens et Troloppe Icon_minitimeMer 9 Fév 2011 - 9:58

cat47 a écrit:
[…] infirmer une théorie existante, théorie qui affirmait que dans le roman victorien les interactions sociales étaient différente si l'histoire se déroulait en ville ou à la campagne.

Raymond Williams […] developed a series of extremely persuasive arguments about how, in the 19th century, novelists began to imagine urban social interaction as fundamentally different—more dispersed, accidental and fleeting—than the kinds of social interactions found in village or rural settings […] Contrary to Williams’ hypothesis, the analysis found that social networks in rural and urban setting were about the same size and had the same levels of interaction.
   — Article cité.

Nick Obourn précise qu'il s'agit dans les deux études des interactions telles qu'imaginées par les romanciers (deux dans l'hypothèse de Williams contre une soixante d'œuvres dans l'étude d'Elson) — plus étendues à la ville qu'à la campagne dans la première et également étendues dans la seconde — mais je me pose deux questions. Est-ce que l'étendue de ces réseaux littéraires correspondent à l'étendue des réseaux sociaux dans la société ; autrement dit, est-ce que les personnages de romans imitent la réalité, et est-ce que les personnages de romans entretiennent des relations uniquement dans leur milieu, comme c'était le cas je pense dans la société anglaise du XIXe siècle.

Bref, je trouve ce genre d'étude fascinant ! Il permet d'élaborer des critères solides pour déterminer si une œuvre est plus ou moins « réaliste », ou si elle est vraisemblable, ou si elle trahit les préjugés de l'auteur, ou si elle révèle des aspects de sa conception du monde dont il est peu conscient lui-même, par exemple.
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MessageSujet: Re: Technologie et littérature : les réseaux sociaux au temps d'Austen, Dickens et Troloppe   Technologie et littérature : les réseaux sociaux au temps d'Austen, Dickens et Troloppe Icon_minitimeMer 9 Fév 2011 - 19:15

Je suis un peu sceptique, car dans un roman, l'auteur ne peut refléter la réalité du réseau social des gens. Par exemple, Mrs Bennet parle de plus de vingt familles dans son réseau d'amis, mais combien en connaissons-nous ? Même en relevant tous les noms de P&P, je ne suis pas sûre qu'on arriverait à vingt... Et surtout, on ne voit que très peu d'interactions au sein de ce réseau, puisque l'auteur ne nous parle que des "événements sociaux" où il se passe des choses importantes pour l'intrigue.

Par ailleurs, les autres réseaux essentiels de la gentry (celui des domestiques, celui des des fermiers/métayers dépendant du domaine, celui des fournisseurs et marchands, etc.)ont une place très faible dans la plupart des romans, et en particulier chez Jane Austen. On sait que les Dashwood, réduites à la misère, ont trois domestiques, mais combien en ont les Bennet ? On n'en sait rien et pourtant, Mrs Bennet ne peut pas ne parler qu'à Hill toute la journée sur tous les sujets (je ne crois pas qu'Hill puisse être à la fois femme de chambre, cuisinière, chargée du linge, des courses et livraisons et des mille autres tâches ménagères : assurer un train de vie acceptable pour les Bennet dépasse de loin les compétences d'une seule personne, avant l'invention de l'électro-ménager, et ils sont loin d'être aussi pauvres que les Dashwood).

D'ailleurs, l'illustration qui accompagne l'article montre bien les limites : Fanny parle sûrement tous les jours à des domestiques de sa tante, mais ça n'apparaît pas dans le roman d'Austen, car ce n'est pas le sujet.

Les romanciers ne prennent pas la peine de rappeler les choses évidentes pour leurs lecteurs et sans importance pour l'intrigue. Seuls les auteurs de romans historiques s'ingénient à inclure des détails de la vie quotidienne de l'époque qu'ils décrivent...

Après, l'étude porte sur les représentations des auteurs et des gens (à la campagne, on voit moins de monde) et non sur le rapport roman/réalité. Mais en même temps, le romancier ne peut pas donner les noms de toutes les connaissances de son héros avec qui il entretient des rapports en ville. Un roman se concentre sur les personnages-clefs ce n'est pas en analysant leurs interactions qu'on peut connaître l'importance réelle du réseau social imaginé par l'auteur (Darcy connaît plein de gens à Londres mais le lecteur ne voit jamais ces gens : Darcy, dans le roman, a donc plus d'échanges à la campagne qu'en ville mais il me paraît évident que si on décrivait sa vie de chaque jour, ce ne serait pas le cas et Austen affirme le contraire).

Ce que montre cette étude, surtout, c'est que les romanciers donnent un réseau à peu près égal quantitavement à leur personnage, que ce soit en ville ou à la campagne. À mon humble avis, c'est plus une question de gestion du personnel du roman : on ne donne pas la parole aux personnages qui ne serviraient à rien dans l'histoire (comme le valet de chambre de Darcy, les différents cochers nécessaires à la plupart des déplacements, le boucher de Meryton, les vagues connaissances que Darcy voit avec plus ou moins de plaisir à Londres, etc.). Ca ne reflète en rien les représentations sociales des auteurs, simplement leur technique d'écriture.
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MessageSujet: Re: Technologie et littérature : les réseaux sociaux au temps d'Austen, Dickens et Troloppe   Technologie et littérature : les réseaux sociaux au temps d'Austen, Dickens et Troloppe Icon_minitimeMer 9 Fév 2011 - 21:00

emmaD a écrit:
[…] on ne donne pas la parole aux personnages qui ne serviraient à rien dans l'histoire […] Ça ne reflète en rien les représentations sociales des auteurs, simplement leur technique d'écriture.
Il est évident que les personnages qui ne jouent pas de rôle dans l'histoire n'apparaissent pas, n'est-ce pas ? Mais que les « basses classes » ne soient pas représentées est un indicateur de la conception du monde de l'auteur, de son microcosme. Je ne crois pas que ce « tri » ait quelque chose à voir avec la technique de l'écriture, cependant.
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MessageSujet: Re: Technologie et littérature : les réseaux sociaux au temps d'Austen, Dickens et Troloppe   Technologie et littérature : les réseaux sociaux au temps d'Austen, Dickens et Troloppe Icon_minitimeJeu 10 Fév 2011 - 9:00

EmmaD, on est d'accord sur le fait que la fiction ne reflètent qu'imparfaitement le cadre social. Cette objection doit être cependant faite pour les deux études, celles basée sur deux romans et celle qui s'appuie sur une base de données bien plus volumineuse. Ce type d'outil permet pour le moins d'éviter des conclusions discutables car tirées de l'analyse d'un échantillon trop réduit.

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MessageSujet: Re: Technologie et littérature : les réseaux sociaux au temps d'Austen, Dickens et Troloppe   Technologie et littérature : les réseaux sociaux au temps d'Austen, Dickens et Troloppe Icon_minitimeVen 11 Fév 2011 - 0:07

Sur le fond, ce que je voulais dire, c'est que l'analyse quantitative des dialogues ne permet pas de montrer quelles interactions l'auteur crée pour son personnage. Darcy, d'parès ce qui est dit dans le roman, a des tas d'amis à Londres, mais si on se fie aux mots échangés et aux conversations, on n'en trouvera guère de trace. Ils sont évoqués, c'est tout. Du coup, il ne peuvent apparaître dans des analyses quantitatives. Quantitativement, Darcy et Bingley ont beaucoup plus de discussions avec d'autres personnes à la campagne qu'à la ville dans P&P, mais il est évident que dans l'esprit d'Austen, ils parlent à bien plus de gens lorsqu'ils sont à Londres (et s'ils existaient dans la vraie vie, ils auraient effectivement un plus grand réseau en ville).

D'un point de vue quantitatif, l'auteur utilise un nombre limité d'interlocuteurs, parce qu'il sait que retranscrire les propos des cent pékins à qui Bingley a parlé du temps qu'il fait et de l'état des routes ne présente pas le moindre intérêt pour qui que ce soit. Et du coup, quand un roman se passe principalement en ville, c'est pareil : les trois-quarts des gens que connaissent les protagonistes passeront à la trappe (leurs "amis facebook", en quelque sorte).

C'est pour cela que j'ai du mal à être convaincue par la thèse selon laquelle cette étude remet en cause l'analyse traditionnelle : de mon point de vue, une analyse quantitative ne peut pas montrer si les réseaux urbains sont par nature différents des réseaux ruraux, parce que quel que soit le milieu dans lequel le personnage vit, le nombre de ceux qui gravitent autour de lui sera presque toujours plus limité dans un roman que dans la vraie vie, surtout pour les gens de la haute.
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MessageSujet: Re: Technologie et littérature : les réseaux sociaux au temps d'Austen, Dickens et Troloppe   Technologie et littérature : les réseaux sociaux au temps d'Austen, Dickens et Troloppe Icon_minitimeVen 11 Fév 2011 - 12:31

J'avais très bien compris ce que tu voulais dire, EmmaD. Wink

Ce que moi je voulais dire est que l'analyse que tu appelles traditionnelle doit dans ce cas également être remise en question, puisqu'elle s'appuie sur les même prémices, prémices que tu estimes biaisés. Very Happy

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