C.J. Sansom et son personnage fétiche

Selenh a écrit:

Et nous avons beaucoup de chance car elle continuera avec la même qualité, une belle promesse, non, Tatiana ?

Oui je trouve qu'elle se bonifie au fur et à mesure des tomes, et suis contente que tu confirmes sa qualité croissante .

J'aime beaucoup les couvertures des éditions Pan .

Spoiler:

Je ne pensais pas laisser autant de temps passer avant de continuer la série, et viens de savourer le 4e tome, Revelation (Prophétie). Quel plaisir de plonger à nouveau tête la première dans l'époque Tudor en compagnie du toujours attachant et si réfléchi Matthew Shardlake. Le livre s'ouvre sur le meurtre de son confrère et ami Roger Elliard. Une seconde victime vient rapidement s'ajouter à ce qui pourrait bien être l'oeuvre d'un serial-killer. L'intrigue allie questions religieuses et politiques. On est en 1543, Henry VIII vient de demander à Catherine Parr de l'épouser - elle est réticente, on la comprend . La lutte entre les "réformateurs radicaux", proches du protestantisme, et les "conservateurs" attachés au retour du Catholicisme et qui ont le soutien du roi à cette période, bat son plein. Le peuple en fait les frais (tels les bouchers condamnés pour avoir vendu de la viande rouge pendant le Carême), tout comme les hommes au pouvoir. L'ombre de la disgrâce royale (ou, pire, d'une condamnation à mort) est constamment dans les esprits. L'enquête menée par Matthew l'amène à des contacts rapprochés avec les frères Seymour, Edward et Thomas. L'intrigue policière est particulièrement sombre, avec une incursion dans ce qu'on appellerait aujourd'hui un hôpital psychiatrique, en fait un lieu de détention où étaient enfermés ceux considérés comme fous. Avec ses amis et collaborateurs (on retrouve Guy, l'apothicaire, et Jack Barack, le bras droit de Matthew), il a fort à faire, en plus de faire avancer une enquête lente et difficile, pour aider un jeune homme mis en danger par une obsession religieuse qui pourrait le mener au bûcher.

Je continue donc à me régaler, et à admirer le souci de reconstitution d'une époque très dure mais captivante et le talent du romancier à faire vivre des personnages si humains. Il y a quelques semaines, il a été annoncé que les romans vont être adaptés à l'écran pour la chaîne Disney+. Il sera très difficile aux adaptations de se hisser au niveau des livres, mais je serai curieuse de les découvrir le moment venu.

J'ai continué la série avec Heartstone (Corruption), autre très bon roman où Matthew Shardlake mène cette fois deux enquêtes parallèles, autour d'un suicide suspect et de l'histoire familiale de Ellen Fettiplace, personnage introduit dans le roman précédent, qui l'entraînent dans la région de Plymouth. Malgré un récit particulièrement lent, on passe d'abord du temps à Londres puis sur les routes avant de rejoindre Portsmouth, tout est bien dosé et je ne me suis jamais ennuyée. Le contexte historique joue un rôle marquant, en ce que l'intrigue se passe à l'été 1545 pendant la guerre franco-britannique et les préparatifs anglais pour faire face à une invasion maritime française. On assiste aussi en direct au naufrage du navire le Mary Rose (d'où un vocabulaire marin où je me suis sentie un peu perdue en vo   ), évènement qui a coûté la vie à plus de 400 marins et militaires qui se trouvaient à bord. La reconstitution est toujours aussi fine, et mon appréciation de Matthiew continue à s'affirmer. Sa droiture et sa détermination à éclaircir des mystères où interviennent des secrets longtemps gardés, quitte à mettre en danger sa propre vie ressortent beaucoup dans ce récit. J'aime beaucoup aussi la présence de Catherine Parr : le portrait qui en est fait ici correspond en tous points à l'image que j'ai de cette femme posée et intelligente.

Il me reste deux livres dans la série, dont je compte étaler la lecture d'ici la fin de l'année.

Joli commentaire Tatiana !! Tu me rappelles que j'en ai déjà lu 2 (ou 3 ) de cette série que j'avais dit vouloir continuer, mais... merci de me le remettre en mémoire !

J'avais lu Dissolution et Sang royal je crois. Tatiana tu me donnes envie de reprendre la série, quand ma PAL aura diminué

Je suis contente de vous motiver à poursuivre . Ce sont devenus des livres-doudou pour moi j'aime à être immergée dans cet univers remarquablement reconstitué.

J'ai refermé le dernier roman, Tombland (Révolution) avec un petit pincement au coeur tant je me suis attachée aux personnages et j'ai aimé plonger la tête la première à l'époque Tudor dans ces sept romans. Ce livre est le premier à se dérouler après la mort d'Henry VIII, en 1549. Edouard VI est mineur, et c'est son oncle le duc de Somerset qui gouverne. Matthew Shardlake enquête, à la demande de le jeune princesse Elizabeth (dont le caractère déjà bien affirmé ressort   ) sur le meurtre d'une de ses parentes du côté maternel, Edith Boleyn. Au cours de ses recherches, il se trouve pris dans une révolte populaire sans précédent, la rébellion de Kett dans le nord de l'Angleterre. J'ignorais ces évènements qui ont beaucoup troublé l'Etat. L'auteur entraîne son lecteur aux côtés des rebelles, dans une histoire très fouillée et, comme toujours, sombre, un poil trop longue peut-être (le livre frise les 1000 pages, le plus long de la série) mais captivante.

J'espère que la série se poursuivra, même si la parution de ce dernier roman date déjà de 2018.

Je viens d'apprendre le décès de CJ Sansom , c'est une triste nouvelle....

C'est bien triste en effet J'avais adoré Prophétie

En voyant remonter le sujet, je pensais qu'il s'agissait d'un premier avis sur l'adaptation des enquêtes de Matthew Shardlake qui vient de débuter . Triste nouvelle, en effet. J'avais lu les trois premiers tomes que j'avais apprécié.

Une bien triste nouvelle, en effet Je n'ai lu aucune œuvre de cet auteur, mais je comptais découvrir Dissolution qui me faisait de l'œil depuis un certain temps

J'ai lu tous les romans de Shardlake et toujours avec bonheur. J'attendais toujours avec impatience la sortie de ses nouvelles aventures. Il laisse un manuscrit inachevé Ratcliff. Sera t il publié ?

Zakath Nath a écrit:

En voyant remonter le sujet, je pensais qu'il s'agissait d'un premier avis sur l'adaptation des enquêtes de Matthew Shardlake qui vient de débuter .

Pareil c'est doublement triste qu'il nous ait quittés alors que l'adaptation vient tout juste de commencer à être diffusée   . La nouvelle enquête de Matthew Shardlake sera-t-elle publiée inachevée (tout dépend sans doute du stade où il en était) ? Cette série de livres fait partie des romans historiques les plus marquants et remarquables que j'ai lus, je me suis rarement sentie aussi immergée dans une période historique très fouillée pour les besoins des intrigues, menées par un personnage si sympathique. Il est droit, bon et plein de compassion à une époque si troublée et cruelle

@ Juliette : je recommande vivement la découverte de ces romans .

nephtis a écrit:

Je viens d'apprendre le décès de CJ Sansom , c'est une triste nouvelle....

Oh ! Je suis une fan absolue de Matthew Shardlake, moi aussi !

Est-ce que quelqu'un compte suivre la piste des adaptations, et nous tenir au courant ? D'avance merci !

Justement Selenh, j'ai vu Shardlake, adapté du premier roman de la série (Dissolution) et qui vient d'être diffusé sur la plateforme Disney +. J'ai beaucoup aimé, alors que je craignais d'être déçue. J'avais aussi quelques aprioris sur une adaptation financée par la multinationale américaine   . Sans oublier que les romans sont d'une telle qualité - bien que je me souvienne très peu du premier, donc je ne pourrai pas pointer les changements apportés - qu'il est difficile à une adaptation d'être à la hauteur.

Le format confortable de quatre épisodes offre un scénario soigné, aussi bien sur l'enquête que sur l'aspect politique de l'intrigue, alors qu'Anne Boleyn vient d'être exécutée et que le travail de sape des établissements religieux par Henry VIII et Cromwell bat son plein. Le rythme est suffisamment lent pour laisser le temps à la sombre histoire de meurtre dans un monastère de se mettre en place. Côté ambiance, on est pas loin du Nom de la Rose, modèle assumé par le romancier, et ça se ressent dans les décors et la lumière. Les décors naturels de l'Europe de l'Est, où ont été tournés les scènes du monastère, donnent de la grandeur, presque de la majesté à un lieu qui vit ces derniers jours. La solidité de la distribution diversifiée constitue un autre pari gagné. Je n'avais pas vraiment d'idée préconçue sur les personnages principaux que sont Matthew Shardlake et son acolyte Jack Barack. Arthur Hughes et Anthony Boyle sont tout à fait convaincants dans leurs rôles respectifs, Ce Matthew Shardlake, sobre et réservé (on entend parfois quelques unes de ses réflexions) mais qui sait s'affirmer, respire la clairvoyance et souffre d'infirmités qui le mettent à l'écart de la société. Il est pénible de voir les gens s'écarter de son chemin ou se moquer de lui. Jack Barack ne saurait être plus différent, car il a de la prestance et du succès auprès de la gent féminine, une certaine morgue aussi qui ne le rend pas sympathique d'emblée. On apprécie de suivre leur rencontre, et leur relation faite de méfiance et de ressentiments dans cette première enquête. Les autres acteurs se révèlent tout aussi bons, avec aussi un Cromwell de luxe, même réduit à quelques apparitions, en la personne de Sean Bean.

L'adaptation du second roman n'a pas encore été annoncée, mais il faut espérer qu'elle est dans le tuyaux.