Aimez-vous Lodge?

Comment se fait-il qu’un forum qui se revendique adepte des britanniques n’aie pas encore de sujet sur David Lodge, l’homme qui sait décortiquer leurs travers, en particulier ceux des intellectuels, avec tant d’humour? Je sais que nous avons déjà parlé au détour d’un post de l’un ou l’autre de ses bouquin, mais je pense que l’homme mérite un topic à lui tout seul. Et puisqu’un de nouveaux membres l’a mentionnés dans ses favoris, ce sera l’occasion!

Né en 1935 dans une famille modeste (et catholique!), David Lodge a été professeur de littérature anglaise à l’université de Birmingham pendant 27 ans. A ce titre, il a oublié de nombreux articles critiques et théoriques. Il a également travaillé comme journaliste. Mais c’est bien sûre son œuvre romanesque qui l’a fait connaître dans le monde entier. A noter que Lodge est également auteur dramatique, et qu’il a adapté aussi bien ses histoires que celles d’autres écrivains pour la télévision (par exemple Martin Chuzzlewit de Dickens). Je serais d’ailleurs curieuse de connaître son avis sur les ingrédients nécessaires à une bonne adaptation.

J’ai découvert Lodge en lisant La chute du British Museum, qui m’avait attiré par son titre loufoque, emblématique du ton du livre, qui m’a fait éclater du rire à plus d’un détour de page. On y fait la connaissance d’un jeune et pauvre universitaire catholique aux prises avec les dilemnes dus à sa religion (pas de panique, c’est raconté sur un ton extrêmement léger), en particulier cette réflexion profonde : contraception or not contraception.

Après cette excellente entrée en matière, j’ai enchaîné sur la trilogie universitaire de Lodge. Changement de décor a pour cadre un programme d’échange de poste entre deux universitaires, l’un anglais et l’autre américain (un spécialiste de Jane Austen!). Chacun d’eux devra s’adapter à un monde complètement nouveau pour lui, ce qui se fera avec plus ou moins de péripéties. Un tout petit monde reprend les même personnages et explore le milieu universitaire et le monde des professeurs de littérature anglaise avec autant d’humour et de férocité que son prédécesseur. Jeu de société, toujours dans la même veine, confronte le directeur d’une entreprise de métallurgie anglaise en pleine restructuration avec une spécialiste des romans industriels victorien. Le mélange sera explosif.

Je n’ai pas lu d’autres livres de David Lodge, mais je crois savoir que ses autres opus sont pas mal non plus. Oz pourrau peut-être nous en dire quelques mots. Quand ma PAL aura un peu diminué, il faudra que je songe à ses autres bouquins. Et vous, aimez-vous Lodge?

Oui, j'aime Lodge!
Je suis ravi que tu aies dégrossi le sujet, je n'ai plus qu'à ajouter mon grain de sel (sympas, les modérateurs, n'est-ce pas?)!
Alors oui, Oz à qques petites choses à ajouter...
Du négatif d'abord, David Lodge me fatigue un tout petit peu avec son monde universitaire - qques uns de ses bouquins ne tournent que là autour, en particulier l'un de ses derniers que je me suis empressé d'oublier corps et bien, et, vous ne me croirez pas, que j'ai ABANDONNE en cours de route, aux alentours de la page 20 ou 30... D'ailleurs j'en ai oublié jusqu'au titre (je viens d'aller rechercher ce titre: Pensées secrètes).
Mais quand même du positif parce que Lodge, j'aime!!!!
Il faut ABSOLUMENT lire Paradise News et Therapy. Tout d'abord parce qu'ils "détonnent" un peu dans les bouquins de Lodge - en effet, ils parlent d'autre chose que du monde universitaire - et surtout parce qu'ils sont drôles, émouvants et pleins de sensibilité (serait-ce un pléonasme avec émouvant...?). Bref, de purs moments de bonheur, l'un et l'autre.
Pour ceux qui ont lu ces deux bouquins, j'attends vos commentaires mais, attention, je n'attends que des commentaires positifs et délirants d'enthousiasme...
Et en réponse à Cat47, la trilogie citée dans ton message est très-très sympathique et fort amusante - je vous laisse en particulier découvrir la fin du livre de "Changement de décor", j'ai adoré!!!

J'aime beucoup Lodge, et ayant un fils universitaire, je peux confirmer que c'est très bien vu !! Surtout la trilogie !!

J'ai tous les livres à la maison ! je suis fan. Dernièrement, il sort plus des livres "d'études" sur la littérature ce qui me plaît moins mais je reste fan !

J'ai entamé "Changement de décor" ce matin. Mon premier roman de Lodge.

Je suis surprise que le topic sur cet auteur ait tourné court aussi vite

De mon côté, pour le moment, je n'ai lu que "The Art of Fiction". Lu est un bien grand mot. J'ai tendance à y piocher ce qui m'intéresse (il s'agit d'un recueil d'articles sur la littérature dans lequel Lodge analyse des extraits de grands classiques de la litérature anglophone).

Je serai de retour dans ce topic quand j'aurais terminé "Changement de Décor", en espérant pouvoir en discuter avec vous

J'ai lu Thérapie de Lodge recemment et j'ai beaucoup aimé!
David Lodge nous fait ressentir avec une drôlerie inimitable l'accablement croissant de son narrateur. Au passage, il dresse un portrait caustique du monde de la télévision... et des thérapeutes.
Sur tes conseils Oz , je vais me procurer Paradise News.

Vous me donnez envie de connaître cet écrivain ; que me conseillez-vous de lire en premier ?

Je conseillerais personnellement La chute du British Museum ou Changement de décor, mais je n'en ai lu que 4 alors...

Excellent conseil !

Merci de vos conseils, je vais essayer de me procurer l'un ou l'autre, peut-être "Changement de Décor", qui est , si j'ai bien compris, le premier volume d'une trilogie.

Oui, c'est bien cela, mais il peut très bien se lire seul. L'avantage, si tu accroches, est que tu vas retrouver le même style d'histoire (et les personnages en partie, si je me rappelle bien) dans les deux autres.

j'ai commandé les deux... Je n'arrivais pas à décider par lequel commencer Ce sera plus facile lorsque je les verrai... ( il faut bien se trouver une bonne excuse pour ses dépenses livresques )

Mes impressions après avoir lu "Changement de Décor" :

J'ai beaucoup aimé environ les 2/3 de ce livre. Par contre, à partir du moment où le mode de narration passe au mode journalistique, et jusqu'à la fin, mon intérêt a considérablement décru (j'avoue même avoir lu certains articles de journaux en les survolant, tellement cette rupture dans le mode de narrattion m'a dérangée ... j'ai eu le sentiment que ce qui primait, au final, c'était la forme : un bel exercice de style qui prenait trop le dessus à mon goût).

Moi qui étais motivée pour foncer acheter le deuxième opus de cette trilogie, je dois avouer que cela m'a calmée

SVP : donnez moi envie de poursuivre cette trilogie et dites moi que ce n'est qu'un malentendu

janebennett a écrit:

SVP : donnez moi envie de poursuivre cette trilogie et dites moi que ce n'est qu'un malentendu

Je n'avais pas vu ton post, Janebennett. J'avoue qu'en lisant ta remarque, je suis bien empruntée. J'ai aimé toute la trilogie mais je ne me souviens plus très bien des détails, donc difficile pour moi de trouver des arguments pour te convaincre. Tu me donnes envie de relire Changement de décor pour essayer de comprendre ta déception.

Je venais en fait sur le topic de Lodge pour parler de L'auteur! L'auteur!, que je viens de terminer. Et bien je dois dire que malgré quelques faiblesses, j'ai fini le livre très rapidement et pris beaucoup de plaisir à cette lecture.
Pour mémoire, le résumé de l'éditeur:

Citation :

Dans son dernier roman, Pensées secrètes, l’écrivain Henry James apparaissait en filigrane. Dans celui-ci, il se tient au centre de la scène. L’histoire commence en décembre 1915, alors que Henry James meurt entouré de ses proches et de ses domestiques - puis recule pour lever le rideau sur les années 1880. Apparaissent alors George du Maurier, l’ami cher, artiste et illustrateur de métier et Constance Fenimore Woolson, écrivain américain avec qui James entretient des relations aussi étroites que platoniques.

C’est à cette époque que Henry James décide, pour contrer le faible succès public de ses livres, de chercher la fortune et la renommée au théâtre. Il se lance dans l’écriture de pièces tandis que son ami George, dont la vue s’affaiblit, se met, lui, à écrire des romans. Les conséquences pour les deux hommes vont être tout à la fois comiques, tragiques, surprenantes et ironiques : tandis que Trilby, le roman de Georges, devient le best-seller du siècle au grand étonnement de l’auteur lui-même, Henry se voit hué le soir de la première de sa pièce Guy Domville.

Commençons par le négatif, pas bien grave en fait. Je dois dire que je m'attendais de la part de Lodge à un peu plus d'humour et également à plus de fantaisie. Je ne suis pas sûre d'avoir compris pour quelle raison il a choisi le forme romanesque car il y a finalement peu de différence avec une biographie normale. Mais bon, j'ai lu la bio Léon Edel il y a longtemps, un petit rafraîchissement ne fait pas de mal, ça m'a d'ailleurs donné envie de la relire.

Ce qui m'a plu par contre, c'est que Lodge se concentre sur une période particulière de la vie de James et en profite pour énoncer quelques observations sur la création littéraires que j'ai trouvées très intéressantes. Il nous présente par exemple la façon dont James note sur son carnet de petites anecdotes ou situations qu'il a observées lui-même ou qu'on lui a rapportées. Lodge, lui-même professeur de littérature et auteur de roman, n'hésite donc pas à démontrer que James a tiré certaines de ces intrigues de sa propre expérience. A méditer face au tolé provoqué par l'idée développée dans Becoming Jane d'une Jane Austen qui ne tirerait pas l'entier de ses livres de sa propre imagination.

D'autres réflexions sur l'artiste et les concessions qu'ils devrait faire pour plaire au public, sur les aléas de la renommée ou sur les doutes qui tenaillent James jalonnent le livre. Lodge dresse un protrait très honnête, très humain, de l'écrivain, conscient de sa supériorité, souvent vaniteux mais désarmé face au rejet de certains de ses écrits considérés par la masse des lecteurs comme trop ambitieux. La forme romanesque a le mérite de rendre le tout très agréable à lire car très vivant.

Autre aspect qui rend la lecture passionnante, on rencontre très régulièrement des personnages plus ou moins lambtoniens, en autres Oscar Wilde, Edith Wharton, George Bernard Shaw, HG Wells, J.M. Barrie et même Agatha Christie (de manière bien anecdotique et dans une des rares situations inventées par Lodge). Et n'oublions pas que George Du Maurier, l'ami dont le roman Trilby connaît un succès si retentissant qu'il sera considéré comme le premier best seller, est non seulement le grand-père de Daphne Du Maurier mais également le père de Sylvia Llewelyn Davies, la mère des enfants de Finding Neverland et donc on trouve même un lien avec Kate Winslet et Johnny Depp!

Bref à conseiller pour ceux, qui auraient envie de lire une biographie un peu différente.

J'ai lu les commentaires sur amazon.uk, et il semblerait par contre que le roman écrit sur le même thème par Colm Toibin, The Master, dont Janebennett a parlé sur le topic de Henry James, soit plus réussi dans le sens où il apporte justement une dimension supplémentaire par le choix de la forme romanesque. Je suis assez tentée.

cat47 a écrit:

J’ai découvert Lodge en lisant La chute du British Museum, qui m’avait attiré par son titre loufoque, emblématique du ton du livre, qui m’a fait éclater du rire à plus d’un détour de page. On y fait la connaissance d’un jeune et pauvre universitaire catholique aux prises avec les dilemnes dus à sa religion (pas de panique, c’est raconté sur un ton extrêmement léger), en particulier cette réflexion profonde : contraception or not contraception.

J'ai lu ce roman qui m'a également beaucoup plu (je l'avais aussi choisi à cause du titre). J'étais surprise d'avoir aimé car ce n'est pas le genre de littérature que j'apprécie en général mais son humour m'avait énormément plu. Il y a une des phrases que j'aime le plus sur le fait que la vie est très différente des romans où on couche beaucoup sans avoir d'enfant (je ne me souviens plus de la citation exacte).
Je n'en ai pas encore lu d'autre mais ça se fera un jour.

Merci Cat pour ton avis sur L'Auteur, l'auteur.

Je l'ai lu l'année dernière et je l'ai beaucoup aimé. J'ai été sensible aux mêmes choses que toi. Pour Lodge Henry James se nourrissait de ses propres expériences mais également de petites anecdotes qu'on lui rapportait. Je crois d'ailleurs avoir lu ce roman à l'époque de Becoming Jane et tout comme toi je me suis dit que les réactions de certains spectateurs étaient disproportionnées. Je ne vois pas en quoi il serait injuste d'affirmer qu'un auteur s'est servi de sa vie pour écrire.

J'ai beaucoup aimé comme toi les rencontres de James avec les écrivains de son temps. J'ajoute à ta liste la rencontre avec Virginia Woolf ! Peux-tu me rappeler le moment où il rencontre Agatha Christie ? Je ne m'en souviens plus.

La volonté de James à vouloir être dramaturge plutôt que romancier était un thème particulièrement passionnant. J'ai beaucoup apprécié aussi la réflexion sur le best-seller, la littérature. Et pour finir j'ai beaucoup aimé la fin du roman qui constitue un très bel hommage à Henry James.

Comme je l'ai dit plus haut, la rencontre avec Agatha Christie est très anecdotique.

Spoiler:

J'ai bien aimé ce petit clin d'oeil. Peut-être mis là pour mettre en perspective James et ses déboires avec un futur auteur à succès.

Tu as raison, j'avais oublié Virginia Woolf, mentionnée d'ailleurs seulement par son nom de jeune fille. Petite ironie de la part de Lodge (ou alors c'est mentionné dans les papiers de James, je ne sais pas): James se méfie de sa trop grande intelligence. Deux personnages aussi mélancoliques auraient pourtant pu s'entendre, j'imagine. Je suis sûr qu'ils étaient aussi exigeants l'un que l'autre en matière de création, en particulier en matière de choix des mots.

Tout ça me donne envie de réessayer d'en lire!

Parce que j'en avais lu une fois et je n'avais pas du tout accrocher >.<

cat47 a écrit:

J'ai lu les commentaires sur amazon.uk, et il semblerait par contre que le roman écrit sur le même thème par Colm Toibin, The Master, dont Janebennett a parlé sur le topic de Henry James, soit plus réussi dans le sens où il apporte justement une dimension supplémentaire par le choix de la forme romanesque. Je suis assez tentée.

Cat, je me suis acheté le roman de Colm Toibin. Il est sorti en poche dans la collection 10/18. Je ne pense pas le lire tout de suite, mais j'ai pensé que ça t'intéresserait de savoir qu'on peut l'acheter en poche .

Merci Damien, j'attendrai ton commentaire avant de décider si je l'achète ou non mais je pense que je me lancerai un jour.

Je viens de finir Pensées secrètes, que j'ai lu très facilement, très rapidement. Ce livre m'a réconciliée avec Lodge, j'aime beaucoup son style, son humour, et les anecdotes scientifiques (qui sont bien plus que des anecdotes en fait).
J'avais lu Changement de décor qui m'avait plu au début et lassée vers la fin (mais impossible de me rappeler pourquoi... ça fait quelques années que je l'ai lu).

Je lirai sans doute Thérapie pour continuer... La chute du British Museum ne m'attire a priori pas trop si le sujet principal est la religion...

J'ai commencé la trilogie universitaire de David Lodge pendant les vacances. J'ai beaucoup aimé le premier roman. Je ne le présente pas parce que Cat l'a fait avant moi . L'intrigue est très bien menée. J'ai particulièrement aimé les différents genres pastiché (roman classique, roman épistolaire, articles de journaux, scénario de film). Les personnages sont haut en couleur. Les références à l'œuvre de Jane Austen sont savoureuses. Saviez-vous que la célèbre scène où Wentworth débarrasse Anne d'un enfant qui lui grimpe sur les épaules peut-être lue comme un orgasme ?! Le héros de David est capable de l'interpréter de cette manière . J'ai hâte de lire la suite !

Contente que tu aies aimé, Damien!

Il faut absolument que je rellise ces livres, j'ai oublié la plupart des détails.

J'ai lu sur wikipedia qu'il y avait eu des adaptations BBC. Je me demande ce que ça a donné.

Ces adaptations ne semblent pas avoir provoqué beaucoup d'enthousiasme. Sur Imdb, c'est le calme plat au niveau des commentaires, ce qui n'est pas très bon signe. L'absence de diffusion en DVD n'est pas non plus un indice de grande réussite. Mais je serais moi aussi assez curieuse de voir le résultat.