Nouvelle lecture de groupe Nord & Sud : Semaine 4, FIN

Dernière partie !!! Ce que j’ai le plus apprécié c’est le personnage de Monsieur Bell, encore une fois c’est dommage parce que nous n’en profitons pas longtemps… J’aime beaucoup son humour, sa grande générosité envers Margaret.
Dans ce livre on sent l’évolution du personnage principal qui ne se départ jamais de sa grande force intérieure. J’ai été sensible au fait que Margaret demande à être « libre » et l’effroi que cela suscite chez sa cousine qui a peur qu’elle devienne une « femme de tête ».
Par contre je trouve la fin un peu précipitée… mais j’aime l’échange avec les réflexions de Margaret et de Mr Thornton sur leur belle famille respective.
Ma conclusion sur Nord et Sud c’est qu’il me faudra probablement le relire pour mieux l’apprécier. Je trouve quand même le roman assez triste et le nombre de morts est un peu conséquent mais c’est peut être aussi une réalité de l’époque… J’ai été touchée par la description de la condition ouvrière et par la relation qui s’établit tout doucement entre Higgins et Monsieur Thornton.
Pour finir je remercie Ysabelle d’avoir monté cette lecture de groupe et j’ai adoré lire vos différents avis même si je ne me sens, pour l’instant pas, en phase avec l’enthousiasme général (je culpabilise un peu du coup !!!). Pour l’adaptation je pense qu’au final (après nombreuses tergiversations !!) je finirai par me la procurer ne serait ce que pour mettre un visage aux personnages et comparer les différences !

Avec beaucoup de retard je termine ce soir ma lecture de Nord et Sud , j'y ai pris beaucoup de plaisir et ai redécouvert le roman avec un oeil plus acéré grâce au principe de la lecture de groupe , merci à toutes et en particulier à Ysabelle.

J'ai trouvé cette dernière partie beaucoup plus agréable et légère que la précédente et cela fait du bien. C'est dû à la fois au fait que la mort de Mme Hale est consommée (l'attente était à mon avis le plus pénible) , à la présence de M. Bell et à la "libération" de Margareth.

swan a écrit:

Ce que j’ai le plus apprécié c’est le personnage de Monsieur Bell, encore une fois c’est dommage parce que nous n’en profitons pas longtemps… J’aime beaucoup son humour, sa grande générosité envers Margaret.

Tatiana a écrit:

J'ai moi aussi beaucoup apprécié Mr Bell et son humour si British, il manie très bien l'ironie. Sa présence fait du bien, à Margaret bien sûr mais aussi au lecteur, elle détend l'atmosphère malgré les circonstances tragiques.

Je ne me souvenais pas que M. Bell avait une présence si positive dans l'histoire . J'ai aimé son franc-parler qui fait fi des conventions (il m'a un peu fait penser à Higgins par moments) , sa vivacité d'esprit , sa perspicacité et sa présence paternaliste auprès de Margareth sont inespérées. Je trouve qu'il est pour elle ce que M. Hale aurait dû être. Au risque de paraître abominable , quand M. Hale meurt et que M. Bell prend Margareth sous son aile (sans l'étouffer) j'ai pensé qu'elle y gagnait au change et qu'enfin quelqu'un allait s'occuper d'elle , en pensant à elle , en la respectant et en lui voulant du bien.

Par contre , peu avant que M. Hale ne meurt , il y a un passage qui m'a littéralement hérissée : c'est sa conversation avec M. Bell au sujet de l'avenir de Margareth. M. Hale , fidèle à lui même (c'est officiel , je ne l'aime pas du tout) : "je ne peux pas me passer de Margareth" sans se soucier le moins du monde de son avenir à elle. M. Bell : "elle tiendrait notre maison -la bonne dame patronnesse du village le jour , et le soir elle nous ferait la lecture", là il m'a déçue. Je sais bien qu'à cette époque les filles étaient surtout là pour s'occuper de leurs parents sur leurs vieux jours , mais avec notre regard contemporain c'est dur à admettre. Margareth en "dame patronnesse" , j'en ai des frissons.

Yseult a écrit:

Je ne m'attendais pas du tout à ce que Mr. Hale meurt, qui plus es, loin de la seule famille qu'il lui restait

La fin de M. Hale est à la fois douce et pathétique. D'un côté il n'a pas souffert , d'un autre il ne sera pas enterré auprès de sa femme comme il le souhaitait. Le pauvre aura vraiment tout râté (j'exagère un peu mais sur le moment c'est ce que j'ai pensé). Par ailleurs je ne sais pas trop quoi penser de l'histoire des parents Hale. Au début du roman on nous dit qu'ils ont fait un mariage d'amour. Ils étaient beaux tous les deux et plutôt très sympathiques (en tout cas , lui , oui) , ils se sont établis dans une charmante bourgade où ils ont été aimés et respectés , ils ont eu deux enfants , beaux et en bonne santé. Comment ce tableau familial de rêve a-t'il pu tourner en un tel fiasco (rancunes et chagrins dans le couple , un fils exilé , une fille "sainte martyre", orpheline à 20 ans , lui et sa femme séparés dans la mort). Comme si E.G. avait voulu passer un roman à l'eau de rose au hachoir à viande.

swan a écrit:

(...) J’ai été sensible au fait que Margaret demande à être « libre » et l’effroi que cela suscite chez sa cousine qui a peur qu’elle devienne une « femme de tête ».

Nat2a a écrit:

Pour moi N&S est un roman d'apprentissage, qui mène Margaret de l'adolescence à la vie d'adulte. Elle perd peu à peu ses "tuteurs" que sont sa mère, son père et son parrain pour devenir adulte. Ce passage nécessaire se fait non sans souffrances puisqu'elle doit renoncer à ceux qu'elle aimait et au sud idéalisé de son enfance. C'est l'émancipation d'une jeune fille vers une vie plus libre car l'argent dont elle a hérité lui permet de gérer sa vie comme elle l'entend et de ne dépendre d'un mari que si elle le souhaite. Dès lors son mariage avec JT est possible car elle ne sera pas sa "possession".

Tout à fait d'accord.
J'ai adoré l'évolution de Margareth vers la liberté et l'indépendance. Elle est libre de son temps , n'a plus d'obligations. Et fin du fin elle est indépendante financièrement. Au point que dixit John : "Elle est ma propriétaire à présent..." (phrase assez sexy quand on y pense). On a le sentiment qu'elle a enfin un avenir.
Elle se sentait tenue par un devoir sacré vis à vis de ses parents et elle les ménageait beaucoup mais avec les autres elle prend moins de gants . J'ai beaucoup aimé notamment le moment où elle rabroue (enfin) sa superficielle cousine :
"Margareth se redressa avec hauteur.
"Tu sais , Edith , je me dis parfois que de ta vie à Corfou , tu as ramené...
-Quoi donc?
- Un soupçon de vulgarité.""
Et toc!

Dans cette partie Margareth n'est plus aussi isolée socialement. Tout à coup il semble que beaucoup de personnes se mobilisent pour l'entourer : M. Bell , sa tante , le capitaine Lennox , Edith , Henry Lennox... Pourtant j'ai été choquée qu'ils laissent Margareth seule à la maison pour aller à des dîners , un peu comme s'ils étaient les serviettes et elle , le torchon.

Tatiana a écrit:

Je continue toutefois d'être frustrée par cette fin abrupte, il m'aurait fallu quelques lignes en plus.

La fin m'a paru trop courte à moi aussi. J'aurais bien aimé avoir la réaction de Mme Thornton (je suis assez fan de ce personnage) , ça aurait été soit drôle , soit émouvant , soit les deux : 1/ Margareth sauve son fils de la faillite 2/John épouse Margareth , j'aurais voulu être une petite souris pour voir la tête de Mme Thornton au moment de l'annonce . En fait j'aurais surtout aimé qu'E. G. nous livre les pensées des personnages comme elle l'a fait tout on long du livre (surtout pour John). J'ai été surprise qu'il comprenne et admette instantanément les sentiments de Margareth. J'aurais voulu qu'il demande "depuis quand?" , "comment?" , "pourquoi?". Dans les histoires d'amour j'adore qu'on mette les points sur les i et puis cela nous aurait éviter d'avoir à chercher la réponse à l'excellente question :

Elizabeth-Bennet a écrit:

Alors je pose la question : à quel moment exactement pensez-vous que Margaret est tombée amoureuse de lui ? Pendant l'émeute et ensuite, elle s'est laissée guider par son amour-propre blessé ? Après sa demande en mariage, qu'elle a trouvé insultante mais inconsciemment peut-être qu'elle ressentait déjà quelques chose pour lui ? Quand il fait stopper l'enquête pour elle ?

C'est vrai que pour John , pas de problème , il a un coup de foudre à un moment précis , qui nous est clairement montré et l'éveil à la passion amoureuse est fort bien décrit par l'auteur tout au long du livre .
Pour Margareth il semble qu'il n'y ait pas eu de coup de foudre. Ses sentiments ont peut-être évolués lentement , à son insue. D'ailleurs elle ne pense ni ne parle jamais d'amour (même à la fin). Ses mots sont ceux de l'estime , de la reconnaissance , du respect , de l'admiration... mais pas de l'amour. Contrairement à M. Thornton qui lorsqu'il la demande en mariage et à la toute fin du livre n'hésite pas à employer le mot "amour".

Margareth est si secrète et surtout si contenue qu'il faudrait à mon avis distinguer deux choses bien différentes : le moment où elle tombe amoureuse de John (s'il y a vraiment un moment) et le moment où elle l'admet. Pour la première ce n'est évidemment pas clair. J'ai eu l'impression qu'au premier dîner auxquels ils ont participés ensemble , il lui a plu , elle a fait attention à lui et elle l'a compris. Mais est-ce pour entend un coup de foudre sur lequel vont se christaliser ses sentiments? J'ai l'impression que c'est plutôt une évolution lente , par petites touches. Pour la deuxième , il m'a semblé que c'est au moment de la mort de sa mère que Margareth a commencé à lâcher prise et à voir John d'un oeil neuf , à le parer de vertus , à s'ennuyer de lui. Je trouve qu'il n'est jamais aussi présent dans ses pensées que quand il prend ses distances.


D'une manière générale j'ai trouvé comme d'autres que c'était un roman empreint parfois d'une certaine tristesse . Toutefois ce qui me frappe le plus chez Elisaberth Gaskell c'est la finesse de sa compréhension des êtres humains et des groupes sociaux et la pertinence de ses remarques et de ses analyses. J'ai l'impression qu'elle était une femme de coeur , de tête et une fine psychologue.