Chantal Thomas (Les adieux à la Reine et autres livres)

J'ai modifié le titre de ce topic pour en faire un sujet plus large sur Chantal Thomas, et l'ai par conséquent déplacé dans le sous-forum des auteurs francophones.

Son roman L'échange des princesses (sorti en 2013) a fait l'objet d'un film, annoncé pour le 27 décembre en France. Dans la distribution figurent notamment Lambert Wilson et Olivier Gourmet. Il sera projeté en clôture des "Rendez-vous de l'Histoire" à Blois le 8 octobre.

Quelqu'un a -t-il lu ce livre ? Il est sur ma PAL, ce sera l'occasion de l'en sortir. Plutôt refroidie par Les adieux à la reine, je n'étais jusqu'à présent guère motivée, en dépit des bons retours entendus à son sujet. J'ai aussi Le Testament d'Olympe.

Après Les adieux à la reine, ma seconde incursion chez Chantal Thomas m’a une nouvelle fois déçue   . Sur le papier, L’échange des princesses offre un sujet intéressant et méconnu : le double mariage, sous la Régence, de Louise-Élisabeth d’Orléans avec le prince des Asturies, et celui du tout jeune Louis XV avec l’infante Marie Anne Victoire (qui n’a même pas 4 ans !). Chacune effectue le long trajet qui la mène dans son pays d’adoption. L’action s’étend jusqu’en 1725 lorsque chacune est tout simplement renvoyée dans son pays d’origine, pour des raisons que le lecteur découvre.

J’ai d’emblée été gênée par la forme du texte. Mi-roman, mi-essai, il s’agit d’un récit historique où les dialogues sont quasi inexistants. Ce malaise a été présent tout au long de ma lecture, que je peine à considérer comme un roman historique. Ce qui intéresse manifestement la romancière est le parcours de ces deux enfants qui vont devoir d’adapter à une autre culture et à un autre milieu. Il aurait été plus logique d’écrire un essai ou une biographie croisée de Louise-Élisabeth et de Marie Anne Victoire. En outre j’ai eu beaucoup de mal à ressentir la moins empathie pour les personnages en raison de la sécheresse, la dureté du récit, où des termes grossiers apparaissent dans un style au demeurant élégant. Les cours françaises et espagnoles, décrites avec un réalisme qui s’apparente une fois encore au travail d’un historien, ainsi que les extraits authentiques de lettres, dessinent des lieux et des conditions de vie peu enviables, surtout pour deux filles de 12 et 4 ans mariées pour des raisons politiques et dynastiques. Elles évoluent dans un environnement effrayant, en particulier la cour du faible Philippe V et de la redoutable Élisabeth Farnèse où le seul intérêt commun semble être une passion pour la chasse.

Le film qui sortira en fin d’année fera sans doute la part belle au romanesque. Peut-être sera-t-il plus réussi que le livre, comme ce fut le cas pour Les adieux à la reine.

J'ai vu L'échange des princesses de Marc Dugain et j'ai beaucoup aimé.

Résumé a écrit:

1721. Une idée audacieuse germe dans la tête de Philippe d’Orléans, Régent de France… Louis XV, 11 ans, va bientôt devenir Roi et un échange de princesses permettrait de consolider la paix avec l’Espagne, après des années de guerre qui ont laissé les deux royaumes exsangues.
Il marie donc sa fille, Mlle de Montpensier, 12 ans, à l’héritier du trône d’Espagne, et Louis XV doit épouser l’Infante d’Espagne, Anna Maria Victoria, âgée de 4 ans.
Mais l’entrée précipitée dans la cour des Grands de ces jeunes princesses, sacrifiées sur l’autel des jeux de pouvoirs, aura raison de leur insouciance…

Le film nous raconte un épisode méconnu de l'histoire, mais très intéressant. La mise en scène classique est très soignée. Le casting est vraiment très bon. En plus de Lambert Wilson (Philippe V d'Espagne) et Olivier Gourmet (Philippe d'Orléans), le jeune casting tire parfaitement son épingle du jeu : Anamaria Vartolomei en princesse capricieuse pleine de mauvaise volonté, Kacey Mottet Klein en jeune infnat écrasé par l'autorité paternel ou Igor van Dessel en jeune Louis XV qui porte déjà le destin de la France à bout de bras. Mention spéciale à la très jeune Juliane Lepoureau en princesse d'une grande sérénité, certaine de son grand destin.

On sent juste le budget un brin fauché du film via des décors, certes soignés, mais assez limités.

Sur le même thème, vous avez La nuit, la neige de Claude Pujade Renaud. Un livre très bien écrit, qui m'a laissé un très bon souvenir.

Merci du conseil Nephtis. J'ai ce livre sur ma PAL, Ju en avait dit un mot quelque part me semble-t-il.

J'ai également vu le film et ai beaucoup aimé, contrairement au livre. Voir les personnages à l’écran m’a permis de m’y attacher, alors que sur le papier l’histoire m’a paru dépourvue d’émotion et de relief.

Le film affiche une esthétique irréprochable, avec une lumière particulièrement soignée, et une belle reconstitution. Ce qui donne des scènes superbes, par exemple l’échange des deux princesses, de nuit, aux flambeaux. Dialogues et personnages sont travaillés, pour coller au plus près du livre. La participation de Chantal Thomas au scénario y est sûrement pour quelque chose. A une époque et dans un milieu, la cour royale (qu’elle soit française ou espagnole) où princes et princesses ne sont pas maîtres de leurs vies, on suit avec pitié l’itinéraire de deux enfants, Louis XV et la petite Marie-Anne-Victoire, considérés comme des adultes, à l’enfance gommée. Le premier se repose sur les hommes de son entourage et sur sa gouvernante qu’il peine à partager, mais traîne une mélancolie déjà bien marquée, causée en partie par la perte précoce de ses parents. La seconde aimerait grandir plus vite, on lui parle comme à une jeune femme, la future reine (à l’image de ses conversations/monologue avec la princesse Palatine). La troisième "sacrifiée" est la fille du Régent, propulsée dans une cour bigote. Elle fait figure d’adolescente rebelle d’aujourd’hui, survit à tout en dépit d’une belle-famille spéciale et d’un mari qu’elle met du temps à aimer.

C’est un peu une leçon d’histoire, à la mise en scène appliquée. Tous les acteurs sont justes (ce n’est pas toujours le cas dans les films historiques), à commencer par les deux enfants, étonnants et impressionnants.