Julian Barnes

Hier en écoutant le Masque et la Plume sur France Inter, j'ai entendu le descriptif d'un livre qui m'a donné l'eau à la bouche : Arthur et George de Julian Barnes.

En voici le résumé tel que disponible amazon :

Amazon.fr a écrit:

Arthur (Conan Doyle) est en retard pour son rendez-vous avec George Edalji au Grand Hotel, Charing Cross ; des affaires à régler à sa banque l'ont retenu plus longtemps que prévu. Il entre d'un pas vif dans le grand hall, et regarde autour de lui. Il n'est pas difficile de repérer celui qui l'attend : le seul homme au teint foncé est assis de profil à une douzaine de pas. Arthur est sur le point d'aller vers lui et de s'excuser de son retard, quand quelque chose le retient... " Ce quelque chose qu'a vu Arthur va être d'une importance capitale dans l'histoire de George, une histoire bien réelle qui s'est passée en Angleterre à la fin du XIXe siècle. Arthur et George n'auraient jamais dû se rencontrer : origines très différentes, milieux très éloignés, études et caractères à des années-lumière les uns des autres. Et. pourtant... Victime d'une terrible erreur judiciaire, emprisonné plusieurs années, relâché sans explication et sans avoir été innocenté, George, fragile, effacé, maladroit - la victime idéale - va faire appel à Arthur, alors un des hommes les plus célèbres d'Angleterre : c'est en effet le créateur de Sherlock Holmes. A partir de là... Extraordinaire tableau de la société victorienne, ce nouveau roman de Julian Barnes est aussi le plus haletant des thrillers.

Un livre qui mêle polar et société victorienne, des personnages célèbres qui se retrouvent héros de l'histoire, voilà qui me fait songer à l'Aliéniste et peut être aussi à Atonement et me donne donc énormément envie.
Les critiques étaient quasi unanimes pour dire que ce roman était absolument passionnant et se dévorait avec un vif plaisir du début à la fin (ce qui ne veut pas forcément dire grand chose, j'ai acheté une fois un polar unanimement recommandé par l'émission et c'était d'un ennui total).

Certains d'entre vous auraient-ils déjà lu des livres de cet auteur, histoire de savoir si ça vaut vraiment la peine de rajouter encore un étage à ma pile (quoiqu'à la lettre B j'ai personne pour le challenge 2007, ça vaut peut être le coup ) ?

Toxic, je ne peux pas te parler d'Arthur et George que je n'ai pas encore lu mais j'ai lu Lettres de Londres qui est un recueil de 14 nouvelles teintées d'un humour britannique souvent délirant et qui s'attaque sans ménagement à Mrs Thatcher, Glenda Jackson, la Lloyd's et autres institutions anglaises. Avec une férocité réjouissante il règle leur compte, au passage, à quelques idées reçues de part et d'autre du Tunnel. Son style est brillant et caustique et Julian Barnes est un auteur qui manie avec brio une plume trempée dans le Lemon Curd!
En parlant de plume, je partage avec Barnes sa passion pour Flaubert et j'ai justement commandé cet après-midi son livre le plus célèbre Le Perroquet de Flaubert, récompensé par le Prix Médicis etranger 1986 et qui est un voyage passionné et passionnant à travers l'oeuvre de Gustave Flaubert et notamment Un Coeur Simple.

Je vous ferai part de mon avis dès que je l'aurai lu.

Séli

Merci Séli de ces précisions
Malheureusement cela n'arrange pas mes affaires car cela me donne encore plus envie de découvrir des livres de cet auteur et notamment cet Arthur et Georges.
Bon allez, faut que je retourne pour avoir un prétexte pour me racheter un nouveau bouquin.

Toxic, hier en errant dans le Virgin de mon quartier, Arthur et George m'a tapé dans l'oeil et il a fallut que mon portefeuil proteste à corps et à cris pour que je ne l'achète pas! Pas bon, je sens que je vais craquer là...

J'ai terminé depuis déjà un bon moment Arthur et Georges, le dernier roman de Julian Barnes.


Mon avis : comme d'hab, mitigé.
Arthur et Georges nous conte l'histoire de 2 personnages aux destins et aux modes de vie très différents : Georges Edalji, fils d'un pasteur anglican d'origine Indienne, jeune homme aussi arrogant que mal dans sa peau et Sir Arthur Conan Doyle, homme conquérant et sûr de lui, auteur à succès mais à la vie privée compliquée.
On suit donc les vies parallèles de ces 2 personnages, leurs très grandes différences, leurs rares rencontres et finalement leur séparation.
Du point de vue de l'histoire, j'ai donc largement préféré une partie à une autre, celle concernant Georges Edalji ! De ses déboires d'enfant "différent", aux soupçons qui pèsent sur lui, de son procès à son enfermement en prison, de ses relations complexes avec les membres de sa famille... j'ai trouvé que c'était absolument passionnant de bout en bout !
Malheureusement, je n'ai pas du tout été aussi intéressée, et ce à ma grande surprise, par toute la partie sur Arthur Conan Doyle. Certes, j'ai appris une foule de choses sur l'auteur de Sherlock Holmes. Le seul problème est que je ne me suis pas attachée au personnage. Trop sûr de lui, trop empêtré dans ses déboires conjugaux et familiaux, trop homme d'action... Et malheureusement, je dois bien dire que les problèmes de sa vie, alors qu'à côté de cela il y a une enquête criminelle, un innocent en prison, une description ultra intéressante des bas fonds de la société, franchement, j'en avais rien à secouer.

Sinon, j'ai tout de même apprécié ce roman. L'écriture de Julian Barnes est fluide et le fond de l'histoire est à la fois vrai et passionnant. Mais non, ce ne sera pas mon livre préféré de l'année.

A mon avis, ce livre de Julian Barnes a sa place ici, parce qu'il traite d'un grand détective médiatique qui mène l'nquète en collectant les indices et en visitant la société de l'ère victorienne : vous avez reconnu Sherlock Ho... euh, je veux dire Arthur Conan Doyle.

Avant de lire ce livre, j'ignorais totalement cette affaire qui semble avoir enflammé l'Angleterre en son temps : Conan Doyle, à qui l'on avait demandé mille fois de s'intéresser à une véritable enquête, et qui avait refusé mille fois, exaspéré qu'on le confonde avec un héros qu'il ne supportait plus, a accepté une fois de la faire, ému par un cas particulier. Il a donc endossé lui-même les habits de Sherlock Holmes pour réparer l'erreur judiciaire dont était victime George Edalji, un avoué fils de Pasteur d'origine indienne.

Pas mal écrit, le bouquin est très documenté et donne une petite idée de l'ambiance dans la campagne anglaise et de la méfiance qui peut entourer une famille de pasteur Parsi trop bien intégrée dans le fin fond du Staffordshire à l'ère victorienne.

On découvre donc un peu de la vie de Conan Doyle, aussi sa passion pour le spiritisme et les tables qui tournent, sa vie très mondaine.

Ecrit avec beaucoup d'humour comme une véritable enquête de Sherlock Holmes, suspens à la clé.

Ca vient de sortir en folio (je l'ai pris par hasard sur une pile), ça doit être un indispensable du fan de Conan Doyle

Morloch, nous avons déjà un topic consacré à ce livre :
Je fusionnerai les deux topics quand tu auras vu mon message

Oups désolé, j'avais regardé un peu trop vite.

toxicangel a écrit:

Georges Edalji, fils d'un pasteur anglican d'origine Indienne, jeune homme aussi arrogant que mal dans sa peau

Je suis assez d'accord pour dire que ce n'est pas le livre de l'année. Par contre, je ne suis pas d'accord : Georges Edjali n'est pas arrogant, il est coupé de la société. Il a gravi les échelons par le travail et la réussite scolaire, il croit au système dans lequel il cherche à s'intégrer, sans arrières pensées. C'est le décalage entre la perception qu'il a du " droit légitime à faire partie de la société" et la réalité de cette société qui donne l'impression qu'il est arrogant. En tout cas, c'est comme ça que je l'ai compris.

Depuis quelques temps j'ai beaucoup de mal à lire, à entrer dans les histoires, mais Arthur et Georges m'a permis de dépasser ce problème
J'ai d'abord trouvé ce livre intéressant au niveau historique car il révèle une affaire qui m'était aussi totalement inconnue, ce qui est d'autant plus étonnant vu que le parallèle est souvent fait avec l'affaire Dreyfus qui elle a marqué les mémoires. Les informations sur Conan Doyle m'ont également apportées, car je ne connaissais presque rien sur cet auteur finalement. J'ai par exemple été étonnée par sa passion pour le spiritisme !
L'avantage de ce roman, c'est aussi une écriture facile à lire et assez agréable qui incite vraiment à continuer la lecture (ce dont j'avais besoin!).
Après il est vrai que la structure du roman, c'est-à-dire un partage entre la vie d'Arthur et celle de Georges n'est pas des plus pertinentes, et certains éléments sont même assez inintéressants. Comme toxicangel, toute la partie sur Conan Doyle m'a par moment vraiment ennuyé, jusqu'à sa rencontre avec Georges.
L'enquête est par contre bien prenante, et menée de manière intéressante en faisant sans cesse le parallèle Sherlock Holmes/ Arthur Conan Doyle !

Bref, c'est un roman qui a quelques défauts mais qui se laisse lire avec plaisir tout en étant bourré d'informations sur l'époque !

Je suis ravie de lire des avis sur Arthur et George (merci au moteur de recherche Google qui me permet de sortir ce topic des fonds de l'auberge   ), terminé il y a peu.

Le mien est partagé. L'intrigue est aussi intéressante que bien documentée. Julian Barnes a manifestement fait oeuvre de vérité au maximum, avec un vrai travail de reconstitution historique. J'ai apprécié de découvrir le parcours et la vie d'Arthur Conan Doyle - qui a fini par être agacé et dépassé par le succès de Sherlock Holmes, dur dur d'être un écrivain adulé    - moins celui de George Edalji, personnage peu attachant. Contrairement à vous j'ai préféré le bouillonnant Arthur au sage George, trop lisse et qu'on a souvent du mal à cerner. Le problème est que je m'attendais à une vraie enquête policière pour prouver l'innocence de George, alors qu'elle intervient très tard. Le livre est plus ou moins présenté comme un polar, étrange car il peut difficilement rentrer dans cette catégorie. Les développements et parallèles biographiques entre les deux principaux personnages sont bien longs. J'ai fini par me demander quand ils finiraient par se rencontrer. En outre la dernière partie n'a pas grand intérêt.

Néanmoins je suis contente d'avoir découvert ce romancier réputé  qui a sorti un nouveau livre en début d'année.

Merci pour ce retour sur ce livre que je ne connaissais pas, Tatiana !

En revanche j'ai entendu parler de cette affaire George Edalji dans un documentaire sur la vie de Holmes vu récemment.

De Julian Barnes, j'ai lu il y a vraiment longtemps (au moment de sa parution, je pense) Le perroquet de Flaubert, que j'avais trouvé brillant, et qui est son livre le plus connu, en tout cas celui qui lui apporté la notoriété. En plus il parle remarquablement français

Le perroquet de Flaubert est le seul autre livre de lui que je connaisse de nom, il me dit bien. Le titre à lui tout seul est très intriguant .

Ce romancier est clairement remarquable, mais mon avis mitigé sur Arthur et George fait que je ne suis pas totalement séduite, en dépit de sa maîtrise évidente du récit. Je ne demande qu'à être tout à fait convaincue.

J'ai lu Le perroquet de Flaubert qui se révèle une mine d'informations sur Flaubert et ses romans. J'ai bien aimé mais je pense que j'aurais davantage accroché si je n'avais pas lu l'excellente biographie de Michel Winock sur le romancier quelques semaines auparavant. Avec ce bagage, j'en ai appris moins sur l'homme et l'écrivain que si j'étais arrivée en terrain quasi inconnu. Néanmoins le travail réalisé par Julian Barnes est impressionnant. A partir d'un médecin retraité passionné par Flaubert qui effectue une sorte de pèlerinage sur les lieux où il a vécu, il s'interroge sur sa vie et sa propre existence. Je me demande si Barnes était déjà très intéressé par Flaubert avant de se lancer dans l'écriture de son livre, mais quoi qu'il en soit il a dû se livrer à des recherches colossales. D'autant qu'au début des années 1980 les études sur Flaubert n'avaient sans doute pas encore exploré tous les pans de son existence et l'ampleur de son travail, la recherche ne cessant de progresser.
Bref une lecture aussi instructive qu'agréable, que j'aurais préféré toutefois lire avant une vraie biographie. Et qui accroît mon envie déjà grande de me plonger un jour dans la correspondance de Flaubert, qualifiée souvent de chef d'oeuvre.

ludi33 a écrit:

A l'heure des souvenirs, avec Charlotte Rampling. Un homme replonge dans ses souvenirs à l'occasion d'un héritage. J'ai été déçue. Loin de m'émouvoir, le film m'a agacée. J'ai trouvé les personnages égoïstes et de plus en plus détestables au fur et à mesure de l'avancée du film. Le film est un peu longuet et l'histoire ne répond pas à grand chose. Bof.

Je l'ai vu aussi et l'ai trouvé sympathique, sans plus. Je me suis surprise à vouloir connaître le fin de mot d'une histoire qui emmène le spectateur sur une quarantaine d'années, pas ennuyeuse mais pas passionnante non plus. Le livre a je crois pas mal fait parler de lui mais je ne suis pas sortie de la projection avec l'envie de le lire. Les personnages ne m'ont fait ni chaud ni froid, évidemment le héros n'est pas franchement aimable mais sous les traits de Jim Broadbent difficile de le détester   . J'ai eu somme toute plus de mal avec Veronica, surtout jeune. Parmi la distribution éminemment british il est plaisant de retrouver Michelle Dockery même dans un petit rôle.
Bref, je suis mi-figue mi-raisin .

Je viens de voir moi aussi A l'heure des souvenirs, adapté du roman de Barnes Une fille, qui danse.

Comme vous, Ludi et Tatiana, j'ai trouvé que c'est assez mince ... pas mal joué mais pas palpitant
J'ai juste été contente de retrouver en effet des têtes connues et sympathiques (Broadbent, Harriet Walter, Michelle Dockery, Emily Mortimer)

Je viens de dévorer son dernier livre, The Man in the Red Coat, dont la traduction française est parue à l'automne dernier aux éditions Mercure de France sous le titre L'homme en rouge.

A partir du superbe portrait ci-dessous qui lui a tapé dans l'œil, "Le docteur Pozzi chez lui" de John S. Sergent, l'auteur retrace l'existence de Samuel Pozzi, médecin bergeracois né en 1847 qui fut le docteur du tout-Paris de la Belle Epoque et un gynécologue renommé. Il le sort presque de l'ombre tant il est méconnu du grand public (seuls les Bergeracois doivent le connaître puisqu'un hôpital et une rue portent aujourd'hui son nom).

Spoiler:

Davantage un récit ou une chronique d'une époque qu'une biographie où Pozzi n'est finalement qu'un personnage parmi bien d'autres, et garde une grande part de son mystère, notamment sur ces très nombreuses conquêtes féminines. Dans ce livre très bien illustré (y compris dans l'édition française d'après ce que j'ai compris - les illustrations ont leur importance, à travers les références picturales, et aident à se représenter les nombreux protagonistes évoqués) on croise bien des célébrités d'avant 1914 : Sarah Bernhardt, Robert de Montesquiou, Proust, Oscar Wilde, les Goncourt, les Daudet, et j'en passe. Une certaine nostalgie est perceptible sur cette époque où les frontières étaient ouvertes, le livre ayant été écrit au moment du Brexit par ce Britannique très francophile. Il apporte aussi un regard plein d'humour sur la culture française et ses coutumes d'alors difficilement compréhensibles outre-Manche, comme le duel et le sens de l'honneur.
Un régal   .

Merci pour ton avis Tatiana! C'est exactement ce que je m'attendais à trouver dans ce livre (plus le récit d'une époque qu'une bio, et quelle époque!!), ça va être top! C'est vrai que ce portrait est très beau et cette couleur rouge donne à Pozzi une grande présence physique. Faut vraiment que je me le procure.

Merci pour ce retour passionnant, Tatiana ! Ce roman semble très intéressant

Je me joins également aux remerciements pour cette présentation alléchante, Tatiana