Walter De La Mare

Je tenais à présenter un auteur dont par on parle très peu sur la blogosphère et dont les oeuvres sont mal connues. C'est un écrivain anglais (1873-1956) qui publia ses oeuvres au tout début du XXème siècle, et parmi les premières : 1902 pour un recueil de poèmes et 1904 pour ce qui reste son plus célèbre roman, que je suis en train de lire, Henry Brocken. Il a beaucoup écrit pour les enfants, publié de la poésie et quelques romans davantage destinés aux adultes, dont des ghost stories.

Henry Brocken est un curieux roman qui devrait plaire à la plupart d'entre vous. Une jeune homme part avec sa vieille jument Rossinante à la rencontre des personnages fictifs qu'il a aimés : Lucy Gray, Jane Eyre et Mr Rochester, le fantôme de la Belle Dame Sans Merci, des personnages tirés des voyages de Gulliver et de La foire aux vanités, etc. C'est très étrange, mélancolique, poétique et traduit de belle façon. Je vous en dirai plus quand je l'aurai terminé.

Je ne sais pas si Walter de La Mare est très connu à l'Auberge, pour ma part, j'avais acheté Henry Brocken chez un bouquiniste, simplement parce que le héros rencontre Jane Eyre, ce qui avait piqué ma curiosité.

J'ai également sur mes étagères un autre de ses livres, Le retour.

Je ne connaissais pas. Je vais faire quelques recherches...

Je connaissais juste le nom de cet auteur, mais j'ignorais tout de ses œuvres. La présentation que tu fais d'Henry Brocken est très intéressante. J'attends ton avis final.

Je connaissais Walter de la Mare de nom. Alison Lurie lui avait consacré un chapitre dans son essai ( que j'ai lu) sur la littérature jeunesse anglo-saxonne. Le titre de cet essai était "Ne le dites pas aux grands" je crois.

Merci Jennie, c'est là que je l'ai découvert moi aussi.

jennie a écrit:

Je connaissais Walter de la Mare de nom. Alison Lurie lui avait consacré un chapitre dans son essai ( que j'ai lu) sur la littérature jeunesse anglo-saxonne. Le titre de cet essai était "Ne le dites pas aux grands" je crois.

Et tu te souviens de ce qu'elle en disait ?

Bon, j'ai donc terminé ce drôle de roman; assez difficile à résumer et j'avoue que je ne suis pas certaine de comprendre ce que l'auteur à cherché à exprimer; je ne peux que livrer ma propre analyse (je tâcherai d'écrire un billet plus fouillé pour mon blog). C'est une oeuvre originale, poétique mais désenchantée aussi, qui se veut certainement un hommage aux livres que Walter de La Mare a aimées. Une réflexion peut-être sur l'état de lecteur, quelle part de nous-mêmes glissons-nous dans nos lectures, nos émotions influencent-elles notre manière d'appréhender une histoire, de la comprendre ? Et quelle marque indélébile laissent certaines oeuvres dans nos esprits. Je crois qu'il y a un peu de tous ces questionnements dans le périple imaginaire d'Henry Brocken...

Ma réponse va permettre de rectifier ce que j'ai dit sur mon précédent post. Alison Lurie a consacré 2 essais à la littérature jeunesse: Ne le dites pas aux grands et Il était une fois...et pour toujours et c'est dans Il était une fois... qu'elle parle de Walter de la Mare. Elle parlait donc de ses oeuvres, principalement de ses livres pour enfants et de sa personnalité, son enfance qu'il a toujours regretté d'avoir quitté si vite car il n'aimait pas du tout le monde des adultes. C'était très intéressant à lire, ce lien entre sa faculté à se projeter dans son monde imaginaire et les livres qu'il a écrit.
Si tu es intéressée par ces 2 essais, je te conseille de te rendre sur le topic d'Alison Lurie où on a parlé :

Merci Jennie, je vais me commander ces deux ouvrages sans tarder !

Pour celles que ça intéresse, il existe un site officiel autour de l'écrivain, mais peu fourni hélas.
http://www.walterdelamare.co.uk/

J'ai enfin pris le temps d'écrire un petit avis sur Henry Brocken, le voilà :

Ce jeune homme qui décide de partir avec sa jument au tout début de ce roman est un grand lecteur. Son voyage débute instantanément dans des contrées mystérieuses où il croise des personnages de livres.

Walter de La Mare a choisi de faire quelques haltes chez Shakespeare, Wordsworth, Keats, Chaucer, Charlotte Bronte, Herrick, Jonathan Swift, Edgar Allan Poe et Shelley. J'ai découvert pour ma part Lucy Gray, tragique héroïne d'un poème de Wordsworth, dont l'histoire m'était vaguement familière.

Je n'ai pas lu le texte original en entier, juste des extraits, mais la traduction de Christiane Guillois est superbe, le texte est empreint de poésie, les descriptions sont magnifiques. C'est un périple mélancolique et nostalgique que le lecteur fera pour peu qu'il soit, comme l'écrivain, épris de littérature, et doté d'un tempérament de poète. Un peu de mystère, de fantaisie saupoudrent ce délicieux roman, inclassable, qui devrait plaire à ceux que leurs livres préférés habitent, encore et toujours. Loin d'être un livre-hommage à cette littérature, un peu aride ou impersonnel, Henry Brocken est une porte ouverte sur un monde que l'on crée en parallèle de nos vies, né de nos lectures, enrichi de nos songes et de nos désirs. Un livre qu'il serait impossible d'écrire et de publier aujourd'hui, raison de plus pour redécouvrir Walter de La Mare.

Un petit extrait qui résume l'esprit du roman :
"Car après avoir si longtemps rêvassé et songé, il me paraissait évident que quelle que fût la beauté des régions dont je lisais inlassablement les descriptions et malgré le caractère farouche, fidèle, étrange, magnifique des habitants de ces livres, ceux-ci devaient y être encore. Quelque part, sereins autant qu'immortels, demeuraient ceux dont tant d'hommes ont passé leur vie à rêver et à écrire."