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| Audur Ava Ólafsdóttir, un auteur islandais | |
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Auteur | Message |
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Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4634 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Audur Ava Ólafsdóttir, un auteur islandais Jeu 6 Juin 2019 - 13:18 | |
| J'ai lu dernièrement deux romans d'Audur Ava Ólafsdóttir. J'ai adoré Le rouge vif de la rhubarbe! On y suit le quotidien d'une adolescente handicapée de naissance (qui se déplace en béquilles), vivant chez une amie de sa grand-mère, dans un petit village entre la mer et la Montagne. Le récit est entrecoupé de missives de sa mère, scientifique en déplacement à l'étranger pour ses travaux de recherche. Contrairement aux précédents romans d'Ólafsdóttir que j'avais lu ( Rosa Candida et L'Embellie) et à celui que j'ai lu ensuite ( L'Exception), on ne se trouve pas dans une histoire avec un élément déclencheur (imprévu ou planifié par le héros/l'héroïne). Ici, même si l'héroïne a pour projet l'ascension de la Montagne, j'ai plutôt ressenti ce roman comme un ensemble d'instantanés de la vie de cette communauté. Beaucoup de poésie comme dans tous les romans de cette auteur. J'ai noté dans un de mes carnets quelques extraits qui ont particulièrement résonné en moi: - Citation :
- - La plupart des gens oublient de regarder ce qui relie les choses entre elles. La lacune ou l'intervalle, ça compte aussi.
- Tu veux dire que ce n'est pas seulement ce qui se passe qui a de l'importance, mais aussi ce qui ne se passe pas. - Citation :
- La vue est une affaire compliquée. La plupart des gens se contentent de regarder sans voir, ou bien l'on ne regarde pas, mais on voit quand même.
- Citation :
- Les garçons de son âge n'ont pas la maturité suffisante pour apprécier la beauté de l'âme et la personnalité d'une femme.
J'ai lu ensuite L'Exception. J'ai apprécié ce roman, mais si je devais le classer, je le mettrais en quatrième (et donc dernière) position de ceux de cette auteur que j'ai lus (alors que j'intercalerais Le rouge vif de la rhubarbe entre L'Embellie et Rosa Candida dans mes goûts du moment). Le soir du réveillon de la Saint Sylvestre, Floki annonce à sa femme Maria, qu'il la quitte pour son collègue (prénommé Floki comme lui). Le monde de Maria s'effondre, elle était profondément amoureuse de son mari et n'avait rien vu de son homosexualité ni de ses infidélités. Durant le récit, elle va chercher à comprendre où les indices de ce dénouement conjugal étaient contenus dans leur vie de couple, tout en gérant, maintenant seule, l'éducation de leurs jumeaux. Sa voisine de l'entresol, Perla, une naine, "nègre" pour un écrivain de polars et conseillère de couple, va s'inviter dans sa nouvelle vie de célibataire, pour lui offrir compagnie et être une interlocutrice pour son introspection. Comme pour les autres romans de l'auteur, on retrouve sa plume précise et poétique à la fois, avec un beau texte très agréable à lire! En revanche, ce qui m'a agacé, c'est l'incapacité de l'héroïne à se détacher de son mari. Elle l'appelle régulièrement pour lui dire qu'il lui manque et lui demander de revenir... En effet, au début de l'histoire, leur couple nous est dépeint comme "parfait". Mais au fur et à mesure de son introspection, elle se rend compte des moments où son mari, absent, a dû avoir des aventures avec des hommes. Autant je lui pardonne d'être tombé amoureux d'un homme et vouloir vivre son amour et son homosexualité. Autant, je ne lui pardonne pas ses infidélités récurrentes... Mais là où je trouve quand même le récit intéressant, c'est autour de la notion de confiance. Maria avait entièrement confiance en Floki. Et à ce titre, elle n'a jamais à l'époque remis en doute ses "excuses" pour ses absences ou retards. Après, je dois reconnaitre que quoiqu'infidèle, il a été un bon mari et un bon père. Et au final, cela fait réfléchir sur les notions d'engagement. Est-ce que malgré ses infidélités, il n'a pas honoré ses engagements de mari et père en étant présent quand sa famille avait besoin de lui? Vaste question pour laquelle je n'ai pas encore tranché ma réponse... Idem, l'intrusion de Perla dans le quotidien de Maria m'a oppressée, même si ce sentiment s'est atténué quand elle s'en est expliqué en fin de roman en disant que c'était pour éviter à l'héroïne d'être seule, au risque de déprimer... Le roman propose une jolie mise en perspective de l'histoire, à des moments où Perla (écrivain) fait remarquer à Maria qu'avec tout ce qui lui arrive, cela semblerait abracadabrantesque dans un roman. - Citation :
- Si ta vie était un roman, dit-elle depuis la cuisine, une telle saturation d'événements dramatiques semblerait peu vraisemblable. [...] Si c'était mon auteur qui avait écrit ça, j'en aurais biffé la moitié.
Et c'est marrant parce qu'à ce moment, je me disais justement qu'il arrivait trop de choses à l'héroïne pour que ça me semble réaliste. Malgré les quelques points négatifs relatés, c'est néanmoins une lecture que j'ai trouvé très agréable et qui m'a fait réfléchir sur le couple. Je relirai certainement ce roman un jour! Pour conclure, j'aime beaucoup la poésie de cette auteur, le côté décalé de certaines situations qu'elle décrit et un rapport organique à la vie, une importance des corps, de leurs sensations, la présence de la cuisine (l'art culinaire) dans ses histoires et des paysages islandais, île qui forme un personnage à part entière de ses histoires! |
| | | Rosalind Ice and Fire Wanderer
Nombre de messages : 17039 Age : 74 Localisation : entre Rohan et Ruatha ... Date d'inscription : 17/04/2008
| Sujet: Re: Audur Ava Ólafsdóttir, un auteur islandais Mer 11 Mar 2020 - 15:41 | |
| Avec un peu de retard je viens poster mon avis sur le dernier roman de Audur, Miss Islande Et c'est un immense coup de coeur Mon préféré à ce jour Comme j'ai tardé à en parler, je viens de le relire et me dépêche d'en parler tant qu'il est encore sur ma liseuse. Ensuite je me l'offrirai en version papier, j'aime conserver les livres que j'aime, et de plus j'aime beaucoup les couvertures des éditions Zulma L'histoire se situe en 1963, décidément en ce moment mes lectures me ramènent toutes à cette année (voir le topic Zygmunt Miloszewski) Hekla porte le nom d'un volcan, et en a le tempérament énergique, qu'elle investit dans sa passion, l'écriture. Elle quitte son village natal des Dalir pour venir vivre à Reykjavik, où elle retrouve ses deux amis d'enfance. Ísey et Jón John. Tout le roman est émaillé de références littéraires et de citations. En exergue une citation de Nietzsche - Citation :
- Il faut porter en soi un chaos pour pouvoir mettre au monde une étoile qui danse.
Hekla lit Ulysse de James Joyce avec l'aide d'un dictionnaire (elle a cherché un roman plus épais que la Saga de Njáll ), La montagne magique, cite Jónas Hallgrímsson. Elle veut aller voir Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur au cinéma car elle a entendu parler du roman d'Harper Lee. Son ami Jón John lit Oscar Wilde, Emily Dickinson et Virginia Woolf, Laxness aussi bien sûr, et cite Federico Garcia Lorca - Citation :
- Si je meurs,
Laissez le balcon ouvert Les noms ont beaucoup d'importance. Ísey - Citation :
- Mon nom signifie Île de glace. Les eaux du Breidafjördur ont gelé le printemps où je suis née. Mon père voulait ajouter une île dans le fjord, c'est pour cette raison qu'il m'a baptisée Ísey.
Elle aussi écrit, en cachette, et s'évade ainsi de son quotidien. Il faut que je revienne en parler, elle est bouleversante. Jón John - Citation :
- Ma mère a attendu un an avant de me baptiser, au cas où un homme péri en mer se serait échoué sur le rivage. Pendant ce temps elle lisait ses poètes préférés.
J'ai reçu en baptême le nom du poète des cygnes islandais et celui d'un soldat inconnu, disparu dans le gris menaçant de la mer.
Lui n'écrit pas, mais est aussi un artiste. Il crée des vêtements, et sa machine à coudre est pour lui l'équivalent de la machine à écrire d'Hekla. Tout tourne autour de l'écriture, et de la création, et le roman est une superbe mise en abyme. D'ailleurs pour moi les trois personnages d'Hekla, Ísey et Jón John sont une seule et même incarnation de l'auteur. Pas facile de retrouver des passages dans mon édition numérique qui n'indique pas les chapitres, mais je vais essayer d'en repérer quelques uns pour les partager avec vous En attendant, une photo de Audur |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4634 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Audur Ava Ólafsdóttir, un auteur islandais Jeu 12 Mar 2020 - 10:37 | |
| Merci pour cette belle présentation Rosalind! Tu me donnes trop envie de le lire! - Rosalind a écrit:
- Ensuite je me l'offrirai en version papier, j'aime conserver les livres que j'aime, et de plus j'aime beaucoup les couvertures des éditions Zulma
Je le note directement sur ma prochaine liste d'achats de livres, je vous fais confiance à Audur et toi! Comme toi, j'aime conserver mes livres préférés, ça me permet de les relire quand l'envie m'en prend soudain! Je plussoie pour les couvertures des éditions Zulma, même si je ne les ai pas tous dans cette édition. - Rosalind a écrit:
- Tout le roman est émaillé de références littéraires et de citations.
En exergue une citation de Nietzsche - Citation :
- Il faut porter en soi un chaos pour pouvoir mettre au monde une étoile qui danse.
[...] Tout tourne autour de l'écriture, et de la création, et le roman est une superbe mise en abyme.
D'ailleurs pour moi les trois personnages d'Hekla, Ísey et Jón John sont une seule et même incarnation de l'auteur. J'adore la citation retenue en exergue!!! Et un roman partageant le goût pour les beaux mots, la littérature, ne pourrait que me plaire... - Rosalind a écrit:
- Les noms ont beaucoup d'importance.
Ísey - Citation :
- Mon nom signifie Île de glace. Les eaux du Breidafjördur ont gelé le printemps où je suis née. Mon père voulait ajouter une île dans le fjord, c'est pour cette raison qu'il m'a baptisée Ísey.
Comme c'est poétique... - Rosalind a écrit:
- En attendant, une photo de Audur
Je l'ai toujours trouvée super belle. Il y a 5 ans, j'avais vu une émission sur Arte (tirée d'une série associant un écrivain à la découverte d'un pays, je ne me souviens plus du nom ) où Audur présentait son pays et son travail d'écriture. C'était joliment réalisé et j'avais éprouvé beaucoup de sympathie à l'entendre présenter sa vision des choses. |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29122 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Audur Ava Ólafsdóttir, un auteur islandais Jeu 12 Mar 2020 - 18:21 | |
| Merci pour ton long commentaire, Roz ! Je pense le lire un jour |
| | | Rosalind Ice and Fire Wanderer
Nombre de messages : 17039 Age : 74 Localisation : entre Rohan et Ruatha ... Date d'inscription : 17/04/2008
| Sujet: Re: Audur Ava Ólafsdóttir, un auteur islandais Ven 13 Mar 2020 - 0:06 | |
| Merci pour ta réponse Vavyala je suis sûre que ce roman va t'emballer Et je suis bien d'accord avec toi, Audur est très belle, et cette photo me plaît particulièrement, avec l'arrière-plan du paysage Juliette tu nous diras ce qu'en a pensé ta maman ? |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29122 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Audur Ava Ólafsdóttir, un auteur islandais Ven 13 Mar 2020 - 17:32 | |
| Roz, ma maman s'est attachée aux personnages principaux et elle a apprécié la narration, mais elle a été frustrée par la fin ! Comme j'ai fini Miss Charity, je vais peut-être me plonger dedans, finalement |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4634 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Audur Ava Ólafsdóttir, un auteur islandais Sam 18 Avr 2020 - 18:08 | |
| Je viens de terminer Miss Islande qui m'a beaucoup plu! Merci beaucoup Rosalind pour la découverte, sans toi, je n'aurais pas lu aussi vite ce dernier roman d'Audur Ava Olafsdottir! Rosalind a bien résumé et présenté le roman, donc je ne vais pas m'étendre sur le pitch et passer directement à mes impressions! Il m'a tout d'abord étonnée car c'est la première fois que je lis un roman d'Olafsdottir où elle aborde des sujets de société plus graves et ce, dans un contexte historique réel. La situation sociale des minorités y tient une place centrale: les femmes, les homosexuels et dans une moindre mesure, les Afro-américains. Les femmes sont soient au foyer, soit actives (mais moins bien payées que leurs homologues masculins et harcelées sexuellement à la capitale) et leur prétention à la publication littéraire sont brimées... Les homosexuels sont pourchassés, violentés et dénigrés... Et Martin Luther King, dont le parcours égrène le texte, défend la minorité noire américaine. Les trois personnages principaux parlent de la difficulté de se réaliser, dans son être, dans la société de l'époque où tout est encore à construire pour obtenir de nouveaux droits. Ce qui est lumineux, c'est que malgré les déceptions, chacun à sa façon met en œuvre des actions (plus ou moins grandes) pour essayer d'avancer. En parallèle, comme parfaitement relevé par Rosalind, ce roman traite de la création (littéraire et vestimentaire) et est une jolie ode à la littérature islandaise, mais aussi internationale, et met aussi en avant les autrices. La beauté de l'écriture de l'autrice offre aussi de beaux moments de dégustation littéraire. Ce roman a fait directement écho au diptyque de Jon Kalman Stefansson ( D'ailleurs les poissons n'ont pas de pieds et A la mesure de l'univers) qui traite de thèmes proches, mais sous une forme totalement différente. J'ai trouvé intéressant la complémentarité de leurs approches. Olafsdottir a une poésie très différente et est plus dans la suggestion que dans la description que son confrère. De plus, elle se concentre sur une seule génération. Autre point commun entre les deux, le traducteur francophone Eric Boury qui prend (à ma surprise) la relève de Catherine Eyjolfsson. J'ai adoré la force et l'ancrage du personnage de Hekla dont un autre personnage lui dit si bien: - Citation :
- "Ce que j'admire chez toi, Hekla, c'est que tu crois en toi, quoi que les autres en pensent."
de même que son père qui soutient bien ses ambitions littéraires! Sa meilleure amie Isey offre une complémentarité féminine intéressante, par la sensibilité de ses écrits, mais aussi l'autre chemin de vie qu'elle a choisi. Et Jon John, son meilleur ami, est comme Hekla, un jeune visionnaire né trop tôt pour une époque pas prête à accueillir sa force de création et sa sensibilité fine. Donc voilà, en résumé, j'ai passé un moment de lecture! (J'ai eu du mal à faire des pauses et poser le roman... ) |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29122 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Audur Ava Ólafsdóttir, un auteur islandais Sam 18 Avr 2020 - 18:20 | |
| Merci pour ton joli commentaire, Vavyala ! Je l'ai également lu récemment et si je suis moins enthousiaste que vous, j'ai tout de même passé un bon moment |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4634 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Audur Ava Ólafsdóttir, un auteur islandais Dim 19 Avr 2020 - 13:04 | |
| Ravie de lire que, malgré ton adhésion moindre à ce roman, il t'ait fait passer un bon moment de lecture! |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4634 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Audur Ava Ólafsdóttir, un auteur islandais Ven 13 Aoû 2021 - 10:01 | |
| J'ai lu Ör qui m'a beaucoup plu. On y rencontre Jónas, homme de quarante-neuf ans qui n'a plus goût en la vie. Sa mère vit en maison de retraite et est atteinte de la maladie d'Alzheimer. Sa femme l'a quitté et lui a annoncé qu'il n'était pas le père biologique de leur fille. Et sa fille, adulte maintenant, s'est envolée du nid et est autonome maintenant. Une seule échappatoire lui semble séduisante: le suicide. Ne voulant pas que sa fille le découvre mort chez lui, il décide de partir dans un pays précédemment en guerre et en cessez-le-feu précaire pour y mener son projet. Ses plans vont être bousculés par la situation locale... J'ai eu plaisir à retrouver la plume précise, ciselée et poétique de l'autrice (et sa traductrice), de même que ses scènes d'énonciation et rapports entre les personnages et à la vie légèrement décentrés par rapport à la "norme". Tant que l'histoire se passait en Islande, j'étais en "terrain connu" par rapport au style de A.A. Ólafsdóttir, puis j'ai eu la sensation de nouveauté, d'essais d'une autre écriture quand on se retrouve avec Jónas dans ce pays "étranger". L'autrice choisit de ne pas nommer un pays précis. Elle avait fait le même choix lors du périple du héros de Rosa Candida vers la roseraie. Je ne sais pas si ses motivations sont les mêmes, mais je trouve qu'ici cela lui permet de décrire l'universalité des rapports meurtris à son pays en après-guerre. Le second point où A.A. Ólafsdóttir a su me surprendre, c'est qu'après les quêtes plutôt intimistes de ces quatre premiers romans ( Le rouge vif de la rhubarbe, L'embellie, Rosa Candida et L'exception), elle aborde des thèmes plus engagés avec ses romans suivants, avec la guerre civile et la reconstruction dans Ör et les premiers combats des femmes et homosexuels à se trouver une place dans la société occidentale dans Miss Islande. J'ai trouvé l'histoire de Jónas et son ami Svanur assez touchantes, la parole donnée à des hommes quadragénaires, quinquagénaires, en crise. Où en sont-ils par rapport à leur innocence et légèreté de jeunesse et les désillusions de la vie réelle? Quelle est leur place dans ce monde, notamment par rapport aux femmes? Ces réflexions sont mises en miroir à celles des survivants des pays ravagés par la guerre. Quelles que soient les horreurs vues et vécues, les proches perdus, l'attachement à la vie reste fort, de même que l'élan pour reconstruire sa vie après les catastrophes. A aucun moment l'autrice n'est tombé dans l'écueil de comparer et juger ces douleurs. Les crises existentielles des Occidentaux ne sont pas minimisées par rapport aux horreurs des rescapés des guerres. Elles ne sont pas non plus mises sur le même plan. De la même façon, A.A. Ólafsdóttir a réussi à écrire un final, lumineux, sans tomber dans la facilité. Ce n'est pas le roman le plus accessible de cette autrice, mais je le recommande à celles et ceux qui sont déjà amateurs de ses écrits et qui ont envie d'élargir l'horizon hors de l'Islande. |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29122 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Audur Ava Ólafsdóttir, un auteur islandais Ven 13 Aoû 2021 - 18:06 | |
| Merci pour ce retour détaillé, Vavyala ! Je ne suis pas sûre de lire ce roman un jour mais je prends note de son titre |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4634 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Audur Ava Ólafsdóttir, un auteur islandais Sam 14 Aoû 2021 - 18:03 | |
| Je comprends, ce n'est pas une autrice qui a une plume qui conquiert facilement et même si j'ai beaucoup aimé ce roman, je trouve qu'il n'est pas le plus accessible de sa bibliographie. |
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| Sujet: Re: Audur Ava Ólafsdóttir, un auteur islandais | |
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| | | | Audur Ava Ólafsdóttir, un auteur islandais | |
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