Les frères Karamazov de Dostoïevski

Les frères Karamazov, dernier roman de Dostoïevski, se passe dans une petite ville russe. Il nous présente la famille Karamazov composée du père, vieillard débauché et de ses fils. L'aîné, Mitia, fils d'un premier mariage, est un être sensuel, excessif, dépensier mais capable aussi de générosité. Il s'oppose violemment à son père qui l'a, dit-il, spolié de son héritage. et qui est son rival pour l'amour de Grouchincka, une femme déchue et capricieuse, pour qui il veut abandonner Katia, sa fiancée. Mitia usera de violence et de menaces envers son père, ce qui lui vaudra de se retrouver sur le banc des accusés lorsque ce dernier sera assassiné. Ivan et Aliocha sont les fils d'un second mariage. Ivan, l'intellectuel de la famille, représente l'athéisme, le scepticisme, le rationalisme, portes ouvertes sur la violence et l'effondrement de toute société selon Dostoïevski. Il est amoureux de Katia et déteste pour cela son frère Mitia. Il méprise son père et souhaite lui aussi sa mort. Aliocha, son frère, est un homme de foi, d'une grande bonté. Et s'il ne parvient pas à infléchir le cours du destin pour ses frères, demeurant témoin plutôt qu'acteur dans le drame qui se joue, il exprimera sa fraternité auprès d'un jeune enfant malade, de sa famille et des jeunes garçons qui l'entourent et pour qui il sera un témoin de lumière. Le dernier frère, Smerdiakov, fils illégitime dont le père a fait son domestique, épileptique et inquiétant, déteste également son père et est perverti par la pensée de son frère Ivan. Quant aux femmes du livre, elles sont complexes et déroutantes, excessives, et ont du mal à savoir ce qu'elles veulent : Katia, tiraillée entre Mitia et Ivan, Grouchencka, infidèle, versatile, imprévisible, Mme Khokhlava, ridicule et évaporée, sa fille Lisa, souffrante et torturée, en quête d'identité.

L'histoire de ce parricide, mal absolu, permet à Dostoïevski, de dépeindre, à travers ses personnages, à la fois les différents types d'êtres humains et la multiplicité des tendances en chacun de nous : amour de l'argent, sensualité, goût du pouvoir, violence....Mais aussi amour, bonté, bienveillance, générosité, fraternité...
Car nous sommes faits d'ombre et de lumière, capables du pire comme du meilleur, entraînés parfois par des forces que nous avons libérées et qui ensuite nous échappent, comme la violence de Mitia, son incapacité à maîtriser ses émotions qui se retourneront contre lui en faisant de lui un coupable évident.

Ce livre n'est pas seulement un roman. Dostoïvski y développe ses idées, sa peinture du monde, dans de longues argumentations qui demandent un effort au lecteur pour ne pas se perdre. Autant l'intrigue est simple, autant les personnages sont nombreux et variés, d'une grande complexité et les digressions longues et riches. Dostoïevski creuse en profondeur le pourquoi de nos vies et le comment qui en résulte.
Le poids de la culpabilité de son côté obscur semble parfois trop lourd à porter à l'homme et peut le pousser à des comportements débridés qui expriment son désespoir de ne pouvoir remédier au mal qui sévit dans le monde et en lui.

Aliocha est le signe du triomphe de la fraternité et de l'amour dans le coeur de l'homme quand celui-ci laisse la lumière inonder son coeur et se répandre en lui et autour de lui. A travers Aliocha, c'est l'amour, au sens chrétien du terme, qui triomphe. Pour Dostoïevski le salut vient de la foi orthodoxe et le mal du doute et du rationalisme qui se développent dans la société russe de son époque.

Malgré tout, c'est l'espérance qui prévaut. Une espérance qui transcende la noirceur de nos âmes et du monde.

J'arrive au bout de mon message et je me dis qu'il est bien dérisoire pour commenter l'immense profondeur et richesse de ce roman. Quel
souffle ! Quel cheminement et quel voyage au plus profond de l'âme pour écrire ainsi.............

J'ai lu Les frères Karamazov il y a très longtemps, et je ne m'en souviens plus beaucoup.

Alors, enthousiasmée par le commentaire de Majeanne ci-dessus, j'ai entrepris de le relire, sous la forme d'un livre audio cette fois.

J'avance doucement, j'en suis à la fin de la 2e partie (environ 40%) ; l'avantage du livre audio pour moi, c'est que je mémorise mieux le texte quand on me le lit, j'ai donc l'impression que le récit est plus proche.

Pour l'instant, les principaux protagonistes ont été présentés, les tensions entre le père et les 4 fils sont fortes, et on sent que le drame va éclater d'un moment à l'autre ...
Il y a un aspect "force du destin" dans ce livre, mais aussi de nombreuses facettes à chacun des personnages, chacun n'est ni entièrement noir, ni entièrement blanc, et c'est ce qui donne sa force au récit. Donc je me régale ...

Je viens de relire Les frères Karamazov, et vraiment c'est un texte magnifique !!!
Quel bonheur ! c'est bien écrit et surtout très bien construit, à partie de la 6e partie, ça devient vraiment haletant, on sais que Mitia court à sa perte mais on ne peut s'empêcher de penser qu'il va s'en sortir ... c'est vraiment maîtrisé et en même temps plein de sensibilité et de coeur.
Je crois que mon personnage préféré est Mitia, ballotté entre ses pulsions et ses aspirations, il est vraiment vivant, bien plus que Ivan qui reste assez abstrait, et que Aliocha qui est très parfait.
La dernière partie avec les enfants est très belle, c'est vraiment un merveilleux roman.

Je vais lire Les Possédés, maintenant.

Une relecture de ce pavé, je suis très admirative Petit Faucon

J'en suis encore au stade de l'objectif de découverte mais je le lirai un jour, c'est sûr. D'autant que tu sais motiver les lecteurs .

Tu donnes envie de se replonger dans Dostoievski, PetitFaucon. Je n'ai pas lu les possédés.

Très contente d'avoir suscité des vocations!!!
Je voulais ajouter aussi que la traduction de Folio dans laquelle j'ai relu les Frères Karamazov est intégrale, contrairement aux versions lues et audio précédentes.

Et je serai ravie de lire Les possédés avec toi, MissAcacia, d'autant que le sujet est très actuel : l'engagement politique et ses extrêmes.

Merci pour ton avis, Petit Faucon Ce livre est également dans ma PAL, mais je me laisse un peu de temps avant de le lire

Petit Faucon, tu m'impressionnes par ta rapidité de lecture, un roman de 1000 pages, mais comment fais-tu

Ce roman est aussi sur ma PAL, comme tant d'autres depuis que j'ai vu l'adaptation ciné avec Yul Brynner et Maria Schell

@Marganne: j'y ai passé quand même presque 3 semaines 😀. Et j'ai accéléré sur la fin c'était haletant !

Petit Faucon a écrit:

Et je serai ravie de lire Les possédés avec toi, MissAcacia, d'autant que le sujet est très actuel : l'engagement politique et ses extrêmes.

Avec plaisir. Je ne sais plus trop où j'en suis des lectures communes qui m'intéressaient (notamment Au revoir là haut) mais j'ai en général plus de temps de cerveau disponible en été pour des auteurs comme Dostoievski. Je m'y replongerai avec grand plaisir tant j'ai aimé le lire dans le temps.

J'ai lu les Frères Karamazov et si j'ai apprécié cette lecture, ce n'est pas un coup de foudre. J'ai un peu de mal avec Dostoeivski et Tolstoï, je n'arrive jamais à m'attacher aux personnages et c'est sans passion que je lis leurs aventures  

Par ailleurs, je dois dire que j'ai préféré de loin Souvenirs de la maison des morts et Les Pauvres gens du point de vue des personnages, je les ai trouvés plus attachants. Je garde un très bon souvenir de ces deux lectures récentes.

Cette année, j'ai prévu Le Joueur et le recueil de nouvelles La logeuse

Merci pour ton retour Marganne. C'est un roman que j'envisage de lire un jour, mais Crime et châtiment m'ayant laissé un souvenir mitigé je n'ai guère envie de me précipiter dessus .

(J'ai supprimé les majuscules dans le titre du topic, qui me faisaient mal aux yeux ).

Merci pour ton avis également Marganne. Pareil que Tatiana j’envisage de le lire mais je ne suis clairement pas pressée Pourtant j’ai aimé « Crime et châtiment » et d’autres autrefois. J’ai « L’idiot » et « Le joueur » dans ma Pal donc je compte découvrir ceux-là avant