Les Démons (Les Possédés) de DOSTOIEVSKI

Roman publié en 1871 - Dostoievski a 50 ans.

Les Démons (Bezy), autrefois traduit à tort par Les Possédés, raconte l'histoire d'un groupe de jeunes gens révolutionnaires et "conspirateurs", qui gravite autour des personnes de Nicolas Stavroguine et de Piotr Verkhovenski.

La construction du livre est en 3 parties d'environ 350 pages chacune, et nous amène comme souvent avec Dostoievski petit à petit vers une fin assez haletante.
Il s'agit d'un groupe de nihilistes, mais vélléitaires, mous, pas organisés, veules, sans direction, qui est manipulé par Verkhovenski , qui souffle sur leurs volontés, et finit par tirer les ficelles de ces marionnettes pour faire un gâchis épouvantable.

J'avoue que j'ai souffert à cette lecture ; j'ai trouvé la première moitié du livre assez ennuyeuse, avec la description de cette petit ville de province, excentrée, avec sa notabilité locale faite de gens sans envergure et pour tout dire inconsistants et improbables : Varvara Petrovna (la mère de Nicolas Stavroguine), son ami et obligé Stepane Trofimovitch (le père de Piotr Verkhovenski), et les personnages exaltés de Liza et de Chatov.
Les nuages noirs s'amoncellent petit à petit, Dostoievski décrit par petites touches, et dans les 100 dernières pages, l'orage éclate et tout l'équilibre de cette petite société provinciale qui paraissait immuable est bouleversé ; en tous cas la moitié des personnages du livre disparait.
A la fin, on constate le gâchis épouvantable de toute cette sombre histoire, à laquelle le lecteur a du mal à croire pendant les 900 premières pages tellement ces gens sont nuls et sans envergure. Pour finir, il y a quand même de très nombreux morts, pour absolument rien, et le livre se termine sur une note très amère.

On ne peut pas dire que ce livre m'ait plu, mais il m'a fait forte impression.

Merci pour ta présentation Petit Faucon, et pour ton retour de lecture.

Je ne peux pas dire que tu me donnes envie de lire ce roman   , mais sait-on jamais, si un jour je suis motivée par une plongée intégrale dans l'oeuvre de Dostoievsi....

Merci Petit Faucon pour ce retour sur Les Démons. J'avoue que c'est un livre qui ne m'a jamais tentée. Ton commentaire m'en éloigne d'avantage. De l'oeuvre de Dostoivski, il y a surtout L'idiot qui m'a le plus marquée.

Merci de vos commentaires !

Le mécanisme du groupe est très bien montré, de l'intérieur et avec empathie, comme toujours avec Dostoievski.
La mécanique du groupe qui se monte la tête pour faire un attentat reste d'une grande actualité, et de ce point de vue, Les Démons résonne de façon de tout à fait concrète ; pendant la quasi totalité du livre, le lecteur ne prend pas au sérieux ce groupe de médiocres, comme le reste de la société dans laquelle ils évoluent. On reste persuadés qu'ils sont inoffensifs et qu'ils ne font d'agiter des idées creuses et se gonfler de leur propre importance ; et au final le résultat est tout à fait tragique, et désolant ; moi-même j'ai été pris par surprise, et je me suis demandée comment ils avaient fini par mettre une telle pagaille.

Dans ce livre, aucun des personnages n'est sympathique et c'est difficile de s'identifier ou, du moins, de trouver une résonance avec son propre moi dans un des personnages des Démons ; alors que j'ai trouvé que je pouvais m'identifier à Raskolnikov de Crime et Châtiments, ou à Mitia ou Alexis Karamazov des Frères. Je pense que c'ets aussi pour ça que j'ai eu du mal, je les ai tous trouvés antipathiques, et je les ai sous-estimés. D'où l'effet de claque du final.

Je peux ajouter aussi que Camus avait monté et écrit une pièce tiré des Démons, appelée Les Possédés et qu'on peut la voir ici (3h20)

De ce que tu décris, Petit Faucon c'est plutôt intelligemment et finement écrit. J'aime bien la comparaison que tu fais avec ce qui se passe actuellement. En effet, sousestimer des faits ou des comportements a montré que l'on peut s'attendre à des résultats désastreux. Le terme médiocre est peut -être discutable. Cela dépend de qui juge. Ils l'étaient aux yeux de ceux qui évaluent de l'extérieur. Avaient-ils anaysé les choses de façon plus approfondie ? Le désordre est parfois voulu, ou non. C'est ce qui aveugle en général et l'impact n'en est que plus grand. Tout est relatif. Ça me renvoie au système scolaire qui fait de certains génies, des cancres. Qui est responsable du résultat ?
Je ne sais pas si je vais le lire un jour, mais tu m'as fortement intriguée

Merci Ysabelle.

Ce que je veux dire par médiocres, c'est que ce qui est décrit par Dostoievski ne peut être pris comme exemple d'un manifeste nihiliste ou terroriste (pour le dire de façon moderne) ; aucun lecteur ne peut prendre exemple sur ce groupe pour s'en servir de bannière ou d'étendard, en trahissant l'intention de l'écrivain ; car ils sont tous tellement minables que c'est impossible.

Contrairement à toutes sortes d'oeuvres littéraires postérieures qui justifient la violence, y compris terroriste, pour prendre le pouvoir.
Là c'est à mon avis impossible.

Et c'est pourquoi cette oeuvre a été blacklistée par le régime soviétique pendant des décennies : je cite la partie "accueil du livre" de Wiki :

À sa sortie, le roman reçut un accueil public enthousiaste, ce qui permit à Anna Dostoïevskaïa de préparer une seconde édition à compte d'auteur au début 1873. En revanche, il suscita de vives réactions de la part des socialistes, athées, progressistes, qui considéraient l'ouvrage comme un pamphlet à leur encontre, ce qui par contrecoup entraîna une vive réaction de la critique littéraire. Les critiques de l'époque, à tendances populiste (Nikolaï Mikhaïlovski), révolutionnaire ou libérale, déniaient à l'ouvrage une quelconque valeur littéraire, trouvaient les personnages trop caricaturaux, ou y voyaient encore une falsification de la réalité. Ainsi, selon Piotr Tkatchev, Dostoïevski n'était qu'un rétrograde allié du pouvoir et ses personnages des « hommes malades ».
Sous le régime soviétique, le roman ne fut cependant jamais réédité (sauf en 1935, présenté et commenté par Leonid Grossman, grand spécialiste de Dostoïevski, et en 1982) la critique contre les milieux révolutionnaires du XIX^e siècle ne plaisant pas aux censeurs soviétiques.
Aujourd'hui, cet ouvrage est considéré comme un classique de la littérature, et pour certains critiques comme ayant pressenti les dérives totalitaires du XX^e siècle.

Merci Petit Faucon pour cette présentation. Tes commentaires m'intriguent beaucoup, ça ne donne pas tellement envie de lire le roman, et pourtant si