6ème Partie - (re)lecture P&P et (re)visonnage adaptation 1995

Non tu ne te trompes pas, le colonel et Giorgiana ont déjà entendu Darcy vanter les mérites de Lizzie et sont donc contents de la rencontrer et tous les 2 semblent l'apprécier de suite.

Donc, si Darcy a parlé de Lizzie à son cousin et sa sœur, qu'ils ont l'habitude de sa discrétion en général, ils ont peut-être compris les sentiments qui l'anime et ont tiré des conclusions ?  Avait-il vraiment besoin de dire au Colonel: "J'aime Elizabeth Bennet, d'un amour ardent !" Le cousin n'est pas idiot non plus et a peut-être commis une bourde ?

Non, bien sûr qu'il leur en a parlé... mais je ne crois vraiment pas que la "fuite" vienne de l'un d'eux !   

J'ai tendance à penser que Lady Catherine a pu entendre plusieurs rumeurs, venues des Collins sûrement puis peut être qu'elle en a parlé au Colonel et que, sans confirmer, il a pu lui dire que ça ne lui paraissait pas improbable. Si en plus les domestiques ont relayé la rumeur, alors Lady Catherine a eu de quoi piquer une grosse colère!

Moi aussi j'ai tendance à penser que la fuite ne provient pas de confidences hasardeuses de Darcy à Fitzwilliam ou à Georgiana ; je pense que Darcy a parlé de  Elisabeth à sa soeur et à son cousin comme d'une jeune fille qu'il a apprécié, mais de là à s'épancher sur un éventuel amour et sur le "râteau" (  je cite notre Clinchamps), ça parait très improbable ; d'autant que Fitzwilliam et Georgiana sont des personnes de confiance, de bonne éducation, qui ne commettraient jamais un pareil impair.

La probabilité de la "fuite" est effectivement à rechercher du côté de Charlotte (hypothèse Tatiana), ou des domestiques (hypothèse Fée) ; il est possible que Charlotte ait confié ses soupçons à son mari, qui dans sa bêtise hypocrite s'est dépêché de tout rapporter à Lady Catherine (quelle beau dialogue à imaginer en effet, avec les grimaces de David Bamber à la clé   ). Et les domestiques sont certainement plausibles également. Quoiqu'il en soit, notre Lady Catherine fonce dans le panneau comme un jeune bouvillon   .

 Charlotte est l'amie de Lizzy, croyez-vous qu'elle aurait révélé une information aussi personnelle à Lady Cathy tant qu'elle n'avait pas l'aval de sa chère amie ? une amie véritable ne colporte pas ce genre de nouvelle surtout qu'elle peut nuire à Lizzy ! la preuve, dès qu'elle sait, Lady C entre en transe   

Georgiana et le Colonel sont savent mais ne vont surtout pas révéler ce qui n'est pas leur secret, non non, reste que les domestiques !  Darcy et Elizabeth se sont disputés à Hunsford, ils parlaient fort distinctement, je dis les domestiques   en plus je ne pense pas que Charlotte fasse des confidences aussi importantes à son idiot d'époux.

Imaginez, que la petite femme de chambre de Charlotte, ou la jeune cuisinière ou les deux aient entendu des bribes de disputes... Voilà du lourd, elles sont en émoi, l'une le dit à un jeune cocher de Darcy que Miss Bennet à refusé la demande de leur maître, ça tombe à plat pour les informations, seulement, des chevaucheurs privés circulent pour apporter les lettres de ses neveux chez Lady C. Un des chevaucheurs est amoureux d'une des servantes de Lady C. Il a vu revenir Miss B à Pemberley, le bruit courre qu'elle a été fort bien accueilli et que le maître paraissait totalement amoureux   et que notre petite demoiselle n'avait pas l'air contrarié du tout cette fois-ci...

Puis, les jours passent et Darcy revient à Netherfield, là les langues des domestiques se délient et Lady C entend des rumeurs, questionne Colins qui triomphant et ayant reçu des nouvelles des fiançailles de Jane, et ayant vent des rumeurs qui circulent à Rosings et Hunsford, se fait fort d'en discuter avec sa noble patronne ! patatrac ! elle monte sur ses grands chevaux et arrivent pour fustiger la petite provinciale.   

Sacré Fée !! Mais écris un roman !!!    C'est très bien vu et tu m'as convaincue, bravo !!!

valmont a écrit:

Sacré Fée !! Mais écris un roman !!!    C'est très bien vu et tu m'as convaincue, bravo !!!

     bravo Fée !!!

Moi, je crois que les ragots et commentaires de l'office restent à l'office et je ne vois pas la femme de chambre de lady Catherine se hasarder sur ce terrain avec sa maîtresse    Quant à Charlotte, tout ce qu'elle aurait pu dire à son mari s'arrêterait à des remarques du style "Mr darcy nous a gratifiés souvent de sa visite, je me demande si Elizabeth ne lui aurait pas tapé dans l'œil" (en langage idoine, bien sûr !! ) Elle ne peut pas trahir les confidences de Lizzie dans la mesure où celle-ci ne lui en a pas fait. Seulement sa remarque a mis la puce au poitrail (dixit "Fortune de France) à son mari et aussitôt la servilité de celui-ci s'est réveillée. "Quoi ? Mais il faut absolument que je mette lady Catherine en garde, et elle m'en aura une reconnaissance éternelle ! " et hop ! le voilà parti !! Il a dû bien grossir la simple impression de sa femme pour se donner de l'importance et la doairière est partie bille en tête !!    

Clinchamps a écrit:

Moi, je crois que les ragots et commentaires de l'office restent à l'office

   je n'en suis pas si sure. En faisant le ménage des pièces de la famille, elle a pu entendre bavarder et elle a demandé des explications   et puis, les nouvelles, ça la distrait et l'occupe.

La façon dont Lady C questionne Lizzy sur sa famille et donne son avis, tendent à me persuader qu'elle doit faire espionner et questionner toute sa domesticité, car les potins et Collins dit qu'elle s'informe de tout ce qui se passe chez les gens et qu'elle répend sa morale partout en incitant M. Collins à faire des sermons selon son goût, à mettre des étagères dans les placards.

D'ailleurs la première parole chez les Bennet c'est une critique sur le salon trop au sud et le "petit" jardin, alors pourquoi pas.   

Clinchamps a écrit:

Seulement sa remarque a mis la puce au poitrail (dixit "Fortune de France) à son mari et aussitôt la servilité de celui-ci s'est réveillée.

Il a vraiment l'air plein de puce cet homme ! belle image du pasteur pas trop propre   

Nat2a a écrit:

Non tu ne te trompes pas, le colonel et Giorgiana ont déjà entendu Darcy vanter les mérites de Lizzie et sont donc contents de la rencontrer et tous les 2 semblent l'apprécier de suite.

au départ, je pensais que la "fuite" pouvait venir de Charlotte parce qu'elle a bien vu qu'il se passait un truc! il y a juste les parents Bennet pour ne pas s'apercevoir que Darcy porte un intérêt assez particulier pour Elizabeth!!! Mais Charlotte, à elle, on ne l'a fait pas...    elle a vite soupçonné que Darcy s'intéressait de près à son amie et les visites de celui-ci à Hunsford et à Rosings Park lui ont confirmé ensuite ses "soupçons"! d'ailleurs quand elle s'interroge auprès de Lizzie sur les visites de Darcy, je pense qu'elle essaie d'en savoir un peu plus ou de mettre la puce à l'oreille!!!

Donc ma première réaction a été de dire que c'était Charlotte qui avait vendu la mèche,     mais en lisant ton post Nat2a, je me rappelle maintenant que Fitzwilliam a déjà entendu parler de Lizzie avant de la rencontrer, par Darcy lui -même!...Mais je doute que Darcy ait pu raconter à Fitzwilliam qu'il avait demandé en mariage Elizabeth et qu'il avait été éconduit!   je le vois mal se confier en fait, même si Fitzwilliam est au courant pour Wickham et Georgiana. L' a -t -il aidé concernant la fugue de Lydia et de Wickham? me souviens plus...Mais si c'est le cas, il a dû comprendre que Darcy a essayé de minimiser la "casse" concernant le déshonneur de Lydia, pour aider sa bien aimée Elizabeth.

Fee Clochette a écrit:

Charlotte est l'amie de Lizzy, croyez-vous qu'elle aurait révélé une information aussi personnelle à Lady Cathy tant qu'elle n'avait pas l'aval de sa chère amie ? une amie véritable ne colporte pas ce genre de nouvelle surtout qu'elle peut nuire à Lizzy ! la preuve, dès qu'elle sait, Lady C entre en transe

oui, on est méchantes de rendre Charlotte responsable! elle soupçonne des choses mais elle n'est pas sure! et puis, c'est son amie...
Par contre, je n'ai jamais pensé aux domestiques...  c'est bizarre, mais ils me sont assez invisibles quand je lis le livre! et pourtant, on les voit quand même dans les adaptations! c'est vrai qu'ils peuvent être au courant de plein de choses...mais ça voudrait dire que même si certains ont été témoins de la demande en mariage, ils l'auraient raconté à d'autres domestiques...  

Passionnant ce débat les filles   
Team Collins: 4 points
Team Domestics: 3 points
Team Darcy's Familly: 1 point      

    ça énerve de ne pas savoir !

Clinchamps avait écrit ceci... en novembre 2008 :

Clinchamps en 2008 a écrit:

Lady Catherine de Bourgh recevait. Entendez par là qu'elle octroyait la gracieuse aumône de sa présence à ceux de ses gens qu'elle en estimait dignes. Ce jour-là était celui du thé offert aux Collins. Elle trônait à son habitude, la paupière lourde et la lèvre dédaigneuse, interrompant de temps en temps le silence obséquieux de Mr Collins et passablement ennuyé de son épouse par quelque question languissante :
"Mrs Collins, auriez-vous des nouvelles de cette jeune fille, une parente, je crois, qui visita Rosings ce printemps ?"
Avant que Charlotte ait eu le temps d'ouvrir la bouche, son époux, avançant le buste dans une demi révérence, répondit :
"Vôtre Grâce veut sans doute parler de ma jeune parente, miss Elizabeth (j'allais écrie Darcy !! Very Happy  Very Happy) Bennett ! Nous avons seulement appris récemment le mariage de sa sœur la plus jeune ...
- La plus jeune ! interrompit sans ménagement lady Catherine, sans avoir été présentée ! Quelle drôle d'éducation reçoivent ces jeunes filles !
- Eh bien, justement, vôtre grâce, ce mariage est un peu ... particulier, ses circonstances, n'est-ce pas, n'ont pas été(et MrCollins se régalait manifestement de pouvoir mettre sa chère protectrice au courant d'un fait qu'elle semblait ignorer, en assouvissant en même temps la rancune qu'il gardait envers Elizabeth) n'ont pas été très ...
Son épouse se permit d'intervenir, car elle pensait avec chagrin à l'épreuve que son amie avait dû traverser :
"-Cher MrCollins, sa grâce ne sera pas intéressée par ces événements si loin au dessous d'elle, il n'est pas nécessaire de l'en importuner ! et elle fit mine de ne pas remarquer le regard noir que son cher et tendre mari lui jeta du coin de l'œil !
Malheureusement, sa grâce, comme tout un chacun, adorait les commérages, et sentant venir là quelque chose de bien croustillant, elle déclara vivement :
"- Chère Mrs Collins, vous vous trompez ! Je porte un grand intérêt à mes semblables et particulièrement à votre famille ! Donc, MrCollins, vous disiez, les circonstances ?
- Eh bien, il se dit que la jeune fille se serait enfuie avec un officier, lors d'un séjour à Brighton, et qu'il fallu l'intervention de sa famille de Londres pour amener le jeune couple au pied des autels, mais tout est bien, maintenant, tout est rentré dans l'ordre !
- Cette pauve miss Elizabeth ! Comment trouvera-t-elle un mari, sans fortune, et avec une telle tache dans sa famille !
Courageusement, Charlotte intervint :
"- Elizabeth a beaucoup de qualité de cœur et d'esprit, nul doute qu'un jour quelqu'un de bien la remarquera et l'aimera".
Et c'est alors que la gouvernant de la jeune ... de Bourgh, qui jamais ne se permettait d'ouvrir la bouche sans qu'on l'en prie expressément, déclara d'une voix douce( et je penche à croire que par là elle trouvait enfin le moyen d'effacer les années d'humiliation et d'ennui vécues dans cette demeure) :
" - Je tiens de ma cousine Margaret, elle même très amie avec la gouvernante de Georgiana Darcy, qu'il se murmurait dans les couloirs de Pemberley que miss Elizabeth Benett avait pris le cœur de MrDarcy, et qu'il y aurait eu une demande en mariage, mais rien ne paraît devoir confirmer cela, en tous cas officiellement !" et elle baissa modestement les yeux, croisant sagement les mains sur les genoux, attendant l'explosion.
Seul le silence dura. La gouvernant leva les yeux : inespéré ! Lady de Bourgh, rouge et les yeux hors de la tête, frôlait l'apoplexie, tandis que MrCollins, légèrement verdâtre, avalait péniblement sa salive avant de dire :
"- Cela ne peut être vrai vôtre grâce ! Ma cousine sait parfaitement que miss de Bourgh et Mr Darcy sont promis depuis l'enfance !"
Sans lui prêter la moindre attention, lady de Bourgh se dressa d'un coup, sonnant si vigoureusement que le cordon faillit lui rester dans la main, et jetant d'une voix entrecoupée au majordome accouru :
"Ma voiture !! Tout de suite !!

en novembre 2008, MissAcacia continuait, mais voilà, a-t-elle raison ?

Alors, que croyez-vous qu'il se passa lorsque Lady C. reçut certaine lettre en provenance de Hertfordshire...  

MissAcacia continuait ainsi en 2008 après Clinchamps a écrit:

Anne de Bourgh n'était pas intervenue lors de la conversation entre sa mère, Mr Collins et Mrs Jenkinson. Lorsqu'elle vit le tour pris par la conversation et la réaction de sa mère, elle se replia en elle-même, tant la crainte de ces réactions éruptives, qu'elle subissait depuis l'enfance, était ancrée en elle.
Mais le commentaire de Mrs Jenkinson ne quitta pas son esprit. Elle s'accorda, plus tard dans la soirée, le loisir d'y repenser à son aise, loin des éclats de voix de Lady Catherine qui lui parvenaient assourdis.
Quand on est contrainte à l'immobilité et à la passivité par une santé précaire mais que l'on a hérité de l'intelligence de son père, on développe l'esprit d'observation. Et Miss Anne de Bourgh avait eu tout le loisir d'observer ses cousins et ses voisins au printemps. Elle avait eu encore plus le temps d'y repenser depuis, pendant les longues heures qu'elle devait passer allongée sur un sofa ou une chaise longue. Ce que Mrs Jenkinson avait dit cet après-midi, elle l'avait deviné. Elle avait longuement observé son cousin Darcy, que sa mère s'obstinait à lui destiner, remarqué la tension de son corps en présence de la charmante cousine de Mr. Collins, vu ses regards furtifs, noté la légère coloration de ses joues lorsqu'elle parlait ou entrait dans la pièce où il se trouvait. Elle avait scruté ses allers et venues, décodé ses paroles, percé à jour ses difficultés à conserver son empire sur lui-même.
Et elle savait que ce penchant était sérieux, que le grand, l'inaccessible Darcy, dont elle-même avait cessé de rêver depuis bien longtemps, était pris. L'invincible forteresse était tombée.
Mais le plus drôle, songea-t-elle avec un faible sourire, c'était de penser que le vainqueur ignorait sa victoire. Malgré son oeil exercé, elle n'avait pu déceler la moindre trace d'intérêt chez Miss Bennet. C'était finalement la seule chose qui l'avait surprise dans la remarque de Mrs Jenkinson.

Y avait-il vraiment eu demande en mariage ?

L'air bouleversé de Fitzwilliam Darcy le jour de son départ pouvait le laisser croire. Et ceci expliquerait aussi l'air absent de Miss Elizabeth ce soir-là, si éloigné de sa vivacité habituelle. Sur le moment, elle avait attribué leur humeur au départ et à la perte d'une compagnie agréable (ou plus... pour son cousin du moins).
Elle n'avait rien entendu depuis, aucun bruit, aucune rumeur. et sa mère avait été tellement surprise. Si cette demande avait réellement existé, il n'y avait qu'une seule explication... Il avait été refusé !
Elle se prit de compassion pour lui. Certes, il ne lui avait jamais témoigné beaucoup d'intérêt, mais il l'avait toujours traitée avec douceur. Elle ne pouvait pas laisser sa mère, dans un tel état de furie, le blesser inutilement, alors qu'il devait déjà tellement souffrir.

Alors, ce soir-là, l'état de Miss Anne de Bourgh s'aggrava subitement.

La colère de Lady Catherine tomba d'un coup pour laisser placer à une anxiété fébrile. Elle tourna les sangs de Mrs Jenkinson et de toute la domesticité, Mrs Collins fut appelée en renfort pour veiller la malade et le médecin mandé sur le champ.
La voiture et le cocher, oubliés, furent remisés aux écuries.

MissAcacia a écrit:

Par une claire matinée d'automne, Anne de Bourgh était assise à sa fenêtre, regardant le tapis de feuilles dorées qui commençait à se former sur la pelouse d'un vert encore lumineux. Elle soupira. Ce joli tableau signifiait pour elle le début du long enfermement de l'hiver. Plus de phaéton jusqu'au retour du printemps.
Mais elle avait de quoi occuper ses longues heures vides. La fin de l'été avait été fertile en événements.
La rumeur qui avait si fort affolé sa mère, au point de motiver un départ précipité auquel elle avait dû s'opposer était revenue plus forte.
Miss Anne de Bourgh n'avait pu feindre une nouvelle rechute aussi proche de la première, et puis la rumeur s'était précisée.
Elle se rappela le jour où Mr Collins était arrivé, obséquieux et larmoyant en tenant la lettre de sa belle-mère qui annonçait, non sans une pointe de fiel, les fiançailles de Jane Bennet, la soeur aînée de Miss Elizabeth, avec Mr Bingley, l'ami intime de son cousin Darcy. Elle se demandait encore quelle mouche avait bien pu piquer cette brave Lady Lucas de mentionner la présence de son cousin à Meryton dans la même période et ses visites répétées à Longbourn.
Lady Catherine n'avait pas mis plus de deux minutes à faire le rapprochement. Anne de Bourgh sourit, à sa façon un peu triste, en revoyant la scène de la liquéfaction spontanée du pasteur, qui ne s'attendait certes pas à déclencher pareille ire.
A partir de là, tout s'était enchaîné très vite. Lady Catherine, métamorphosée en une véritable furie, était partie séance tenante. Pas le temps de mettre sur pied une mise en scène soignée pour la retenir.
Anne avait depuis appris par les bruits de l'office rapportés par Mrs Jenkinson que sa Grâce avait épuisé au moins trois attelages et dormi dans une auberge de seconde catégorie pour arriver plus vite. Elle avait osé aller à Longbourn ! Et, si l'on pouvait se fier à un récit de troisième main, le cocher l'avait décrite dans un état de fureur qu'il ne lui avait jamais vu. Elle avait du lui parler et dieu sait ce que Miss Elizabeth, avec son franc-parler avait bien pu lui dire... Et elle s'était arrêtée à Londres au retour, toujours d'après le cocher. Alors elle avait parlé à son cousin.
Anne de Bourgh se retourna sur son sofa pour trouver une position confortable. Sa mère ne lui avait rien dit bien sûr, elle ne lui disait jamais rien. Mais à sa mine terreuse et ses yeux injectés, à sa façon glaciale d'aboyer des ordres à son retour, elle avait bien deviné que sa démarche n'avait pas abouti. Quand elle avait su qu'elle était passée par Londres, qu'elle l'avait certainement vu, Anne de Bourgh s'était sentie soulagée d'un poids. Il avait refusé d'accéder à la demander de la grande Lady Catherine, pas d'autre explication possible. Elle se voyait délivrée de la menace de ce mariage avec son cousin. Non pas qu'elle n'eut pas rêvé de lui quand elle était jeune fille et qu'elle entendait sa mère en parler à sa tante, avant que sa santé délicate ne la trahisse... mais elle avait compris depuis qu'il ne l'aimait pas. Et, il faut bien l'avouer, elle était fatiguée jusqu'à la nausée d'entendre sa mère ressasser ce projet. Il avait fallu toute la gentillesse de Darcy pour qu'elle ne le haïsse pas. Il ne s'était jamais douté du harcèlement qu'elle avait enduré à cause de lui. Mais c'était fini ! fini !
Miss de Bourgh ferma les yeux en souriant. Cette aventure n'avait pas eu que des mauvais côtés. Il fallait reconnaître qu'il ne lui déplaisait pas de voir sa mère un tant soit peu déconfite, malgré le respect qu'elle avait pour elle. Et puis, elle s'était découvert une compagne autrement plus intéressante que Mrs Jenkinson en Charlotte Collins, qui était venue la veiller lors de sa "rechute". Cette pensée la réconforta.
Elle se laissait aller à une rêverie indistincte mais agréable lorsque un bruit inhabituel capta son attention.
Elle se redressa. Un brouhaha tumultueux parvenait jusqu'à elle.
Tout d'un coup la porte s'ouvrit à la volée. Une Mrs Jenkinson presque échevelée - entendez par là que deux mèches grises s'échappaient de son chignon serré, dont une sur le front - et essoufflée entra en coup de vent.

"Miss de Bourgh, vous sentez-vous bien ?" demanda-t-elle d'une voix entrecoupée.

Sur la réponse affirmative qu'elle reçut, elle poursuivit.

"Alors, il faut me suivre... descendre... votre mère... elle a fait un malaise"

Anne de Bourgh se leva, essayant de rassembler ses esprits. Sa mère, si forte, un malaise, ce ne pouvait être que grave. Elle se hâta de suivre sa dame de compagnie.

Lady Catherine, évanouie, était allongée dans la pièce richement meublée et parfaitement exposée où elle lisait habituellement son courrier. Elle avait les yeux clos, était pâle. Deux laquais avait transporté son imposante personne sur une méridienne. La gouvernante, affolée, tournait sans but visible autour de sa maîtresse.

"Je ne comprend pas Miss de Bourgh, tout était si normal même si l'humeur de sa Grâce n'était pas des meilleures. Elle lisait son courrier et tout d'un coup, le temps que je lui prépare une tasse de thé... elle s'est effondrée. Je ne comprends pas..."

Anne de Bourgh s'était approchée du bureau de sa mère. Une lettre à peine dépliée était posée sur la pile du courrier du jour.

Elle reconnut le sceau des Darcy et l'écriture fine et serrée de son cousin

"Ma tante,

Les nouvelles que je vous apporte n'ont pas la prétention de vous plaire. Je préfère toutefois vous apprendre directement que Miss Elizabeth Bennet a agréé ma demande en mariage il y a trois jours.

Nous nous marierons sous peu et je ne doute pas que vous vous souviendrez qu'elle est ma femme la prochaine fois que nous nous rencontrerons.

Transmettez mes respectueux hommages à ma cousine.
J'ai bien l'honneur de rester votre dévoué neveu,

F. Darcy"

Alors Miss Anne de Bourgh, se sentant légère comme une feuille dans la brise, éclata d'un rire argentin, sous le regard interloqué des domestiques de sa mère."

qui nous invente une autre histoire ?   

    Merci Fée: je vois que les romancières fleurissent à l'auberge   Que d'imagination !! Bravo clinchamps et Miss Acacia     !

Ah oui, on s'était bien amusées à écrire ça à plusieurs mains   Le but était d'imaginer ce qui se passait dans les coulisses d'O&P, tout ce que Jane Austen ne raconte pas: ce que fait Fitzwilliam Darcy entre Hunsford et Pemberley, comment Lady C a-t-elle eu vent du projet de fiançailles etc...
Fée Clochette, tu es vraiment allé fouiller dans les archives du 3ème sous-sol...

J'aime toujours bien l'hypothèse Mrs Jenkison's revenge de Clinchamps   

MissAcacia a écrit:

J'aime toujours bien l'hypothèse Mrs Jenkison's revenge de Clinchamps   

Ah ! j'avais complètement oublié cette hypothèse...   

Miss Acacia a écrit:

Ah oui, on s'était bien amusées à écrire ça à plusieurs mains lol! Le but était d'imaginer ce qui se passait dans les coulisses d'O&P, tout ce que Jane Austen ne raconte pas: ce que fait Fitzwilliam Darcy entre Hunsford et Pemberley, comment Lady C a-t-elle eu vent du projet de fiançailles etc...Fée Clochette, tu es vraiment allé fouiller dans les archives du 3ème sous-sol...  

  mais je fais partie des plus anciennes sur le forum et je ne savais pas que plein d'hypothèses avaient été aussi brillamment énoncées!!    bravo, c'est génial!!!    

 Marie n'avait pas suivi les délires de MissAcacia, Clinchamps, Kibiko et Fée Clochette      Nous avions écrit sur Darcy et sur Wentworth   
c'est dans Vos écrits.... une centaine de pages chaque fois


https://the-inn-at-lambton.1fr1.net/t1891-jeu-le-cadavre-exquis-de-mr-darcy,
et
https://the-inn-at-lambton.1fr1.net/t2023-jeu-le-cadavre-exquis-du-capitaine-wentworth

au troisième sous-sol  

ohhhh des écrits sur Wentworth!!! j'adore!!! je m'en vais lire!! (je reverrai bien Persuasion, tiens...) merci ma Fee pour les liens!

bravo à vous!!!    

  nous nous étions bien amusées, vrai de vrai,  

Justement, je me disais que ce serait pas mal de resortir ces cadavres exquis à l'occasion du challenge !!    je vois que les grands esprits se rencontrent !!   

j'y ai pensé à cause de la question de MissAcacia    

D'ailleurs Lady C. l'apprend par Mrs Jenkinson par les lettres de sa soeur... etc. donc pas tout à fait les domestiques (quoique les gouvernantes et dames de compagnies n'étaient pas toujours bien considérées par la famille qui les employait)   

et je trouve que c'est mieux écrit que toutes les sequels ou variations anglaises connues

Fée clochette a écrit:

et je trouve que c'est mieux écrit que toutes les sequels ou variations anglaises connues

ABSOLUMENT !!! le style est très proche, et c'est très plausible au niveau de l'intrigue  
Chapeau bas, mesdames     

 merci jeunes dames    

J'aimerais beaucoup refaire un truc dans le même genre ...