Partie 4 (du chapitre 36 à la fin)

Etant donné que j'ai terminé la dernière partie de cette lecture de groupe, serendepity m'a donné le feu vert pour l'ouverture du topic

Cette dernière partie se lit assez rapidement et s'enchaîne très bien.
Les retrouvailles entre Franck et Mary sont très touchantes et montrent bien l'amour qu'ils éprouvent l'un pour l'autre (chose que je ne ressentais pas particulièrement au début du livre) et cela nous amène la confrontation entre Mary et Lady Arabella. Cette discussion m'a beaucoup fait penser à celle qu'ont Elizabeth et Catherine de Bourgh.
Mary est tout de même une jeune femme réfléchie et on sent qu'elle pense au bonheur matériel de l'homme qu'elle aime. La lettre qu'elle lui écrit montre qu'elle est prête à se sacrifier pour Franck. On notera au passage l'ironie de Trollope lorsqu'il décrit la rédaction de la lettre.

Dans cette partie, Louis meurt ce qui va régler tous les problèmes de nos amoureux (comme c'est commode dites donc ! et surtout, on ne s'y attendait pas !).

J'ai eu beaucoup de mépris envers Lady Amelia qui a gâché le bonheur d'Augusta... Cette dernière termine légèrement aigrie d'ailleurs, et ça se comprend !
On entraperçoit le Duc d'Ominium mais ça ne justifie pas vraiment l'existence de ce personnage (à moins que j'ai loupé quelque chose dans la lecture) et on entend plus parler de Mr Moffat.

Nous voici enfin au happy end avec le squire qui accepte l'union, le Docteur qui fait LA révélation au sujet de l'héritière de Sir Roger, Mary qui devient la demoiselle d'honneur de Béatrice, la réconciliation entre Mary et Lady Arabella, Miss Dunstable et Mary qui s'entendent à merveille (c'était à prévoir !). Et n'oublions pas la fin des problèmes financiers !

En conclusion, pour ma première immersion dans l'oeuvre de Trollope, je suis contente de ma lecture. J'ai beaucoup aimé la palette des personnages qui ne se ressemblent pas, chacun ayant son caractère. Même s'il est parfois descriptif, Trollope a une jolie plume et dépeint parfaitement les tenants et les aboutissants du mariage à cette époque.
Mais, cela aurait été plus intéressant si Trollope n'avait pas pris le parti de nous raconter toute l'histoire de Mary dès les premières pages. Si nous avions appris pour l'héritage en même temps que Franck et le squire, cela nous aurait laissé l'effet de surprise et on se serait inquiété de l'avenir des deux tourtereaux. Là, pas de suspens. On voit venir la mort de Louis et donc la possibilité pour Franck et Mary de se marier sans aucune contrainte.
Petite critique aussi au niveau des chapitres inutiles (à mon sens) concernant la politique ou le Duc d'Ominium.

On va dire que mon plaisir de lecture est de 4/5 (à cause des longueurs et du manque d'effet de surprise) et dans quelques temps, je serai contente de poursuivre ma découverte de Trollope avec Miss MacKenzie

Merci à serendepity pour cette lecture de groupe

Merci pour l'ouverture du topic angé

Je n'ai pas lu l'intégralité de ton message car je n'ai pas encore terminé le roman, mais je voulais passer à chaud pour parler du chapitre 38 ("Le principes des Courcy : théorie et pratique") que je viens de lire une tasse de thé à la main et qui m'a enchantée (ce roman est décidément bien inégal ).

Ce chapitre, organisé autour de la correspondance entre Augusta et Lady Amalia est un pur délice comparable à Jane Austen (décidément, comparaison n'est pas raison je compare beaucoup ces temps-ci ).

Bref, je compatis encore plus pour cette pauvre Augusta et je crains que Trollope ne lui réserve un châtiment pour son snobisme en la condamnant à rester seule (attention, je ne dis pas que le célibat est une punition, comprenons nous bien, une femme comme Miss Dunstable me semble indépendante et donc totalement heureuse dans le célibat mais cela ne semble pas être le cas pour cette pauvre Augusta, qui se révèle prête à aimer )

Le mode de narration de Trollope est cependant assez surprenant. On fait un saut dans le temps de 4 ans avec ce chapitre et j'avoue que je pourrai presque en rester là... revenir à l'évolution de l'histoire entre Franck et Mary, 4 ans plus tôt dans le chapitre 39 ne m'emballe guère. On peut dire que Trollope s'y entend pour accélérer le rythme de son récit et tenir son lecteur en haleine, puis casser le rythme et obliger le lecteur à patienter

Ouais, ben j'ai versé ma larme sur Augusta, quand même. La chute de l'histoire ne m'a pas surprise plus que ça, mais au final monsieur l'avoué était-il vraiment épris d'elle? Apparemment il a atteint son objectif avec son mariage dans la haute société, quelle que soit l'élue.

C'est vrai que c'est étonnant cette façon de désamorcer dès le départ le mystère des origines de Marie, mais d'un autre côté le livre se tient bien aussi comme ça. Peut-être Trollope veut-il que son lecteur soit plus dans l'étude psychologique des personnages dans un contexte clairement expliqué, comme un scientifique, ou tout simplement que rien ne nous échappe du point de vue du Dr Thorne, tout de même son héros.

Je viens de terminer le roman et je passe livrer quelques commentaires à chaud

Une lecture agréable, mais ce roman ne sera pas un coup de coeur pour moi. A ce jour mon Trollope préféré reste largement "Miss Mackenzie" (j'espère que tu prendras autant de plaisir sur ce roman Angé )

angé a écrit:

Les retrouvailles entre Franck et Mary sont très touchantes et montrent bien l'amour qu'ils éprouvent l'un pour l'autre.

J'ai été moyennement convaincue finalement. S'il n'y avait pas eu l'intervention de Miss Dunstable, qui de nouveau tient son rôle de coach amoureux, Trollope suggère quand même que la résolution de Franck chancelait un peu, non ?

angé a écrit:

Petite critique aussi au niveau des chapitres inutiles (à mon sens) concernant la politique ou le Duc d'Ominium

J'ai apprécié au contraire les chapitres sur la vie politique de l'époque (même s'ils auraient pu être plus palpitants, je le concède). Quant à l'utilité du chapitre consacré au Duc, je rejoins l'analyse qu'en fait MissAcacia dans le topic consacré à la partie 2.
Ironiquement, en fin de roman, le duc trouve de l'intérêt à Franck, le même Franck qu'il ne se donnait même pas la peine de saluer tant qu'il n'était qu'un héritier fauché... il consent alors à assister à son mariage dès lors qu'il épouse une fortune

Bon, la fin est convenue, comme le disait Selenh, Trollope nous a donné les clefs très tôt pour que l'on s'attache plus à la psychologie de ses personnages qu'à un pseudo suspense. Chacun trouve sa chacune sauf les plus snobs, ça va de soi

Selenh a écrit:

La chute de l'histoire ne m'a pas surprise plus que ça, mais au final monsieur l'avoué était-il vraiment épris d'elle? Apparemment il a atteint son objectif avec son mariage dans la haute société, quelle que soit l'élue.

J'aurais tendance à penser que l'avoué était quand même épris (peut-être pas follement mais bon, au 19è siècle, la raison primait sur les sentiments, non ?). Trollope nous dit qu'il n'épousera la cousine que 4 ans plus tard, c'est pour moi un indice (et je ne suis pas sûre qu'il aura en fin de compte été plus heureux avec la radine Amalia )

J'attends avec intérêt les avis des lectrices engagées dans cette lecture de groupe (même les brebis égarées qui se sont perdues en route )

serendipity a écrit:

angé a écrit:

Les retrouvailles entre Franck et Mary sont très touchantes et montrent bien l'amour qu'ils éprouvent l'un pour l'autre.

J'ai été moyennement convaincue finalement. S'il n'y avait pas eu l'intervention de Miss Dunstable, qui de nouveau tient son rôle de coach amoureux, Trollope suggère quand même que la résolution de Franck chancelait un peu, non ?

Je ne veux pas défendre Franck mais il se passe du temps entre la première demande et les fiançailles, temps durant lequel Franck a été tenu éloigné de Greshambury. De nos jours, une relation longue distance est difficile malgré les sms, skype et autres mails alors à cette époque c'était encore plus compliqué... surtout qu'ils n'avaient pas le droit de s'écrire. En revanche, si Mary ne lui avait donné quelques espoirs et si Miss Dunstable ne l'avait pas encouragé, il aurait finit par céder aux exigences de sa mère et de sa tante.

Selenh a écrit:

C'est vrai que c'est étonnant cette façon de désamorcer dès le départ le mystère des origines de Marie, mais d'un autre côté le livre se tient bien aussi comme ça. Peut-être Trollope veut-il que son lecteur soit plus dans l'étude psychologique des personnages dans un contexte clairement expliqué, comme un scientifique, ou tout simplement que rien ne nous échappe du point de vue du Dr Thorne, tout de même son héros.

Trollope aura donc prit le parti que le lecteur sait tout au moment où Thorne apprend les faits. Pourquoi pas ! Mais personnellement, je préfère les livres où il y a un twist qui surprend le lecteur.

J'ai eu un passage un peu plus inspiré, mais là, j'arrive au chapitre 43, et là j'avoue que je n'en peux plus  
Mais quand ce livre va  t il finir? Quand est ce que Louis va casser sa pipe et libérer l’héritage, que l'on puisse les marier ces deux là , parce que là je sature.  

Il faudrait compter le nombre de rencontres et dicussions, depuis le début du livre: 
Lady Arrabella/ Docteur
Lady Arrabella/ Mary
Squire/ Docteur
Squire/ Mary
Squire/ son fils....

sur le m^me thème à savoir: "ce mariage n'est pas possible, et il faut changer d'idée"
moi, je vous le dit, ce non/mariage commence à me rendre dingue   il va falloir qu'il débloque vite la situation, Trollope, parce que je sens que je perds sérieusement patience. 

vous n'avez pas trouvé que le chapitre 42 avait un gout de dejà vu, quand Lady Arabella vient voir Mary pour dire justement que le mariage n’était pas possible, question de rang et gnangnan....   on se serait cru dans P&P, dansla confrontation Lady Catherine / Lyzzie, de fin de livre.
Sauf que dans P&P, c'est un chapitre, et là, c'est tout le livre

Courage zoju, la fin approche

(on compte sur toi pour la lecture de groupe "L"héritage Belton" hein Si c'est ton premier Trollope, j'en suis vraiment désolée pour toi car au risque de me répéter, je m'étais vraiment régalée avec "Miss Mackenzie"

Moralité, je ne conseillerai pas ce "Docteur Thorne" à quelqu'un qui voudrait s'initier à Trollope ...

Petit hors-sujet :

Spoiler:

Pour prolonger cette lecture de groupe, on pourrait ouvrir un 5è topic où nous imaginerions (de manière très synthétique ) ce qui va se passer après

Je vous annonce officiellement que ce livre est mon deuxième et dernier Trollope,:
- car oui, j'ai lu Miss Mackenzie, que j'avais bien aimé, mais sans plus, mais en tout cas lu plus facilement que celui çi.
- et non , je ne repars pas sur un 3eme , même en lecture de groupe, même si j’apprécie beaucoup votre compagnie à toutes, et que ces échanges sont très réjouissants; et heureusement qu'ils sont là

mais ce livre m'a fâché définitivement avec Trollope 

très bonne idée, Serendipity, pour la 5eme partie, on va pouvoir se lacher 

Pour ma part, cette dernière partie m'a plu, mais sans plus. Aucune surprise ne vient vraiment étayer l'histoire : Sir Louis finit par mourir, Mary hérite de tout et peut épouser Frank, sauvant ainsi ses parents de la ruine. Donc au final, rien de vraiment remarquable, sinon le chapitre épistolaire sur les amours d'Augusta, dans lequel Lady Amelia montre toute sa mesquinerie, qui donne vraiment un sursaut à l'histoire. Pauvre Augusta

Pour Franck, sa volonté fléchit effectivement et comme Angé, je pense que çà vient de l'éloignement, de la durée de l'idylle (plusieurs années ), mais aussi de l'insistance (non, je ne dirai pas harcèlement) de ses parents.

Finalement, le livre m'a bien plu, malgré quelques longueurs et une fin sans surprise.

@zoju, reste avec nous

Je suis arrivée au bout, avec le sentiment du devoir accompli

Dès que je prenais vraiment goût à ma lecture, et c'est arrivé à plusieurs reprises, heureusement le récit recommençait à tourner en rond, voire à retourner en arrière

Donc au final un sentiment assez mitigé

J'ai beaucoup apprécié l'ironie de l'auteur, ses interventions pour expliquer ses choix d'écriture  Le chapitre 38 avec les lettres de Miss Gresham et de lady Amelia est un régal

Et décidément ces De Courcy sont aussi odieuses qu'hypocrites  

Mais je n'ai pas trop compris l'intérêt de ces bonds en avant et retours en arrière, et j'ai ressenti une certaine lassitude, et la hâte que tout soit terminé. C'est tout à fait immoral, mais on en arrive à s'impatienter parce que Sir Louis ne trépasse pas assez vite

Je n'ai pas réussi à me faire une opinion précise de ce cher Franck. Il ne me paraissait pas très amoureux, et finalement il l'est. Je le pensais influençable, il l'est sans doute un peu, et c'est normal, un personnage d'un seul bloc ne serait pas intéressant. Heureusement il se laisse influencer de façon positive par Miss Dunstable, et reste ferme face aux manigances de sa mère.

A propos de Miss Dunstable, j'aurais aimé en savoir plus, et elle aurait mérité un roman pour elle toute seule  

En conclusion, je suis tout de même satisfaite d'avoir lu ce roman, et je te remercie Serendipity pour l'organisation de la lecture de groupe, sans laquelle je n'aurais pas tenu jusqu'au bout  

Rosalind a écrit:

Dès que je prenais vraiment goût à ma lecture, et c'est arrivé à plusieurs reprises, heureusement le récit recommençait à tourner en rond, voire à retourner en arrière

Rosalind a écrit:

Mais je n'ai pas trop compris l'intérêt de ces bonds en avant et retours en arrière, et j'ai ressenti une certaine lassitude, et la hâte que tout soit terminé. C'est tout à fait immoral, mais on en arrive à s'impatienter parce que Sir Louis ne trépasse pas assez vite  

Rosalind a écrit:

A propos de Miss Dunstable, j'aurais aimé en savoir plus, et elle aurait mérité un roman pour elle toute seule  

Je suis tout à fait d'accord avec toi Rosalind sur tous ces points  

Rosalind a écrit:

En conclusion, je suis tout de même satisfaite d'avoir lu ce roman, et je te remercie Serendipity pour l'organisation de la lecture de groupe, sans laquelle je n'aurais pas tenu jusqu'au bout  

Avec plaisir et merci pour ta participation car en ce qui me concerne, j'aurais également eu du mal à aller jusqu'au bout sans vous toutes  

zoju a écrit:

très bonne idée, Serendipity, pour la 5eme partie, on va pouvoir se lacher

C'est ouvert je vous y attends pour prolonger la lecture (et donner un destin à Miss Dunstable notamment ).

Plus j'y réfléchis, plus ce roman m'énerve.
Je pense qu'il aurait été intéressant si ces deux jeunes s'étaient battu pour s'échapper de ce carcan imposé par l'entourage, et avaient trouvé leur propre voie , pour vivre ensemble. Le pire c'est que Franck suggère des solutions: devenir avoué , partir pour l'Australie, que sais je...mais chez lui , ça reste à l'état de suggestion, jamais il ne se donne les moyens.
Et au final, ils peuvent construire leur bonheur sur les cendres d'un jeune gars qui n'a pas 25 ans, décédé de maladie alcoolique.
Il n'y a pas de quoi être fier
Et ça ne les rends pas admirables

zoju a écrit:

Et au final, ils peuvent construire leur bonheur sur les cendres d'un jeune gars qui n'a pas 25 ans, décédé de maladie alcoolique.
Il n'y a pas de quoi être fier  
Et ça ne les rends pas admirables  

C'est sûr que ce n'est pas très glorieux. Cela explique aussi les tourments de conscience  du docteur Thorne. Mais je n'irai pas jusqu'à pleurer Sir Louis

Et je pense que si celui-ci avait survécu, Franck aurait mis un de ses projets en application, il pouvait très bien devenir avoué puisqu'il a passé son diplôme.
Quant à partir en Australie cela aurait été plus difficile, ils auraient dû rompre les attaches familiales. Quoique s'éloigner des Courcy n'aurait pu être que bénéfique pour leur couple  

Oh, je ne pleure pas sur louis, car Trollope a sciemment rendu ce personnage odieux, pour que l'on accepte mieux de nous en débarrasser.
Il n'empêche que c'est quand même un jeune homme de - de 25 ans qui décède, ce n'est pas un vieillard. C'est le décès qui arrive à point nommé, et qui fait qu'ils n'ont pas besoin de se prendre en main et trouver des solutions par eux même.
On fait mieux comme héros de roman

J'avoue avoir eu un faible pour Miss Dunstable qui m'a davantage intéressée que Mary, j'aurais vraiment aimé que Trollope la développe davantage!
Ce n'est pas le meilleur Trollope, c'est vrai, mais il y a des perles:
- le dîner chez le squire, (un régal)
- l'échange de lettres entre Augusta et son odieuse cousine, (very perfect!)
- Mary qui s'affirme tout le long du livre,
- le docteur tourmenté avec cette histoire de testament (je me suis demandé s'il allait empoisonner ce brave Sir Roger   )

EDIT:

Ah, quelle bonne idée, une partie 5! j'y cours, j'y vole!
Et oui, notre jeune Frank ne change pas tellement, à mon sens. Trollope prétend qu'il a mûri, mais pas tant que ça. Pour moi, il n'est pas le personnage le plus intéressant du tout.

serendipity a écrit:

Moralité, je ne conseillerai pas ce "Docteur Thorne" à quelqu'un qui voudrait s'initier à Trollope ...

Je suis sûre que l'autre roman est mieux -c'est mon côté extralucide qui me le suggère    

Ben ma Sep bien-aimée, je suis triste de te contredire, mais à mon avis        ! Je comprends bien les réticences de celles qui n'ont pas aimé, (même si je ne les partage pas, sans doute parce qu'on m'a fait découvrir et intéressée au Nouveau Roman dans mes études) et je ne crains pas de dire STOP, si Le docteur Thorne (le meilleur de ceux que j'ai lus, peut-être à presque égalité avec Œil pour œil), les gonfle, qu'est-ce que ça va être avec l'autre (mêmes « défauts » mais personnages bien plus ternes)!

Bon, c'est vrai que j'ai été un peu déconcertée (mais pas dégoutée : j'attendais juste, sans ennui, qu'il se passe autre chose que ce qui était annoncé dès le départ) à mon premier Trollope, Le cousin Henry, qui montre un type coincé comme une souris dans sa mesquinerie à ne pas dire une chose, mais se refusant à agir concrètement à son avantage, pour ne pas devenir carrément le « méchant » de l'histoire, pendant X pages (j'aimerais lire le pétage de plomb que tu nous ferais, Zoju, ce serait savoureux! ). Une fois compris le « jeu » de l'écrivain je l'ai finalement trouvé sympa, et la comédie de caractères très juste. Je crois qu'à son époque on devait en ressentir bien plus encore la pertinence et le mordant.

Donc, chez Trollope, je continue à me plaire, mon horizon d'attente n'étant pas l'exemplarité de l'amour ni les péripéties (que j'adore par ailleurs jusqu'à être fan de « romances »). Il ne s'agit visiblement pas dans l'écriture trollopienne de respecter le « pacte romanesque » mais de montrer des psychologies en fonctionnement dans un cadre social qui ne favorise pas leur épanouissement, le tout restant au niveau du divertissement, léger, fuyant la tragédie, le surréalisme et la grandeur à la Dickens. L'art du non-rebondissement taquin me semble désormais une des « signatures » de dear Anthony, ça me fait marrer, mais je conçois parfaitement que ça énerve !  

   FINI

J'ai ENFIN fini le livre;et mon pétage de plomb se poursuit, bien que je me sois un peu calmée quand même depuis que j'ai fermé le bouquin .
Mon principal reproche à ce livre c'est sa looonnnngueeeeuuuur, sa répétition continuelle des mêmes thèmes.

Je n'irais même pas jusqu' à lui reprocher , comme tu dis, selenh, qu'il ne se passe pas un peu autre chose que ce qui est annoncé des le départ. Bien que.... Attendre tout le long du livre que ce jeune homme de 25 ans meurt, je trouve ça très moyen

ce que je lui reproche , c'est la repetition permanente des chapitres sur le même theme: ce mariage n'est pas possible!
- on a bien compris!!
-oui, mais je vous le re re re répète encore x fois, ce mariage n'est pas possible


Tout ça pour arriver au dernier chapitre, et qu'il se passe exactement  ce que l'on sait depuis le début du livre

J'ai trouvé l'ensemble assez ennuyeux au possible et je suis très , tres contente, de l'avoir fini

Selenh a écrit:

Ben ma Sep bien-aimée, je suis triste de te contredire, mais à mon avis        ! Je comprends bien les réticences de celles qui n'ont pas aimé, (même si je ne les partage pas, sans doute parce qu'on m'a fait découvrir et intéressée au Nouveau Roman dans mes études) et je ne crains pas de dire STOP, si Le docteur Thorne (le meilleur de ceux que j'ai lus, peut-être à presque égalité avec Œil pour œil), les gonfle, qu'est-ce que ça va être avec l'autre (mêmes « défauts » mais personnages bien plus ternes)!

J'adore lire des opinions divergentes Selenh, surtout quand cela est fait avec des arguments et que je me dis que je suis peut-être passée à côté de quelque chose (mais là ce n'était pas le cas   )

Attention, je ne dis pas que je n'ai pas aimé, mais c'est mon 4ème Trollope à ce jour et c'est celui que j'ai le moins aimé pour l'instant (et j'ai bon espoir pour les 2 autres qui sont dans ma PAL : "L'héritage Belton" et "Quelle époque"  ).

Selenh a écrit:

Donc, chez Trollope, je continue à me plaire, mon horizon d'attente n'étant pas l'exemplarité de l'amour ni les péripéties (que j'adore par ailleurs jusqu'à être fan de « romances »). Il ne s'agit visiblement pas dans l'écriture trollopienne de respecter le « pacte romanesque » mais de montrer des psychologies en fonctionnement dans un cadre social qui ne favorise pas leur épanouissement, le tout restant au niveau du divertissement, léger, fuyant la tragédie, le surréalisme et la grandeur à la Dickens. L'art du non-rebondissement taquin me semble désormais une des « signatures » de dear Anthony, ça me fait marrer, mais je conçois parfaitement que ça énerve !  

Sur ce point, nous nous retrouvons, c'est précisément la raison pour laquelle j'avais tant aimé "Miss Mackenzie"

En tout cas, ton enthousiasme pour Trollope fait plaisir et tes commentaires sur cette lecture donnent un tout autre ressenti, c'est ce que j'aime dans une lecture de groupe

Zoju, je sens qu'un séjour en Scandinavie te ferait du bien

serendipity : je me suis initiée à Trollope avec Le Docteur Thorne et je l'ai bien vécu
Le problème du livre c'est qu'il est lent et répétitif. Cela pourrait passer si on ne connaissait pas l'issue du roman dès les premières pages. Je compte lire Miss MacKenzie et j'espère que ça ne sera pas la même chose.

Rosalind : Pour Franck, je suis d'accord avec toi. A termes, si Louis n'était pas mort, il aurait tenté une autre carrière. Seulement, je pense que malgré ça le mariage n'aurait pas eu lieu parce que Mary n'aurait pas voulu lui imposer un mariage en dessous de sa condition.
En revanche, je me demande ce qu'il se serait passé si Miss Dunstable lui avait plu physiquement et qu'elle-même n'était pas insensible à son charme ? Aurait-il cédé à sa tante ou se serait-il battu pour pouvoir épouser Mary envers et contre tout ?

C'est une bonne question.

Je pense que la pauvre Mary n'aurait pas fait le poids, surtout qu'elle se serait effacée d'elle-même.

C'est curieux comme on a toutes envie de trouver d'autres fins au roman

Mais je pense que c'est l'un des points forts de ce roman, justement. L'auteur nous livre le happy end convenu, à deux doigts de ne pas se réaliser (moi, j'ai vécu la fin de Sir Louis et les débats juridiques qu'on nous a épargnés* - dans le cas contraire, Zoju, je pense que ton exemplaire aurait volé à travers la pièce - comme une espèce de course contre la montre entre la résolution de Frank, assez vacillante vu la pression qu'on lui a mise, et l'annonce fracassante de la fortune de Mary). Et donc, nous restons là avec nos "oui, mais..." et nos "et si... à imaginer ce qui aurait pu se passer si l'un ou l'autre des éléments de l'histoire n'avait pas tenu son rôle.
Et si Franck n'avait pas tenu bon ? Et si Mary avait pris la fuite, comme le docteur le lui a suggéré ? Et si Miss Dunstable avait poussé dans un autre sens et voulu garder Franck pour elle ?
Mary aurait-elle gardé Franck si celui-ci avait cédé à la pression et ne serait revenu la voir qu'après avoir su qu'elle héritait ? Sa fierté aurait-elle supporté le soupçon d'intéressement qui n'aurait pas manqué de naître ?

En tous les cas, j'ai bien aimé que ce happy end convenu soit l'occasion de nous montrer toute l'hypocrisie dont sont capables les grands noms bien nés face à l'argent, fut-il d'origine humble ou douteuse. C'est la culbute du XIXème siècle et de la révolution industrielle, les fortunes terriennes s'amenuisent et les fortunes industrielles s'affirment. Les premiers acceptent alors très bien, en prenant un air dégoûté, de voir leurs domaines renfloués par les deuxièmes. Depuis Lady Arabella, forcée de faire une belle volte-face face à Mary, jusqu'au Duc d'Ommium (j'avais hésité à le juger hypocrite lors de notre première rencontre, mais là c'est confirmé) et à Miss Monica Thorne de Ullathorne en passant par toute la brochette des Lady Margaretta, Selina, Alexandra, Amelia (jusqu'à la petite maison dans le Sussex ) et les Honorable, l'auteur se régale à nous faire partager la parade des flagorneurs.
Et Mary se paye de luxe de pardonner à Lady Arabella.

J'ai presque regretté qu'on n'ait pas eu la description de la robe de mariée   .

Pour Miss Dunstable, effectivement on aurait aimé la voir plus, mais elle n'avait pas d'avenir dans le microcosme Greshambury / Courcy. Le seul jeune homme à peu près honnête étant déjà épris. Je pense qu'elle ne plaisante pas quand elle dit à Mary qu'elle a toujours eu un faible pour lui. Peut être Harry Baker ?

Quant à spéculer sur la mort de Sir Louis, seul le Dr Thorne (et nous) est concerné, puisqu'il est le seul à savoir (avec nous). On ne peut s'empêcher de penser que Sir Roger porte la lourde responsabilité d'avoir donné le mauvais exemple et d'avoir eu la mauvaise idée d'essayer de donner à son fils une éducation de gentleman alors qu'il n'était pas armé pour survivre sans dommages dans la jungle d'Eton (survivre dans un collège anglais quand on n'a pas la bonne naissance à cette époque, et pas trop le caractère trempé, ça devait être quelque chose de salé). Il aurait mieux fait de le garder avec lui, lui apprendre le métier et laisser la génération suivante se débrouiller avec les prétentions de classe.
Et, quand on a vu le docteur lutter contre la tentation d'attendre et de désirer la mort de ce pauvre Louis, on peut se demander ce que l'on aurait fait à sa place. Surtout en étant médecin, avec l'obligation de soigner et beaucoup de facilités à ne pas le faire... voire à hâter le destin.

Au final, je reste de la Selenh team, j'ai pris plaisir à lire ce roman avec ses tours et ses détours, ses digressions et son ironie. Le seul bémol pour moi sont les exhortations de l'auteur à ses personnages dans la première partie du roman (quand ils ne font pas ce qu'il veut ou ce qu'ils prennent la mauvaise décision). La moitié m'aurait suffi.
J'espère que pour l'héritage Belton, on va encore faire un petit voyage dans les tréfonds de l'âme humaine.

* même si le passage de Franck chez Mrs Slow et Bideawhile est assez savoureux. Le pauvre, il n'a pas réussi à en placer une et s'est fait totalement endormir   .

La brebis égaré est arrivée sans dommages au terme de cette lecture  

C'était donc ma première rencontre avec Trollope, et après quelques chapitres nécessaires à une bonne synchronisation, j'ai apprécié ma lecture.

Il est évident, comme l'ont noté Angé et Zoju, que l'art du suspense n'est pas la préoccupation de Trollope ; il adore se spoiler, voire s'arrêter au milieu d'une scène comique (ex : le chapitre 12 avec la rencontre des Dr Fillgrave et Thorne dans le hall des Scatcherd, où on s'arrête pile au moment où le dialogue entre les deux devenait pétillant), bref il maîtrise l'art du coïtus interruptus littéraire, si je peux me permettre.

Son propos est plus une démonstration décalée et ironique de la vaste hypocrisie de la plupart des gens face à l'argent, et à la puissance que donne l'argent, et aux faux-semblants des snobs et autres personnes "bien-nées". MissAcacia a exposé brillamment le contexte historique, et je ne peux qu'appuyer sa démonstration.
Trollope nous raconte une histoire assez convenue, fait des digressions pas toujours passionnantes , et son atout principal reste l'humour sous toutes ses formes : par les noms ridicules donnés aux personnages (mon préféré reste M. Rickety Giggs ), par les situations, par les dialogues, et les lettres échangées. 
Je ne connais pas son visage mais je le vois comme une vieille femme aux yeux pétillants de malice et de bonté, racontant des histoires au coin du feu ...  

Prochaine étape pour moi : Miss Mackenzie ; et après je pense que j'en resterai là.

Contente de voir que tu as passé un bon moment avec cette lecture Petit Faucon (et puis tu n'es pas une brebis égarée puisque tu as lu le livre et qu'en plus, tu le finis en février, alors

Petit Faucon a écrit:

il maîtrise l'art du coïtus interruptus littéraire, si je peux me permettre.

c'est très victorien comme technique

Petit Faucon a écrit:

Prochaine étape pour moi : Miss Mackenzie ; et après je pense que j'en resterai là.

Je suis ravie de voir que certaines membres vont avoir le plaisir de découvrir de roman qui est une petite merveille

J'espère que je serai contente Serendipity ! Je l'ai demandé comme cadeau d'anniversaire, et il est dans mon sac depuis hier

Il y a aussi Peut-on lui pardonner? qui m'avait beaucoup plu Tu l'as lu Serendipity?