Far from the Madding Crowd - 3ème partie - Du chapitre 30 au chapitre 43

J'ouvre donc les festivités pour cette troisième semaine de lecture

Cette fois, on va jusqu'au chapitre 43

J'avoue être en retard dans ma lecture, mais je vais vous rattraper

A vous

Je viens de terminer cette partie, merci de l'ouverture du topic, Ludi.

L'histoire entre dans sa partie centrale, Bathsheba se marie, et le mariage se fait en creux, en pointillé, car nous lecteurs, comme les villageois de Weatherbury, n'y assistons pas. Nous en sommes les spectateurs de seconde main, et nous sommes mis devant le fait accompli.

Le fermier Boldwood est en état de choc, au point qu'il oublie de rentrer la moisson. Hardy a un sens délicat de l'understatement, je trouve, il dit plusieurs fois à son sujet des choses comme "les grandes douleurs sont muettes", et il dit aussi que Gabriel ne se sent pas autorisé à laisser libre cours à sa tristesse lorsqu'il voit l'étendue du choc que la nouvelle a causé à Boldwood.

Gabriel, fidèlement, est loyal à Bathsheba, et la scène de l'orage nocturne est ma préférée du livre, pour l'instant ; les images des éclairs qui dessinent le paysage comme du papier découpé, l'arrivée de Bathsheba qui constate l'impéritie de son mari sans en tirer les conséquences, mais en cherchant un appui moral auprès de Gabriel, c'est un tableau saisissant.

Enfin cette pauvre Bathsheba passe du printemps à l'automne, dans le temps mais aussi métaphoriquement avec son amour qui s'est consumé, et les mots très durs que lui dit son mari "you know what marriage would be, don't be childish" (vraiment affligeante cette réplique).

Je continue ma lecture avec la dernière partie, et je suis impatiente de connaître la fin ...
Il me tarde de connaître en particulier les circonstances qui ont conduit Fanny à son destin.



Et je voulais dire aussi à Ludi que son découpage est très bon, je ne me souviens pas si je l'ai déjà dit.

J'ai bien avancé, je suis dans cette 3ème partie (je crois) au moment où Troy s'est absenté pour jouer aux courses, enfin il a pris les 20 livres qui étaient prévus pour les besoins de la maisonnée.

Je dois dire que j'ai un peu de mal à m'attacher aux personnages. Peut-être est-ce dû au style de l'écrivain. Le roman se lit vite et bien mais je ne suis pas passionnée. C'est dommage, il manque un peu petit quelque chose de sentimental. Je pense que que l'écrivain afflige trop ces personnages féminins et cela m'agace et m'a lassé.
L'écrivain donne l'impression que Fanny et Barbara ont cherché ce qu'elles vivent.
Je continue, il me reste 15 chapitres et je connais la fin car je me suis spoilée en regardant la fin de la mini série de 1998.

Darcy, je crois que nous avons le même livre et je crois aussi qu'il y a pas mal de coupure, ce qui donne cette impression de "surfaçage", d'avance rapide. Enfin c'est ce que j'ai ressenti en le lisant (je l'ai fini) et effectivement il y a pas mal de remarque "genrées" comme on dirait aujourd'hui, comme "les femmes sont comme ci ... " Comme les femmes font (ou pensent) toujours comme ça..." finalement assez ennuyeuses, car d'un côté il nous présente une exception en la personne de Barbara, tout en expliquant ses actions ou pensées par des généralisations souvent assez bêtes sur "les femmes".

Si c'est un problème de traduction, c'est dommage mais je ne pense pas car Petit Faucon qui le lit en anglais a relevé les mêmes remarques généralistes. Je pense qu'il prend lui-même ses raccourcis.

Je me demande, comme il a pu être dit dans la deuxième partie de la la lecture, si le style de TH n'a pas cette particularité d'être très désabusé.

Cela faisait quelque temps que je n'avais pas lu un livre de cette époque, j'apprécie toujours autant le soin qu'on apportait à l'époque à la description des paysages et des lieux. C'est une manière bien sûr de planter traditionnellement le décor mais surtout de les faire exister autant que des personnages.

J'ai le sentiment sans aller jusqu'à l'étude de texte que les évènements qui arrivent à Fanny et Barbara ne s'enchaînent pas de façon inéluctable. Les évènements qui leur arrivent sont les conséquences de leurs choix.
Contrairement aux 3 hommes qui semblent se trouver devant le fait accompli à chaque fois; les femmes leur forçant alors la main.

Votre impression de détachement est peut-être lié à la traduction Clinchamps et Darcy, mais pour ma part, malgré l'édition complète et la version originale, j'ai aussi du mal à m'attacher aux personnages. À l'exception de Bathsheba, en dépit des propos de Hardy sur la gent féminine qui me gênent aussi par moments. C'est une héroïne intéressante car complexe, qu'on voit grandir et mûrir au fur et à mesure du récit. Je ne peux m'empêcher de l'admirer, placée comme elle est dans une situation qui est loin d'être simple, à la tête d'un vaste domaine agricole. Sans parler de son trio d'amoureux. On peut se demander si elle aurait réussi en tant que "patronne" sans l'aide, discrète d'abord et de plus en plus appuyée, de Gabriel.

J'ai aussi aimé la scène de l'orage, qui illustre bien le rôle déterminant du berger dans la gestion de l'exploitation, et l'importance qu'il a pour Bathsheba.

Nous voilà fixés sur Franck Troy... le bonheur du couple a été de courte durée. Leur querelle à propos de la somme demandée par Franck est saisissante. J'ai un peu de mal à comprendre pourquoi Bathsheba s'est jetée dans ce mariage. Elle explique que c'est pour sauver Franck qu'elle a franchi le pas, avec qui elle était pourtant décidé à rompre   . C'est vraiment un couple mal assorti, et de son côté à lui, rien ne rachète sa conduite. Plein de bonnes intentions, son attitude envers Bathsheba et face à ses nouvelles responsabilités est caractéristique : il s'enflamme, mais sa flamme retombe vite. Il est inconséquent, frivole, et on dirait presque qu'il fait tout pour se mettre Bathsheba à dos. Inutile de dire que je n'arrive absolument pas à m'attacher à ce jeune homme, à première vue charmant. Face à lui, les nombreuses et précieuse qualités de Gabriel Oak sautent aux yeux.

Tatiana a écrit:

VJ'ai un peu de mal à comprendre pourquoi Bathsheba s'est jetée dans ce mariage. Elle explique que c'est pour sauver Franck qu'elle a franchi le pas, avec qui elle était pourtant décidé à rompre  .

J'ai cru lire que c'était par orgueil qu'elle l'avait épousé pour ne pas qu'il la quitte.

Pour moi les motivations de Bathsheba ne sont pas très claires ... ce qui est sûr c'est qu'elle va à Bath pour mettre Troy en garde contre la colère de Boldwood, et lui dire de se tenir à l'écart de lui.
Ensuite elle dit à Gabriel qu'elle est allée à Bath pour rompre avec Troy, et que là-bas, il lui a dit qu'il devait épouser un plus belle fille (nous supposons que c'est Fanny), mais que si elle voulait tenter sa chance, il fallait l'épouser de suite, ce qu'elle a fait . S'engager toute une vie sur des motifs aussi futiles que de ne pas laisser passer un beau garçon qui lui a tourné la tête ...

Je crois qu'elle est tombée raide dingue de son beau lieutenant, qui lui n'a jamais fait mystère de son peu d'intérêt pour elle, ne voulant seulement qu'une aventure agréable, vivant au coup par coup (sans mauvais jeu de mots... ) et faisant comme les chats qui changent de maison pour l'assiette de crème, profitant du gîte et du couvert sans rien donner en échange. Conclusion : c'est un sale type !

Tout à fait d'accord Clinchamps, tu as bien résumé le type en question et ses motivations .

Le chapitre 37 avec la scène de l'orage est d'une grande intensité dramatique, pour moi c'est le passage qui m'a le plus marquée dans cette partie.

La description de l'arrivée de l'orage dans le chapitre précédent était déjà oppressante, mais ensuite lorsque l'orage éclate, la lutte de Gabriel pour sauver la récolte, avec l'aide de Bathsheba, est impressionnante et tout à fait symbolique de la force de la volonté de ces deux-là, comparée à l'indifférence et la négligence de Troy.

De plus cet épisode me semble marquer un tournant dans l'histoire. Bathsheba a vu comment se comportait son mari, et est suffisamment reconnaissante envers Gabriel pour se sentir obligée de se justifier et lui expliquer pourquoi elle s'est mariée.

Pas très convaincante, j'ai du mal à comprendre et je suis d'accord avec clinchamps elle est tombée raide dingue de Troy, ce qui motive ses actions complètement irréfléchies (se lancer à sa poursuite pour rompre, et faire tout le contraire    )

Citation :

Et finalement, par jalousie, par distraction, je l'ai épousé !

Fin de cette 3e partie! Toujours pas de grand enthousiasme de ma part pour les personnages mais il est vrai que dans cette partie les rebondissements pleuvent enfin. Je vous rejoins sur les motivations de Bathsheba qui sont pour le moins un peu déconcertantes. J'en suis même arrivée à plaindre Boldwood presque plus que Gabriel car le premier se faisait des illusions que Gabriel n'avait plus.
Quant à l'odieux sergeant Troy, , dèsle début du roman on devine sa perversité. Ce qui m'a quand même étonnée, c'est qu'il dit que Fanny était la femme qu'il aimait alors qu'on pouvait voir en lui un séducteur sans amour. Son mariage avec Bathsheba était une belle opportunité socialement parlant et il avait bel et bien oublié Fanny avant qu'elle ne réapparaisse subitement.
Comme Rosalind,j' ai beaucoup aimé le chapitre de l'orage où la force des éléments symbolise la force des 2 protagonistes, mais également le chapitre 43 où se melangent tant de sentiments contradictoires dans l'esprit de Bathsheba par rapport à la morte, c'est très bien décrit et poignant.

L'étrangeté des motivations de Bathsheba à épouser Troy font l'unanimité, il est vrai qu'il y a de quoi être surpris. Je me demande si elles seront respectées dans le film à sortir mercredi.

Avec le recul je crois avoir préféré la scène où Fanny repose chez Bathsheba en attendant son inhumation, au cours de laquelle ses sentiments sont finement analysés et qui m'a semblé plus forte, à l'orage et à la description apocalyptique des éléments.

Cette scène est très belle, Tatiana, c'est "tempête sous un crane" mais en version silencieuse.

Cette scène est effectivement très forte et aussi très éprouvante. Elle m'a mise mal à l'aise car c'est assez morbide, avec Troy qui embrasse Fanny et Bathsheba qui veut l'en empêcher. Elle qui semblait si indépendante et énergique perd tout contrôle sur elle-même, quand elle supplie Troy de l'embrasser en disant qu'elle l'aime mieux que Fanny

J'arrive seulement ici maintenant et ma réaction de cette troisième partie est qu'elle est un peu quiche quand même d'avoir épousée Troy . Je veux dire qu'elle semble expliquer son mariage par le fait que voilà, elle était là-bas à Bath et puis pour ne pas qu'il s'en aille, pof pof, elle l'épouse... euh... . un peu quichette la fille. Surtout que lui, sous ses belles paroles, n'a jamais caché son côté peu louable... Enfin, quand on aime... Là-voilà donc mal embarquée

Comme vous, la scène de l'orage m'a semblé dramatique et intense. J'espère qu'elle sera dans le film que je me réjouis de voir quand j'aurai fini ma lecture