Far from the Madding Crowd - 2ème partie - Du chapitre 12 au chapitre 29

J'ouvre donc le sujet de la seconde partie, qui va du chapitre 12 au chapitre 29.

J'imagine que certaines ont déjà avancé dans leur lecture, donc n'hésiter pas à poster

J'ai fini cette 2e partie, où l'histoire se développe, avec la prise de responsabilité de Bathsheba à la tête de la ferme, et la rencontre provoquée avec son voisin le fermier Boldwood, ainsi que le sergent Troy.

On voit que Bethsheba essaie de mener sa barque comme elle l'entend, avec les 2 obstacles d'être jeune et d'être une jeune fille.
On voit aussi qu'elle se conduit comme une petite fille avec sa carte de la Saint Valentin, et qu'elle se trouve devant un brasier qu'elle ne sait plus contenir. J'ai trouvé la description de la transformation du fermier Boldwood très juste et très finement observée.
Elle continue de se conduire comme une enfant capricieuse avec Gabriel, d'abord en le congédiant, puis en le rappelant. L'épisode des moutons qui ont brouté le trèfle est très impressionnant, j'ai du mal à croire que les symptômes soient si rapides ????
Enfin la rencontre avec Troy est assez intrigante, et Bathsheba est tout de suite subjugée ; cela se prolonge avec le merveilleux épisode de la démonstration à l'épée, que j'ai trouvé frappant.

En revanche, les autres personnages : ceux du pub (le vieux brasseur et sa famille), ceux de la ferme (Joseph le bègue, "Henery" Fray, ...), Liddy, Cain Ball et les autres sont vraiment juste esquissés ; ils font plus le choeur antique, avec les commentaires sur les affaires de coeur de Bathseheba, et ses décisions concernant la ferme. Je regrette un peu que ces autres personnages secondaires ne prennent pas plus d'importance.

Et sinon, cette lecture me fait penser à Shirley, de Charlotte Brontë, je ne saurais dire pourquoi ...

Le "valentin" est bien dans la continuité du trait de caractère de Barbara, la vanité : elle est vexée que Boldwood l'ignore, elle veut l'obliger à la remarquer. Elle n'a aucune idée de ce qu'elle provoque, mais d'un autre côté, cela correspond au caractère bien particulier de Boldwood : une méconnaissance totale du domaine des sentiments amoureux, ça lui tombe dessus comme la foudre ! Quelqu'un d'autre aurait pu n'être qu'indifférent au charme de la jeune fille mais là c'est comme s'il était sorti d'un seul coup de l'obscurité en pleine lumière ! Même si l'acte de B. est irréfléchi et puéril, la réaction de Boldwood est extrême et inattendue ! Je te rejoins petit Faucon, sur le talent de l'auteur pour nous donner toute l'évolution des sentiments du fermier avec perspicacité et finesse.
pour en venir à la mysoginie, elle existe dans notre regard de femmes d'aujourd'hui, mais dans le contexte de l'époque où le roman a été écrit il en va différemment. Je trouve que l'auteur, par le choix même de son personnage, montre qu'il ne l'est pas. Peut-être que les remarques que nous lui reprochons sonten fait le reflet de ce que tout le monde pense autour de lui et peut-être y a-t-il un second degré ?

Je suis d'accord avec toi Clinchamps, sur l'état d'esprit  sur la misogynie , qui n'est pas le même maintenant et il y a 150 ans lorsque le livre a été écrit.
Cela dit, je trouve que Hardy est quelqu'un de moraliste, qui aime généraliser et philosopher ; je le trouve aussi pessimiste ou désabusé dans sa présentation de son histoire.

Petit Faucon a écrit:

je le trouve aussi pessimiste ou désabusé dans sa présentation de son histoire.

Vu ce que j'ai lu de lui autre que celui-ci, je penche à penser comme toi !!

Oui, je trouve qu'il y a quelque chose de triste ou d'éteint qui émane de son récit ...

Ayant déjà bien entamé la 3e partie (la faute aux long trajets en train le week-end dernier ) je vais essayer de me rappeler de la partie qui nous occupe cette semaine.

Bathsheba fait vraiment preuve de caractère, j’aime sa détermination et son indépendance. Toutefois, l'envoi de la carte de la St Valentin prouve qu'elle est aussi irréfléchie. Si elle avait pu mesurer la conséquence de ce petit geste a priori insignifiant, elle y aurait renoncé. Au fond, elle reste encore une enfant mais sait se montrer à la hauteur de ses responsabilités de propriétaire terrienne. J'ai lu quelque part (mais où, peut-être quelque part à l'auberge) qu'elle fait partie des modèles dont s'est servie Margaret Mitchell pour Scarlett O'Hara. J'ai l'impression qu'on le dit pour nombre de personnages, mais dans ce cas précis ça ne m'étonne pas, elle a la force de caractère de Scarlett.

Quant à Mr Boldwood, le voilà tout enflammé, fou amoureux. Sa déclaration lors du lavage des moutons est belle parce que déchirante. Voilà un homme dans le force de l’âge pour qui les femmes n’ont jamais eu un grand intérêt et qui succombe aux charmes d’une jeune fille bien plus jeune que lui.

Gabriel continue à me séduire (les visages de Nathaniel Parker et Matthias Schoenaerts ne sont pas étrangers à cette affection   ) tout en me faisant pitié par moments. Non seulement il est revenu à son métier de base, berger, après avoir été fermier, mais en plus il travaille pour la femme qu’il aime et qui n’a pour lui que peu de considération. Malgré tout, il garde le cap. Son rôle dans le sauvetage des moutons malade prouve combien ses connaissances sont précieuses.

Petit Faucon a écrit:

L'épisode des moutons qui ont brouté le trèfle est très impressionnant, j'ai du mal à croire que les symptômes soient si rapides ????
.

Oh ! mais oui ! j'habite dans un pays d'élevage, et même pour les bovins la météorisation est une catastrophe ! La fermentation de la luzerne dans l'estomac est rapide et il n'y a que le trocard planté dans la panse pour en faire sortir le gaz qui peut sauver la bête, sinon c'est l'asphyxie ! S'il vous prend l'envie d'élever des moutons (ou des vaches) jamais de prairies à l'herbe trop tendre ou mouillée !!

Pour celles qui auraient fini la deuxième partie, pourriez-vous donner sur quel moment elle se termine, pour que je ne déborde par svp sur la troisième partie lorsque je posterai?

@ Darcy : elle se termine avec la démonstration à l'épée entre Troy et Bathsheba, et le retour de Bathsheba chez elle.

Oui cette épidémie foudroyante est des plus impressionnantes. À l'époque du roman, elle a dû décimer des troupeaux entiers en quelques heures. Pour celles qui comme moi ne connaissent pas grand chose au monde agricole et rural, c'est aussi l'occasion de s'instruire .

Je reviens sur Franck Troy dont on n’a pas encore beaucoup parlé. C’est un personnage difficile à cerner. Pas un séducteur vil comme un Wickham par exemple, son affection pour Fanny Robin semble réelle puisqu’il est à deux doigts de l’épouser. Mais, blessé dans son orgueil par l’erreur involontaire qu’elle commet en se rendant dans la mauvaise église, il n’est pas prêt de franchir le pas à nouveau. Son attitude envers Bathsheba est plus ambiguë. Il est clairement très attiré par elle, elle le trouble, mais il ne pense dans un premier temps qu'à s’amuser avec elle. J'aime leurs échanges et la description du changement d'attitude de Bathsheba à son égard : extérieurement elle se montre dure et hautaine, mais à l'intérieur, on dirait qu'elle a succombé dès le premier regard ce fameux soir du repas.

Merci Clinchamps pour ces éclaircissements agricoles  

Merci Tatiana pour ton commentaire ; je n'avais pas pensé à Scarlett, mais ton rapprochement est très juste, notamment sur la même volonté d'indépendance matérielle, et la même incapacité à voir dans les coeurs.

Franck Troy n'est pas sympathique du tout ; dès la première fois lorsque Fanny toque sur sa fenêtre, il est très distant alors qu'elle grelotte dans la neige ; ensuite à l'église il est hautain puis odieux sur le parvis, enfin il a tout du séducteur avec Bathsheba lors de leur rencontre dans le bois de sapins. Le chapitre 25 "a new acquaintance described" qui est consacré à son caractère est assez accablant pour lui : beaucoup de dons et peu de réalisations ...

Je voulais dire aussi que je trouve qu'il y a beaucoup de sensualité dans les relations entre Franck et Bathsheba, de part et d'autre, et également du côté de Boldwood ; alors que par ailleurs Hardy est assez retenu dans son style, et avec ses références perpétuelles aux saintes écritures, ...

Je te rejoins Petit Faucon dans ton jugement sur Troy. Nous sommes plus lucides que Bethsheba  
 
Il est décrit sans complaisance par Hardy qui se montre beaucoup plus dur avec lui qu'avec Bethsheba. Elle est simplement décrite comme vaniteuse, et un peu irréfléchie, mais il en fait quand même un personnage attachant (et aussi exaspérant !!!)

Par contre Troy ne présente pas la moindre qualité, il est menteur, hâbleur, égoïste... mais il est beau paraît-il ! pauvre Bathsheba à qui il tourne la tête.
Juste retour des choses, elle qui fait se consumer d'amour Boldwood et Gabriel

Boldwood me semble étrange. Comment peut-il passer d'un état d'indifférence envers les femmes à cette passion soudaine ? j'ai l'impression que c'est plus intellectuel que physique, il désire la posséder comme un bel objet.

Le style de Hardy continue à me peser par instants, les références bibliques et historiques sont assez pesantes. Mais je pense que c'était courant dans la littérature de cette époque.

J'ai appris deux mots de vocabulaire aujourd'hui  surérogatoire et alliciant je me demande si le texte anglais est aussi recherché et si l'autre traduction est semblable ? (je lis celle de Thierry Gillyboeuf)

Maintenant que j'ai bien progressé dans ma lecture, Boldwood a effectivement des motivations envers Bathsheba qui sont difficiles à cerner.
Tu as tout à fait bien résumé son cas, Rosalind : 

Rosalind a écrit:

Comment peut-il passer d'un état d'indifférence envers les femmes à cette passion soudaine ? j'ai l'impression que c'est plus intellectuel que physique, il désire la posséder comme un bel objet.

Il a un désir de possession très fort, qui s'exprime dans la scène sur le chemin, après qu'elle lui ai envoyé la lettre de refus de sa proposition de mariage ; il réagit comme quelqu'un qui a été dupé, mais aussi volé.
Il n'ose pas toucher sa main, elle est comme sacrée à ses yeux.
Egalement, quand elle s'évanouit dans ses bras (dans la 4e partie), il est bouleversé et il a besoin de sortir de la pièce pour se remettre.
Donc à mon sens, c'est intellectuel mais aussi un genre de passion qui confine à la manie/folie.


Edit : et moi j'ai appris en anglais "pellucid" (transparent comme l'eau), qui m'a rappelé Pellucidar rencontrée en ces murs (je me suis toujours demandé d'où venait son pseudo, maintenant je sais )

Avec beaucoup de retard, je termine enfin cette partie et j'ai toujours du mal avec le style de cet auteur et ses parties trop moralisatrices. Cependant j'ai envie d'en savoir plus sur les prétendants de Bathsheba!
Je vous rejoins sur son attitude à la fois très mature quand il s'agit de la ferme qu'elle dirige avec une main de fer, mais totalement immature dans ses sentiments amoureux. Du coup le portrait que l'auteur fait d'elle n'est pas toujours flatteur, sa vanité est mise en avant dans l'affaire de la carte et on en vient à plaindre le fermier Boldwood! Au début je le trouvais assez peu sympathique et pas forcèment très apte à faire le bonheur de cette femme forte,mais ensuite son évolution bien décrite le rend plus accessible et plus humain.
Quant au sergent Troy, dès sa première apparition il m'a fait penser à Wikham et j'ai du mal à nuancer mon jugement. Du coup, j'ai trouvé les avertissements de Gabriel bien justifiés, même s'il prend des risques et notamment celui de se faire encore renvoyer car Bathsheba n'aime pas s'entendre dire ses vérités! Comme vous j'ai trouvé l'attitude de Troy étrange dès le début, il est tout de suite dans la séduction et ça marche. Le fermier fait päle figure à côté!!

Je suis en retard pour poster, du coup je me souviens moins bien des détail

J'ai bien aimé cette partie, même si j'ai trouvé qu'il y avait des longueur et des scènes parfois sans fins... Mais j'aime la façon dont se déploie l'histoire.

Concernant Troy, je comprends que Bathsheba tombe amoureuse, il est charmant, joyeux, jeune. Par contre, je le trouve assez méchant vis-à-vis de Fanny. La rencontre où elle est dehors sous la neige alors que lui est bien au chaud est assez désagréable. Je me suis même demandé s'il n'était pas avec une autre femme à ce moment...

Pour Boldwood, sa vie semble tellement vide d'émotion que sa réaction vis-à-vis de Bethsheba ne m'étonne pas vraiment. On sent qu'il va basculer dans la possessivité extrême et l'obsession.

Quant à Gabriel, je le trouve très digne face à elle et d'une fidélité sans borne.