Pride and Prejudice 1995 a 20 ans : ça se fête !

Fée clochette a écrit:

  aïe ! aïe ! aïe ! serais-tu un peu malade ?  

Oui je m'inquiète  

Tatiana a écrit:

Je fais partie de celles qui trouvent qu'Alison Steadman n'en fait pas trop tant elle me fait rire

Jusqu'à présent j'étais comme toi Tatiana, elle me faisait beaucoup rire. Ce n'est qu'à l'occasion de cet énième visionnage que je l'ai vue différemment. Je pense que c'est à la relecture du roman que j'ai perçu Mrs Bennet comme une personne peu intelligente et aux nerfs fragiles (n'est-ce pas Mr Bennet   ) mais pas aussi hystérique.

Je fais partie de ceux que Mrs Bennet amuse beaucoup! J'aime quand ses filles se regardent mi-agacées, mi-amusées à chaque fois qu'elle se livre à une séquence hystérique   .

En outre une de mes scènes préférées c'est quand Darcy remet Miss Bingley à sa place lorsqu'elle critique Lizzy et part avec le sourire, chandelle en main, suivi de ses chiens. Ensuite il s'appuie sur la cheminée et tourne légèrement un visage radieux

Comme ceci :

Spoiler:

Tout comme toi Ysabelle !
la réussite de la version 1995 c'est justement (à la différence de celle de 2005 mais vous aurez compris que je n'en suis pas fan... ) de ne pas avoir transformé le roman de Jane Austen en romance ou du moins en histoire romantique mais d'avoir aussi à garder l'aspect ironique et humoristique de certains personnages de notre grande Jane, ici Lady Catherine, mr Collins et mrs Bennet : oui, elle a une fois désagréable et elle en fait trop mais c'est normal !
Jennifer Ehle est aussi extraordinaire -même si en effet elle est un peu âgée pour le rôle... - car elle a su rendre par son jeu le charme et l'expression du regard d'Elizabeth. En fait, c'est Colin Firth - car - qui pour moi n'est pas forcément le Darcy idéal même si c'est le meilleur Darcy de tous : il est un peu trop statique à mon goût (je sais qu'il a un goût immodéré pour les fenêtres, mais quand même...) sauf à la fin et les scènes à pemberley sont pour moi particulièrement réussies. En fait, il faudrait beaucoup de Colin Firth mâtiné avec de Matthew Rhys qui fait un Darcy incarné très crédible et un peu de Matthew Macfadyen pour faire un darcy idéal.
En fait, la seule chose que je n'aime pas dans cette version, c'est la déclaration finale : ils sont tous les deux raides comme un piquet. Sans aller jusqu'à un baiser torride du type Persuasion, un petit geste tendre (je te prends la main, je te prends dans mes bras,... je ne sais pas moi !) n'aurait fait de mal à personne d'autant que dans le roman, JA implique que Darcy est bouleversé. Dans la version de 95, c'est très intériorisé...

Sanglard ! tu veux vraiment qu'Elizabeth Bennet giffle Darcy !!! à cette époque, dans leur milieu cela ne se faisait pas, sauf si l'on s'appelait Lydia Quand ils s'avouent leurs sentiments, ils marchent sur des oeufs

S'il l'embrassait, en public dans un chemin creux, ils pourraient être vus par des métayer et expédiés à l'Eglise le lendemain. Imagine donc les ragots !

Donc, ils se promènent côte à côte, peu sûr d'eux et se regardent furtivement puis en même temps et leurs physionomies s'éclairent. C'est tout ce que tu auras pour calmer ton envie de baiser.

Par contre, la cane trop courte pour la hauteur de Darcy provoque une boiterie et là je crois que c'est involontaire de la part des scénaristes et elle m'a toujours plongée dans l'hilarité la plus complète

Je suis d'accord avec toi Fée Clochette sur le baiser mais JA écrit "...and he [Darcy] express himself ont the occasion as sensibly and as warmly as a man violently in love can be supposed to do". Il n'y rien de très "warmly" dans la scène de 95. Tu ne crois pas que sans choquer la pudeur de l'époque il aurait pu lui prendre la main, au moins lui donner le bras pendant leur promenade ou même, ô comble du geste osé, lui caresser la joue ? A l'inverse, qu'il l'embrasse publiquement devant tout le monde dans leur landau ouvert après le mariage (sans même enlever son chapeau ce qui relève presque de l'exploit puisque le chapeau ne tombe même pas ni même n'éborgne Lizzy ... ) était à mon avis plus choquant pour l'époque qu'un petit bisou sur la main...

Bien vu le coup de la canne Fée Clochette, et du chapeau Sanglard vous avez l’œil .

Je suis d'accord avec toi Sanglard (il faut bien essayer de trouver quelques petites imperfections à cette adaptation) sur le manque de chaleur de Darcy dans la deuxième déclaration. Cela dit,  même si elle nous frustre quelque peu, son attitude colle bien à sa personnalité renfermée, telle qu'elle nous est présentée ici.

Puisque tu mentionnes le fameux baiser final, je me souviens avoir lu qu'il a suscité des critiques de la part de puristes à l'époque, notamment la Jane Austen Society (je crois).

ça ne m'étonne pas...

sanglard34 a écrit:

J A l'inverse, qu'il l'embrasse publiquement devant tout le monde dans leur landau ouvert après le mariage (sans même enlever son chapeau ce qui relève presque de l'exploit puisque le chapeau ne tombe même pas ni même n'éborgne Lizzy ... ) était à mon avis plus choquant pour l'époque qu'un petit bisou sur la main...

je suis d'accord et en plus c'est ridicule...

sanglard34 a écrit:

Tu ne crois pas que sans choquer la pudeur de l'époque il aurait pu lui prendre la main, au moins lui donner le bras pendant leur promenade ou même, ô comble du geste osé, lui caresser la joue ? A l'inverse, qu'il l'embrasse publiquement devant tout le monde dans leur landau ouvert après le mariage (sans même enlever son chapeau ce qui relève presque de l'exploit puisque le chapeau ne tombe même pas ni même n'éborgne Lizzy ... ) était à mon avis plus choquant pour l'époque qu'un petit bisou sur la main...

moi aussi, je trouve que la deuxième déclaration manque de chaleur! à chaque fois que je la regarde, je suis frustrée devant leur manque de réaction! Je pense qu'il aurait pu lui prendre la main..

Et après ça, on a le petit bisou dans le landau devant tout le monde! Mais bon, c'était pareil dans "Persuasion 1995", le petit bisou de fin devait commencer à être de rigueur, pour contenter les téléspectatrices anglaises!

Sanglard a écrit:

sans même enlever son chapeau ce qui relève presque de l'exploit puisque le chapeau ne tombe même pas

Celà ne relève pas du tout de l'exploit. A cette époque, le chapeau haut de forme est ficelé sur sa tête.

Le haut de forme fut inventé par des gentillommes campagnards pour se protéger la tête en cas de chute de cheval. Il rétrécirent les bords de leur chapeau, allongèrent la calotte et à l'intérieur, il y avait des lacets qu'ils tiraient et nouaient sur la nuque pour que  le chapeau  tiennent bien... une sorte de casque.


Le chapeau fut jugé très seyant et flatteur par la gent masculine, il allongeait la silhouette des petits, donnait de l'allure à  un homme de moyenne carrure,  un homme grand était imposant, donc  il s'affranchit très vite du  critère "chapeau de monte" pour être celui de l'homme élégant, du dandy (avec la cane de jonc, les pantalons moulants avantageusement le bassin et les attributs masculins,   plus les bottes fines pour rendre le mollet attrayant et le pied fin).

Les lacets ne disparurent pas tout de suite. D'ailleurs, il me semble, que dans le téléfilm, Darcy monté sur son cheval, croise Lyzzie qui se promène dans un sentier de forêt et s'immobilise à sa vue, ils se toisent l'un l'autre et partent chacun dans un sens, la réflexion qui vient souvent, c'est quel impoli, il aurait pu soulever son chapeau, et bien non, il n'est pas impoli, il est dans l'impossibilité de l'ôter.

A l'église d'ailleurs, ces messieurs étaient tête nue, car les hommes se découvrent toujours devant Dieu par respect et les femmes se couvrent.... humblement parce qu'elles sont de pauvres pécheresse (ève tu nous as fait beaucoup de mal avec ta pomme)  
Mais avant de sortir de l'église, une fois sous le porche, ces messieurs ne devant pas être vu cheveux au vent, car ce n'est pas correct, se sont couverts et ont lacé le chapeau (enfin, leurs valets puisque nous somme dans la classe supérieur, et que l'on ne peut pas éternuer sans avoir un serviteur à ses trousses   ). D'ailleurs Bingley est dans le même cas de figure. Aucun des deux ne quittent le chapeau, et parce que les chapeaux sont attachés, rien ne tombe. Certes, il faut louvoyer pour trouver la bouche de Lyzzie, mais c'est normal.

A la fin du  XIX, les lacets avaient disparus, car la bombe de cavalier l'avait remplacé et était totalement en usage civil.

merci Fée Clochette pour ces éclaircissements sur le haut-de-forme.
Il n'empêche, mon esprit éminemment pratique ne peut que s'interroger : puisque Darcy est tête-nue dans l'église (tu nous a fort bien expliqué pourquoi), crois-tu qu'il aura eu le temps de le lacer avant de monter dans le landau à côté d'Elizabeth ?... Je crains que non et dans ce cas là, l'exploit tient toujours (s'il n'est pas lacé, il aurait quand même pu enlever son chapeau au moment de donner son premier baiser à Lizzy, au risque de l'éborgner ou de lui râper la figure ou de se faire un torticolis pour éviter les deux maux précédents... )

En général, les mariés ne sortent pas au pas de course de l'église, et prennent le temps de sortir pour la mariée avec une robe impeccable, et s'il y a traîne, un aéropage de demoiselles d'honneur s'agitent pour la rendre impeccable. Quant au marié, il fait de même et son valet de chambre sera là pour donner une dernière touche à son chapeau, sa redingotte, etc... ils ne s'enfuient pas comme des voleurs, ils donnent la meilleure image d'eux-même, encore de nos jours.

(J'ai en mémoire le mariage de mon cousin, avec la mère de la mariée qui s'agitait comme une mère poule caquetante autour d'elle en défroissant je ne sais quoi, et le père du marié qui rajustait je ne sais quoi au gilet, comme s'il venait de traverser une forêt de broussailles.) et rajustait justement son chapeau sur le meilleur angle, j'étais hilare.

Quand à quitter le chapeau, cela se fait de nos jours, mais pas au XIXe, les codes étaient très respectés et sur ce point s'ils ont laissé les mariés se donner un baiser pour plaire au public, ils n'ont pas osé lui faire quitter le chapeau, il faut attendre la fin de ce siècle pour que cela se fasse, il me semble.

sanglard34 a écrit:

Je suis d'accord avec toi Fée Clochette sur le baiser mais JA écrit "...and he [Darcy] express himself ont the occasion as sensibly and as warmly as a man violently in love can be supposed to do".

En fait, dans le texte c'est assez ironique du fait de l'opposition entre sensibly et warmly. Le warmly incite à prendre la dulcinée dans ses bras, le sensibly incite à ne pas le faire. Ce qui donne une scène où l'heureux Darcy s'étrangle dans une espèce de demi-sourire crispé, symptôme de son trouble, sans rien tenter de plus puisqu'il s'est déjà vu reprocher son attitude pas très gentleman-like, que la demoiselle est une demoiselle comme il faut et que Papa n'a pas encore donné son consentement qu'on ne lui a pas encore demandé. Tout est dans le sensibly...

Le violently in love est lui même un genre de pied de nez. Dans un chapitre précédent, Mrs Gardiner se moque de Lizzie qui lui rapporte que Mr Bingley est violently in love avec  Jane:

Citation :

"But that expression of "violently in love" is so hackneyed, so doubtful, so indefinite, that it gives me very little idea. It is as often applied to feelings which arise from an half-hour's acquaintance, as to a real, strong attachment. Pray, how violent was Mr. Bingley's love?''

Bref, je trouve que la scène de la deuxième déclaration, avec nos deux tourtereaux (dont un boîtant*...) mal à l'aise et compassés marchant dans la boue et s'avouant leurs sentiments à demi-mot, colle assez bien au texte.

* là je suis d'accord avec toi Fée Clochette, ils auraient du rallonger la canne ou raccourcir les jambes pour éviter le déhanchement. Cependant Wickham est affligé du même défaut lors de la ballade dans le jardin avec Lizzie avant son départ pour Brighton. Est-ce la même canne et un problème d'accessoiriste ou la mode de l'époque ?
Il semble toutefois que les walking sticks de l'époque aient pu avoir une fonction décorative (succédané de l'épée disparue) et donc aient été assez courts (voir cet article de blog et les gravures d'époque qu'il contient : ). Le plus surprenant n'est donc pas forcément que la canne soit courte mais plutôt qu'il s'en serve pour marcher.

Je m'incline sur le chapeau mais je reste sur ma position sur le warmly : encore une fois, je suis d'accord avec vous pas question d'un baiser. Mais il aurait pu lui donner le bras non ?

 

Lors la sortie de l'Eglise, Elizabeth a glissé son bras sous celui de Darcy et ils se sourient, ensuite, lorsqu'ils sont dans la voiture, je trouve que leurs regards sont assez expressifs

Il faut vraiment décoder, dans cette série

Toutes ces conversations me donnent envie de regarder à nouveau la version 1995 et de faire plus attention aux détails

sanglard34 a écrit:

je reste sur ma position sur le warmly : encore une fois, je suis d'accord avec vous pas question d'un baiser. Mais il aurait pu lui donner le bras non ?

"I would by no means suspend any pleasure of yours"

Effectivement, il aurait peut-être pu lui pendre le bras, comme à Lambton, lorsqu'il la voit extrêmement troublée par les nouvelles qu'elle reçoit de Jane. Il ne peut alors réprimer un mouvement vers elle. ça aurait été assez logique lors de la deuxième déclaration. Peut-être lui faut il le temps de digérer la nouvelle du changement dans les affections de Lizzie (il est sur le grill depuis le retour de Bingley à Netherfield où il rencontre Lizzie deux fois sans pouvoir lui parler ni savoir ce qu'elle pense) ou est-il retenu par l'embarras qu'elle manifeste. Peut-être aussi qu'il lui prend le bras plus tard, ou que, plus prosaïquement, la script était malade ou les scénaristes ont zappé

Pour les détails, un site absolument terrible: .
Ils se sont aussi penchés sur P&P 2005:

Je pencherais plutôt pour une de tes dernières suggestions MissAcacia en rajoutant peut-être : une petite lassitude en fin de script ? une vague idée de comment se "dépatouiller" de cette dernière scène ? En fait, on a l'impression qu'ils ont mis toute la charge émotionnelle dans les scènes à Pemberley et qu'ils ne savent trop comment finir l'histoire. Au risque de paraître très iconoclaste - - on a presque l'impression d'une fin un peu expédiée (à la différence de la version de 2005 où la fin est le sommet romantique de l'histoire).

J'aime bien vos interprétations   .

MissAcacia a écrit:

Pour les détails, un site absolument terrible: .

Oh oui, je suis très impressionnée Je ne sais pas combien de revisionnages il me faudrait encore pour m'apercevoir de tous ces détails, notamment le coup du nœud du chapeau qui est noué différemment dans deux plans N'empêche que je ne suis pas convaincue sur au moins une "mistake" : le "I have no business there" de Lizzie quand son oncle et sa tante lui proposent d'aller visiter Pemberley, ne m'a pas paru faux, comme si cette phrase avait été ajoutée plus tard .

Je reviens sur la conversation que nous avions en décembre sur P&P car j'ai visionné hier par hasard des vidéos (qui datent un peu) sur P&P 15 years later : Andrew Davies reconnaît que tout compte fait, il n'aurait pas dû écrire la scène de la dernière proposition de cette façon : comme Lizzy et Darcy se parlent en marchant, c'est compliqué de montrer leurs émotions... Il regrette aujourd'hui de ne pas les avoir fait s'arrêter pour échanger des regards, notamment en regard (!) de la fameuse scène dans le salon de musique de Pemberley si forte en émotion.
Cela m'a rassuré (enfin, je n'étais pas très stressée...)de voir que je n'étais pas la seule à être restée sur ma faim.

C'est vrai que cette scène ne fait pas très romantique Mais comment faire autrement car à Longbourn avec la mère Bennett, pas facile d'en placer une

Oui je me souviens de cette remarque d'Andrew Davies. Sur le coup la scène en question ne m'avait pas gênée, elle m'avait semblé couler de source si je puis dire, d'autant que la marche correspond bien au tempérament de Lizzie   . mais avec le recul je comprends les regrets de Davies, et sa frustration sur ce moment clé si attendu par les téléspectateurs.

Quant à l'attitude des personnages qu'il aurait été préférable d'adopter, je n'ai pas d'idée non plus. Le cadre extérieur me plaît car une nouvelle déclaration en intérieur aurait pu fâcheusement rappeler le désastre de la première .

Andrew Davies explique qu'il n'aurait pas changé l location (Longbourn sous les yeux de Mrs Bennet aurait semblait en effet quelque peu incongru...). Il explique qu'il aurait dû les faire s'arrêter et se regarder franchement.

21 ans maintenant et pour info la série repasse sur la chaîne de la TNT 23 ce soir !