Maria EDGEWORTH (1767-1849)

Maria Edgeworth est une écrivain anglo-irlandaise de la fin du 18ème siècle et du début du 19ème. Bien qu'elle soit née en Angleterre, elle a vécu la majorité de sa vie en Irlande. Son père, Richard Edgeworth, y possédait un grand domaine et elle le gérait pour lui. Son expérience avec ses tenanciers irlandais ont eu beaucoup d'influences sur ses écrits. Elle était également très impliquée dans l'éducation de ses jeunes frères et soeurs, son père s'étant marié 4 fois et ayant eu 22 enfants (!). Elle a ainsi publié un traité sur l'éducation des jeunes filles tiré de ses propres expériences qui a, paraît-il, eu une grande influence sur Jane Austen.

Parmi les nombreux romans et nouvelles qu'elle a écrits, les plus connus sont probablement Castle Rackrent et The Absentee. De toute son oeuvre, je n'ai lu que The Absentee, donc je ne me bornerai qu'à donner mes impressions sur ce roman.

Le héros de l'histoire, Lord Colambre, considère l'Irlande comme sa patrie, et voit donc avec désarroi sa mère, Lady Clonbrony, essayer de s'intégrer dans la haute société de Londres à tout prix. Malheureusement pour elle, ses efforts ne parviennent qu'à attirer les moqueries des nobles anglais et de plus, à plonger son mari dans les dettes. Après une visite incognito dans son pays natal, Colambre va tenter de convaincre ses parents de rentrer en Irlande.

Le style est assez léger et rappelle un peu celui d'Austen, ce qui rend la lecture agréable et ne requiert pas un grand effort pour lire. Cependant, bien que le style soit léger, le roman en lui-même ne l'est pas. Il traite d'un thème assez sérieux, celui des "Absentee", c'est-à-dire des nobles irlandais qui préfèrent mener la grande vie à Londres plutôt que de mener une ville plus tranquille en Irlande. Ils laissant ainsi leurs tenanciers à la merci d'intendants souvent peu scrupuleux qui profitent de l'absence de leur maîtres pour exploiter les locaux. De plus, Edgeworth parvient facilement à retenir mon attention et je voulais vraiment connaître la suite chapître après chapître. Néanmoins, on peut lui reprocher d'avoir créer des personnages pas très réalistes: le héros est un peu trop idéalisé et n'a absolument aucun défaut et beaucoup de personnages sont assez caricaturaux. Malgré cela, c'était un roman vraiment agréable à lire que je vous recommande si vous voulez élargir vos horizons de lecture.

A ma connaissance, il n'y a pas de traductions françaises des écrits de Maria Edgeworth et je crois que seul Castle Rackrent existe aux éditions Penguins Classics. Par contre, Oxford World's Classics a publié plusieurs de ses titres. Sinon, si ça ne vous gêne pas de lire sur un écran d'ordinateur, vous pouvez lire certains de ses livres sur
http://www.gutenberg.org/browse/authors/e#a630

Je ne connaissais pas, je rajoute donc The Absentee à ma liste de livres à découvrir Merci !

Sur Play, j'ai trouvé The Absentee en Penguin Classics mais assez cher : 8,67 neuf auprès d'un revendeur.
Sur Amazon ( donc en France ) il resortira en Penguin le 30 août 2007 au prix de 10,17. Ce n'est vraiment pas la collection Penguin Popular Classics à 3 euros...

Merci pour cette présentation, Copetan, je n'avais jamais entendu parler de Maria Edgeworth et je dois dire que je serais très tentée de découvrir cet auteur. Encore un nom à ajouter à ma liste d'achats (car malheureusement, je suis bien incapable de lire tout un livre sur un écran d'ordinateur).

Remontée de topic pour vous parler de Castle Rackrent, le premier roman de Maria Edgeworth.

Je dois tout d'abord préciser que malgré la finesse de mon édition Oxford World's Classics, je ne m'attendais pas à ce que la près de la moitié du livre soit consacrée aux préfaces et notes, ce qui laisse au corps de l'histoire moins de 100 pages pour se dérouler. Précisons tout de même que la préface originale et les notes du glossaires font parie intégrantes du roman (y ajoutant ainsi une vingtaine de pages) et lui donnent même son cachet. Castle Rackrent est en effet présenté comme étant les mémoires de Thady Quirk, un catholique irlandais au service de la famille Rackrent, dont il raconte la déchéance. La préface représente donc l'introduction par "l'éditeur", alors que le glossaire, ajouté juste avant la première publication, donne des précisions sur les régionalismes. Sur ce coup, Maria Edgeworth faire figure de précurseur de Pratchett. Les notes du glossaire sont en effet tout aussi satiriques que la chronique qu'elles accompagnent, et leur contenu consistant, certaines d'entre elles dépassant les trois pages.

Le récit de Thady Quirk est divisé en deux parties presque égales. La première est consacrée aux trois premiers maîtres des lieux, Sir Patrick, Sir Murtagh et Sir Kit, et la deuxième au dernier, Sir Condy, que Thady a pratiquement élevé comme un fils. Il suffit de voir cette structure pour se rendre compte que Maria Edgeworth raconte cette chronique familiale au pas de charge, ce qui est un peu frustrant. Elle s'est inspirée de de certains souvenirs familiaux et son travail n'était tout d'abord pas destiné à être publié, ceci expliquant peut-être cela. Cette satire ne fait pas dans la dentelle, le trait est parfois un peu excessif mais souvent très drôle. Il est intéressant de constater qu'écrite plus ou moins en même temps que les premiers romans de Jane Austen, elle n'eut aucune peine à être publiée et connut un très grand succès.

La date d'écriture doit d'ailleurs être plus ou moins être le seul point commun car la langue, très "régionalisée", les procédés comiques, l'ancrage dans l'environnement socio-politico-économique, l'aspect saga familiale, pratiquement tout sépare Castle Rackrent d'un P&P ou d'un NA.

Selon moi, l'intérêt principal de cette lecture est documentaire, tant pour ce qu'il nous présente de l'Irlande et de son histoire, en particulier les tensions entre propriétaires anglo-irlandais et leurs "tenants" locaux et catholiques, que pour la spécificité littéraire de ce roman, présenté dans son introduction comme étant

Citation :

the first regional novel, the first socio-historical novel, the first Irish novel, the first Big House, the first saga novel.

Merci pour cet avis Cat J'ai acheté Castle Rackrent quand j'étais en Irlande, et j'avais commencé à le lire, tu me donnes envie de le reprendre. Je crois que tu as raison de dire que Maria Edgeworth permet de se documenter un peu sur l'Irlande. The Absentee traite aussi d'un problème réel.

Dernier commentaire passionnant, dans mon édition, le livre ne doit pas faire plus de 50 pages, j'espère qu'il est complet

Un très long et très intéressant article du Guardian sur Maria Edgeworth et un de ses romans qui semble très éloigné de Castle Rackrent par son atmosphère et qui est aussi le dernier livre qu'elle a écrit, Helen. L'auteur de l'article sait titiller la curiosité, j'ai maintenant mis le bouquin sur ma LAL.

Je viens de découvrir cette romancière avec The Absentee, présenté par Copetan en ouverture de topic. Je me retrouve bien dans son ressenti. C'est un roman intéressant, qui a le mérite de présenter l'Irlande et ses habitants sous des couleurs sympathiques, et réalistes, pour l'époque, et on sent que Maria Edgeworth a à cœur de la défendre. Elle se fait l'apologue de relations chaleureuses et justes entre les riches propriétaires terriens anglo-irlandais trop souvent occupés à mener une vie mondaine en Angleterre et qui considèrent les Irlandais avec un mépris non dissimulé. Le livre se lit en outre facilement et on n'a aucun mal à s'attacher aux personnages, en particulier au héros Lord Colambre (détail curieux, on ne connait jamais son prénom, ce qui n'est certes pas très important mais m'a marquée   ). Mais les protagonistes manquent de nuances, étant soit trop parfaits (ledit héros, Grace Nugent, l'intendant Burke et son épouse...), soit trop superficiels (Lord et Lady Clonbrony, le premier n'étant pas sans rappeler, comme le précise l'introduction très instructive de mon édition Penguin Classics, Mr Bennet par son insouciance et son détachement qui le mènent au bord du gouffre) soit trop noirs (surtout l'autre intendant dont il est question).

Je suis contente de ce premier contact avec une romancière si prisée par Jane Austen qui n'a néanmoins pas le talent de son admiratrice en termes de narration, de création de personnages et d'humour. Je me tournerai volontiers vers un de ses autres romans à l'occasion   .

Merci pour ton avis sur ce roman Tatiana

Je n'ai lu que deux nouvelles de cette écrivaine : The Purple Jar (une nouvelle très courte, qui met en scène une petite fille; j'ai trouvé le style étonnamment moderne mais le traitement de la nouvelle s'inscrit bien dans le contexte de son époque) et The Limerick Gloves (avec une préférence pour la seconde qui dans ma mémoire est plus dans l'esprit des romans évoqués dans ce topic). Je retiens de ces nouvelles un style classique mais très accessible; elles peuvent vous permettre de vous initier au style de cette autrice si vous êtes intéressées

Je suis preneuse d'autres références de nouvelles si vous en trouvez en ligne

Merci pour ton retour alléchant, Tatiana Je note cette romancière, en espérant que ses romans seront traduits un jour

Merci pour ton retour sur ces deux nouvelles serendipity.

La romancière doit tenir aux gants de Limerick (la ville était effectivement réputée pour cet article) qui apparaissent aussi dans The Absentee et constituent même une manière pour un des personnages d'afficher son attachement à l'Irlande.