Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
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| Un été avec Baudelaire (1821-1867). | |
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+3Marganne papotea serendipity 7 participants | |
Auteur | Message |
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serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Un été avec Baudelaire (1821-1867). Mar 01 Aoû 2017, 10:20 | |
| Le 31 août 1867, il y a 150 ans, Charles Baudelaire s'éteignait à l'âge de 46 ans. A cette occasion, nous avons proposé de lire ou relire Baudelaire tout au long du mois d'août . J'ai emprunté le titre de ce topic à une émission, diffusée par France Inter en 2014, composée de petites vignettes de 4 minutes que vous pouvez réécouter (ou lire, une partie du texte étant disponible) ici . Je signale aussi l'émission "La Compagnie des Auteurs" (France Culture) diffusée en novembre 2016, avec notamment une première émission à caractère biographique ici Pour entamer les échanges sur ce poète, je recopie le joli témoignage de papotea posté hier dans un autre topic : - papotea a écrit:
- Mais c'est mon prof de philo qui m'a fait découvrir mon poème préféré, il en avait pris une strophe pour illustrer un de ses cours
Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille. Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici : Une atmosphère obscure enveloppe la ville, Aux uns portant la paix, aux autres le souci
Recueillement, de Charles Baudelaire (qui reste à ce jour mon poète préféré drunken ). Pour ma part, j'ai étudié Baudelaire en première littéraire mais il ne m'a pas spécialement touchée (j'ai toujours préféré Verlaine, également étudié cette année-là ). J'ai essayé de lire "Les Fleurs du mal" par petites touches en première, puis à la fac, mais je reste assez hermétique . Ce mois Baudelaire c'est l'occasion de nous redonner une chance lui et moi , peut-être serai-je plus réceptive maintenant ? Baudelaire, pour moi, c'est surtout ces deux poèmes, peut-être les plus connus : L'Invitation au voyage - Spoiler:
Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur D'aller là-bas vivre ensemble ! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l'ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait À l'âme en secret Sa douce langue natale.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l'humeur est vagabonde ; C'est pour assouvir Ton moindre désir Qu'ils viennent du bout du monde. - Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D'hyacinthe et d'or ; Le monde s'endort Dans une chaude lumière.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
et L'Albatros- Spoiler:
Souvent, pour s'amuser, les hommes d'équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers.
A peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l'azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d'eux.
Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule ! Lui, naguère si beau, qu'il est comique et laid ! L'un agace son bec avec un brûle-gueule, L'autre mime, en boitant, l'infirme qui volait !
Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l'archer ; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l'empêchent de marcher.
Et vous, quels sont vos souvenirs liés à la découverte de Baudelaire ? Vos poèmes préférés ?
Dernière édition par serendipity le Mar 01 Aoû 2017, 12:20, édité 2 fois |
| | | papotea Romancière anglaise
Nombre de messages : 1514 Age : 48 Localisation : quelque part dans la verte Normandie Date d'inscription : 11/07/2012
| Sujet: Re: Un été avec Baudelaire (1821-1867). Mar 01 Aoû 2017, 11:46 | |
| Merci Serendipity, pour l'ouverture de ce topic consacré à Baudelaire ! Effectivement, j'aime beaucoup l'écriture de Baudelaire, je pense que son côté sombre et torturé y est pour beaucoup (alors que dans la vraie vie, je déteste ça ). Cela tient aussi au fait que je l'ai beaucoup croisé au cours de ma scolarité, avec effectivement l'albatros et le fameux Invitation au voyage (luxe, calme et volupté...le rêve quoi !) - Spoiler:
Mon enfant, ma soeur, Songe à la douceur D'aller là-bas vivre ensemble ! Aimer à loisir, Aimer et mourir Au pays qui te ressemble ! Les soleils mouillés De ces ciels brouillés Pour mon esprit ont les charmes Si mystérieux De tes traîtres yeux, Brillant à travers leurs larmes.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
Des meubles luisants, Polis par les ans, Décoreraient notre chambre ; Les plus rares fleurs Mêlant leurs odeurs Aux vagues senteurs de l'ambre, Les riches plafonds, Les miroirs profonds, La splendeur orientale, Tout y parlerait À l'âme en secret Sa douce langue natale.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
Vois sur ces canaux Dormir ces vaisseaux Dont l'humeur est vagabonde ; C'est pour assouvir Ton moindre désir Qu'ils viennent du bout du monde. - Les soleils couchants Revêtent les champs, Les canaux, la ville entière, D'hyacinthe et d'or ; Le monde s'endort Dans une chaude lumière.
Là, tout n'est qu'ordre et beauté, Luxe, calme et volupté.
Mais comme l'a mentionné Serendipity, mon poème préféré de Baudelaire -c'est mon prof de philo qui me l'a fait découvrir - est recueillement: - Spoiler:
Sois sage, ô ma Douleur, et tiens-toi plus tranquille. Tu réclamais le Soir ; il descend ; le voici : Une atmosphère obscure enveloppe la ville, Aux uns portant la paix, aux autres le souci.
Pendant que des mortels la multitude vile, Sous le fouet du Plaisir, ce bourreau sans merci, Va cueillir des remords dans la fête servile, Ma douleur, donne-moi la main ; viens par ici,
Loin d'eux. Vois se pencher les défuntes Années, Sur les balcons du ciel, en robes surannées ; Surgir du fond des eaux le Regret souriant ;
Le Soleil moribond s'endormir sous une arche, Et, comme un long linceul traînant à l'Orient, Entends, ma chère, entends la douce Nuit qui marche.
Ce poème - assez court, Baudelaire a fait des choses beaucoup plus longues- me touche à chaque fois que je le lis. J'aime son titre, son rythme, son phrasé, sa sonorité, les images (cette "douleur" qui devient une personne, cette demande de rester tranquille, la "douce nuit qui marche"), bref tout ! Quand tu es une ado pas toujours bien dans tes baskets, ce poème te parle beaucoup (bon avec le temps, et quand on connait la vie de Baudelaire, tu relativises ta douleur ) Du coup j'ai téléchargé sur ma liseuse ces fleurs du mal (rien que ce titre est magnifique) pour relire un peu de Baudelaire (qui en plus a séjourné quelques temps à Honfleur, chez sa mère je crois, donc quelque part c'est pour moi un peu un local ) |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Un été avec Baudelaire (1821-1867). Mar 01 Aoû 2017, 12:01 | |
| Merci pour ce poème papotea, je ne le connaissais pas - papotea a écrit:
- Quand tu es une ado pas toujours bien dans tes baskets, ce poème te parle beaucoup
Je comprends Pour ma part, c'était un autre poète qui me parlait à cette époque, Charles Cros ... c'est moins travaillé / moins littéraire - Spoiler:
Moi, je vis la vie à côté, Pleurant alors que c'est la fête. Les gens disent : Comme il est bête! En somme, je suis mal coté.
J'allume du feu dans l'été, Dans l'usine je suis poète ; Pour les pitres je fais la quête. Qu'importe ! J'aime la beauté.
Beauté des pays et des femmes, Beauté des vers, beauté des flammes, Beauté du bien, beauté du mal.
J'ai trop étudié les choses ; Le temps marche d'un pas normal; Des roses, des roses, des roses !
- papotea a écrit:
- Baudelaire (qui en plus a séjourné quelques temps à Honfleur, chez sa mère je crois, donc quelque part c'est pour moi un peu un local Very Happy )
Oui, en 1859 j'ai commencé à écouter les épisodes d'Un été avec Baudelaire et le premier est justement consacré à Baudelaire et sa mère Attention, la version audio est plus complète que le texte figurant sur le site
Dernière édition par serendipity le Mar 01 Aoû 2017, 12:27, édité 2 fois |
| | | Marganne Lioness of Brittany
Nombre de messages : 4560 Age : 55 Localisation : With James, Aboard the Charlotte Rhodes Date d'inscription : 11/07/2009
| Sujet: Re: Un été avec Baudelaire (1821-1867). Mar 01 Aoû 2017, 12:12 | |
| Merci Seren Baudelaire est peut-être mon poète préféré, en partie pour son côté torturé, noir, pessimiste... Mais, comme il l'a dit : j'ai pétri de la boue et j'en ai fait de l'or tant il vrai qu'avec des sujets très noirs, il a su créer une œuvre de toute beauté J'adore le premier poème des Fleurs du Mal, au lecteur, je connais par cœur mes passages préférés - Spoiler:
Au lecteur
La sottise, l'erreur, le péché, la lésine, Occupent nos esprits et travaillent nos corps, Et nous alimentons nos aimables remords, Comme les mendiants nourrissent leur vermine.
Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ; Nous nous faisons payer grassement nos aveux, Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux, Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.
(...)
Si le viol, le poison, le poignard, l'incendie, N'ont pas encor brodé de leurs plaisants dessins Le canevas banal de nos piteux destins, C'est que notre âme, hélas ! n'est pas assez hardie.
(...)
J'adore aussi La mort des amants - Spoiler:
Nous aurons des lits pleins d'odeurs légères, Des divans profonds comme des tombeaux, Et d'étranges fleurs sur des étagères, Ecloses pour nous sous des cieux plus beaux.
Usant à l'envi leurs chaleurs dernières, Nos deux coeurs seront deux vastes flambeaux, Qui réfléchiront leurs doubles lumières Dans nos deux esprits, ces miroirs jumeaux.
Un soir fait de rose et de bleu mystique, Nous échangerons un éclair unique, Comme un long sanglot, tout chargé d'adieux ;
Et plus tard un Ange, entr'ouvrant les portes, Viendra ranimer, fidèle et joyeux, Les miroirs ternis et les flammes mortes.
Oui, je sais, je ne commence pas par les poèmes les plus gais |
| | | papotea Romancière anglaise
Nombre de messages : 1514 Age : 48 Localisation : quelque part dans la verte Normandie Date d'inscription : 11/07/2012
| Sujet: Re: Un été avec Baudelaire (1821-1867). Mar 01 Aoû 2017, 13:29 | |
| - Serendipity a écrit:
- Pour ma part, c'était un autre poète qui me parlait à cette époque, Charles Cros ... c'est moins travaillé / moins littéraire
Je ne connais pas du tout ! (enfin de nom bien sûr, mais je n'en ai jamais lu). C'est vrai que Baudelaire cisèle tellement ses mots qu'il peut paraître obscur, voire abscon. - Marganne a écrit:
- j'ai pétri de la boue et j'en ai fait de l'or tant il vrai qu'avec des sujets très noirs, il a su créer une œuvre de toute beauté drunken
C'est une très belle citation ! Quand à Honfleur, que j'ai pourtant parcouru maintes fois, je n'ai jamais vu de pancarte du style "Ici à vécu Baudelaire". Il va falloir que je me penche là dessus ! |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29105 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Un été avec Baudelaire (1821-1867). Mar 01 Aoû 2017, 17:44 | |
| Merci pour l'ouverture de ce topic, Serendipity Pour ma part, j'ai étudié Les Fleurs du Mal en Première, et j'ai beaucoup aimé ma lecture (même si je pense qu'une relecture ne sera pas de trop ) J'ai un rapport particulier avec le poème A une passante, car c'est le texte sur lequel je suis tombé à l'oral de français - Spoiler:
La rue assourdissante autour de moi hurlait. Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse, Une femme passa, d'une main fastueuse Soulevant, balançant le feston et l'ourlet ;
Agile et noble, avec sa jambe de statue. Moi, je buvais, crispé comme un extravagant, Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan, La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.
Un éclair... puis la nuit ! - Fugitive beauté Dont le regard m'a fait soudainement renaître, Ne te verrai-je plus que dans l'éternité ?
Ailleurs, bien loin d'ici ! trop tard ! jamais peut-être ! Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais, Ô toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais ! Marganne, je viens de relire La Mort des amants et je le trouve magnifique J'aime aussi beaucoup L'invitation au voyage, L'Albatros et Le Cygne |
| | | Marganne Lioness of Brittany
Nombre de messages : 4560 Age : 55 Localisation : With James, Aboard the Charlotte Rhodes Date d'inscription : 11/07/2009
| Sujet: Re: Un été avec Baudelaire (1821-1867). Mar 01 Aoû 2017, 19:17 | |
| Juliette, quel beau poème que A une passanteIl y a l'invitation au voyage mais aussi Le voyage très long poème, un des plus connus, souvent étudié en classe, voici mes extraits préférés : - Spoiler:
Le voyage
I
Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes, L'univers est égal à son vaste appétit. Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes ! Aux yeux du souvenir que le monde est petit !
Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme, Le coeur gros de rancune et de désirs amers, Et nous allons, suivant le rythme de la lame, Berçant notre infini sur le fini des mers :
Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ; D'autres, l'horreur de leurs berceaux, et quelques-uns, Astrologues noyés dans les yeux d'une femme, La Circé tyrannique aux dangereux parfums.
Pour n'être pas changés en bêtes, ils s'enivrent D'espace et de lumière et de cieux embrasés ; La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent, Effacent lentement la marque des baisers.
Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent Pour partir, coeurs légers, semblables aux ballons, De leur fatalité jamais ils ne s'écartent, Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !
Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues, Et qui rêvent, ainsi qu'un conscrit le canon, De vastes voluptés, changeantes, inconnues, Et dont l'esprit humain n'a jamais su le nom !
II
(...) VII
Amer savoir, celui qu'on tire du voyage ! Le monde, monotone et petit, aujourd'hui, Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image Une oasis d'horreur dans un désert d'ennui !
Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ; Pars, s'il le faut. L'un court, et l'autre se tapit Pour tromper l'ennemi vigilant et funeste, Le Temps ! Il est, hélas ! des coureurs sans répit,
(...) VIII
Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l'ancre ! Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons ! Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre, Nos coeurs que tu connais sont remplis de rayons !
Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte ! Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau, Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ? Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau
Je le connais aussi par coeur, mais à le relire, j'ai envie de faire ma valise et de prendre le premier bateau au long cours au départ de Brest |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29105 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| | | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Un été avec Baudelaire (1821-1867). Mer 02 Aoû 2017, 15:53 | |
| Merci pour ces poèmes et vos témoignages Juliette, je ne connaissais pas "A une passante" (j'ai spontanément pensé à la chanson de Brassens sur le même thème ), merci de l'avoir mentionné Ce poème a fait l'objet d'une chronique dans "Un été avec Baudelaire" (où il est lu par Zabou Breitman ) ici je vais compléter la lecture par l'écoute |
| | | Ysabelle Stardust Reveries
Nombre de messages : 36542 Localisation : Quelque part entre l'orient et l'occident Date d'inscription : 07/05/2010
| Sujet: Re: Un été avec Baudelaire (1821-1867). Mer 02 Aoû 2017, 17:53 | |
| Merci pour ce topic Serendipity et merci à toutes pour les poèmes postés que j'aime tous. Les fleurs du mal, je l'ai découvert à l'âge de 13 ans. A cet époque, on nous interdisait tout et rien Une surveillante m'a trouvé dans un coin de la cour avec ce livre dans les mains et j'ai failli passer en conseil de discipline Ça ne rigolait pas à l'époque. Evidemment, je ne comprenais pas tout le remue ménage que ça faisait. Mon oncle (propriétaire du livre que j'ai emprunté sans consulter ) est intervenu pour calmer les choses, soulignant au passage qu'à mon âge, je ne devais certainement pas comprendre grand chose. Je l'ai relu à un âge plus avancé et j'ai trouvé injuste et trop amplifiée la réaction de mes profs et directrice de l'établissement. Mon poème préféré est " Élévation". Je crois que je l'ai déjà posté das le topic poémes, poésie... - Citation :
Élévation Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées, Des montagnes, des bois, des nuages, des mers, Par delà le soleil, par delà les éthers, Par delà les confins des sphères étoilées;
Mon esprit, tu te meus avec agilité, Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde, Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde Avec une indicible et mâle volupté.
Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides, Va te purifier dans l'air supérieur, Et bois, comme une pure et divine liqueur, Le feu clair qui remplit les espaces limpides.
Derrière les ennuis et les vastes chagrins Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse, Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse S'élancer vers les champs lumineux et sereins;
Celui dont les pensées, comme des alouettes, Vers les cieux le matin prennent un libre essor, - Qui plane sur la vie, et comprend sans effort Le langage des fleurs et des choses muettes!
Dernière édition par Ysabelle le Jeu 03 Aoû 2017, 12:24, édité 1 fois |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29105 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Un été avec Baudelaire (1821-1867). Mer 02 Aoû 2017, 18:11 | |
| Ah oui, Ysa, ton anecdote fait froid dans le dos Bien sûr, tu as fait un excellent choix avec Elévation |
| | | Marganne Lioness of Brittany
Nombre de messages : 4560 Age : 55 Localisation : With James, Aboard the Charlotte Rhodes Date d'inscription : 11/07/2009
| Sujet: Re: Un été avec Baudelaire (1821-1867). Mer 02 Aoû 2017, 18:38 | |
| - Ysabelle a écrit:
- Merci pour ce topic Serendipity et merci à toutes pour les poèmes postés que j'aime tous. Les fleurs du mal, je l'ai découvert à l'âge de 13 ans. A cet époque, on nous interdisait tout et rien Une surveillante m'a trouvé dans un coin de la cour avec ce livres dans les mains et j'ai failli passer en conseil de discipline Ca ne rigolait pas à l'époque. Evidement, je ne comprenait pas tout le remue ménage que ça faisait. Mon oncle (propriétaire du livre que j'ai emprunté sans consulter ) est intervenu pour calmer les choses, soulignant au passage qu'à mon âge, je ne devait certainement pas comprendre grand chose. Je l'ai relu à un âge plus avancé et j'ai trouvé injuste et trop amplifiée la réaction de mes profs et directrice de l'établissement.
Mon poème préféré est "Élévation". Je crois que je l'ai déjà posté das le topic poémes, poésie...
- Citation :
Élévation Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées, Des montagnes, des bois, des nuages, des mers, Par delà le soleil, par delà les éthers, Par delà les confins des sphères étoilées;
Mon esprit, tu te meus avec agilité, Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l'onde, Tu sillonnes gaiement l'immensité profonde Avec une indicible et mâle volupté.
Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides, Va te purifier dans l'air supérieur, Et bois, comme une pure et divine liqueur, Le feu clair qui remplit les espaces limpides.
Derrière les ennuis et les vastes chagrins Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse, Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse S'élancer vers les champs lumineux et sereins;
Celui dont les pensées, comme des alouettes, Vers les cieux le matin prennent un libre essor, - Qui plane sur la vie, et comprend sans effort Le langage des fleurs et des choses muettes! Merci Ysa pour cette anecdote qui ne m'étonne pas du tout car j'ai " Histoire de la littérature française" de Ch. M. des Grandes, (1946, en piteux état car ayant beaucoup souffert de plusieurs déménagements ), qui est un manuel scolaire à l'attention des collèges et lycées. Je voulais en parler, tu tombes bien. Je recopie ce qu'on en dit de Baudelaire : Baudelaire peut être réclamé à la fois par les Parnassiens et les Symbolistes. Esprit étrange, sensibilité maladive, goût du rare et du faux, mépris du simple et du vrai, culte de la forme et du rythme, tout ce qui se développera, qualités et défauts, dans les deux écoles, apparaît chez lui. Un seul recueil, les fleurs du mal, fit sa réputation. On y trouve une mélancolie malsaine, un réalisme choquant, des élégances parfois exquises. Baudelaire a laissé une excellent traduction des œuvres d'Edgar Allan Poe.
C'est tout ! Je vous précise que sur un manuel scolaire comptant plus de 1000 pages, on compte à peine plus de deux pages entre Baudelaire, Zola et Maupassant, les trois compris alors que ce sont mes 3 auteurs français préférés du XIXème siècle Voilà donc comment on enseignait la littérature il y a quelques décennies
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| | | papotea Romancière anglaise
Nombre de messages : 1514 Age : 48 Localisation : quelque part dans la verte Normandie Date d'inscription : 11/07/2012
| Sujet: Re: Un été avec Baudelaire (1821-1867). Jeu 03 Aoû 2017, 12:20 | |
| Et ben, sacrée anecdote Ysa ...je trouve ça assez hallucinant quand même. Quand tu penses que même pas une génération après on l'étudiait au collège et au lycée, et qu'il figurait dans tous les manuels scolaires ! Quand au "résumé" de Baudelaire...comment dire |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Un été avec Baudelaire (1821-1867). Jeu 03 Aoû 2017, 12:33 | |
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| | | Ysabelle Stardust Reveries
Nombre de messages : 36542 Localisation : Quelque part entre l'orient et l'occident Date d'inscription : 07/05/2010
| Sujet: Re: Un été avec Baudelaire (1821-1867). Jeu 03 Aoû 2017, 13:03 | |
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| | | Elianor Eclectic spirit
Nombre de messages : 5719 Localisation : Ici ou là-bas, un livre dans les mains... Date d'inscription : 28/05/2011
| Sujet: Re: Un été avec Baudelaire (1821-1867). Jeu 03 Aoû 2017, 17:38 | |
| Je vous rejoins pour vous partager mon poème préféré de Baudelaire Il y en a aussi plusieurs autres que j'aime beaucoup, dont "l'Albatros" que vous avez déjà cité - Spoiler:
"La beauté"
Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre, Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour, Est fait pour inspirer au poète un amour Éternel et muet ainsi que la matière.
Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris ; J'unis un coeur de neige à la blancheur des cygnes ; Je hais le mouvement qui déplace les lignes, Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.
Les poètes, devant mes grandes attitudes, Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments, Consumeront leurs jours en d'austères études ;
Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants, De purs miroirs qui font toutes choses plus belles : Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles !
Tout ce que vous dites sur Baudelaire ne m'étonne pas du tout, déjà à son époque il était considéré comme quelqu'un d'un peu sulfureux Après la parution de la première édition des Fleurs du mal, on lui a intenté un procès parce que l'ouvrage était considéré comme scandaleux. Plusieurs poèmes ont été censurés et retirés du recueil. Il y a des idées qui ont la vie dure ! |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29105 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Un été avec Baudelaire (1821-1867). Jeu 03 Aoû 2017, 18:37 | |
| Elianor, La Beauté est un très beau poème Merci pour le partage ! Et tu as tout à fait raison au sujet de Baudelaire : bon nombre de ses poèmes furent censurés, et ce n'est pas le seul artiste à avoir été jugé de cette façon, je pense tout de suite à Edouard Manet qui d'ailleurs était le meilleur ami de Baudelaire, et dont les œuvres étaient souvent -injustement- critiquées Marganne, je suis étonnée de lire de tels commentaires (en plus injustifiés) dans un manuel scolaire Heureusement que ça a changé ! |
| | | Marganne Lioness of Brittany
Nombre de messages : 4560 Age : 55 Localisation : With James, Aboard the Charlotte Rhodes Date d'inscription : 11/07/2009
| Sujet: Re: Un été avec Baudelaire (1821-1867). Jeu 03 Aoû 2017, 18:47 | |
| - Elianor a écrit:
- out ce que vous dites sur Baudelaire ne m'étonne pas du tout, déjà à son époque il était considéré comme quelqu'un d'un peu sulfureux Après la parution de la première édition des Fleurs du mal, on lui a intenté un procès parce que l'ouvrage était considéré comme scandaleux. Plusieurs poèmes ont été censurés et retirés du recueil. Il y a des idées qui ont la vie dure !
Merci pour " la beauté" Je compte parler un peu du procès car j'ai les œuvres complètes de Baudelaire dans la collection Intégrale (Seuil) et tout y est relaté, c'est extrêmement intéressant pour comprendre la censure qui pouvait être faite au XIXème siècle Que pensez-vous de ces citations, extraites au hasard : J'ai plus de souvenirs que si j'avais mille ans (Spleen) Homme libre, toujours tu chériras la mer ! (L'homme et la mer) La musique souvent me prend comme une mer ! (la musique). J'adore |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29105 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Un été avec Baudelaire (1821-1867). Jeu 03 Aoû 2017, 18:57 | |
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| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| | | | Ysabelle Stardust Reveries
Nombre de messages : 36542 Localisation : Quelque part entre l'orient et l'occident Date d'inscription : 07/05/2010
| Sujet: Re: Un été avec Baudelaire (1821-1867). Jeu 03 Aoû 2017, 21:11 | |
| Elles sont belles. J'aime beaucoup la dernière. Je ne me souvenais pas que de la première était de lui Elle semble comme "Une vérité universellement connue" |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Un été avec Baudelaire (1821-1867). Ven 04 Aoû 2017, 10:05 | |
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| | | Marganne Lioness of Brittany
Nombre de messages : 4560 Age : 55 Localisation : With James, Aboard the Charlotte Rhodes Date d'inscription : 11/07/2009
| Sujet: Re: Un été avec Baudelaire (1821-1867). Ven 04 Aoû 2017, 13:49 | |
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| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| | | | Marganne Lioness of Brittany
Nombre de messages : 4560 Age : 55 Localisation : With James, Aboard the Charlotte Rhodes Date d'inscription : 11/07/2009
| Sujet: Re: Un été avec Baudelaire (1821-1867). Ven 04 Aoû 2017, 17:08 | |
| OK, Seren Remords posthume est un poème sur le thème de la mort et le regret de n'avoir pas profité de la vie, une réinterprétation du célèbre Carpe Diem. Il rappelle "Quand vous serez bien vieille" et "Mignonne allons voir si la rose" de Ronsard, en plus... macabre. - Spoiler:
Remords posthume Lorsque tu dormiras, ma belle ténébreuse, Au fond d'un monument construit en marbre noir, Et lorsque tu n'auras pour alcôve et manoir Qu'un caveau pluvieux et qu'une fosse creuse ;
Quand la pierre, opprimant ta poitrine peureuse Et tes flancs qu'assouplit un charmant nonchaloir, Empêchera ton coeur de battre et de vouloir, Et tes pieds de courir leur course aventureuse,
Le tombeau, confident de mon rêve infini (Car le tombeau toujours comprendra le poète), Durant ces grandes nuits d'où le somme est banni,
Te dira : " Que vous sert, courtisane imparfaite, De n'avoir pas connu ce que pleurent les morts ? " - Et le ver rongera ta peau comme un remords.
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| Sujet: Re: Un été avec Baudelaire (1821-1867). | |
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| | | | Un été avec Baudelaire (1821-1867). | |
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