Emily StJohn Mandel

J'ai reçu d'une amie un roman : "Station Eleven" que j'ai beaucoup aimé et je voudrais partager ici ce que j'en pense !
Un mot sur l'auteure :


Wikipedia :
Emily St. John Mandel, née en 1979 à Comox en Colombie-Britannique, est une romancière canadienne anglophone, spécialisée dans le roman policier. En 2014, elle aborde la science-fiction avec son roman Station Eleven qui est finaliste du National Book Award.

Elle passe son enfance sur l'île Denman. Elle s'inscrit à une école de danse de Toronto, puis vit un temps à Montréal, avant de s'installer à New York. Elle est aujourd'hui mariée et vit à Brooklyn.

Son premier roman, Dernière nuit à Montréal (Last Night in Montreal), publié en 2009, ce roman est traduit en français en 2012 par les éditions Payot & Rivages dans la collection Rivages/Thriller. Il est finaliste du ForeWord Magazine's 2009 Book of the Year.

On ne joue pas avec la mort (The Singer's Gun, 2010), son deuxième titre traduit en France, remporte le prix Mystère de la critique en 2014.

Son troisième roman, le premier à être publié au Canada, intitulé The Lola Quartet (2012) est traduit en français sous le titre Les Variations Sebastian en 2015.

Elle publie en 2014 Station Eleven, un roman d'anticipation se déroulant dans un monde post-apocalyptique après qu'un virus a ravagé la Terre. Cela lui vaut des nominations aux PEN/Faulkner Award et Baileys Women's Prize for Fiction, ainsi que d'être finaliste du National Book Award 2014.

Le roman :


Mon avis :
Les premiers mots de la quatrième de couv’ : « Dans un monde où la civilisation s’est effondrée, une troupe itinérante parcourt la région du lac Michigan… »
Et les premières lignes du roman : « le roi Lear se tenait dans une flaque de lumière bleue… à l’Elgin Theater de Toronto... »

Parce que le livres commence en fait par la mort en scène d’un acteur célèbre et l’arrivée de la pandémie galopante qui va ravager le monde…
La première partie raconte la panique, la catastrophe...
Nous ne rencontrons la Symphonie itinérante que 20 ans après… Ils jouent du Beethoven, ou du Shakespeare, se sont formés au gré des rencontres, et vivent les armes à la main, avec l'idée de maintenir par le théâtre l'idée que la survie n'est pas que matérielle.
On croit que les personnages de la première partie sont tous morts,  et qu’on n’en saura rien de plus,  mais pas du tout : grâce à une narration navigant admirablement dans le temps et dans les personnages nous allons les suivre, les retrouver, les perdre, en connaître de nouveaux, en des rencontres qui auront des échos inattendus dans le passé, tissant une toile où les liens sont créés par le Destin lui-même.  
Ce livre est prenant, je n'ai pas pu le lâcher, et en même temps très optimiste sur la résilience de l’espèce humaine !
J'ai été conquise par l'originalité du propos, de la narration, le style à la fois simple, précis, dépouillé. Je le recommande !  

Merci pour cette jolie présentation, Clinchamps ! Le sujet ne m'aurait -a priori- pas intéressée, mais ce que tu en dis est tentant

Merci pour l'ouverture du topic Clinchamps ! La lecture de nombreux avis enthousiastes me l'a fait acheter il y a quelque temps, et il est sur le haut de ma PAL. Tes commentaires me donnent encore plus envie de m'y plonger !

Merci pour ton avis Clinchamps j'ai prévu de le lire prochainement

Merci Clinchamps pour l'ouverture de ce topic je vais prendre Station eleven en e-book à la médiathèque

J'ai lu Station eleven et j'ai été emballée  

Ce roman est passionnant, une fois commencé impossible de le lâcher ! je pense qu'il devrait plaire même à ceux qui n'aiment pas la science-fiction.

Clinchamps m'avait attirée en citant les premières lignes Le roi Lear se tenait dans une flaque de lumière bleue… à l’Elgin Theater de Toronto... et je n'ai pas été déçue.

Le récit est habilement construit, et navigue du passé au présent, avec comme fil conducteur l'acteur qui interprétait le roi Lear au début du roman, et a été une des premières victimes de la pandémie foudroyante qui va anéantir une  grande partie de l'humanité. Mais quelques-uns survivent, et l'on retrouve vingt ans plus tard une enfant qui était présente lors de la représentation, et fait désormais partie de La Symphonie itinérante , une troupe de comédiens et musiciens qui sillonne la région en jouant Shakespeare et Beethoven.

Bien sûr ils doivent affronter des dangers, et se battre ou même tuer pour survivre. Mais il reste l'espoir et la foi en l'humanité, et la transmission de la culture par ces représentations théâtrales. Leur devise Parce que survivre ne suffit pas est admirable, mais n'est pas tirée de Shakespeare mais de Star Trek

Je recommande très fortement ce roman, qui est bien plus qu'un simple récit post-apocalytique. De plus l'écriture m'a beaucoup plu, à la fois précise et poétique.

Un grand coup de coeur

Et bien ! 2 avis très favorables de clinchamps et de Rosalind ! mazette ! je note le titre et l'auteure

Je le note aussi Merci Clinchamps et Roz

Je viens de le lire et j'ai également beaucoup aimé.

La seule différence que je note avec vos avis, Clinchamps et Rosalind, c'est que je l'ai lu assez lentement, ça n'a pas été une lecture si addictive pour moi.

J'avais été interpellée à la sortie en France du livre par le résumé et par de nombreux avis très positifs, et j'ai moi aussi été totalement séduite par cette lecture. C'est effectivement un livre très maîtrisé, servi par un style précis et évocateur. La construction narrative avec les allers-retours dans le temps, l'alternance des personnages qui se croisent, comme certains objets, est admirable. Et le fait de ne pas suivre uniquement le moment même de l'apocalypse, mais aussi ce qui se passe 20 ans après, donne vraiment de l'ampleur au récit.

Mon seul bémol, mais qui n'en est pas vraiment un, c'est que je me suis pas tellement attachée aux personnages, que j'ai trouvés un peu désincarnés. Mais cela tient aussi au contexte qui les a sûrement un peu engourdis ou endurcis.

Mais sinon, quel beau livre, et quel talent pour dépeindre ce monde de "l'An Vingt" ! Je garderai de ce livre des images très fortes, celle de l'aéroport surtout. J'ai lu quelque part qu'une adaptation était prévue, mais c'est typiquement le genre de films que j'hésiterais à aller voir tant j'ai aimé ce que j'ai imaginé pendant ma lecture.

Et enfin, c'est étonnamment un livre que j'ai trouvé très apaisant. Nostalgique et mélancolique aussi, ce qui me parle beaucoup. Ceci dit, je dis "étonnamment", mais je me rends compte que les quelques livres évoquant une fin du monde que j'ai lus ces dernières années m'ont tous produit un peu le même effet d'apaisement (je pense à Dans la forêt de Jean Hegland ou En un monde parfait de Laura Kasischke).

Une très belle lecture, qui m'a donné envie de découvrir les polars d'Emily St John Mandel.

Merci pour vos avis Roz et Esperluette ! Je suis définitivement tentée par ce roman

esperluette a écrit:

Et enfin, c'est étonnamment un livre que j'ai trouvé très apaisant. Nostalgique et mélancolique aussi, ce qui me parle beaucoup. Ceci dit, je dis "étonnamment", mais je me rends compte que les quelques livres évoquant une fin du monde que j'ai lus ces dernières années m'ont tous produit un peu le même effet d'apaisement (je pense à Dans la forêt de Jean Hegland ou En un monde parfait de Laura Kasischke).

Une très belle lecture, qui m'a donné envie de découvrir les polars d'Emily St John Mandel.

Je suis d'accord avec toi, le livre s'ouvre vers la résilience et le reconstruction... et on y trouve un apaisement de l'esprit !!

esperluette a écrit:

quel talent pour dépeindre ce monde de "l'An Vingt" ! Je garderai de ce livre des images très fortes, celle de l'aéroport surtout. J'ai lu quelque part qu'une adaptation était prévue, mais c'est typiquement le genre de films que j'hésiterais à aller voir tant j'ai aimé ce que j'ai imaginé pendant ma lecture.

Tout pareil  

esperluette a écrit:

Et enfin, c'est étonnamment un livre que j'ai trouvé très apaisant. Nostalgique et mélancolique aussi, ce qui me parle beaucoup. Ceci dit, je dis "étonnamment", mais je me rends compte que les quelques livres évoquant une fin du monde que j'ai lus ces dernières années m'ont tous produit un peu le même effet d'apaisement (je pense à Dans la forêt de Jean Hegland ou En un monde parfait de Laura Kasischke).

 ce message d'espoir m'a également beaucoup touchée, alors que des romans comme La route ou Demain les chiens m'ont fait cauchemarder

Je note Dans la forêt cela m'intéresse.

Je me suis lancée à la découverte de Station Eleven, sur le conseil de libraires, en sachant seulement que c'était un récit entre post-apocalypse et résilience par l'art et la culture, mais sans savoir la cause de l'apocalypse, proche des événements vécus dernièrement.  

Du coup, je pense qu'en temps normal, j'aurais dévoré le roman comme clinchamps et Rosalind, mais dans le contexte actuel, ma lecture s'est faite sur un rythme plus similaire à celui d'esperluette:

esperluette a écrit:

La seule différence que je note avec vos avis, Clinchamps et Rosalind, c'est que je l'ai lu assez lentement, ça n'a pas été une lecture si addictive pour moi.

La dureté de la vie après la pandémie m'a glacé le sang avec cette hypothèse littéraire de ce que nous aurions pu vivre si le virus avait eu une contagiosité et une létalité différentes.  
Du coup, je l'ai lu petit à petit, avec des pauses pour digérer. Je pense que j'aurais été incapable de le lire pendant le confinement et qu'il se prêtait plus à l'après-confinement pour moi.

Je vous rejoins toutes sur la qualité de la narration, très maitrisée et équilibrée entre les allers-retours temporels et le suivi des différents personnages:

clinchamps a écrit:

grâce à une narration navigant admirablement dans le temps et dans les personnages [...], tissant une toile où les liens sont créés par le Destin lui-même.  
[...], le style à la fois simple, précis, dépouillé.

Rosalind a écrit:

Le récit est habilement construit [...] De plus l'écriture m'a beaucoup plu, à la fois précise et poétique.

esperluette a écrit:

C'est effectivement un livre très maîtrisé, servi par un style précis et évocateur. La construction narrative avec les allers-retours dans le temps, l'alternance des personnages qui se croisent, comme certains objets, est admirable. Et le fait de ne pas suivre uniquement le moment même de l'apocalypse, mais aussi ce qui se passe 20 ans après, donne vraiment de l'ampleur au récit.

A aucun moment, l'autrice ne nous perd dans ses changements de temps, lieux et personnages.
Le style est simple, mais assez évocateur pour construire un monde, ça me va!  

esperluette a écrit:

Mon seul bémol, mais qui n'en est pas vraiment un, c'est que je me suis pas tellement attachée aux personnages, que j'ai trouvés un peu désincarnés. Mais cela tient aussi au contexte qui les a sûrement un peu engourdis ou endurcis.

De mon côté, je me suis attachée à certains personnages, notamment Arthur Leander, Miranda et Clark. Je me rends compte que ce sont ceux qu'on suit plus souvent dans la vie de l'ancien monde et que je me suis moins attachée à ceux de la Symphonie Itinérante, pour des raisons sensiblement similaires aux tiennes, à l'exception d'August, Dieter (et Kirsten dans une moindre mesure). La dénomination de certains par leur place dans l'orchestre ("la clarinette", "la viole", "la Xième guitare") n'aide pas la personnification je pense.  

esperluette a écrit:

Je garderai de ce livre des images très fortes, celle de l'aéroport surtout. J'ai lu quelque part qu'une adaptation était prévue, mais c'est typiquement le genre de films que j'hésiterais à aller voir tant j'ai aimé ce que j'ai imaginé pendant ma lecture.

J'ai aussi beaucoup aimé les images de la Station Eleven, du bureau donnant sur le lac Ontario de Miranda à Neptune Logistics et des bateaux en Malaysie.  

Rosalind a écrit:

Mais il reste l'espoir et la foi en l'humanité, et la transmission de la culture par ces représentations théâtrales. Leur devise Parce que survivre ne suffit pas est admirable, mais n'est pas tirée de Shakespeare mais de Star Trek

J'ai beaucoup aimé cet aspect du roman, la volonté de faire renaitre la civilisation, par l'art et la culture.  
Mais j'ai en parallèle était très secouée par l'autre facette de la reconstruction du monde, avec la barbarie entre les différentes communautés jusqu'au délire religieux du Prophète.  

Spoiler:

esperluette a écrit:

Et enfin, c'est étonnamment un livre que j'ai trouvé très apaisant. Nostalgique et mélancolique aussi, ce qui me parle beaucoup.

De mon côté aussi je suis ressortie de cette lecture avec un sentiment mélancolique et une certaine nostalgie comme tu dis...
Je trouve que c'est là que je ressens que l'autrice a réussi son roman, en nous faisant ressentir profondément ce que doivent ressentir ces survivants à la reconstruction d'un monde...

Encore un retour positif sur ce livre, merci pour ton avis, Vavyala !

Merci pour ce retour détaillé Vavyala ! Décidément nous sommes toutes d'accord sur ce roman.

Station Eleven m'ayant été offert par une amie du forum, je viens d'en dévorer les 50 premières pages. J'ai hâte de connaître la suite !

Voici mon ressenti sur Station Eleven :

C'est un livre que j'ai trouvé assez addictif à la lecture, malgré sa construction en puzzle, que j'ai trouvée un peu artificielle (j'ai toujours du mal avec les récits non chronologiques, cela heurte mon sens cartésien ? ou je me dis "pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ?").
Cela dit, et une fois intégrés les paramètres de la dystopie, j'ai apprécié la description des personnages et de leur adaptation à ce nouveau monde, ainsi que les thèmes de réflexion sous-jacents, sur la résilience de l'être humain, le sens du groupe, la tentation totalitaire.
J'ai beaucoup apprécié aussi le travail de roman graphique par Miranda, son perfectionnisme, sur ce qui sera l'oeuvre de sa vie, et l'influence qu'il a sur ses lecteurs-lectrices 
Au final c'est un livre imparfait, mais sympathique aussi grâce à ses imperfections.

Une très belle découverte !

Ravie que tu l'aimes, car je l'ai beaucoup aimé,même si je peux comprendre que la construction soit dérangeante, mais en fait elle mie ensemble les causes et les conséquences, au final ça m'avait bien plu ! Et puis l'idée de maintenir la culture à toutprix comme moyende résilience, quelle belle pensée !

Merci pour ton avis, Petit Faucon ! J'ai tendance à être comme toi concernant la chronologie d'un récit, mais le roman me tente tout de même !

Merci beaucoup pour ton retour Petit Faucon!

Je suis contente que ce roman t'ait plu! Je plussoie la majeure partie de ton commentaire, à l'exception de la construction non-chronologique qui ne m'a pas dérangée, voire a participé à l'ambiance apocalyptique, par la déstructuration de la trame.

Moi ça me perturbe un peu ...
Je vais avouer un truc horrible : quand je vois que le morceau de l'histoire que je lis s'arrête au milieu, et que les chapitres suivants s'occupent d'autres personnages, je feuillette le bouquin jusqu'à trouver la suite (même si on est à 30 pages de la fin) pour savoir ce qu'il advient ; et ensuite, je reprends le fil des nouveaux personnages.
C'est pour dire que je suis au bord de la maladie mentale 

je fais ça avec les séries ou dramas... je ne peux pas laisser quelqu'un en situation pénible sans aller me rassurer d'un coup d'œil et revenir ensuite reprendre paisiblement le cours de l'histoire !

 voilà ! je me rassure en me disant que je ne suis pas la seule à être bizarre 

Mais non, vous n'êtes pas bizarres.

Moi aussi cela m'est arrivé de pester dans certaines sagas, quand on a un cliffhanger sur la situation d'un personnage et qu'on ne le revoit que plus loin... Et d'aller zyeuter plus loin dans le roman ce qu'il en était.

Il n'y a pas de règle immuable chez moi sur le plaisir/déplaisir d'une narration chronologique ou pas et de personnages abandonnés pendant de longs chapitres avant d'y revenir (ou pas). Mon avis va varier d'un roman à un autre, une construction plus classique ou une plus originale peut passer comme casser.

Pour Station Eleven, cela m'a convenu, mais je ne garantis pas que ça le soit pour un autre roman.

Petit Faucon a écrit:

 voilà ! je me rassure en me disant que je ne suis pas la seule à être bizarre 

Tu n'es pas la seule, je te rasssure !