Ken Kesey (1935-2001), Vol au dessus d'un nid de coucou et autres oeuvres

Je viens de terminer le roman Et quelquefois j'ai comme une grande idée, et comme promis j'ouvre un sujet à son auteur Ken Kesey.

Ken Kesey est né dans le Colorado (1935) et mort dans l'Oregon (2001). Son roman le plus connu est Vol au-dessus d'un nid de coucou, écrit en 1962 et adapté au cinéma en 1975 par Milos Forman. Peut-être qu'un ou une lambtonienne voudra parler de ce roman ou de son adaptation.

Et quelquefois j'ai comme une grande idée a été publié en 1963. Il est parfois considéré comme son oeuvre majeure. Il a aussi été adapté au cinéma par Paul Newman sous le titre Le clan des irréductibles (merci wikipedia). Il n'a été traduit en français qu'en 2013.

Ken Kesey est aussi une figure du mouvement psychédélique californien des années 60, notamment le mouvement des merry pranksters.

La vie et les oeuvres de Ken Kesey sur wikipedia :

Et quelquefois j'ai comme une grande idée est un roman assez conséquent (870 p. environ) et inclassable. Il raconte un épisode de la vie d'une famille de bûcherons et scieurs, et plus largement d'une petite communauté sur la côte Pacifique de l'Oregon, dans la ville fictive de Wakonda. Les travailleurs de l'entreprise forestière Wakonda Pacific (WP) sont en grève et une ambiance pesante tombe sur la ville de Wakonda. D'autant plus pesante que des rumeurs insistantes disent que Hank Stamper, patron de la scierie indépendante fondée par l'indomptable Henry Stamper, a passé un gros contrat avec la WP, qui pourrait bien faire capoter la grève. Est-ce pour cela que le demi-frère de Hank, Leland est revenu de l'est des Etats-Unis alors qu'on ne l'avait pas vu dans l'Oregon depuis 12 ans ? C'est bien possible car les Stamper ont la particularité de ne travailler qu'en famille. Mais le retour de Lee va faire remonter quelques vieilles histoires de famille dans la vieille maison accrochée à la rive de la sauvage rivière Wakonda-Auga.

Je n'en dirai pas plus. La force du roman est dans sa construction, complétement atypique autour d'une multitude de points de vue qui s'entremêlent au fil du texte (rythmé par l'utilisation des italiques et des parenthèses lorsque l'on passe d'un personnage à l'autre). C'est un peu perturbant au début mais quand on rentre dans ce jeu, c'est vraiment très prenant. Lorsque la tension s'accroît et que le rythme s'accélère, les points de vue s'enchaînent de façon plus intime. Ensuite, c'est la force d'évocation de l'auteur, qui fait que l'on est immergé dans la vie de la communauté, des Stamper, les chantiers forestiers, l'intimité de la maison, les troubles d'Evenwrite le syndicaliste, dans un style très réaliste et fort. Enfin, le huis clos entre les deux frères, Hank et Leland, fait de non-dits, de vieilles rancunes ravivées, d'admiration et de haine, qui créée une ambiance de tension qui m'a tenue tout au long de ce texte.
J'ai véritablement apprécié ma lecture même si j'ai mis du temps à finir le roman que j'ai posé et repris plusieurs fois en fonction de mes disponibilités de temps et d'humeur. Et comme j'ai eu la chance de visiter la côte de l'Oregon, j'avais bien les images des paysages en tête.

Merci pour cette ouverture, MissAcacia ! Comme tout le monde j'ai vu "vol au dessus d'un nid de coucou", mais il me semble aussi avoir vu "le clan des irréductibles", seulement le souvenir en est trop lointain !! Mais ce que tu dis du roman dont il a été tiré donne très envie de le lire !!

Oui tu as bien fait de présenter ce livre MissA !
J'ai vu qu'il figure dans les rayons de ma bibliothèque, je vais donc leur payer une petite visite le prochain week-end

Merci beaucoup pour l'ouverture du topic MissAcacia.

Je n'ai pas encore lu Kesey mais je tourne autour depuis des années. J'ai vu Vol au-dessus d'un nid de coucous, qui m'avait réellement impressionnée, et trouvé ensuite le livre chez un bouquiniste mais je ne l'ai toujours pas lu. Et j'ai offert Et quelquefois j'ai comme une grande idée à mon frère qui l'a beaucoup aimé et pourra donc me le prêter un jour (oui, je fais des cadeaux intéressés ).

Je connaissais peu de choses sur le personnage mais j'ai récemment lu un essai sur les sixties à San Francisco et découvert au passage la tribu des Merry Pranksters, pour le moins animée.

Merci pour vos retours les filles et je suis ravie de vous donner envie.
J'ai oublié de mentionner le rôle central que joue la rivière dans le roman.

Merci d'avoir ouvert ce topic, Miss A !
J'ai visionné le film Vol au dessus d'un nid de coucou qui est très vite devenu l'un de mes préférés -tous genres et époques confondus
Le roman m'attend sagement et j'espère pouvoir le lire en 2020

Merci pour ton avis sur Et quelquefois j'ai comme une grande idée J'ignorais qu'il existait une adaptation avec Paul Newman, c'est bon à savoir

Mon retour sur Et quelquefois j'ai comme une grande idée de Ken Kesey.


C'est un livre atypique par son style, qui s'apparente par certains aspects à celui de Virginia Woolf (je suis sûre que cette remarque aurait fait bondir les deux intéressés ), c'est-à-dire qu'il est écrit "caméra à l'épaule", on passe d'un personnage à l'autre avec un minimum de transition, souvent une parenthèse, ou de l'italique, ou un retour à la ligne.
Une fois entrée dans l'histoire et après une centaine de pages où j'ai partiellement relu le début pour vérifier que j'avais correctement mémorisé les personnages, le roman est très prenant, et possède une espèce d'envoûtement qui ne vous lâche plus.

Comme l'a dit MissAcacia, l'histoire est assez simple : deux frères qui se jalousent, le père qui décline, la maison au bord de la rivière impétueuse, la rivière aveugle qui avale la terre , et qui charrie les troncs coupés en amont.
Le charme de l'histoire doit beaucoup à son cadre, la rivière sauvage qu'on entend en arrière-fond, la pluie, la forêt, les animaux familiers ou sauvages, les marécages, les plantes ; et cette partie de l'Oregon étouffante entre mer et forêt.

La musique, et les chansons tiennent aussi une grande place dans l'imaginaire des personnages, et d'ailleurs le titre Sometimes a great notion (qui ne me parlait pas) vient d'une chanson « Goodnight, Irene » popularisée par Lead Belly (je cite oncle Wiki) :

Citation :

Sometimes I live in the country
Sometimes I live in town
Sometimes I have a great notion
To jump into the river an’ drown

Citation :

Quelquefois j'habite à la campagne
Quelquefois c'est en ville que je vis
Et quelquefois j'ai comme une grande idée
De me jeter dans la rivière aussi

Cela jette une lumière plus sombre sur le titre.

Enfin, pour mieux comprendre toute la dernière partie du livre, et le travail de bûcheronnage de Hank, Joe, Andy et Lee, j'ai lu avec intérêt l'article de wiki sur les scieries de l'Oregon (les gyppo logger) où l'on voit la fameuse "mule" dont le fonctionnement me paraissait obscur à ma lecture .

Pour finir c'est un livre très intéressant, qu'il faut avoir lu.

Merci pour ton retour, Petit Faucon Il faut vraiment que je découvre cet auteur, sachant que j'ai ses deux romans principaux dans ma PAL

Avec beaucoup (beaucoup) de retard, merci pour ton retour Petitfaucon, je me retrouve tout à fait dans ton avis et les recherches complémentaires que tu partages sont très intéressantes. J'ignorais que le titre venait d'une chanson de Leadbelly, tout à fait approprié by the Way, tant l'influence de la rivière est forte.

Merci MissAcacia, c'est toi qui m'avait donné envie de lire ce livre, avec ton retour si enthousiaste
Il est vrai que la rivière est un personnage à part entière, qu'elle rythme le récit comme un choeur antique.

PetitFaucon a écrit:

Une fois entrée dans l'histoire et après une centaine de pages où j'ai partiellement relu le début pour vérifier que j'avais correctement mémorisé les personnages, le roman est très prenant, et possède une espèce d'envoûtement qui ne vous lâche plus.

Ce fut exactement pareil pour moi, les 100 premières pages ont été compliquée, puis le livre ne nous lâche plus...
Un sacré pays tout de même que ce Beaver State qu'est l'Oregon. J'imagine que ce que ça pouvait être, d'arriver au bout de la route, entre l'Océan Pacifique (qui ne l'est pas un brin) et les rainforests avec leur arbres géants (aujourd'hui, il en reste moins, mais quand même dans les state forests, qui sont nombreuses dans les trois états de l'ouest). ça me donne envie de lire Mon désir le plus ardent, de Pete Fromm, même si ça ne sera pas pareil.