Goliarda Sapienza (1924-1996).

Petit Faucon a écrit:

J'ai vraiment adoré L'art de la joie, qui est un vrai coup de coeur

Très contente de lire que tu aies pris du plaisir à ta lecture!  
Ce roman a été une belle surprise et un coup de cœur pour moi aussi    

Petit Faucon a écrit:

J'ai été portée par ce personnage solaire, intelligent, et plein d'énergie qu'est Modesta, et le livre est écrit de façon très vivante ; comme Vavyala j'ai eu du mal à le lâcher, et il reste encore très présent à mon esprit.
J'ai beaucoup aimé les rapports entre les enfants et les "grands" de la génération d'avant, ce côté famille élargie qui vit dans la même maison.

Comme toi, je trouve Modesta très solaire. Malgré les aléas de sa vie, elle ne s'est jamais mise dans la peau d'une victime et a toujours rebondi, savourant les plaisirs du présent et lâchant les turpitudes du passé.

Spoiler:

Petit Faucon a écrit:

Je ne peux que vous recommander sa lecture, qui est tout sauf déprimante, et dont je suis ressortie ressourcée.

Petit Faucon a écrit:

@ Vavyala : je me suis fait vers la fin un petit arbre généalogique, avec tous ces enfants des un(e)s et des autres

Ah oui, c'est vrai qu'arrivé à la moitié du livre, les personnages secondaires se multiplient et comme ils ne jouent pas les seconds rôles mais ont un réel apport à l'histoire, une réelle densité, c'est très sympa de les connecter ainsi!
Je rassure les lectrices en cours et les futures: l'histoire est tellement bien amenée qu'on peut la suivre sans avoir besoin d'un arbre généalogique. Vous ne serez pas perdues! Je dirais que c'est un plaisir qui vient en plus de la lecture, mais non nécessaire pour goûter la lecture.

Petite question Petit Faucon (et pour les prochaines personnes qui alimenteront le topic après lecture):

Spoiler:

Quel bel avis ! Merci pour ton retour, Petit Faucon

@ Vavyala : oui Modesta vit sa vie comme des tranches, qui correspondent en effet aux 4 parties du livre.

Elle ne se retourne pas sur son passé, elle ne se bloque pas sur un évenement qu'elle refuse (comme le fait Gaia avec la fin de la guerre de 14 par exemple), elle tourne les pages de sa vie sans se retourner.

Spoiler:

En fait elle prend la vie comme une successions d'apprentissages, d'expériences, et elle refuse de se complaire dans l'auto flagellation ou la complaisance sur elle-même ; elle prend des coups, mais elle avance ; elle est très positive.

J'ai beaucoup aimé la relation qu'elle a avec les enfants, devenus grands, et le fait que les enfants qu'on aime et qu'on élève ne suivent pas forcément la route qu'on aurait aimé pour eux, comme parent ; c'est souvent des conflits assez douloureux pour les enfants comme pour les parents, et je trouve qu'ils sont très bien montrés.

Merci Petit Faucon pour ta réponse!

J'ai été moins sensible ou attentive que toi sur le traitement du parcours des enfants qui diverge des aspirations qu'on en avait, peut-être parce que je ne suis pas (encore) concernée, mais ton point de vue est très intéressant.
Ce qui m'a aussi marqué, c'est que pour Modesta, je n'ai pas ressenti de différence entre l'affection qu'elle porte à son fils biologique et celle à des enfants "adoptifs" (que cela ait été fait légalement ou soit plus informel avec les autres enfants d'adultes de la maisonnée). Elle traite tous les jeunes aux même niveau et c'est assez agréable!

Et bien honnêtement, après avoir trouvé au début que cela se laissait lire sans ennui, je vais laisser tomber ce gros roman. Désolée de me retrouver à contre-courant mais je trouve tout cela bien convenu, assez déjà-vu et au stade où j'en suis arrivée très prévisible. Un ensemble (histoire et style) feel-good avant la lettre. Je sentais monter cette sensation tout en m'y refusant ; ce qui m'a achevée c'est la scène d'amour au moment où le personnage doit se mettre à l'équitation. Une avalanche de clichés qui m'a définitivement  confrontée à mes ressentis réels.
Le fait d'avoir relu vite fait il y a quelques jours Thérèse Desqueyroux et L'amore molesto a sûrement précipité aussi par comparaison la sensation d'inauthenticité  des caractères et de prévisibilité des rebondissements. Je me suis demandé si l'aspect historique dont vous parlez pour la suite ne valait pas le coup que je pousse un peu, mais je crains après feuilletage que cela ne brille pas non plus par sa force, son originalité et sa densité. Dommage pour moi. Trop vieille, sans doute.

Merci pour ton retour Selenh ! C'est toujours intéressant de lire un avis dissonant, et je crois que c'est la première fois que je lis un retour peu enthousiaste sur ce roman. Cela renforce ma curiosité !

Merci pour ton retour Selenh même si je suis triste pour toi que tu aies investi dans un ouvrage papier qui n'ait pas tenu ses promesses par rapport à tes envies et préférences de lecture. Tu as eu le mérite d'essayer, c'est un point positif!

Je n'ai rien de particulier à commenter sur ton avis, tu parles de tes ressentis qui sont légitimes au regard de tes expériences de lectrice. Peut-être que mon parcours différent de lectrice m'a plus surprise, n'ayant pas arpenté ce type de sentier littéraire par le passé.
Et je plussoie esperluette, ton retour offre un autre regard, plus critique sur ce roman.

Pas de soucis je suis assez riche pour pouvoir me payer un gros livre en papier et c'est bon pour mon petit libraire. Peut-être que la pression sur mes mains m'a aussi aidée à prendre conscience que j'étais assez tiède vis-à-vis de cette histoire.
J'en ai parlé à ma collègue prof d'italien qui l'a lu il y a longtemps, n'est pas fan non plus et m'a dit que mon opinion est assez partagée en Italie, ce ne sont pas des critiques nouvelles pour elle.

Ce roman fait peut-être partie de ceux clivants, soit on adore, soit on n'accroche pas du tout.

Et bien c'est un peu ce que j'ai retenu des informations de ma collègue aussi.

Elle, elle trouve que c'est de la «bluette» et un peu «daté», ce qui ne recoupe pas forcément mon avis, quoique je comprenne ce qu'elle veut dire par «bluette». Je pense que c'est ce que j'appelle moi le côté convenu, à la mode à une certaine période, le côté un peu saga familiale aussi, quand elle met en place des personnages «typés» mais pas très convaincants (pour moi) psychologiquement.

Quant à la notion de livre «clivant», en bonne adepte de Bellefleur et de Blonde de Joyce Carol Oates, je te comprends absolument !

C'est bien que tu aies un avis dissonnant Selenh.
Tu es certainement de par ton métier une lectrice plus exigeante et plus avertie.
Pour moi j'ai pris ce livre sans attente particulière et ça a été un coup de coeur, mais chaque ressenti est différent.

Oh en fait je peux être très bon public aussi, voir mes crises «romance» et mon addiction aux variations sur Pride and préjudice ; et mon métier n'a rien à voir avec ça, il est plutôt une conséquence qu'une cause de mes activités de lectrice.

Si j'ai relu Thérèse Desqueyroux  récemment c'est parce que le film est passé à la télé tout simplement ! et si l'Amore molesto me paraît le chef-d'œuvre absolu d'Elena Ferrante je n'en préfère pas moins l'Amie prodigieuse !
Mais c'est vrai qu'à côté de ces mondes-là celui de l'Art de la joie me paraît assez inauthentique, comment dire ? Fabriqué. Et côté réalisme magique ce n'est pas non plus Cent ans de solitude...

Bon mais ce ne sont que des généralités, il faudrait que je puisse vous exposer des détails particuliers qui me semblent par trop cliché ou trop peu vraisemblables, et ce ne serait plaisant qu'au cours d'une discussion à bâtons rompus. De toute façon quand tu vois venir les ficelles de l'action et que tu devines les suites de la plupart des évènements un peu trop systématiquement, il est temps de jeter l'éponge, non ?

Je me demandais justement si tu avais lu L’amie prodigieuse et ce que tu en avais pensé. Ton avis me refroidit sacrément.

Donne-moi ton adresse et je t'enverrai le bouquin, et s'il te ne te plaît pas tu n'auras qu'à le transmettre comme moi !

Merci en tout cas pour ton avis Selenh, il me refroidit également (et comme je n'étais guère motivée )

C’est adorable mais je préfère que ce soit quelqu’un qui veut lire ce livre rapidement qui le reçoive. Si à la fin du confinement tu l’as toujours sur les bras, je l’accepterai volontiers sinon. Mais ce n’est absolument pas urgent.

J'ai refilé la brique à ma vieille maman, grosse lectrice et qui a tendance à toujours vouloir «finir son assiette», mais elle s'est aussi désistée, à mi-chemin, elle. Elle s'ennuyait. Comme elle est très branchée culture italienne, je lui ai demandé si côté Histoire il y avait des aspects qui pourraient m'intéresser, mais elle ne trouve pas non plus le côté historique bien utilisé ni captivant.

Merci pour ce retour Selehn. Je pense me fier à ton avis ainsi qu'à celui de ta maman, que je ne connais pas mais dont les arguments me paraissent coller à mes attentes

Je me sentirais presque coupable d'avoir embarqué des lectrices dans le projet mais je sais que certaines ont beaucoup aimé ce livre alors je me sens plus légère

Rassurant pour toi Selenh que ta mère ait partagé ton ressenti. Aucun regret pour toi de ne pas l'avoir poursuivi.

serendipity a écrit:

Merci pour ce retour Selehn. Je pense me fier à ton avis ainsi qu'à celui de ta maman, que je ne connais pas mais dont les arguments me paraissent coller à mes attentes

Je te plussoie, ne te lance pas si tu ne le sens pas.

serendipity a écrit:

mais je sais que certaines ont beaucoup aimé ce livre alors je me sens plus légère

En effet, pas de culpabilité à avoir pour moi, voire le plaisir de m'avoir fait découvrir un roman qui m'a agréablement surprise et que je n'aurai peut-être jamais découvert ou tenté sinon!

serendipity a écrit:

Je me sentirais presque coupable d'avoir embarqué des lectrices dans le projet mais je sais que certaines ont beaucoup aimé ce livre alors je me sens plus légère

C'est toujours le risque, mais même quand je suis un peu déçue par une lecture que je n'ai pas choisie, je suis souvent contente de l'avoir tentée. Certains de mes plus gros coups de cœur sont des livres imprévus.

Pour ce livre, je reconnais que je suis refroidie. De toute façon, j'ai plusieurs romans italiens de ce genre qui m'attendent déjà.

Un petit retour sur Moi, Jean Gabin de Goliarda Sapienza

Comme l'a dit Sihaya en page précédente, le livre raconte de façon assez décousue des anecdotes de l'enfance de l'auteure, fascinée par la liberté de ton et l'aura de Jean Gabin dans Pépé le Moko, auquel elle s'identifie ; elle corrige souvent son premier mouvement en se disant : Jean Gabin n'aurait jamais fait cela, etc ... 
Elle a une douzaine d'années, et vit avec des parents assez lointains et engagés dans la lutte politique, élevée par des grands frères qui lui expliquent les livres de Diderot Le paradoxe du comédien ou le Dictionnaire philosophique de Voltaire, et des grandes soeurs assez lointaines aussi. Souvent il n'y a rien de prévu comme repas, et l'ambiance de cette grande maison ouverte à tous m'a fait penser à Doris Lessing et à son Rêve le plus doux.
Très intéressant pour connaître mieux l'auteure.

Merci Petit Faucon pour ton retour sur son récit autobiographique!