J'ai pu prendre le temps d'écouter les deux premiers épisodes de
La Compagnie des oeuvres, merci encore Tatiana
. Ce sont des émissions passionnantes en trois parties :
1) Avec une spécialiste de George Eliot, enseignante-chercheuse à l'Université de Lille, l'émission retrace la vie de l'écrivaine en se référant en partie sur le livre
Une passion pour George Eliot de Kathy O'Shaughnessy qui vient de sortir.
Elle a grandi dans un milieu modeste mais pas nécessiteux. A l'adolescence, elle a une période de grande ferveur religieuse. Elle est très attachée à son frère.
Son physique désavantageux lui vaut d'être repoussée par plusieurs hommes.
Elle rencontre finalement un homme marié avec lequel elle vivra jusqu'à ce qu'il décède. Ayant reconnu les enfants illégitimes de son épouse, il ne peut cependant pas obtenir le divorce et George Eliot sera celle qui paiera le prix du scandale. Le beau monde lui interdit son accès et sa famille (dont son frère qu'elle ne reverra jamais) la rejette.
Finalement, elle devient riche grâce à ses succès littéraires et parvient à être accueillie dans le monde qui la rejetait jusque là.
2) Avec Alain Jumeau, traducteur de nombreux auteurs anglais, cette partie se consacre à l'analyse de l'oeuvre d'Eliot.
Il divise ses romans entre deux périodes. La première époque est marquée par la religion et un milieu restreint. Par la suite, George Eliot voyage beaucoup et la politique commence à être présente dans son oeuvre. Elle est pour le progrès tout en étant critique de ses manifestations et conservatrice.
Selon Alain Jumeau, George Eliot est tellement reconnue à son époque qu'elle surpasse Dickens dans l'esprit des Britanniques. Elle inspire même Proust, en particulier avec
Le Moulin sur la Floss qui est qualifié de "recherche du temps perdu". Elle emprunte à Jane Austen le goût des contrastes entre ses héroïnes, l'importance accordée à la psychologie des personnages. Elle est aussi, comme Walter Scott, attentive au contexte (révolution industrielle, elle a même l'intuition de la nécessité d'un État juif).
Elle souhaite inspirer l'empathie envers ses personnages. Elle pense que ce ne sont pas forcément des actes héroïques ou remarquables qui changent le monde.
Contrairement à ce qu'elle a vécu, elle ne crée pas des personnages féminins qui brisent leurs chaînes (sauf la mère de Daniel Deronda). En revanche, elle met en scène de façon claire les différences de traitement entre hommes et femmes.
On apprend aussi la future parution de
Felix Holt, The Radical, une première parution en français pour début 2021.
La troisième émission est consacrée à
Middlemarch, je vais rapidement écouter ça.