Eric Vuillard (1968).

Eric Vuillard est un écrivain, scénariste et cinéaste, qui a remporté le prix Goncourt en 2017 pour son récit "L'ordre du jour", dont j'emprunte le pitch à Wikipédia :

Citation :

« Ils étaient vingt-quatre, près des arbres morts de la rive, vingt-quatre pardessus noirs, marron ou cognac, vingt-quatre paires d'épaules rembourrées de laine, vingt-quatre costumes trois pièces et le même nombre de pantalons à pinces avec un large ourlet. Les ombres pénétrèrent le grand vestibule du palais du président de l'Assemblée : mais bientôt, il n'y aura plus d'Assemblée, il n'y aura plus de président, et, dans quelques années, il n'y aura même plus de Parlement, seulement un amas de décombres fumants ».

L'ordre du jour est un récit relativement court, qui relate plusieurs épisodes des prémices et du début du Troisième Reich dans les années 1930 et montre comment « les plus grandes catastrophes s’annoncent souvent à petit pas ».

C'est le premier livre que je lis de cet auteur et, en le refermant, je me demandais si je l'avais apprécié et ce que j'en retiendrai  c'est un livre très atypique par rapport à ce que je lis d'ordinaire et je pense que si j'ai globalement plutôt apprécié cette lecture c'est surtout en raison de la structure de ce livre bref, composé de chapitres courts. Le style de l'auteur est recherché, le vocabulaire très riche mais je me suis parfois demandé si l'exercice de style ne l'emportait pas  

J'ai apprécié l'éclairage historique sur le rôle des industriels allemands dans le financement du pari nazi, ainsi que les éléments ayant conduit à l'Anschluss (je ne suis pas familière de l'histoire autrichienne de l'époque et le chapitre consacré au chancelier Schlusschnigg m'a beaucoup intéressée même s'il n'a pas de vocation pédagogique et que certains éléments de contexte m'ont manqué pour comprendre les ressorts de ce qui a mené à l'annexion de l'Autriche par l'Allemagne).

L'ordre du jour, a suscité une polémique avec l'historien américain Robert Paxton, je serais curieuse de lire les échanges par articles de presse interposés entre l'auteur et cet historien  

L'Obs a ouvert ses pages à Eric Vuillard afin de lui permettre de répondre à Paxton (ici), mais l'article est malheureusement réservé aux abonnés (si quelqu'un ici est abonné, je suis preneuse )

On peut cependant trouver un résumé de cette polémique sur le site du Point  

Citation :

Dans la célèbre revue littéraire bimensuelle américaine, l'auteur de "La France de Vichy" a contesté cette thèse. "Au cours des dernières années, des recherches minutieuses" ont montré que si les grandes entreprises ont bien financé le parti nazi, elles ont donné de l'argent à tous les partis non-marxistes. "En fait, soutient Paxton, les nazis ne furent pas les plus gros destinataires" des fonds dispensés par les grandes entreprises allemandes.

"Les industriels allemands préféraient largement les partis conservateurs traditionnels", écrit l'historien qui concède que les grandes entreprises se sont réjouis de l'arrivée au pouvoir des nazis qui ont supprimé les syndicats et aboli le droit de grève.

Les entreprises allemandes "ont utilisé de la main d'oeuvre réduite en esclavage pendant la guerre sans apparemment s'en soucier", écrit-il. Selon lui, Vuillard a été récompensé par le Goncourt davantage en raison de son style ("musclé, concret, richement inventif, ironique, sardonique et dogmatique") que sur la véracité de son récit.

Tatiana, qu'as-tu pensé de ce récit ?

Pour moi, pas de coup de coeur, mais je n'exclus pas de lire un jour le dernier récit d'Eric Vuillard La guerre des pauvres.

Merci pour le topic serendipity, et pour ton ressenti sur L'ordre du jour.
Honnêtement je m'en souviens peu, l'ayant lu au moment du Goncourt. Je crois l'avoir apprécié aussi en raison de sa construction, en courts chapitres comme tu le rappelles. Un récit court et efficace. J'avais trouvé le sujet intéressant, mais je ne saurais en dire plus . Je me rappelle en revanche que je comptais poursuivre ma découverte par l'un ou l'autre livre (l'auteur est apprécié dans ma famille et mes parents ont plusieurs autres livres parmi lesquels je peux piocher) mais c'est resté au stade de projet pour l'instant.

J'ignorais que le livre avait suscité une polémique liée au rôle des industriels allemands.

Merci pour cette présentation, Serendipity !

Je ne connaissais pas cet auteur ni le sujet de son roman L'Ordre du jour, je note donc ces recommandations, même si ce ne sera pas forcément une priorité

Merci pour l'ouverture du topic Serendipity. L'ordre du jour m'intéresse, mais j'avais surtout noté Tristesse de la terre.

Citation :

“Le spectacle est l’origine du monde.” Créé en 1883, le Wild West Show de Buffalo Bill proposait d’assister en direct aux derniers instants de la conquête de l’Ouest : au milieu de cavaliers, de fusillades et d’attaques de diligence, des Indiens rescapés des massacres y jouaient le récit de leurs propres malheurs. L’illusion était parfaite. Par la force de la répétition et le charme de la féerie, le Wild West Show imposa au monde sa version falsifiée de l’Histoire américaine.

D’une écriture acérée et inventive, Éric Vuillard ressuscite les personnages de ce drame et livre une autre version de la fable, dans les replis de sa naissance. Avec les armes de la littérature, Tristesse de la terre noue ensemble les fils de deux histoires, celle des derniers massacres d’Indiens et celle de leur mise en scène par le grand spectacle, en une évocation saisissante.

Il y a aussi son livre sur la Révolution qui est tentant. L'avantage, c'est que Vuillard écrit des livres courts.

Merci pour la présentation de cet auteur, serendipity ! et pour ce livre, dont le sujet atypique est intéressant ; même si je comprends que le livre vaut d'abord par son style