Maryse CONDE - conteuse et écrivaine

Merci Petit Faucon pour la présentation qui donne envie, comme les précédents titres que tu as commentés.

L'extrait que tu as choisi de partager est très beau.

Merci Vavyala ! Ce sont les dernières lignes, que j'ai choisies 

Je poste également les premières :
Si quelqu'un avait demandé à mes parents leur opinion sur la Deuxième Guerre Mondiale, ils auraient répondu sans hésiter que c'était la période la plus sombre qu'ils aient jamais connue. Non pas à cause de la France coupée en deux, des camps de Drancy ou d'Auschwitz, de l'extermination de six millions de Juifs, ni de tous ces crimes contre l'humanité qui n'ont pas fini d'être payés, mais parce que pendant sept interminables années, ils avaient été privés de ce qui comptait le plus pour eux : leurs voyages en France. Comme mon père était un ancien fonctionnaire et ma mère en exercice, ils bénéficiaient régulièrement d'un congé "en métropole" avec leurs enfants.

Merci pour ta présentation et les citations, Petit Faucon ! L'écriture de Maryse Condé est très jolie

C'était un beau texte pour clore son recueil...
Et merci Petit Faucon pour le partage des premières lignes! On a le début, la fin, ne nous reste plus qu'à dénicher l'ouvrage pour lire les 17 nouvelles qu'il y a entre!

Rosalind & toi avez su donner envie de découvrir cette autrice. Je prévois d'essayer la lecture d'un de ses livres cet automne ou en début d'année prochaine au plus tard... A suivre...

J'en serais ravie, Vavyala !

Merci Petit Faucon pour ton avis sur Le coeur à rire et à pleurer que j'ajoute à ma liste d'envies

Ta citation des dernières lignes est magnifique, décidément j'adore l'écriture de Maryse Condé, si belle, si évocatrice

Et aussi pour ton avis sur La migration des coeurs que je prévois de lire aussi, mais sans doute pas tout de suite.

Vavyala  à cet automne ou cet hiver

Vavyala a écrit:

Rosalind & toi avez su donner envie de découvrir cette autrice. Je prévois d'essayer la lecture d'un de ses livres cet automne ou en début d'année prochaine au plus tard... A suivre...

Pareil que toi !

Juliette

Suite à vos retours très positifs sur ce roman, j'ai donc entamé Histoire de la femme cannibale   . A mi-chemin de ma lecture, je trouve le style de Maryse Condé très beau, très poétique (tout en restant accessible).
Mais il faut parfois s'accrocher. Je lis ce roman essentiellement dans les transports en commun et la multiplicité des personnages m'oblige parfois à revenir en arrière pour me rafraîchir la mémoire. Autre source de confusion pour la lectrice en pointillé que je suis : les méandres de la narration, avec des vignettes, quelques flash-backs, des envolées dans les souvenirs de Rosélie. Mais tout cela n'est pas insurmontable et je trouve que ce roman ne ressemble à rien de ce que j'ai pu lire jusqu'à présent, ce qui est très positif  

Avant de revenir plus tard vous donner un avis plus complet, je passais surtout poster un lien vers une interview de Richard Philcox, mari et traducteur de Maryse Condé

J'ai donc terminé cette Histoire de la femme cannibale, et je rejoins vos avis enthousiastes Petit Faucon et Rosalind c'est une lecture très marquante !

Je n'avais pas lu vos avis en détail, et cela m'a donc permis de découvrir le roman à mon rythme

Spoiler:

C'est un livre très riche, à la fois en raison de la langue de Maryse Condé, poétique et accessible, riche en références culturelles, riche en personnages secondaires. J'ai parfois été perdue..

Spoiler:

 mais cela n'est pas grave, ni indispensable à la bonne compréhension du livre.

Le lecteur est pris dans ce tourbillon, le même que la protagoniste d'ailleurs

Spoiler:

Un élément m'a peut-être échappé. Parmi les pays où elle a vécu, Rosélie semble avoir beaucoup aimé un séjour au Japon. Je m'attendais à ce que

Spoiler:

Pour poursuivre ma lecture, je vais aller lire en détail l'interview du mari-traducteur. C'est troublant de constater les parallèles entre le couple de Maryse Condé et celui formé par Rosélie/Stephen  

Et j'aurai certainement plaisir à lire Victoire, les saveurs et les mots ou Le coeur à rire et à pleurer à l'avenir  

Merci pour la découverte Petit Faucon  

Je suis ravie que tu aies apprécié à la fois la langue de l'auteure et l'histoire ; c'est un livre riche, en effet, avec de nombreux thèmes.

Pour ce qui est de ta remarque :
C'est troublant de constater les parallèles entre le couple de Maryse Condé et celui formé par Rosélie/Stephen  
C'est vrai, mais je crois que Maryse Condé a beaucoup d'humour (ainsi que son mari, d'ailleurs), et qu'elle joue avec ces références faussement autobiographiques.

Je lirai avec plaisir tes commentaires sur d'autres livres de MC si tu décides de poursuivre ton chemin avec elle 

Merci pour ce retour enthousiaste, Serendipity Tu renforces mon envie de découvrir cette auteure

Merci pour ton retour positif et enthousiasmant serendipity! Je plussoie Juliette, cela confirme mon désir de découvrir cette autrice cet automne!

J’ai donc lu Moi, Tituba sorcière, de Maryse Condé, dont j’avais beaucoup entendu parler sans toutefois avoir la curiosité de lire ses œuvres ! C’est en suivant votre lobbying   vos retours enthousiastes que j’ai décidé de sauter le pas !  

Tout d’abord, j’ai été envoûtée par la splendide écriture de Maryse Condé, qui nous fait voyager à ses côtés jusqu’aux terres de la Barbade en cette fin de 17ème siècle.  Là, nous faisons la connaissance de Tituba, la narratrice et héroïne (réhabilitée) de ce roman et de l’Histoire, jusqu’à la fin de sa vie. Et quelle vie ! Tituba a connu malheurs, injustice, déracinement, solitude, trahison, mais elle est restée fidèle à ses valeurs et aux dons dont elle dispose, parmi lesquels le don de guérison ou encore le don de ressentir les âmes de ses proches disparus…

Moi, Tituba sorcière est un roman très dur, triste et émouvant (par le thème de l’esclavage   ), mais il n’en demeure moins passionnant, notamment car il aborde la célèbre Chasse aux sorcières menée en 1692 à Salem (le village) du côté d’une accusée et les terribles conséquences physiques et mentales qu’elle a engendrées…
Enfin, ce roman est un récit profondément féministe, à travers ce beau portrait d’une femme amoureuse, à la fois fragile et puissante, née esclave mais qui restera libre toute sa vie.
Ainsi, j’ai été ravie de cette première incursion totalement dépaysante dans l’univers de Maryse Condé !  

@ Juliette : je suis très heureuse que tu aies découvert cette écrivaine et son univers, et que tu l'aies appréciée 

Un grand merci à vous pour cette découverte !

Merci Juliette d'avoir partagé ton retour positif sur ce roman!
Je me le note sur ma LAL!

Je suis sûre qu'il te plaira, Vavyala !!

Je suis contente de voir que ce topic sur Maryse Condé a porté ses fruits et que vous êtes plusieurs à vous être laissées tenter par s a découverte 

En effet, ton ouverture de topic et les différents retours étaient alléchants!

J’ai choisi de découvrir l’œuvre de Maryse Condé par Victoire, les saveurs et les mots, afin de faire une incursion dans les Antilles (que je connais peu) par le biais de la biographie romancée de sa grand-mère, suite au post de présentation de ce roman par Petit Faucon.  

Sans être aussi conquise que les Lambtoniennes qui m’ont précédée dans la découverte de l’œuvre de Maryse Condé, j’ai apprécié ma lecture.  

Petit Faucon a écrit:

L'auteure dit avoir eu l'idée de ce livre après avoir lu L'africain de JMG Le Clezio, consacré à la vie de son père.

En effet, la démarche m’a rappelée celle de L’Africain, de JMG Le Clézio.
Le style de Maryse Condé est fluide, son travail de recherche de témoignages sur la vie de sa grand-mère et de ses contemporains assez admirable. Elle offre parfois un regard sans concession sur ses aïeux et à d’autres moments, plus compréhensif des défauts humains de chacun. De même, elle rétablit la réputation de certains « blancs pays » (pas forcément esclavagistes et capables de sentiments amicaux pour les Antillais noirs) tout en levant le voile sur les défauts cachés par l’histoire de certains « Grands Nègres », figures de la politique d’émancipation, parfois racistes vis-à-vis des blancs pays et des mulâtres et distants du peuple, des « ti nèg ».
La relation difficile entre sa grand-mère et sa mère m’a beaucoup attristée, tant d’amour ayant peine à s’exprimer par chacune…  
C’est un bel hommage à sa grand-mère et parallèle entre leurs dons d’artistes (l’une en cuisine, l’autre avec les mots).  
Mais c’est peut-être sa distance analytique, efficace pour conduire son récit, mais qui met ses émotions au second plan, qui m’a fait ne pas complètement succomber à l’écriture de Maryse Condé.

Je ne l'abandonne par pour autant et aimerais lire Moi, Tituba sorcière pour mon prochain voyage auprès des mots de Maryse Condé.

Merci pour ton retour, Vavyala ! Même si je n'ai pas lu Victoire, les saveurs et les mots, je peux comprendre ce qui t'a gênée dans ta lecture, c'est vrai que l'aspect "émotionnel" n'est pas forcément mis en valeur dans la plume de Maryse Condé.

Merci pour ton retour Vavyala. Je pense comprendre ce qui t'a gênée
Je pense lire ce livre l'année prochaine

Merci Vavyala pour ce commentaire détaillé !

J'ai relevé parmi tes remarques celle-ci :

Citation :

Mais c’est peut-être sa distance analytique, efficace pour conduire son récit, mais qui met ses émotions au second plan (...)

et en effet je pense qu'il y a une volonté chez Maryse Condé de ne pas faire appel directement aux sentiments de ses lecteurs ; il y a toujours chez elle de l'ironie, et une mise à distance du pathos.

Merci à toutes trois pour vos retours qui m'éclairent sur une caractéristique de l'écriture de Maryse Condé, qui n'est pas propre au roman que je viens de lire, mais se retrouve dans sa bibliographie de ce que je comprends de vos messages. Cela modifiera mes attentes quant à ses romans, pour les apprécier à leur juste valeur.

Le fabuleux et triste destin d'Ivan et Ivana / 2017

Voici la crique de Elena Fermi, qui résume parfaitement l'histoire et les enjeux du livre :

Citation :

Citation :

Maryse Condé s’interroge dans son dernier roman sur le parcours qui mène un jeune à la radicalisation terroriste avec, comme point de départ et d’inspiration, deux événements puisés dans la réalité: les attentats de Charlie-Hebdo et de Montrouge en janvier 2015 lorsque la policière martiniquaise Clarissa Jean-Philippe est abattue par Amedy Coulibaly.

Les protagonistes du roman sont deux jumeaux, Ivan et Ivana, frère et sœur nés à la Guadeloupe, fruit de la relation brève et passionnée de leur mère Simone avec un musicien malien, Lansana Diarra. Marqués par un destin commun dès leur venue au monde, malgré le lien indéfectible qui existe entre eux, malgré l’amour absolu et sans limites qui les relie, les jumeaux suivent, dès le début, deux trajectoires contraires: Ivan est un petit voyou, agressif et indiscipliné, paresseux et violent, Ivana est belle, brillante, altruiste et aimée de tous.
L’écrivaine crée les conditions idéales pour que la machine infernale qui va conduire à l’issue tragique annoncée dès le départ se mette en marche. Le lecteur ne peut qu’assister, impuissant, à l’enchaînement des événements.
De leur île natale au Mali, l’Afrique ancestrale où ils sont forcés par leur mère de retrouver un père qui les avait abandonnés, jusqu’à la banlieue parisienne où la tragédie – sous-jacente jusqu’à ce moment-là – va irrémédiablement éclater, on suit le récit d’une quête identitaire qui, au fil des années, va transformer un grand amour en haine farouche.
Condé entraîne avec elle le lecteur dans une balade terrible, géographique et intime à la fois, qui conduit le jeune protagoniste, Ivan, à sombrer de plus en plus dans un mal-être d’où il ne pense pouvoir sortir qu’en se faisant aspirer par le djihad. En suivant les étapes de la radicalisation, l’écrivaine ne vise pas à trouver des explications.
Elle se pose des questions et les pose aux lecteurs, sans toutefois prétendre donner une réponse définitive, trouver une solution. Elle pointe du doigt ce qui conduit au pire, les inégalités sociales, la distance entre les pauvres et les riches, la question de la race et met en scène deux réactions opposées: celle d’Ivana qui, par son travail, parvient à s’en sortir et celle de son jumeau qui, au contraire, ne s’en sort pas et veut tout détruire.
Le tout avec une écriture qui par sa légèreté, son brio et son humour fait de ce conte macabre, marqué par la tragédie qui plane, une lecture agréable.

C'est un livre qui vous emmène sans temps morts vers sa conclusion, connue dès le début, et dont j'ai espéré tout du long qu'elle allait être différente.
Le livre est à la fois un conte, avec des apostrophes régulières au lecteur, et il ménage également des moments de réflexion sur les choix faits par les protagonistes.


J'ai noté ça et là quelques phrases qui m'ont tapé dans l'oeil :

"Ils réalisaient d'un coup que leur peau était noire, leurs cheveux crépus, et que leur mère s'épuisait dans les champs pour un salaire de misère. Cela causa une grande douleur au coeur d'Ivana. Elle se promit de venger un jour sa mère et de lui offrir les douceurs qu'elle méritait. Oui, un jour elle lui coulerait du sucre d'orge dans la bouche. Au contraire, Ivan fut rempli de colère contre la vie, contre le sort qui avait fait de lui un défavorisé."

"Désormais (Ivan) comprit que le monde était autre chose que ce qu'il imaginait. Que la terre n'était pas ronde mais parcourue de crevasses, de failles dans lesquelles un individu comme lui sans défense, sans appui, pouvait perdre la vie."

"Pourquoi certaines terres sont-elles plus fertiles que les autres en filles-mères ? Les femmes y sont-elles plus jolies et plus aguichantes ? Les hommes y ont-ils le sang plus chaud ? Au contraire. Ce sont des  endroits de grande détresse. L'acte sexuel est l'unique bienfait. Il donne aux hommes le sentiment d'accomplir une prouesse et aux femmes l'illusion d'êtres aimées."