Assia DJEBAR écrivaine d'Algérie (1936-2015)

Assia DJEBAR, écrivaine francophone née dans la région d'Alger en 1936, morte à Paris en 2015.



Née dans une famille d'instituteurs, elle a fait ses études à Alger puis à Paris en khagne.
Elle devient professeur à Rabat, puis à Paris puis à Alger à partir de 1962.
Elle partage sa vie entre la France et l'Algérie, puis les Etats-Unis entre 1997 et 2001.
Elle est élue à l'Académie Française en 2005.

Ses oeuvres comprennent des romans, des récits, beaucoup de nouvelles, et de la poésie, souvent racontées par des femmes. Ses sujets favoris sont la place des femmes, l'indépendance de son pays, mais aussi la fierté d'avoir fait des études et d'être indépendante, et la violence des rapports sociaux ; elle a un très beau style, précis et aussi sensuel.

J'ai lu :

Les alouette naïves - 1967, dont voici la présentation de l'éditeur :
Ce magnifique roman de guerre et d’amour a pour toile de fond le grand combat pour l’indépendance algérienne.
A travers les personnages d’Omar, l’intellectuel, de Rachid, le révolté, de Nfissa, la femme émancipée mais toujours sensible au charme des anciennes coutumes, c’est le drame d’une génération sacrifiée, idéaliste et lucide qu’Assia Djebar met en scène.
La question de l’engagement est posée là avec violence, sincérité et poésie, et c’est à une véritable plongée dans un monde entre deux civilisations, chatoyant de couleurs et lourd de révolte, que ce livre invite.
Le titre du livre est une déformation du nom du clan des Ouled Nail.
J'ai beaucoup aimé ce livre lu il y a longtemps, magnifique et tragique.


Femmes d'Alger dans leur appartement - 1980, nouvelles, dont voici la présentation de l'éditeur :
En 1832, dans Alger récemment conquise, Delacroix s'introduit quelques heures dans un harem. Il en rapporte un chef-d'œuvre, Femmes d'Alger dans leur appartement, qui demeure un " regard volé ".
Un siècle et demi plus tard, vingt ans après la guerre d'indépendance dans laquelle les Algériennes jouèrent un rôle que nul ne peut leur contester, comment vivent-elles au quotidien, quelle marge de liberté ont-elles pu conquérir ?
Dans ce recueil de nouvelles publié pour la première fois en 1980 et ici augmenté d'une longue nouvelle inédite, La Nuit du récit de Fatima, Assia Djebar raconte: le vécu, la difficulté d'être, la révolte et la soumission, la rigueur de la Loi qui survit à tous les bouleversements et l'éternelle condition des femmes.


Oran langue morte - 1997, recueil de 7 nouvelles entre France et Algérie.

Une jeune Algérienne revient à Oran pour la mort de sa tante et revit les circonstances du meurtre de sa mère, en 1962.

Une Normande catholique, mère de huit enfants franco-algériens, est enterrée en grande pompe au cimetière musulman du village de son époux : ce texte est magnifique, raconté par plusieurs des enfants au chevet de leur mère qui va mourir, et dont chacun évoque les souvenirs lumineux, et l'amour qui unissait leur mère normande à son mari algérien.

Une institutrice signe son arrêt de mort en racontant à ses élèves l’histoire de la femme découpée en morceaux : cette histoire met en écho L'histoire de la femme coupée en morceaux des 1001 Nuits, et la professeure qui fait étudier ce texte à ses élèves ; c'est un texte terrible.

Une femme traductrice du berbère est attirée par un collègue musicien : ce texte est magnifique de sensualité retenue.

Entre folie meurtrière et résistance farouche, des femmes tentent de survivre dans le quotidien ensanglanté de l’Algérie de ces dernières décennies.
Au fil des sept textes de ce recueil, c’est la respiration heurtée d’un pays en proie à la violence que fait entendre Assia Djebar, dans une œuvre tragique où esthétique et réalité n’ont nulle complaisance l’une envers l’autre.

C'est un très beau livre, marqué par la période terroristes des années 1995 avec le GIA, et dans l'ensemble c'est assez violent, mais aussi magnifique.

Petit Faucon, merci pour ce topic. J'ai du lire Assia Djebbar quand j'étais étudiante. Il ne me reste hélas pas grand chose, hormis un vague souvenir de Femmes d'Alger dans dans leur appartement. Je me souviens d'une belle écriture, fine et poétique. Je suis tentée par Oran langue morte. Je me mets en quête du livre que j'essaierai de lire cet été.

Oui, merci Petit Faucon, pour cette ouverture intéressante ! Je fuis en général tout ce qui a trait à l'Algérie, car c'est une blessure qui est fort douloureuse, l'immense gâchis que cette guerre a été et ce que cela aurait pu être avec un peu de générosité et d'intelligence ! Mais comme ma belle-fille m'offre des livres sur l'Algérie, je me suis mise à revenir sur toute cette période qui est aussi ma propre histoire, après tout ! J'ai vécu à Oran, j'y ai fait mon Ecole Normale, donc je pense que je vais lire les nouvelles du recueil "Oran langue morte"et on ne s'intéresse pas assez à cette pertie de notre histoire où pourtant plongent les racines de notre société actuelle !

Merci Ysabelle pour tes encouragements, ce recueil est de belle facture.

Clinchamps je comprends parfaitement tes réticences ; mais en effet notre société reflète les soubresauts du passé.

Dans ce livre, 2 histoires se déroulent à Oran, une en Kabylie (Annie et Fatima), une à Alger, une à Paris (Le corps de Félicie), une sans lieu géographique (La fièvre dans des yeux d'enfant).
En tous cas Assia Djebar écrit très bien et elle parle aussi des nuances entre les patois (oranais par exemple) qui donnent de la tendresse ou de la rudesse à une même phrase.
C'est une grande dame.