George Moore

- pas besoin de prêter un passé avec viol collectif pour expliquer pourquoi la jeune fille dont nous ne connaissons pas l'identité décide de s'habiller en homme pour devenir serveur et ainsi mieux gagner sa vie. Dans la nouvelle, elle s'éprend de son premier employeur, un juriste londonien mais comprend vite que ses sentiments ne seront pas partagés, surtout quand une jeune française arrive de Nice et s'installe avec lui.

- La relation avec Helen, la domestique dont Albert s'éprend (mais est-il/elle vraiment amoureux et n'est-ce pas seulement une manière de mettre fin à cette terrible solitude qui est la sienne ?

- on comprend qu'Albert-she (qui se qualifie de "perhapser") est une personne dont le destin est déterminé par les rencontres. Quand elle est jeune fille à Londres et comprend que son employeur ne partagera jamais ses sentiments, elle envisage de se noyer dans la Tamise, mais une rencontre avec une autre domestique lui donne l'idée de se travestir en homme pour devenir serveur. Ensuite, quand elle dévoile son secret à Hubert Page, et que celui/celle-ci lui confie également être une femme, marié à une autre femme, c'est cette propre histoire qui lui donne l'idée de se marier pour vivre une autre vie en achetant une boutique.

La fin de la nouvelle est forcément triste, on le pressent assez vite mais sans qu'il y ait besoin de confrontations supplémentaires avec Helen et son amant Joe (j'ai vu que le film avait inventé des rebondissements) qui disparaissent bien vite de l'histoire.

La nouvelle de George Moore est vraiment centrée sur le personnage mystérieux connu sous le nom d'Albert Moore et sur cette terrible solitude qui est celle d'un enfant bâtard, ne connaissant pas ses origines, et qui s'est enfermé dans une fausse identité pour se protéger et essayer de s'en sortir.

La fin de la nouvelle est très énigmatique, car Hubert Page qui s'est retrouvée veuf/veuve, envisage de revenir auprès de son mari, quitté 15 ans plus tôt et de retrouver ses enfants. George Moore laisse le lecteur à ce stade, libre d'imaginer si il/elle fera le chemin en marche arrière ou ne le fera pas. Quoi qu'il en soit, on voit bien à quel point cela sera difficile (Hubert Page, quadragénaire, ne se sent plus suffisamment en forme pour poursuivre le travail très physique de peintre en bâtiment et sent peut-être également la solitude à laquelle il/elle sera également confronté du fait de son changement d'identité).

un thème et son traitement assez osé sur la question de l'identité, voire même de la sexualité féminine pour l'"poque (même si cela est suggéré, par le fait que Hubert Page ait épousé une femme et soit heureux(se) en mariage).