Armistead MAUPIN : Les chroniques de San Francisco

Dans ce dernier tome, Mme Madrigal a plus de 90 ans et commence donc à fatiguer sérieusement. Elle repense à son enfance et se laisse embarquer par Brian et sa nouvelle femme (un ancien personnage secondaire qui ressurgit dans le paysage ) dans un périple sur les traces de son enfance, dans le Nevada. Parallèlement, une bonne partie du reste de la troupe (Michael et son mari, Shawna la fille de Brian, Jake et son nouveau copain) se rend au festival déjanté du Burning Man, dans le désert du Nevada également.

J'avais bien aimé les 2 tomes précédents (avec une préférence pour Mary Ann en automne), tout en les trouvant en-dessous des premiers. La narration plus classique, qui abandonne l'enchaînement de très courts chapitres qui faisait tout le charme des premiers, dessert à mon avis un peu l'ensemble. Disons que cela devient beaucoup plus classique. Et alors dans ce tome j'ai eu un gros gros problème avec la traduction, que j'ai trouvée franchement pas terrible. Le pire étant un usage abusif et étrange du passé composé. Au passage, j'ai été étonnée en regardant la liste des traducteurs de tous les tomes de voir qu'il y avait eu quasiment un traducteur par tome, ce qui ne me semble pas très répandu comme méthode... Bref, j'ai souvent tiqué sur des formulations et sur ces **** passés composés, ce qui m'a un peu gâché la lecture.

Au niveau de l'histoire, c'est sympa sans être extraordinaire. J'ai surtout apprécié de découvrir plus d'éléments du passé de Mme Madrigal, quand elle était encore un jeune garçon vivant au milieu du bordel dont sa mère était la tenancière. Ces passages sont plutôt touchants. J'ai aussi aimé retrouver ce cher Michael, particulièrement ronchon dans ce tome. Et l'apparition de Mary Ann était sympa.

Je suis plus mitigée en ce qui concerne les nouveaux personnages. Jake est attachant mais un peu fade, les passages le concernant ne m'ont pas passionnée. Et Shawna, bon, j'ai mis du temps à trancher son cas, mais j'ai vraiment du mal. Une jeune femme très libérée, c'est cool, mais paradoxalement j'ai l'impression qu'elle passe énormément de temps à juger les autres.

Et puis, dernier bémol sur ce tome, mais j'avais le même sur l'ensemble de la série : quel dommage qu'il n'y ait aucune note de bas de page pour expliciter les références culturelles. J'en ai certaines mais j'en rate forcément plein, du coup je passe à côté de clins d'oeil et subtilités.

J'ai beaucoup critiqué mais j'ai quand même pris du plaisir à lire ce dernier tome. Mais Maupin a fait mieux !

la fête d'anniversaire d'Anna Madrigal, qui est l'occasion de réunir toute sa (grande) famille adoptive à San Francisco

Certaines scènes de conflits entre générations viennent toutefois nuancer cela, ce côté ultra politiquement correct, comme le clash entre Ben et les amis de l'ex de Michael : Ben les ayant repris sur un terme qu'il juge méprisant, l'un des convives s'énerve et lui rappelle le rôle qu'a joué sa génération dans la reconnaissance des droits des homosexuels, et le fait qu'eux ont traversé avec les années SIDA un enfer dont il n'a pas idée.

on nous présente un flash-back sur la vie d'Anna, fraîchement débarquée à San Francisco, déjà travestie mais n'ayant pas encore changé de sexe. Si la fin aurait pu être un peu moins mélodramatique, cette plongée dans une époque où il était encore plus difficile d'être queer est vraiment intéressante. Et puis, Anna raconte peu de choses de sa vie dans les romans, donc j'ai bien aimé l'idée d'en savoir un peu plus sur ce moment clé de sa vie.

du mystère du chantage. Le rôle de Claire tombe là comme un cheveu sur la soupe et on voudrait instaurer une tension dramatique qui ne prend jamais. D'autant plus déçue que j'étais contente de revoir Zosia Mamet (la Shoshanna de Girls) et que son personnage était intéressant jusque là.

que les scénaristes aient tué Anna. Cela offre une jolie scène de repas, mais j'ai jusqu'ici aimé le fait que Maupin ne nous confronte pas à sa mort (cela participe à son aura de bonne fée) et j'aurais aimé que cela soit pareil dans la série. D'autant plus que c'était un peu facile pour attendrir le spectateur...