Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
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| EM FORSTER et James Ivory | |
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Auteur | Message |
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misshoneychurch Poppy dream by the Arno
Nombre de messages : 6062 Date d'inscription : 01/09/2006
| Sujet: Re: EM FORSTER et James Ivory Lun 11 Sep 2006 - 12:36 | |
| Je viens d'avoir Maurice !!! Je me lance dedans dès ce soir ... J'espère que c'est aussi émouvant que le livre. C'est la première histoire d'amour entre hommes non caricaturale que j'ai lue. Pour une fois, on ressentait un amour aussi profond et aussi pur que s'il s'agissait d'un couple hétéro. Forster raconte l'histoire entre Clive et Maurice comme il raconte celle de George et Lucy dans Avec vue sur l'Arno. J'ai peut-être préféré l'écriture de ce livre d'ailleurs, je l'ai lu avec passion, en un après midi. Je ne comprends pas pourquoi Forster est autant méconnu, il avait la capacité de raconter les choses avec une sensibilité incroyable... |
| | | Laure Ready for a strike!
Nombre de messages : 1314 Localisation : Perdue dans la lande Date d'inscription : 04/02/2006
| Sujet: Re: EM FORSTER et James Ivory Lun 11 Sep 2006 - 15:56 | |
| drôle que tu relances ce sujet, je viens de finir ce matin Howards end paru chez 10/18: je n'ai pas vu le film, je voulais essayer un Forster...Il paraît que ce n'est pas son meilleur mais j'ai trouvé parfois le style délicat à suivre, plein de digressions et de plongées dans l'intériorité des personnages...une histoire pas si gaie que ça! (pauvre Charles Wilcox! moi qui adore les brutes épaisses!). Mais c'est un très bon roman. |
| | | misshoneychurch Poppy dream by the Arno
Nombre de messages : 6062 Date d'inscription : 01/09/2006
| Sujet: Re: EM FORSTER et James Ivory Lun 11 Sep 2006 - 17:06 | |
| Moi non plus je n'ai pas trouvé que Howards End était le meilleur Forster. C'est assez agréable comme roman, mais il y a une gravité dans le ton qui n'existe pas dans Maurice ou Avec vue sur l'Arno. Je pense qu'il nécessitera une seconde lecture. Je viens de finir de regarder Maurice, c'est une merveille ! La fin surtout. Je trouve que donner plus de valeur au personnage de Scudder est une très bonne idée, ils sont vraiment touchants avec Maurice. Leur physique assez enfantin colle bien avec le fait qu'ils sont prêts à tout risquer, leur avenir, leur fortune, leur réputation, afin de vivre leur amour... Et Hugh Grant, si souvent dénigré sur ce forum, je le trouve très bien, le rôle de Clive, lâche (il a quelques raisons de l'être), hypocrite (quand il refuse son aide à son ancien ami d'Oxford), et qui tente de se tromper lui même. Paysages, costumes, musique, toute est fait pour créer un film dont on ne peut qu'aprécier la qualité !!! |
| | | Muezza Almost Unearthly Thing
Nombre de messages : 3223 Age : 50 Localisation : Levallois Date d'inscription : 29/01/2006
| Sujet: Re: EM FORSTER et James Ivory Lun 11 Sep 2006 - 18:00 | |
| Ohlala, il va falloir que je revois "maurice". Ca fait des lustres que je ne l'aie vu. Et en effet, Hugh Grant y était excellent. Non, misshoneychurch, on ne le dénigre pas tant que ça Hugh C'est juste que nous sommes quelques-unes à ne pas le trouver convaincant dans certains rôles romantiques postérieurs (en particulier Edward Fairfax dans mon cas). Mais bon, les goûts et les couleurs... |
| | | Nelly8 Crimson Rose of Hamley
Nombre de messages : 2225 Age : 78 Localisation : Savoie Date d'inscription : 17/02/2006
| | | | nephtis Ethereal Wings on the Nile
Nombre de messages : 10382 Age : 60 Localisation : sud Date d'inscription : 15/02/2006
| Sujet: Re: EM FORSTER et James Ivory Mar 12 Sep 2006 - 13:54 | |
| Tu n'es pas la seule Nelly, je ne connais pas du tout et je suis comme toi à me demander comment vais je trouver le temps pour lire, voir, papoter à l'auberge etc.... |
| | | toxicangel Snails Huntress
Nombre de messages : 6202 Age : 47 Localisation : Somewhere between Heaven and Hell, obviously... Date d'inscription : 07/04/2006
| Sujet: Re: EM FORSTER et James Ivory Mar 12 Sep 2006 - 22:37 | |
| - misshoneychurch a écrit:
- Paysages, costumes, musique, toute est fait pour créer un film dont on ne peut qu'aprécier la qualité !!!
Et à celles qui n'ont pas vu le film et/ou lu le bouquin : séance de rattrapage obligatoire dans les 6 prochains mois, c'est une ordre. Concernant Howards Ends, je n'ai vu pour l'instant que le film, que j'ai trouvé un chouya trop long et surtout n'ayant pas l'intensité de Maurice, qui luie vous cloue à votre fauteuil du début jusqu'à la fin. Mais j'ai hâte de lire le roman car les caractères des personnages sont tellement troubles que je suis sûre que la description de Forster doit être plus riche que ce que le film parvient à montrer. Enfin je verrai bien . |
| | | Nelly8 Crimson Rose of Hamley
Nombre de messages : 2225 Age : 78 Localisation : Savoie Date d'inscription : 17/02/2006
| Sujet: Re: EM FORSTER et James Ivory Mer 13 Sep 2006 - 22:23 | |
| C'est promis toxic, je rendrai ma copie avant 6 mois. Il ne me reste plus qu'à trouver le DVD |
| | | toxicangel Snails Huntress
Nombre de messages : 6202 Age : 47 Localisation : Somewhere between Heaven and Hell, obviously... Date d'inscription : 07/04/2006
| Sujet: Re: EM FORSTER et James Ivory Jeu 14 Sep 2006 - 22:06 | |
| Le DVD est très facile à trouver Nelly (pour ma part j’ai trouvé le coffret au rayon vidéo de mon supermarché, c’est dire). En revanche, pas donné dans sa version avec bonus. Cependant les bonus avec notamment les 40 minutes de scènes coupées valent vraiment le coup pour une fois (pas comme ce fameux 3ème disque de P&P 1995 dont seule Muezza semble avoir entendu parler ). |
| | | misshoneychurch Poppy dream by the Arno
Nombre de messages : 6062 Date d'inscription : 01/09/2006
| Sujet: Re: EM FORSTER et James Ivory Sam 30 Sep 2006 - 16:55 | |
| J'ai une question à poser : il y en a qui ont lu "De l'autre côté de la haie" ? C'est le seul Forster qui est encore vendu en librairie, que je n'ai pas lu. Mais le résumé de 10/18 n'est pas très alléchant, ça a l'air un peu prise de tête. |
| | | toxicangel Snails Huntress
Nombre de messages : 6202 Age : 47 Localisation : Somewhere between Heaven and Hell, obviously... Date d'inscription : 07/04/2006
| Sujet: Re: EM FORSTER et James Ivory Dim 1 Oct 2006 - 17:18 | |
| Je ne connais pas du tout ce roman de Forster, dont il est vrai je suis encore en pleine phase de découverte. On m’a en revanche recommandé un recueil de nouvelles The Life to come, qui permettraient de mieux comprendre la personnalité de Forster et la génèse de Maurice. Je me laisserai sans doute tentée lors de ma prochaine commande UK. Et autrement pour répondre à la question que tu avais posée dans un post précédent, lorsque Charlotte Bartlett et Eleanor Lavish discutent dans l’herbe (juste avant le baiser) dans le film Chambre avec vue (ces dialogues n’existent pas dans le livre), c’est bien un clin d’oeil au roman Where Angels fear to tread et à son héroïne Lilia, qui a épousé Gino de 12 ans son cadet avant que... |
| | | misshoneychurch Poppy dream by the Arno
Nombre de messages : 6062 Date d'inscription : 01/09/2006
| Sujet: Re: EM FORSTER et James Ivory Jeu 5 Oct 2006 - 21:35 | |
| Je viens de lire trois des nouvelles de Quelle importance ? , recueil de nouvelles de Forster, et bien je ne vous le conseille pas . Je me demande ce qui lui a pris d'écrire ça. Ce sont des nouvelles, sans lieux, ni date, où se produisent des actions assez invraisemblables. Certes, Forster y traite de l'homosexualité, sujet qu'il avait à coeur et dont il parle extrêmement bien, mais à part la troisième des nouvelles, je n'ai pas du tout aimé. Je vais devoir trouver un autre roman de lui, j'ai vu que la bibliothèque en avait quelques uns en stock. J'espère qu'il me feront oublier le goût amer que me laisse ce recueil... Je continue mon délire sur E.M. Forster. Je viens de réaliser que, sauf erreur de ma part, Where Angels fear to tread avait été édité en français, sous le titre de Montériano. C'est épuisé actuellement, mais j'ai vu que la bibliothèque le mettait consultable sur place... |
| | | Mr Damien Tilney The Knight of Irony
Nombre de messages : 3463 Age : 40 Date d'inscription : 04/10/2006
| Sujet: Re: EM FORSTER et James Ivory Mer 11 Oct 2006 - 22:36 | |
| J'ai lu Maurice il y a quelques mois. J'ai beaucoup aimé. J'aimerais bien voir le film mais il faut faire des économies. Lol.
Vous ne trouvez pas qu'il y a quelques points communs entre Jane Austen et Forster ? Je pense surtout aux fins heureuses qui permettent aux personnages amoureux de sortir des carcans rigides de la société. Ce sont auteurs qui étudient la société dans laquelle ils vivaient. Ils s'en moquent. Ils mettent en scènes des personnages qui n'appartiennent pas au même milieu pour souligner les injustices. Mais au final, tous les deux laissent de côté leurs observations réalistes pour réunir les deux amoureux qui dans la réalité n'auraient pas pu se marier. D'ailleurs je ne sais pas si vous avez pensez la même chose en lisant P&P et Maurice mais dans les deux cas je pensais vraiment que la fin allait être atroce parce que la société était comme comme ça.
Qu'en pensez-vous ? |
| | | misshoneychurch Poppy dream by the Arno
Nombre de messages : 6062 Date d'inscription : 01/09/2006
| Sujet: Re: EM FORSTER et James Ivory Jeu 12 Oct 2006 - 10:51 | |
| Bonjour Damien Tilney ! Et un peu tardivement... Je trouve aussi qu'il existe des similitudes entre Jane Austen et E.M. Forster. Mais je ne suis pas sûre que Forster soit aussi sarcastique (dans le meilleur sens du terme) que notre chère Jane. Maurice, livre ô combien sublime, n'a été publié qu'après la mort de Forster, ce qui fait à peine plus de trente ans !!! L'auteur n'a jamais voulu que ce livre soit publié de son vivant (quel dommage d'ailleurs, car il aurait pu changer des opinions sur l'homosexualité). De plus, ses livres sont beaucoup plus ancrés dans la réalité, il y a un fond historique. Certes, il y a des personnages à la limite du ridicule, mais qui correspondent à des idées de son époque (je pense au pasteur de Florence, dans Avec vue sur l'Arno, son nom m'échappe, qui est puritain au possible...). Pour la fin, j'avoue que j'avais triché(je sais c'est très mal...), mais je suis très fleur bleue, donc je comptais sur les auteurs pour faire triompher l'amour... Sinon, j'ai réussi à acheter Monteriano (la version française de Where Angels fear to tread, cette fois c'est sûr), je l'ai trouvé sur le net !!! Que de bonheur en perspective... |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: EM FORSTER et James Ivory Jeu 12 Oct 2006 - 16:10 | |
| N'ayant pas encore lu Maurice, je ne peux pas vraiment comparer pour celui-là. Je peux juste dire que par le thème traité, Forster remet en question les conventions de son époque d'une manière nettement plus révolutionnaire que celle de Jane Austen, non?
Et attention aux généralisations sur la fin heureuse. C'est valable pour A Room with a View, mais dans les autres oeuvres de Forster que je connais (Where the Angels fair to thread et A Passage to India), les personnages qui bravent les conventions ne connaissent pas un destin très gai. _________________ |
| | | misshoneychurch Poppy dream by the Arno
Nombre de messages : 6062 Date d'inscription : 01/09/2006
| Sujet: Re: EM FORSTER et James Ivory Jeu 12 Oct 2006 - 16:30 | |
| Ni Howards End d'ailleurs, même si ça aurait pu être pire... Forster est à la fois plus grave et plus poétique que Jane Austen je trouve (les bleuets et les coquelicots de Avec vue sur l'Arno) . |
| | | toxicangel Snails Huntress
Nombre de messages : 6202 Age : 47 Localisation : Somewhere between Heaven and Hell, obviously... Date d'inscription : 07/04/2006
| Sujet: Re: EM FORSTER et James Ivory Sam 14 Oct 2006 - 19:34 | |
| Ah voilà un sujet intéressant, j’ai tout plein de choses à dire là ! Happy End : systématique ou pas ?Je me joins aussi à l’avis de Cat et Miss Honeychurch, le happy end est loin d’être de rigueur chez Forster. D’ailleurs, même dans ses romans qui finissent bien, les héros se retrouvent toujours seuls dans leur choix par rapport au reste du monde. Ainsi dans Chambre avec vue le livre, la fin n’est pas aussi idéale que dans le film puisque par sa décision, Lucy se met à dos tous ses proches, en particulier sa mère et son frère qui ne lui parlent plus. Quant à Maurice, Forster voulait que cette histoire finisse bien parce que c’était son rêve de rencontrer un jour un compagnon issu du milieu populaire et de passer sa vie avec lui. Au fond de lui même, il était persuadé qu’une telle histoire était impossible et il n’a pas voulu publier ce livre de son vivant afin que personne ne puisse réduire son rêve en charpie (enfin c’est l’impression que j’en fais moi). Je te rejoins en revanche sur le fait que dans les 2 cas, le happy end est assez inattendu et surtout en total désaccord avec les conventions. Quand j’avais vu Maurice pour la 1ère fois, sans rien connaître du livre, il me paraissait évident que l’histoire ne pouvait se finir que tragiquement (comme c’est d’ailleurs encore le cas dans beaucoup de films traitant de l’homosexualité, même à notre époque). C’est d’autant plus vrai que jusqu’à la dernière minute, que ce soit dans le film ou le livre, Scudder reste un personnage inquiétant dont les pensées nous sont toujours tenues secrètes. Pour P&P j’étais un peu moins surprise car je connaissais un peu l’histoire mais c’est vrai que le happy end n’est pas une évidence. Forster et Austen : même combat ?Je n’ai pas (encore) lu tous les livres de ses 2 auteurs et je connais très mal leurs histoires respectives donc je ne peux pas vraiment argumenter. Leurs approches me semblent néanmoins assez différentes. Si on généralise, Jane Austen est avant tout une jeune femme qui a su brillamment saisir les caractères des personnages de son époque et les retranscrire dans des histoires de mariage où l’amour et la satire féroce sont indissociables. Si elle tourne en ridicule les mesquineries de la petite bourgeoisie, elle ne met en revanche jamais en question les conventions et semble y adhérer elle même. Par ailleurs, sa connaissance du monde extérieur est très limité. Forster est un écrivain beaucoup plus révolutionnaire et engagé. S’il met lui aussi en scène des histoires d’amour, celles ci sont toujours indissociables des notions de lutte des classes et de persistance dans ses choix, envers et contre tous. Forster était tout de même un paria pour la société de l’époque et il semble au travers de ses livres qu’il haïssait le système de classes, l’hypocrisie et les conventions de la société Edouardienne. Quant au style, disons que celui de Jane Austen (en traduction française en tout cas) est plus évident que celui de Forster, qui y met beaucoup d’effets, de descriptions des paysages et de discours (pas toujours très clair d’ailleurs). L’humour chez Forster est moins satirique, souvent moins présent également mais beaucoup plus noir. J’avoue qu’en ce moment, si on me demandait de choisir entre les 2, je dirais sans doute Forster (à un micromètre près). Mais ce qui est sûr, c’est que sur une île déserte, j’emporte Orgueil et Préjugés et Maurice dans le même sac. Ouf, désolée pour la longueur mais voilà un thème qui m’inspirait. |
| | | misshoneychurch Poppy dream by the Arno
Nombre de messages : 6062 Date d'inscription : 01/09/2006
| Sujet: Re: EM FORSTER et James Ivory Mer 18 Oct 2006 - 12:06 | |
| Tout à fait d'accord avec toi Toxic. C'était long, mais très intéressant. Comme j'ai le temps, je vais vous parler de ma lecture de Monteriano (Where Angels fear to tread). C'est le roman le plus noir de cet auteur je trouve, parce que ceux qui s'opposent aux conventions le paient très cher. Lilia finit très mal, et tout ce qu'elle a construit en dehors de la bonne société anglaise est détruit, ce qui fait qu'elle ne laissera aucune trace d'elle, un peu comme si les bonnes vieilles valeurs reprenaient leurs droits. Je la trouve à la fois agaçante, un peu trop naïve, mais en même temps je la comprends : Elle a envie de vivre sa vie, d'exprimer ses sentiments. Elle ne supporte plus l'emprise de sa belle-famille, et décide de ne pas tenir compte d'elle. C'est précipité, mais elle n'a pas vraiment le choix (en fait, c'est surtout parce que sa belle-famille la harcèle qu'elle se précipite sur la première lueur de bonheur et d'indépendance qu'elle aperçoit). Au début, je n'aimais pas Philippe, puis il devient plus nuancé. Je me demande si ce n'est pas Forster qui se cache sous ses traits, en partie bien sûr. Il éprouve à la fois une fascination et une répulsion pour l'Italie. Forster rêvait d'un monde meilleur, mais ne pouvait s'empêcher d'être influencer par la société à laquelle il appartenait. En revanche, j'ai beaucoup de mal à imaginer Rupert dans ce rôle. Je l'aprécie tellement en type déluré et marginal, passionné, que je n'arrive pas à me le représenter en type un peu coincé, tourmenté, partagé entre les bonnes manières et la chaleur italienne. Sinon, le livre est vraiment bien, j'avais l'impression d'être dans un tableau, un peu comme dans un rêve, même si le ciel au-dessus de Monteriano est orageux. Gino est sincèrement attachant à partir du milieu du livre. On en vient à lui pardonner en se disant qu'après tout, c'est un homme, italien en plus (je précise que je n'ai rien contre les Italiens). En fait, on adhère aux préjugés du livre selon lesquels, les Italiens sont fascinants, merveilleux, mais pourtant humain, avec leurs faiblesses nationales (le machisme en premier lieu) que bien sûr les Anglais ne possèdent que discrètement. De ce fait, on pardonne à Gino, qui n'est qu'un gamin d'ailleurs, et qui a toutes les maladresses de son âge. Miss Abbott m'amuse beaucoup, elle agit à la fois comme une vieille fille anglaise, et pourtant, quand elle se lâche, elle est impulsive, perspicace, et possède une grande ouverture d'esprit. Elle devra souffrir pour payer cela d'ailleurs. J'avais de la peine pour Philippe à la fin. C'est un brave homme.
Par contre, je déteste Harriet, je ne supporte pas les geignardes, et ce qu'elle fait à la fin est impardonnable. Et sa mère...
Dernière édition par misshoneychurch le Lun 23 Aoû 2010 - 11:19, édité 1 fois |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: EM FORSTER et James Ivory Mer 18 Oct 2006 - 13:10 | |
| Tu détesteras Harriet aussi dans l'adaptation!
Quant à Rupert en Philippe, je te conseille de l'essayer, tu verras, il est parfait.
Forster qui se cache sous les traits de Philippe : il semble que ce soit bien le cas, Toxic en a parlé dans un de ses posts. _________________
Dernière édition par cat47 le Lun 4 Jan 2010 - 17:28, édité 1 fois |
| | | misshoneychurch Poppy dream by the Arno
Nombre de messages : 6062 Date d'inscription : 01/09/2006
| | | | toxicangel Snails Huntress
Nombre de messages : 6202 Age : 47 Localisation : Somewhere between Heaven and Hell, obviously... Date d'inscription : 07/04/2006
| Sujet: Re: EM FORSTER et James Ivory Mer 18 Oct 2006 - 19:00 | |
| Tout ce que tu dis Miss Honeychurch me donne envie de lire le roman afin de pouvoir comparer avec l'adaptation qui en a été tirée et qui ne m'avait qu'à moitié convaincue. Et puis cela devrait me permettre aussi de mieux comprendre les dialogues, notamment ceux échangés à la toute fin entre Philipp et Carolyn. Enfin comme je le lis en VO c'est peut être pas si sûr que ça ! Bon allez, j'expédie vite fait Girlfriend in a coma et après je me m'y mets. Concernant l'adaptation, je me joins néanmoins à l'avis de Cat : passé l'effet de surprise, on n'a plus aucun mal à voir Rupert Graves dans la peau d'un petit bourgeois effacé et Helen Mirren est absolument parfaite dans le rôle de Lilia. Gino en revanche ne m'a pas plu du tout mais j'attends de lire le livre pour me faire un avis plus complet. Quant à Harriet, elle est bien insupportable et apparemment la prestation de Judy Davis ne serait donc pas seule responsable. Concernant Forster et Philipp, je suis complètement d'accord avec toi Je ne sais plus sur quel site j'avais lu que Forster s'identifiait énormément à Philipp... Je sais en revanche que dans les bonus de Chambre avec vue, dans le reportage sur sa vie, Forster dit bien qu'il a arrêté d'écrire des romans parce qu'il n'avait plus de sujet et qu'il était incapable de parler d'autre chose que de sa vie. La personnalité qui se dégage de lui d'après ses romans est celle de quelqu'un qui refoule ses désirs par peur de se heurter au monde extérieur qui l'opresse. Que ce soit Lucy dans Room with a view, Philipp dans Where Angels fear to tread ou Maurice, ces personnages partagent tous des envies d'évasion et si certains arrivent à les assouvir, c'est toujours l'arrivée d'une personne extérieure (George Emerson, Carolyn Abbott/Gino, Alec Scudder) qui leur sert de révélateur. En fait Forster attendait certainement lui aussi son Prince Charmant. Malheureusement pour lui, il n'est jamais venu. Beuh, j'aime pas les histoires tristes. |
| | | toxicangel Snails Huntress
Nombre de messages : 6202 Age : 47 Localisation : Somewhere between Heaven and Hell, obviously... Date d'inscription : 07/04/2006
| Sujet: Re: EM FORSTER et James Ivory Mer 22 Nov 2006 - 20:52 | |
| J'ai donc lu en VO Where angels fear to tread et tant qu'à faire, j'ai reregardé l'adaptation dans la foulée. J'ai beaucoup aimé le livre. Dans la préface, Forster déclare que sa volonté était de raconter l'histoire d'un homme qui devient meilleur et contrairement au film (j'en reparle après), j'ai bien ressenti ici l'évolution de Philip Herriton. Cette même préface dévoile également une partie des origines du livre. On apprend par exemple que le 1er voyage en Italie de Forster, accompagné de sa mère, avait été absolument catastrophique : retard, hôtel minable, sa mère souffrant de migraines... Et on peut donc penser que les personnages d'Harriet et de Charlotte Bartlett dans Room with a view ont sans doute quelque chose de Maman Forster. On apprend aussi que le personnage de Lilia et son histoire sont parties d'une conversation interceptée entre 2 femmes anglaises pendant ce séjour (clin d'oeil dans A room with a view, le film ?) On apprend également que le modèle de Philip Herriton n'est pas Forster lui même (ou du moins qu'à un seul tiers) mais l'un de ses meilleurs amis. Enfin on a droit à quelques extraits des critiques de l'époque dont certaines sont assez révélatrices : "l'auteur doit apprendre à choisir si son histoire est une comédie ou une tragédie." Mais bien sûr . Pas de surprise pour l'histoire, elle est exactement la même que celle du film : une veuve qui pense avoir trouvé l'amour en Italie, se marie avec un homme beaucoup plus jeune qu'elle et meurt en mettant son fils au monde. Son ancienne belle famille et son amie décident de partir en Italie récupérer l'enfant. Là certains événements vont changer leur perception de la vie... On retrouve donc les mêmes personnages et les mêmes changements abrupts d'ambiance : une scène de liesse pouvant précéder un drame absolu. La seule différence mais elle est de taille, c'est qu'ici on a accès aux sentiments des personnages et ça change tout. On compatit davantage au calvaire de Lilia, on comprend mieux la froide détermination de Mrs Herriton et son attitude envers ses 2 enfants, on comprend qui est Caroline Abbott et enfin Philip nous est beaucoup plus sympathique. En revanche : Harriet reste Harriet, car elle ne pense décidément pas grand chose. Mais surtout, la scène finale entre Philip et Caroline est l'une des plus belles et en même temps une des plus douloureuses qu'on puisse trouver. A ce stade, Philip a dépassé Caroline et pense d'abord à son bonheur plutôt qu'au sien. Et puis n'oublions pas non plus l'évocation magnifique des paysages d'Italie... Par de nombreux côtes WAFTT ressemble donc à A room with a view. Dans les 2 cas les personnages sont oppressés par leur milieu et n'agissent pas selon leurs désirs. Philip va apprendre en Italie à ne plus être un spectateur ironique et manipulable de sa propre existence. Lucy y apprendra à ne plus mentir à elle même et aux autres. Je me disais naïvement que l'adaptation passerait donc mieux après avoir lu le livre. Et bien j'avais tort. Première déception : même en connaissant les dialogues, je ne comprends toujours pas ce que la plupart des acteurs racontent. Ensuite, la mise en scène est vraiment très pauvre : juste l'enchaînement des scènes les unes aux autres mais sans aucune idée qui pourrait mettre en évidence les sentiments des personnages. Comparé au livre la scène de fin est ainsi un ratage complet et ne rend pas les tourments intérieurs de Philip à ce moment. Enfin je suis toujours aussi déçue par l'interprétation d'Helena Bonham Carter, trop froide et trop dure par rapport au personnage de Caroline Herriton : jeune vieille fille un peu fantasque, tiraillée entre ce qu'elle doit et ce qu'elle veut faire. Le film n'est pas une catastrophe mais il est tellement plat comparé aux adaptations de Forster par Ivory que non, je ne saurais vraiment le recommander. Enfin, heureusement il y a Where angels fear to tread est en tout cas un livre très court et relativement facile à lire donc si vous voulez tenter l'expérience en VO, il n'y a pas de souci. |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: EM FORSTER et James Ivory Dim 21 Jan 2007 - 19:27 | |
| Voilà, après avoir enfin revu A Room with a View (2 fois en une semaine) et relu le livre dans la foulée, je peux reprendre cette discussion sur les similitudes entre Austen et Forster. Première similitude : le talent! Bon, ça c’était un peu facile, mais tout de même, je ne me rappelais plus à quel point ce bouquin se lisait facilement et était jubilatoire. Ce que je retrouve d’Austen, c’est cette façon indirecte de nous faire découvrir les sentiments des personnages, en suggérant bien plus qu’en décrivant. J’aime bien par exemple la scène où Lucy parle avec Mr Beebe de toutes les personnes qui connaissent la rupture de ses fiançailles en tapant une note pour chacune et qu’elle tape une note supplémentaire. Ou la scène au bord de l’Arno après l’incident de la Piazza Signoria, où chacun des jeunes gens sent qu’il a vécu quelque chose d’extraordinaire mais aucun ne peut ou ne veut reconnaître les sentiments éprouvés. Un autre point commun est bien sûr leur vision critique de la bonne société. Je suis d’accord avec toi, Toxic, Austen reste plus conformiste, mais elle revendique tout de même pour ses personnages le droit de choisir d’être heureux à leur manière et d‘utiliser leur sens critique. Et troisième point : l’humour, qu’on retrouve chez Austen comme chez Forster dans une mise en scène de personnages secondaires illustrant des travers qui ne peuvent que nous faire sourire (un Mr Collins ou une Miss Bartlett).
Ces similitudes ressortent peut-être plus dans A Room with a View car je pense qu’il s’agit du roman le plus léger de Forster. Il semble d’ailleurs que ce n’était pas son préféré, je crois même qu’il a considéré comme une faiblesse le fait de s’être laissé aller à une fin heureuse (il existe d’ailleurs le projet d’une autre fin qui aurait certainement un peu moins ravi les indécrottables romantiques que nous sommes). Le roman a en fait été écrit par morceaux, le début faisant partie d’un des tous premiers projets de Forster, une histoire qui devait se dérouler uniquement en Italie et que Forster a abandonné pendant quelques temps pour se consacrer à d’autres livres. Je trouve qu’on voit une différence entre le style du début et celui de la fin. La partie anglaise est à mon avis meilleure, le style est plus fluide.
Que peut-on dire sur l’adaptation de James Ivory, si ce n’est qu’elle frise la perfection, et ce malgré quelques petites libertés prises par rapport au livre? Les images, la musique, les acteurs, le scénario, que du bonheur. Quand on pense qu’Helena Bonham Carter n’avait que 19 ans! Le seul reproche que je ferais serait pour les deux acteurs masculins. Julian Sands peine à prendre ses marques, mais il devient bien meilleur sur la fin. Et je trouve que Daniel Day-Lewis (un acteur que j’adore, je le précise bien) en fait un peu trop dans le rôle de Cecil. On ne comprend pas très bien pourquoi Lucy accepte sa demande en mariage. Après relecture du bouquin, je pense qu’il aurait été plus intéressant de ne pas en faire une caricature.
Ce qui me plairait maintenant, c’est d’avoir des nouvelles de l’adaptation ITV 2007 en préparation par Andrew Davies. _________________ |
| | | toxicangel Snails Huntress
Nombre de messages : 6202 Age : 47 Localisation : Somewhere between Heaven and Hell, obviously... Date d'inscription : 07/04/2006
| Sujet: Re: EM FORSTER et James Ivory Dim 21 Jan 2007 - 21:34 | |
| 2 visionnages en une semaine : quelle santé En tout cas les commentaires que tu fais sur A room with a view me rappellent les impressions que j'avais eues à la sortie de la lecture du roman et de la vision du film. Je dois encore avoir un brouillon de mes idées quelque part dans un coin, j'essaierai de les remettre en ordre et de les poster avant que miss honeychurch me dise que j'ai pas encore fait mes devoirs . |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: EM FORSTER et James Ivory Dim 21 Jan 2007 - 22:26 | |
| - toxicangel a écrit:
- 2 visionnages en une semaine : quelle santé .
Ca n'a pas été trop pénible, je dois dire. J'ai en fait regardé le film, relu quelques passages du livre, puis j'ai craqué et ai relu tout le livre, ce qui m'a donné envie de revoir l'adaptation. Un vrai cercle vicieux, quoi! Je n'avais plus revu ce film depuis sa sortie, j'avais donc du retard à rattraper! Je trouve que Forster a créé là des personnages fantastiques. J'ai énormément de sympathie pour Lucy, une jeune fille qui se cherche et qui essaie maladroitement de donner un sens à la confusion de ses sentiments. J'aime aussi le fait qu'elle vient d'une famille une peu différente, où l'affection et la confiance sont tellement importants. D'ailleurs, quand nous parlions de fin heureuse, tu as souligné le fait que dans le livre, la fin est un peu plus sombre car les relations de Lucy et de sa famille sont ternies. Je crois que si sa mère lui en veut à ce moment, c'est d'avoir voulu se cacher ses sentiments et du coup de les lui avoir cachés, et non d'avoir choisi George. J'ai vraiment l'impression que tant Mrs Honeychurch que Freddy sont suffisamment ouverts pour accepter George mais qu'ils en veulent à Lucy pour ses cachotteries italiennes. Mr Emerson est un autre personnage très attachant. Sa droiture, sa lucidité et son ton direct inspirent la sympathie (enfin à nous lecteurs modernes, pas à une grande majorité de ses compatriotes de l'époque). Il ne veut que le bien des personnes qu'il rencontre et souvent à cause de cela il choque. Les autres paraissent tellement étriqués en comparaison. _________________ |
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