The Age of Innocence / Le Temps de l'Innocence (roman et adaptations)

Merci pour ton avis Annwvyn

Bizarrement j'ai moins de souvenirs du film - que j'ai vu après avoir lu le livre - que du roman découvert lors de la lecture de groupe, et qui m'avait fortement marquée.

Pas autant que toi Annwvyn, mais nous ne l'avons pas lu au même âge, et comme tu l'as souligné cela influe beaucoup sur notre jugement.

Je suis d'accord avec toi quant aux acteurs

Annwvyn a écrit:

Je m'étais beaucoup identifiée à l'époque à Newland Archer. C'est lui qui creuse sa propre tombe, bien qu'il ait effectivement une grande pression autour de lui, il a un instant une possibilité d'action qu'il ne saisit pas. Je trouve ça prodigieusement tragique. No Daniel Day Lewis lui donne une énorme profondeur, un côté "hanté" qu'on trouve souvent dans le jeu de l'acteur, qui montre bien qu'on assiste à la mort d'un personnage. Le personnage d'Ellen était pour moi le plus sain et le plus attachant du roman, et je ne revois pas mon jugement. Même si je l'imaginais brune, j'ai beaucoup aimé Michelle Pfeiffer, entre innocence et légèreté, elle est extrêmement émouvante. Quant à May, on en croise tout le temps des May dans le monde, non ? Il y a de la cruauté dans ses actions, mais elle ne s'en rend même pas compte, donc on ne peut pas forcément lui en vouloir. Winona Ryder est excellent elle aussi.

Je ne crois pas m'être identifiée à l'un des trois personnages principaux, il me semble avoir assisté en "spectatrice" (je parle du livre )

Newland m'a effectivement donné l'impression d'avoir gâché sa vie, et je pense avoir eu envie de le "secouer" un peu . J'ai éprouvé plus de sympathie pour Ellen, et pas du tout pour May que j'ai trouvée manipulatrice et pas du tout "innocente".

Je m'interroge sur le titre choisi par Edith Wharton. Le temps de l'innocence, est-ce un temps révolu, ou qui n'a jamais existé ? de l'ironie cinglante ? ou de l'amertume ?

Merci pour ton avis sur ton visionnage, Annwvyn Quant à moi, je me rappelle avoir visionné l'adaptation bien après ma lecture du Temps de L'Innocence, mais j'en garde très peu de souvenirs (hormis les interprétations des trois acteurs principaux qui m'avaient beaucoup plu), mais je pense que c'est plutôt dû au fait que les œuvres d'Edith Wharton sont difficiles à adapter à l'écran.

Ton analyse est très intéressante Annwvyn   . Je suis contente que tu aies apprécié le film, les personnages et les acteurs (parfaits). Je me souviens avoir beaucoup aimé à la fois le film (esthétiquement superbe) et le livre.

Rosalind a écrit:

Je m'interroge sur le titre choisi par Edith Wharton. Le temps de l'innocence, est-ce un temps révolu, ou qui n'a jamais existé ? de l'ironie cinglante ? ou de l'amertume ?

C'est une bonne question. Il me semble avoir lu que le titre se veut un qualificatif ironique de la haute société américaine qu'elle dépeint, à savoir polie et splendide de l'extérieur, où tout sourit aux heureux membres, où rien ne dépasse, alors que l'intérieur est beaucoup moins reluisant.

Cela me donne envie de lire la volumineuse biographie de Edith Wharton par Hermione Lee que j'avais acquise voilà plusieurs années à Dublin (peut-être cette année ).

J'ai relu le livre il y a quelques semaines avec bonheur. Comme lors de ma première lecture, j'ai goûté la reconstitution du New York des années 1870, dans une haute société lisse de l'extérieur mais si cruelle et corsetée de l'intérieur, et la grande intériorité des personnages. Newland par exemple dissimule une grande partie de ses pensées, de ses sentiments, auxquels le lecteur a accès.

Spoiler:

J'ai été frappée aussi par le côté conventionnel du physique des deux personnages féminins principaux : May est d'une blondeur virginale, innocente (mais plus perspicace qu'il n'y paraît) alors que Ellen Olenska, avec ses yeux et cheveux sombres, évoque l'archétype de la séductrice. Dans son adaptation, que je viens de revoir aussi avec grand plaisir, Martin Scorcese a fait le choix inverse, sans doute assumé, optant pour une May brune et une Ellen blonde. Malgré son aspect un peu daté dans des choix de mise en scène, le film reste impeccable, splendide visuellement et extrêmement juste dans son interprétation. Daniel Day-Lewis et Michelle Pfeiffer sont simplement parfaits dans leurs rôles respectifs   , le premier mettant toute l'intensité de son jeu (pour rendre notamment les tiraillement intérieurs du personnage) au service de Newland.

Merci pour tes retours

Je changerais peut-être d'avis en relisant mais je me rappelle que j'étais plutôt assez agacée par Newland (enfin par May également).

J'ai l'impression que Wharton a souvent cette sorte de compassion pour ce type de personnages masculins, qui s'aveuglent plus ou moins consciemment dans leur relation sentimentale.

Simple curiosité et je ne sais pas combien de Wharton tu as lu, mais est-ce que tu dirais que c'est de tes préférés ?

Merci pour ton retour, Tatiana et ravie de voir que ta relecture a été plus que plaisante ! C'est un roman que j'affectionne, dans mon top "Wharton"

Dulcie a écrit:

Simple curiosité et je ne sais pas combien de Wharton tu as lu, mais est-ce que tu dirais que c'est de tes préférés ?

Oui, c'est même mon préféré, dès ma première lecture. Je pense que ce sont les imperfections de Newland qui me plaisent chez lui, et j'aime aussi l'électron libre qu'est Ellen Olenska.