Je n’avais pas prévu de faire un post sur le film Une vie, film que j’ai vu jeudi, mais en lisant certains avis presse ou spectateurs, je me suis demandé si on avait vu le même film. Attention, je ne remets pas en cause le droit d’aimer ou pas ce film, bien évidemment ! Je peux comprendre certaines critiques, mais d’autres me laissent franchement dubitative et certains points soulevés par ci par là m’ont fortement agacée… Donc, à mon tour, j’ai eu envie de laisser une trace de mon visionnage de façon plus permanente qu’une story ! Et je vous avoue que j’étais un peu énervée en écrivant certains passages
Si vous me suivez sur Instagram, vous avez déjà vu mon avis à la sortie de la séance. Je suis ressortie de ce film bouleversée, très émue et pleine de respect pour Sir Nicholas Winton et ceux qui l’ont aidé dans son entreprise de sauvetage des enfants juifs. Moi qui ne court pas après ce genre de films, la présence d’Anthony Hopkins (un de mes acteurs préférés
) et le reste du casting m’a fortement intriguée. J’avoue aussi que le moment le plus bouleversant du film se trouve dans la bande-annonce et vu les frissons et les larmes aux yeux qu’il m’a procuré, doublé au fait que ce soit une histoire vraie, j’ai eu très envie de découvrir le film ! Alors, ne connaissant pas l’histoire de Nicholas Winton, je trouve tout de même dommage que la bande-annonce spoile un passage important du film : si je ne l’avais pas vu avant, les émotions lors du visionnage auraient été décuplées !!
Bon on a quand même bien pleuré à ce moment-là avec ma maman tellement c’était beau, mais voilà je trouve regrettable d’en révéler autant pour ceux qui ne connaissaient pas l’histoire.
Concernant la mise en scène de James Hawes, le début du film prend un peu son temps. Je sais que certains se sont ennuyés durant la première partie. Personnellement, j’ai trouvé cette partie où on voit Nicholas et ses acolytes se démener pour sauver ces enfants très intéressante ! On comprend tout ce qu’ils ont dû faire pour cela, leurs démarches, leurs obstacles, leurs craintes, l’aide précieuse de la mère de Winton jouée par une excellente Helena Bonham-Carter, le courage de Doreen Warriner (Romola Garai) et de Trevor Chawick (Alex Sharp), sur place à Pragues avec d’autres volontaires courageux pour aider les réfugiés. Cette partie était importante et nécessaire pour comprendre tout ce que ces hommes et femmes volontaires ont accompli au péril de leur vie, sans baisser les bras.
De ce fait, j’ai mieux compris ces commentaires sur la première partie du film en lisant cette critique qui revenait plusieurs fois chez les spectateurs : »Il n’y a pas de scènes violentes ou dures comme dans La liste de Schindler pour que ça bouleverse le public« … Donc la Shoah et voir des enfants obligés d’être séparés de leurs parents ce n’est pas assez dramatique pour ces personnes, il leur en faut plus pour se sentir bouleversées ou impliquées… Soit… Personnellement j’étais bien contente de ne pas voir de scènes violentes. On nous fait part de certaines choses à l’oral et c’est déjà triste. On se rend suffisamment compte de l’horreur vécue par les victimes des nazis, mais si vous cherchez des films qui abordent ce pan de l’histoire avec des images chocs, effectivement, passez votre chemin car Une Vie ne montre rien de tout cela.
Ensuite, j’avoue que ce qui m’a le plus soulé parmi toutes les choses que j’ai pu lire sur le film, ce sont les commentaires de gens qui trouvent le moyen de lancer des polémiques en rapport avec le conflit israélo-palestinien en cours (en gros, pour certains, le film prend parti pour Israël donc il faut le boycotter, et pour d’autres, la bande annonce et l’affiche ne précisent pas que les enfants sauvés étaient juifs, donc c’est de l’antisémitisme déguisé… Sans commentaire…) Sortir de telles remarques sous la bande annonce du film en prenant parti pour un camp ou un autre dans le conflit actuel, c’est passer totalement à côté du message du film… Je rappelle que le film parle d’une histoire vraie qui s’est passée en 1939 et où un homme a tout mis en oeuvre pour sauver des enfants, peu lui importait leur appartenance ethnique ou religieuse… Parmi les autres remarques qui m’ont prodigieusement énervée, un mot sur ceux qui ne savent visiblement pas lire et sortent des commentaires du genre « Oh mais c’est une version Wish de La liste de Schindler, ils ont plus d’idées ! »
Alors comme c’est dit implicitement au début de la bande annonce, c’est une HISTOIRE VRAIE, pas un plagiat !!! Nicholas Winton avait une humilité telle que si sa femme n’avait pas trouvé les documents qu’il avait gardé 50 ans plus tard, elle n’en aurait peut-être jamais rien su (quand le film commence, la femme de Winton est déjà au courant par contre) ! Je trouve ça beau et heureusement qu’un film rend hommage à ce Monsieur et ceux qui l’ont aidé ! Et il y aurait sûrement bien d’autres histoires du même genre à raconter sur d’autres héros de l’ombre…
Concernant la musique de Volker Bertelmann, j’ai lu quelques avis qui la jugeaient trop lacrymale et envahissante, utilisée pour enfoncer le clou durant certaines scènes. Pour le coup, je vous avoue que j’étais tellement prise par l’histoire que j’ai trouvé la musique plutôt secondaire, même si elle était jolie ! À voir si mon avis change lors d’un revisionnage avec une écoute plus attentive…
Pour le jeu des acteurs, je les ai trouvés très justes. Rien à voir avec une critique presse qui avait dit qu’Anthony Hopkins en faisait trop : alors entre ça et les critiques dites de « professionnels » qui disent que Hopkins a rarement été émouvant à l’écran, comment vous dire que ces personnes ont perdu toute crédibilité pour moi !
Instinct, Les vestiges du jour, The Father, Les ombres du cœur, Elephant Man… On en discute, les gars, ou vous êtes restés bloqués sur son interprétation d’Hannibal Lecter, comme je peux le lire un peu partout ?
Dans Une vie, Hopkins s’efface totalement derrière son rôle, il a reproduit certains mouvements ou expressions de Nicholas Winton, on sent qu’il est tout en retenue une grande partie du film jusqu’à un moment où il craque, mais c’est totalement cohérent avec ce qu’on a vu précédemment. Johnny Flynn incarne Winton dans ses jeunes années et il est très attachant, tout comme les autres acteurs. Bref, le casting est excellent !
Outre la mise en scène plutôt sobre, là où je rejoins certaines critiques, c’est dans le traitement du 9e train. J’aurais aimé que l’intrigue s’attarde plus sur ce passage clé du film car c’est ce drame qui aura profondément marqué Nicholas durant toutes ces années. Il a pu sauver 669 enfants, mais il aurait voulu tous les sauver et au lieu de voir l’exploit qu’il a accompli, il reste traumatisé par ce qu’il n’a pas pu faire et ce qui ne s’est pas déroulé comme prévu.
Bon, vous l’aurez compris, ce film m’a bouleversée, son histoire m’a captivée, ses personnages m’ont touchée. Sa mise en scène discrète est finalement un peu à l’image de ce grand monsieur qui est resté dans l’ombre pendant des années et ne trouvait rien d’héroïque à ce qu’il avait accompli, estimant qu’il a seulement fait ce qu’il estimait juste
Bien sûr, cela fend le coeur de voir une telle histoire en songeant que rien n’a vraiment changé quand on regarde les actualités et les mentalités de certaines personnes : lors de conflits inhumains, des enfants innocents sont victimes dans les deux camps qui s’affrontent
Mais au-delà de la noirceur du monde et de ceux qui y apportent leur horrible contribution, l’histoire de Nicholas Winton nous rappelle qu’il y a toujours eu de la lumière grâce à des personnes courageuses et altruistes, des héros et des héroïnes qui voulaient « juste » faire le bien, et ça apporte un peu d’espoir tout en poussant le spectateur à la réflexion…
Une Vie est un très beau film, un hommage d’une grande humanité, et que je vous conseille chaleureusement de découvrir avec des mouchoirs à portée de main. Vraiment, allez le voir…