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 Jane Austen au cinéma : livres critiques

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MessageSujet: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeVen 12 Oct 2007 - 0:46

Je savais qu'il y avait des livres sur le sujet en anglais mais je ne savais pas qu'il en existait un en français. Ce livre va certainement intéresser les membres de notre forum. Il s'intitule Les Adaptations à l'écran des romans de Jane Austen : Esthétique et idéologie et est écrit par Lydia Martin. Cette dernière est l'auteur d'un autre livre, Pride and Prejudice : Joe Wright
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=24239

Est-ce que quelqu'un connait ce livre ?

Voici la présentation de l'éditeur :
Les romans de Jane Austen (1775-1817) font l'objet d'adaptations cinématographiques bien différentes. Elles dépendent de la manière dont l'équipe du film les perçoit en fonction de l'époque du tournage et d'une foule de données, parmi lesquelles le contexte culturel, l'évolution de la pensée sociopolitique, le goût du public et l'argent investi dans la production. Intervient également l'image de la romancière sur laquelle n'existe aucun consensus critique, notamment en ce qui concerne la teneur idéologique de son œuvre. Dans une langue claire, sans recherche d'effets, Lydia Martin explore les romans de Jane Austen et leurs adaptations, qu'il s'agisse de films d'époque ou de transpositions proximisantes se déroulant en Inde ou dans le Beverly Hills d'aujourd'hui. Elle utilise une démarche qui combine la psychocritique, la sociocritique, l'histoire des idées et des mentalités, ainsi que la critique générique, l'esthétique de la réception et l'étude plus spécifiquement économique.

Voici les titres de livre en anglais sur le même sujet :
Jane Austen in Hollywood, sous la direction de Linda Troost.
Jane Austen on Screen, sous la direction de Gina Macdonald.
Jane Austen on Film and Television: A Critical Study of the Adaptations, de Sue Parrill.
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Popila
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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeVen 12 Oct 2007 - 23:09

Mr Damien Tilney a écrit:
Je savais qu'il y avait des livres sur le sujet en anglais mais je ne savais pas qu'il en existait un en français. Ce livre va certainement intéresser les membres de notre forum.

En français? la piètre angliciste que je suis n'a aucune excuse pour ne pas l'acheter, alors!
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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeMar 30 Oct 2007 - 18:38

Je crois qu'il y a pas mal d'ouvrages en français sur le sujet. Il n'y a pas Orgueil et Préjugé (en relation avec le film de Joe Wright) au Capes ou à l'agreg d'anglais en ce moment ?
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Popila
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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeDim 11 Mai 2008 - 19:07

Il y a quelques jours, en regardant les ouvrages consacrés à Jane Austen dans la bibliothèque de mon université, je suis tombée sur l'ouvrage de Lydia Martin dont parle Damien un peu plus haut, Les adaptations à l'écran des romans de Jane Austen, Esthétique et Idéologie et je l'ai emprunté.

Comme je crois (à tort?) être la seule sur le forum à l'avoir eu entre les mains, je vous en propose une présentation.

Tout d'abord, il faut savoir que dans cet ouvrage, il est question de toutes les adaptations, classiques ou dérivées, depuis P&P 1940 jusqu'à P&P 2005.
En réalité, il est assez peu question de P&P 2005, car Lydia Martin a également écrit un autre ouvrage, Pride and Prejudice - Joe Wright (Liège : Editions du CEFAL, 2006), auquel, le plus souvent, elle se contente de renvoyer lorsqu'elle doit faire une analyse détaillée de ce film, et comme je ne l'ai pas lu, je ne peux pas vous en dire grand chose.
Par ailleurs, étant donné la date de publication de l'ouvrage, il n'est question ni des adaptations plus récentes de NA, S&S, MP et Persuasion, ni de BJ.

L'ouvrage de Lydia Martin comprend trois grandes parties :

Arrow La Première Partie analyse les romans de Jane Austen proprement dits, la représentation du monde qu'ils offrent, et les questions soulevées par l'auteur. (Cette première partie n'est rien d'autre qu'une synthèse des principaux thèmes abordés par l'oeuvre de Jane Austen : je me suis contentée de la survoler, étant donné que sur le forum, beaucoup de ces questions ont déjà été abordées). En gros, les thèmes analysés par Lydia Martin sont : la société, les différentes classes sociales, l'argent, les divertissements, repas et nourriture, les femmes, la famille, l'univers masculin, et le mariage.

Arrow La Deuxième Partie montre que le passage d'un média à un autre implique des modifications. En effet, le film propose des images visuelles, contrairement au roman qui laisse davantage au lecteur la possibilité de créer son propre monde fictionnel. Sont abordées, entre autres questions, celle de la fidélité des adaptations à l'oeuvre originale, présentée comme un faux problème, la peinture de la vie quotidienne, et les différents lieux montrés à l'écran : intérieurs élégants et Angleterre bucolique.

Arrow La Troisième Partie, enfin, étudie la réception critique de JA à différentes époques. C'est, outre la fin de la IIème p., la partie que j'ai trouvée la plus intéressante, je l'ai donc lue dans son intégralité.
Dans cette partie de son ouvrage, Lydia Martin indique ce que d'autres critiques ont dégagé avant elle, à savoir que les romans de JA s'inscrivent dans une période charnière de la littérature. Elle insiste également sur le fait que son ironie est difficile à transposer sur l'écran. Elle fait longuement état de la lecture féministe qu'on a pu faire de JA, et Lydia Martin se lance même dans une lecture psychanalytique de certaines adaptations, NA 1986, Persuasion 1995, Emma (Davies) 1996 (personnellement, j'ai trouvé ça bof bof). Elle évoque enfin l'esthétique classique, gothique et/ou romantique, au choix, des romans et de leurs adaptations.

Le style de l'ouvrage de Lydia Martin se veut clair et accessible au plus grand nombre. Certaines analyses m'ont paru parfois trop succinctes, voire trop descriptives, et l'absence de toute iconographie est un peu dommage dans ce type d'ouvrage. Cependant, il y a quantité de points que j'ai trouvés intéressants, par exemple :

Question l'étude diachronique des quatre versions de Pride & Prejudice (1940, 1979, 1995, 2005) surtout intéressante par rapport à P&P 1940, puisqu'il est question du contexte "artistique" dans lequel ce film a vu le jour. Lydia Martin s'attache à montrer que ces quatre adaptations sont largement tributaires de l'époque au cours de laquelle elles ont vu le jour.

Question Les catégories d'heritage films, costumes dramas, et la notion d'Englishness, qu'on pourrait traduire, je pense, par "Anglicité" : ces deux types de production, en nous montrant les décors luxueux de grandes demeures provinciales, les paysages verdoyants de la campagne du sud de l'Angleterre et les costumes élégants de l'époque, recréent visuellement l'image d'une "Old England" considérablement idéalisée.

Question L'étude des paysages dans S&S 1995 : Lydia Martin propose quelques éléments de réponse à une question que je me posais depuis longtemps, à savoir : est ce que le film d'Ang Lee relève d'une esthétique britannique ou asiatique (ou les deux)?

Question Jane Austen et la critique : saviez-vous que D. H. Lawrence, R. W. Emerson et Mark Twain, surtout Mark Twain en fait, exécraient l'oeuvre de Jane Austen? Je n'ose même pas citer ici ce qu'ils ont osé écrire sur elle!
Lydia Martin évoque également : le New Criticism, qui s'intéresse aux non-dits chez JA, le New Historicism, qui cherche à resituer l'oeuvre dans son époque (il y a ainsi une critique marxiste de l'oeuvre de JA, et MP est, paraît-il, l'oeuvre qui de prête le mieux à ce type de démarche, notamment par le recours à une lecture post-coloniale), et enfin une critique féministe.

Question Une étude de Mansfield Park 1999 vu sous l'angle du Girl Power, revendiqué à l'époque de la sortie du film par les Spice Girls...

Question Une étude de Northanger 1986, que je n'ai pas vu, mais l'étude qui en est faite me donne à penser qu'il s'agit d'une très mauvaise adaptation!

Question Un parallèle entre le film de Joe Wright et l'oeuvre des soeurs Brontë : je crois que Miss Bell a défendu ce même point de vue dans "P&P 1995 vs P&P 2005". Lydia Martin lui donne donc raison...

Question A propos du personnage de Marianne, il y a des passages très intéressants (même si je ne suis pas d'accord avec tous) qui m'ont rappelé une discussion opposant Cat à Miss Bell, je crois que c'était dans le topic sur "S&S 2008". Selon Lydia Martin, les silences de Marianne au début du roman indiquent sa rébellion : elle refuse de parler à des gens qui ne l'intéressent pas, bravant ainsi les conventions sociales : "Marianne choisit de se taire, car elle méprise le décorum : elle refuse de se plier aux exigences de l'époque et de compromettre la vérité au nom de la politesse, mais aussi, parfois, parce que ses émotions ne peuvent être exprimées à haute voix. Dans le roman, son mariage avec un homme âgé constitue son châtiment". Son silence final signifie, toujours selon Lydia Martin, sa soumission.

Question A propos du personnage de Lizzy, il y a également une longue analyse sur la question de savoir si Lizzy épouse Darcy par amour ou pour son beau domaine de Pemberley, question qui avait été abordée dans le topic "JA, une romancière romantique?" Selon Lydia Martin, Lizzy n'est pas attirée par la fortune de Darcy, la preuve, elle rejette sa première demande en mariage, alors qu'elle sait qu'il est très riche. En fait, le domaine de Pemberley est le reflet de son propriétaire. Comme Pemberley, qui est caché aux regard indiscrets, la personnalité de Darcy est difficile à cerner.



Bref, vous le voyez, cet ouvrage propose beaucoup de pistes très intéressantes.
Je ne peux pas garder l'ouvrage très longtemps, mais si l'un des points que j'ai évoqués ci-dessus vous intéresse plus particulièrement, je pourrai vous faire un résumé de l'argumentation de Lydia Martin. De toute façon, j'ai l'intention de photocopier certains passages pour mon propre usage Jane Austen au cinéma : livres critiques 673712
Voilà, en espérant ne pas vous avoir trop ennuyés... je suis épouvantée par la longueur de mon post!


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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeDim 11 Mai 2008 - 20:03

Merci Popila pour cette description du livre de Lydia Martin ! Very Happy C'est très intéressant. J'ai l'impression qu'il reprend pas mal de débats que nous avons eu entre nous sur les différentes adaptations.

J'aime beaucoup la démarche de replacer une adaptation dans son contexte. Pour Pride and Prejudice 1940, c'est particulièrement efficace pour comprendre les différents choix derrière l'adaptation.

Peux-tu m'en dire un peu plus sur Northanger Abbey 1986 ? J'ai vu cette adaptation et je ne l'ai pas trouvé bonne du tout. Je serais curieux de connaitre les arguments de Lydia Martin à ce sujet.

J'ai le livre que la critique a écrit sur l'adaptation de Joe Wright mais je l'ai prêté à une amie qui a passé le capes d'anglais. Je pense que je vais le récupérer dans pas longtemps. Est-ce que tu veux que je résumé quelques points Popila ? Et bien sûr est-ce que quelqu'un d'autre est intéressé ?

Merci encore pour cette longue analyse. Very Happy
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Emjy
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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeDim 11 Mai 2008 - 20:21

Je ne connaissais pas l'existence de ce livre mais d'après ce que tu en dis, popila, il me tente vraiment beaucoup. Merci donc de nous avoir fait partager ta découverte de cet ouvrage ! Very Happy
J'ai en plus l'impression d'avoir un peu les mêmes opinions que Lydia Martin. Ce qu'elle dit de la relation Lizzy/Darcy correspond notamment exactement à ce que je pense !
Je serai très curieuse de lire ce qu'elle dit de l'adaptation p&p 1940 ainsi que sur les paysages de S&S1995 et la dimension un peu "féministe" de MP 1999 !
Elle est donc très sévère envers l'adaptation de NA 1986 ? Cela ne m'étonne guère, ce téléfilm a vraiment très mauvaise réputation !
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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeDim 11 Mai 2008 - 21:34

Damien, Emjy, vous me demandez tellement de choses que je ne sais plus par quoi commencer! Very Happy

Emjy a écrit:
Elle est donc très sévère envers l'adaptation de NA 1986 ? Cela ne m'étonne guère, ce téléfilm a vraiment très mauvaise réputation !
Elle n'est pas précisément sévère, mais ce qu'elle dit de cette adaptation me conduit à penser qu'elle doit être très, très mauvaise ; il n'empêche qu' elle lui consacre un nombre de pages non négligeable au regard d'autres oeuvres : elle s'attache surtout aux rêves et aux fantasmes de l'héroïne et en fait une lecture psychanalytique... ce qui donne quelque chose d'assez... euh... même quand on n'a pas vu l'adaptation... bizarre, quoi!
Enfin, vous jugerez sur pièce, quand j'aurai pris le temps de résumer son analyse.

Mr Damien Tilney a écrit:
J'ai le livre que la critique a écrit sur l'adaptation de Joe Wright mais je l'ai prêté à une amie qui a passé le capes d'anglais. Je pense que je vais le récupérer dans pas longtemps. Est-ce que tu veux que je résumé quelques points Popila ? Et bien sûr est-ce que quelqu'un d'autre est intéressé?
Bien sûr que je suis interéssée! Very Happy Il n y a pas grand chose sur P&P 2005 dans l'ouvrage que j'ai entre les mains, et j'ai trouvé que c'était un peu dommage, dans la mesure où ce film introduit quand même une rupture par rapport aux adaptations précédentes.

Sinon, j'ai pris bonne note de vos demandes :

Idea P&P 1940
Idea NA 1986
Idea les paysages dans S&S 1995
Idea la dimension féministe de MP 1999

Je ne sais pas trop encore par quoi je vais commencer. Ce qui et sûr, c'est que pour S&S 1995, il faudra attendre un peu : je voudrais réaliser quelques captures d'écran pour illustrer le propos de Lydia Martin, m'est avis que ce sera plus parlant Wink


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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeDim 11 Mai 2008 - 22:00

Merci Popila pour ce résumé.
Il y'a un point qui m'interesserait de developper : les non-dits chez JA.
Ce n'est pas très clair pour moi,si tu as le temps, pourrais tu nous donner un exemple ?

Tout ca me fait penser que JA et son univers sont loin d'être des sujets épuisés.

petit HS : je me suis procurée à la bibliothèque aussi, la biographie de JA par Claire Tomalin, je me plonge dedans dés que possible. Je sais que tu l'a lu Damien, je vais faire un tour sur le forum pour voir si d'autres aussi l'on lu ...
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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeDim 11 Mai 2008 - 22:18

Merci beaucoup pour ce résumé particulièrement clair ! Ca a l'air très intéressant: je crois que je vais aller l'emprunter parce que j'ai un examen sur les différentes adaptations de P&P par rapport au livre en, anglais... Very Happy
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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeDim 11 Mai 2008 - 22:37

Je l'ai aussi vu à la Bibliothèque de mon université. Malheureusement, je n'ai pas pu l'emprunter, mais je l'ai survolé. Il est vraiment très intéressant et très complet (tu l'as très bien résumé popila), il y a même une analyse de la BOF de Raison et Sentiments (rapport image-musique)et aussi des costumes (libertés prises avec l'époque, souci d'authenticité, rôle des costumiers dans les adaptations), si je me rappelle. En tout cas, j'aurais voulu avoir plus de temps devant moi car le passage sur "costume dramas, heritage dramas et englishness" m'intéressait beaucoup.

La couverture de ce livre est jolie, c'est une aquarelle de l'auteur qui rappelle fortement une scène de Sense and Sensibility. Par contre, je suis tout à fait d'accord, il manque une source iconographique pour illustrer ses propos. Wink
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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeDim 11 Mai 2008 - 22:41

Miss Bell, je te recommande les pages 100 à 118, qui sont précisément consacrées aux quatre adaptations de P&P Smile

Effectivement, Méli, je n'ai pas été très précise, sans doute parce que Lydia Martin elle-même ne s'attarde pas trop sur la question Wink

Les non-dits sont ce à quoi s'est surtout intéressé le New Criticism, la critique littéraire anglaise et américaine des années 1920-1960.

Lydia Martin a écrit:
La déconstruction du texte austenien permet à certains critiques d'avancer que les non-dits de Jane Austen constituent l'aspect le plus révélateur de ses romans. L'observation de ce qu'ils considèrent comme des blancs du texte est susceptible de conduire à la révélation de significations profondes. La plupart des critiques modernes en sont persuadés, et l'on frôle l'oxymore avec le titre inattendu de l'ouvrage de Warren Roberts : Jane Austen and the French Revolution (1979), révolution qui n'est pourtant mentionnée dans aucun de ses romans!

Exemples de non-dits chez Jane Austen : la révolution française, les guerres napoléoniennes, le prolétariat, ou même, le corps.

Pour les autres points soulevés par Damien et par Emjy, je pense adopter le mode feuilletonesque : à raison d'un épisode par soirée, vous devriez tout savoir à la fin de la semaine! Et puis comme ça, vous avez le temps de réagir : c'est mieux, je trouve.

Edit : ah, voilà, Nettie a tout a fait bien complété mon résumé Very Happy


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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeDim 11 Mai 2008 - 22:54

@ Popila. Merci. C'est très gentil. Par contre si l'analyse sur NA 86 tourne uniquement sur la psychanalyse, ne t'embête pas pour moi. Je n'aime pas spécialement ce genre d'interprétation. J'ai l'impression que c'est également ton cas.

La question des non-dits a l'air intéressante. Une des grandes questions est souvent la même : est-ce que Jane Austen a fait le choix de ne pas aborder certains sujets ou est-ce qu'elle ne pouvait pas le faire en tant que femme ?

@ Miss Bell. Je sais qu'il existe un article sur les bals dans les différentes adaptations de Pride and prejudice dans la revue "Etudes anglaises" (volume 59 Oct, Nov, Dec 2006). Il a été rédigé par Ariane Hudelet, un professeur de Paris III.

En voici un résumé que j'ai trouvé sur le site des "Etudes anglaises".
Citation :
À l’époque de Jane Austen, le bal était un moment privilégié où les contacts entre hommes et femmes étaient possibles, et étaient même cautionnés par une société qui organisait à travers eux une sorte de marché du mariage. Lorsque des cinéastes adaptent Pride and Prejudice et ses trois scènes de bal, la danse passe du statut d’activité presque implicite, qu’elle a dans le roman, à une représentation précise et physique qui permet d’exprimer de manière proprement audiovisuelle les relations entre les personnages, voire le fonctionnement de cette société. Cet article propose une étude comparée des scènes de danse dans les trois adaptations les plus célèbres, le Pride and Prejudice de la MGM (1940), la mini-série BBC/A&E (1995) et le film de Working Title (2005).

Tu peux certainement le trouver dans une bibliothèque.
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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeDim 11 Mai 2008 - 22:56

Merci Damien ! Very Happy
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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeDim 11 Mai 2008 - 22:58

@Popila : oui, je crois que ce serait parfait de procéder de cette façon. Je me réjouis de lire tes interventions Very Happy
Si le livre se révèle aussi intéressant qu'il le laisse présager, je me l'offrirai probablement ...


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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeDim 11 Mai 2008 - 23:07

Je ferai comme toi Emjy Razz. Ce livre m'a l'air plus qu'intéressant. C'est justement le sujet dont on aime débattre ici. Les adaptations des œuvres littéraires.
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Popila
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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeDim 11 Mai 2008 - 23:54

Mr Damien Tilney a écrit:
Par contre si l'analyse sur NA 86 tourne uniquement sur la psychanalyse, ne t'embête pas pour moi. Je n'aime pas spécialement ce genre d'interprétation. J'ai l'impression que c'est également ton cas.

Oh, j'en mettrai quand même un échantillon, histoire d'en rire... il y a aussi un certain nombre de références à des films d'horreur ayant servi de modèles, il est même question d'expressionnisme.

Mr Damien Tilney a écrit:
La question des non-dits a l'air intéressante. Une des grandes questions est souvent la même : est-ce que Jane Austen a fait le choix de ne pas aborder certains sujets ou est-ce qu'elle ne pouvait pas le faire en tant que femme?

Lydia Martin aborde la question, mais de manière moins directe... Pour elle, JA peut aussi bien être cataloguée comme féministe que comme conservatrice. Elle affirme également que les romans de JA portent la marque d'une tension entre l'époque des Lumières et l'époque romantique : si JA a recours à l'ironie, c'est pour se protéger mais aussi et surtout pour dire ce qu'il faudrait normalement taire en public. Le fait qu'elle écrive et soit célibataire ne correspond pas au profil de la femme accomplie : écrire en signant "By a Lady" alors qu'elle n'est pas mariée constitue à la fois un acte de soumission et un acte de rébellion par rapport à une société répressive... le livre développe davantage ce que je résume à grands traits. Un argument supplémentaire pour l'acheter...


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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeLun 12 Mai 2008 - 0:13

Tout ça m'a l'air particulièrement intéressant ("ça" étant les deux points que tu évoques).

Tu as visiblement fait une lecture passionnante. J'ai bien envie de trouver ce livre dans une bibliothèque. Le problème, c'est que je suis tête en l'air. J'ai perdu la carte de ma bibli universitaire, puis je n'ai pas renouvelé celle de la bibli nationale.

Heureusement que tu es là Popila pour faire des synthèses de livres intéressants. Je peux t'aider pour les images, si tu veux.
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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeLun 12 Mai 2008 - 0:52

Mr Damien Tilney a écrit:
Je peux t'aider pour les images, si tu veux.
Je saute sur l'occasion avant que tu ne te ravises : il s'agirait simplement de mitrailler la scène où Marianne quitte Barton Cottage avec Margaret, au début, ainsi que la scène, vers la fin, où Marianne se retrouve toute seule dans le jardin à Cleveland et se dirige vers une colline pour contempler le domaine de Willoughby. Pour le reste je dois avoir ce qu'il faut à ma disposition... Tu me rendrais un grand service dans la mesure où je suis obligée d'utiliser des ruses de sioux pour poster mes propres captures d'écran! Very Happy
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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeLun 12 Mai 2008 - 0:58

Je t'envoie ça par mp. Si tu as besoin d'autres photos, dis le moi Smile.
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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeLun 12 Mai 2008 - 22:46

Ce soir, je m'attaque à un gros morceau : la genèse de P&P 1940, pas moins! Lydia Martin insiste en effet beaucoup sur l'importance de l'époque du tournage et l'influence que celle-ci a pu avoir sur le film, dont le scénario a été rédigé par Aldous Huxley et Jane Murfin. Double origine, et donc, deux tendances : d'un côté, classicisme et respect de la vision ironique de l'oeuvre de JA, de l'autre, légèreté propre aux screwball comedies. Deux approches qui auraient pu se heurter, mais qui vont se compléter pour offrir au public un film dans l'air du temps.

Lydia Martin n'explique pas vraiment ce qu'est une screwball comedie, j'ai donc fait quelques recherches : en gros, c'est la comédie romantique de l'époque. Vous trouverez plus de renseignements sur ces deux sites :
http://www.cineclubdecaen.com/analyse/screwballcomedie.htm
http://cinemaclassic.free.fr/hollywood/comedy/screwball_comedy.html

Le roman de JA se prête particulièrement bien à l'esthétique des screwball comedies, pour plusieurs raisons :

Arrow Tout d'abord, l'insistance sur la différence sociale entre Darcy et Lizzy, qui est volontairement accentuée dans P&P 1940 : puisqu'en effet, si Darcy refuse de danser avec Lizzy, ce n'est pas parce qu'il ne la trouve pas assez jolie, mais à cause de ses origines sociales. Différence sociale complètement annulée à la fin du film grâce à l'intervention de Lady Catherine : sa bienveillance peut être interprétée comme une capitulation de l'aristocratie anglaise devant la démocratisation et l'égalité sociale.

Arrow Ensuite, le recours à des personnages secondaires dont le but est uniquement de faire rire : les acteurs qui remplissent ces rôles dans P&P 1940 sont connus à l'époque, et spécialisés dans ce type de rôle. La volte-face surprenante de Lady Catherine, acceptant, à la fin du film, l'union de Lizzy et de Darcy, se justifie également par le désir de laisser à l'actrice son image de vieille dame aigrie mais au bon coeur, qui l'avait rendue célèbre auprès du public.

Arrow Selon les normes de l'époque le film dure moins de deux heures et il est tourné intégralement en studio, ce qui a pour conséquence la réduction de la présence à l'écran de certains personnages, comme Darcy : le scénario lui octroie peu de paroles, il sert surtout de repoussoir à Lizzy. La façon qu'a Greer Garson d'incarner Elizabeth évoque quant à elle le jeu des actrices de screwball comedies, autrement dit, elle flirte ouvertement, de même que sa soeur Jane : selon Lydia Martin, ce n'est pas le comportement qu'on attendrait d'une héroïne austenienne.

Arrow Enfin, dans ce film, la rapidité de l'action affecte la crédibilité de l'intrigue et la peinture des personnages. Le changement dans la façon qu'à Darcy de percevoir Elizabeth survient trop vite : il décrète qu'il ne dansera pas avec elle, et revient sur sa décision une minute et demie plus tard. Lizzy rejette la demande en mariage de Darcy et rentre à Longbourn, où elle apprend la fugue de Lydia et de Wickham : trois minutes après, Darcy offre ses services pour retrouver la jeune fille en fuite. Une fois seule, Lizzy avoue à Jane qu'elle est amoureuse : selon Lydia Martin, ces volte-face s'éloignent du roman, qui insiste sur le changement progressif des relations entre les deux personnages.

Le film de Léonard s'inscrit dans son époque à la faveur de ce rapprochement avec un genre en vogue, la screwball comedie, mais aussi par le recours à un discours politique qui se réfère aux événements de l'époque.

Le tournage a eu lieu pendant la Deuxième Guerre Mondiale, dans un contexte particulier, ce qui explique la mise en valeur de la bonne vieille Angleterre, par le truchement de décors bucoliques ou de liens familiaux tendres et resserrés. On met en valeur les deux soeurs aînées, mais on insiste aussi beaucoup sur la cohésion de la famille Bennet (cf le générique et la scène finale) pour mieux célébrer, à travers elle, la famille anglo-américaine.

Par ailleurs, le film est parsemé de références aux traditions rurales anglaises, particulièrement lors de la garden party à Netherfield : les divertissements montrés à l'écran idéalisent les individus et les passe-temps de l'époque. La scène se déroule un 1er mai, et l'on voit des invités danser autour d'un mât, selon la tradition (maypole). La scène de l'arc renverrait au passé mythique de l'Angleterre et à Robin des Bois. Et, à la fin du film, Mary au piano chante un poème célèbre de Robert Burns.

L'absence de décors naturels renforce cette impression d'une Angleterre pareille à un jardin d'Eden en perpétuelle floraison. Pemberley n'apparaît jamais à l'écran, parti-pris qui évite l'étalage de la fortune de Darcy. En outre, la scène de l'acceptation du mariage entre Darcy et Lizzy par Lady C, seule représentante importante de l'aristocratie, semble avoir été créée pour satisfaire un public américain favorable à l'idée d'un nivellement de la société. En insistant sur la fibre sentimentale et sur la notion de famille, le film de Léonard souligne la nécessité de subordonner l'intérêt individuel au bien commun, s'opposant ainsi aux défenseurs de l'isolationnisme.

Voilà! Pas fâchée d'en avoir fini : n'hésitez pas à me poser des questions s'il y a quelque-chose de pas assez explicite, ou à me faire part de vos commentaires Wink


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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeMar 13 Mai 2008 - 23:17

Merci à toutes les personnes qui m'ont envoyé des MP ces derniers temps, à propos du livre de Lydia Martin : c'était vraiment très gentil de votre part. Ce soir, au programme, hop là :


Les paysages dans Sense and Sensibility 1995, FIRST PART.



Certains thèmes abordés par Ang Lee dans ses film antérieurs à 1995 présentent des similitudes avec S&S, mais on ne peut se contenter de cette comparaison : en effet, le cinéma chinois, et, par extension, le cinéma taïwanais, accordent trop d’importance aux décors et aux paysages pour que l’on ne soit pas tenté de comparer leur esthétique à celle d’un film comme S&S.

Dans les années 1950, le cinéma chinois a subi l’influence de l’art traditionnel, donnant naissance à une esthétique particulière de montage et à une prédilection pour le plan-séquence accompagné de mouvements de caméra continus : un tel procédé lie de manière évidente les images aux peintures horizontales sur rouleaux. C’est du moins ce qu’expliquent un certain nombre de spécialistes en art cinématographique, tous d’origine chinoise. Selon l’un d’entre eux, les mouvements de caméra devraient illustrer des maximes chinoises telles que : « une pente sur le sommet mène à un virage sur la route », « à chaque pas on entre dans un paysage plus beau », «le panorama éveille les sentiments », ou encore : « la vue des choses suscite la pensée ». L’effet obtenu est semblable à celui des peintures horizontales sur rouleau qui présentent les multiples variations d’un paysage. La caméra, comme le regard qui se déplace sur la toile, se promène et cherche à libérer l’imagination.

Cette idée d’un paysage qui se déroule tisse un lien avec l’esthétique pittoresque, que le cinéma s’approprie volontiers par le truchement du travelling et par le recours au plan d’ensemble qui confère aux différentes scènes une grande puissance artistique.

Dans la mesure où Marianne éprouve une attirance toute romantique pour les beautés de la campagne, il semble logique que la cinématographie asiatique se manifeste dans les scènes où elle se promène dans les champs. C’est le cas notamment lorsqu’elle quitte Barton Cottage en compagnie de Margaret pour se rendre au sommet d’une butte afin de contempler le paysage. Les deux jeunes filles se détachent au milieu de l’immensité verte tandis que la caméra opère un travelling vers la gauche, suivi d’un panoramique, dévoilant progressivement le paysage en toile de fond. Le plan suivant contraste avec celui-ci : la caméra reste immobile alors que Marianne continue sa progression en entraînant sa cadette.

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Ce changement de technique illustre deux tendances chez Ang Lee. En effet, les mouvements de caméra balayant le paysage anglais coexistent avec des plans fixes et de longue durée privilégiés par Hou Hsiao Hsien, l’un des représentants les plus caractéristiques de la Nouvelle Vague du cinéma taïwanais, qui accorde la primauté aux décors naturels, à l’atmosphère et au moindre détail sur l’intrigue ou l’action. Si l’on revient aux maximes chinoises, on constate que la topographie du second plan mentionné contient une pente et une colline, soit un sommet.

Le paysage que contemple Marianne répond à l’esthétique asiatique, transposé d’autant plus facilement dans le cadre anglais que la brume est un élément de météorologie typique des îles britanniques : Ang Lee, comme la majorité des cinéastes chinois, a recours à des zones de brouillard obtenu grâce à l’emploi de fumigènes, susceptibles de dissimuler le paysage alentour. Or, dans Crouching Tiger, Hidden Dragon (2000), la brume permet également à Ang Lee de souligner l’isolement de ses personnages et leur incomplétude : elle remplit les espaces vides tout en les faisant ressortir.

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Ce procédé est utilisé à nouveau lors des scènes à Cleveland. Ecrasée par la plongée qui l’isole au milieu du jardin, Marianne s’en va brusquement et se dirige d’un pas décidé vers le sommet d’une colline, d’où elle pourra contempler Combe Magna. Sa progression à travers champ, sous la pluie, tandis que de minces filets de brume partent à l’assaut de la colline, la plonge dans un décor typique des peintures chinoises.

Normalement, ce post aurait dû être agrémenté de captures d'écran réalisées par Damien, mais figurez-vous que la crêpe en informatique que je suis n'a pas réussi à les inclure dans ce post scratch Rassurez-vous, l'équipe technique va se pencher sur le problème Jane Austen au cinéma : livres critiques 543497


Edit : Le problème est en passe d'être résolu...

Edit bis : Voilà, ça y est! C'était tout simple, en fait Jane Austen au cinéma : livres critiques 673712

Damien, surtout, ne tiens pas compte de mon mail, et merci pour ton aide sunny sunny sunny
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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeJeu 15 Mai 2008 - 19:43

Les paysages dans Sense and Sensibility 1995, SECONDE ET DERNIERE PARTIE.



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Les décors naturels offrent également des rappels de l’esthétique chinoise : lors du pique-nique au cours duquel les demoiselles Dashwood coupent des roseaux, la colline touffue en arrière-plan correspond davantage à un paysage asiatique qu’à l’image stéréotypée de l’Angleterre avec ses prés bien fauchés parsemés de quelques arbres qui apparaissent seulement sur le second plan lorsque la caméra se rapproche de Margaret et du domestique. Elle s’attarde ensuite sur le visage de Marianne tandis que des roseaux au premier plan barrent le champ, autre technique privilégiée par le cinéma asiatique : dans Crouching Tiger, Hidden Dragon, des bambous remplacent les roseaux devant le visage de Jen Yu. A la fin du film, la fonction du plan qui accompagne dans le salon l’installation du pianoforte offert à Marianne par le colonel Brandon est de ressouder le groupe familial : Mrs Dashwood est cadrée avec ses trois filles. Marianne s’installe ensuite au piano pour chanter. La nature intervient à nouveau par le truchement d’un panoramique sur les collines avoisinant le cottage, symbole de communion et d’apaisement, selon les critères du cinéma chinois. Ainsi, dans les films d’art martiaux, les scènes de combat à l’extérieur sont accompagnées de troubles météorologiques : le vent dans les arbres, la pluie, les éléments déchaînés, que l’on retrouve dans Sense and Sensibility 1995 pour illustrer la désespérance de Marianne.

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En plaçant les protagonistes dans des décors pluvieux et brumeux, Ang Lee ne fait pas ressortir les paysages qui sont alors caractérisés par leur quasi monochromie. Ce choix esthétique se rapproche de celui du peintre anglais John Robert Cozens (1752-1786) qui ne s’attache ni à l’aspect topographique, ni au pittoresque des paysages qu’il représente, lesquels sont généralement dépourvus de toute trace humaine, silhouette ou ruine. Ses recherches portent davantage sur les couleurs dont il a rejeté la fonction réaliste, décorative ou pittoresque, en essayant de transmettre avant tout des émotions ou, du moins, un certain lyrisme. Les tons de ses productions sont atténués, les reflets se font pâles, et, même si ses peintures de paysages n’ont pas été réalisées en Angleterre, on peut néanmoins relever une certaine similitude, comme par exemple, View from the Road between Lake Thun and Unterseen (1776-1779).

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De la même façon, la photographie de la plupart des films d’Ang Lee ne vise pas le spectaculaire : il cherche davantage à faire oublier au public la médiation de la caméra dont le travail demeure invisible (Hulk, sorti en 2003, constitue une exception dans la mesure où Ang Lee a cherché à reproduire les effets de la bande dessinée en remplaçant le montage alterné classique par l’utilisation d’un splitscreen). The Wedding Banquet (1993), Eat Drink Man Woman (1994), Sense and Sensibility et Ride with the Devil (1999) se penchent sur la vie de personnes ordinaires, ce qui est caractéristique du cinéma taïwanais. Dans ces films, Lee montre de quelle manière les identités culturelles, nationales, familiales et individuelles se contredisent, et les tensions perceptibles dans sa cinématographie sont là pour illustrer celles qui existent au niveau thématique. Le recours à des plans d’ensemble permet au paysage d’intervenir de manière discrète à l’écran, investis comme ils le sont d’une tâche précise : appréhender l’histoire dans son intégralité en adoptant la philosophie ancestrale qui se dégage de la poésie chinoise.

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Ang Lee y ajoute des cadrages qu’il affectionne particulièrement, et qui sont en fait des « sur-cadrages » symbolisant leur incomplétude : Brandon, le romantique au cœur brisé, et Edward, le fils aîné castré métaphoriquement par les vils calculs de sa fiancée, de sa mère et de sa sœur, semblent souvent retenus dans l’embrasure des portes, hésitant sur la conduite à adopter. En revanche, Willoughby s’introduit énergiquement n’importe où. Les femmes observent l’extérieur, tels des oiseaux en cage qui cherchent à prendre leur envol : Elinor regarde Edward jouer avec Margaret, puis Brandon en train de lire des poèmes à Marianne devant Barton Cottage, et enfin surveille Marianne d’une fenêtre à Cleveland ; Mrs Dashwood contemple Edward et Elinor qui se promènent dans le jardin ; et Marianne laisse son regard errer sur les alentours de Barton Park alors qu’il pleut. Le cadre de la fenêtre délimite soit le paysage objet, soit les personnes sujets de contemplation, comme le ferait celui d’un tableau.

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Les adaptations cinématographiques récentes des romans austeniens tendent à faire du metteur en scène un héritier du mouvement de protection de la nature, ressuscitant un style de vie et un paysage qui n’existent plus – s’ils ont jamais existé. Même si l’on constate certaines variantes, notamment dans les productions télévisées britanniques, la plupart de ces films attirent notre attention davantage sur les paysages que sur les problèmes sociaux ou politiques de l’époque. Leur beauté esthétique, le plaisir visuel suscité par les costumes et les intérieurs, les jardins luxuriants et les paysages bucoliques, de beaux acteurs et un éclairage subtil, constituent le charme de ces œuvres cinématographiques à la croisée de plusieurs esthétiques.


Dernière édition par popila le Jeu 15 Mai 2008 - 22:52, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeJeu 15 Mai 2008 - 19:50

Merci infiniment de synthétiser tout ça et de le poster popila: c'est un énorme travail mais tu le fais vraiment très bien Very Happy . C'est passionnant cheers !
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Popila
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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeJeu 15 Mai 2008 - 20:06

De rien, Miss Bell Jane Austen au cinéma : livres critiques 25855

Les captures d'écran ont de nouveau été gracieusement fournies par Mr Damien Tilney, j'ai oublié de le préciser : qu'il en soit chaleureusement remercié Very Happy
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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitimeJeu 15 Mai 2008 - 23:17

Mille mercis pour tout ce travail fourni, Popila Very Happy . Je me réjouis de lire tout ceci de long en large et à tête reposée (ce week end très certainement). ça a en effet l'air d'être passionnant !
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MessageSujet: Re: Jane Austen au cinéma : livres critiques   Jane Austen au cinéma : livres critiques Icon_minitime

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