Vita Sackville-West

Bonjour,

J'ouvre ce dossier pour vous parler d'une romancière et poètesse anglaise, dont j'ai lu ( et aimé ), tout à fait par hasard , 2 romans ,il y a une quinzaine d'années.
Fille du 3ème lord Sackville, née en 1892 dans le château de Knole ( qui, paraît-il , compterait 365 fenêtres et 52 escaliers ), elle fut mariée au diplomate Harold Nicholson , eut une liaison avec Violet Trefusis et une amitié amoureuse avec Virginia Woolf- ce qui fit plutôt scandale à l'époque.
A la fin de sa vie, Vita et son mari achètent le domaine de Sissinghurst et en font un merveilleux jardin. Elle meurt en 1962.
D'elle, j'ai lu Les Invités de Pâques et, surtout, L'Héritier, petit ouvrage de 128 pages( dans mon édition ). C'est l'histoire de Peregrine Chase, personnage d'aspect insignifiant, à l'existence citadine morne , qui devient l'unique héritier d'une maison élizabethaine et de ses dépendances. Venu prendre possession de son héritage, que son notaire lui conseille de vendre, il va peu à peu succomber au charme de la vieille maison, de son jardin, d'un chant d'oiseau , d'une écharpe de brume sur la cime des arbres....
C'est une oeuvre de jeunesse de Vita Sackville-West ; elle est sous-titrée " une histoire d'amour ". J'aime les vieilles maisons et les jardins un peu fouillis, et c'est pourquoi cet ouvrage fait partie de mes "bien-aimes".
Dans ma PAL, il y a aussi Tout passion Abolie, que j'ai fortement envie de lire en ce moment : l'histoire de Lady Slane,88 ans,mère de 6 enfants qui décide, à la mort de son mari, de se retirer dans une petite maison, aperçue et aimée 30 ans auparavant. Elle y fait le choix de la solitude et se sent enfin libre de " se souvenir et de rêver [...] vieille dame indigne adossée à la mort pour contempler la vie ", dixit la jaquette de mon livre.
Voilà, j'espère ne pas avoir été trop longue et vous avoir peut-être donné envie de lire ces ouvrages.

Je connais cette femme de nom, parce qu'elle a eu une longue relation avec Virginia Woolf. Par contre, je ne savais pas du tout qu'elle écrivait. En tout cas, merci pour la présentation, elle donne vraiment envie

Même remarque que Miss Honeychurch.
Mais j'ai déjà vu des reportages sur le jardin, exemple-type d'un jardin anglais exubérant et romantique.

Je vais ajouter cela à ma (déjà assez longue) liste de lecutre.
Juste une petite question: Quel est le titre original des Invités de Paques ?

Bonjour Anne Elliot, le titre original des Invités de Pâques est " Easter Party ".

Merci merci merci Miss Halcombe de m'avoir fait découvrir Vita Sakeville-West! Je suis tombée sur Les invités de Paques par hasard à ma bibliothèque, et je l'ai emprunté. Je suis maintenant en train de le lire, et j'ai à peine fini le premier chapitre que je l'adore.

J'espère que cela va continuer à te plaire, Anne Elliot. Si tu en as l'occasion, lis aussi " L'Héritier ", ça en vaut le peine.

Il va falloir que j'essaie de découvrir les roman de Vita Sackville-West car après avoir lu Une aristocrate en Asie : récit d'un voyage en pays bakhtyar dans le Sud-Ouest de la Perse récemment, je n'ai pas été spécialement enthousiasmée. Il faut dire que je suis très exigeante en matière de récit de voyage et que là, le niveau ne correspondait pas à mes attentes.

Dans ce livre, V. Sackville-West raconte une excursion d'une douzaine de jours qu'elle a effectuée en compagnie de Harold Nicolson et de deux amis dans une région de la Perse que très peu d'étrangers avaient visitée auparavant. J'ai utilisé à dessein le terme "excursion" car c'est malheureusement cet aspect qui m'a déplu. Je m'attendais à une découverte plus approfondie alors que je n'ai eu qu'une vision un peu superficielle d'un projet qui somme toute se réduisait à un loisir un peu aventureux et non à une exploration. Le tout d'ailleurs très bien écrit, ce qui m'incite toute de même à poursuivre ma découverte de cet auteur.

Miss Halcombe a écrit:

Si tu en as l'occasion, lis aussi " L'Héritier ", ça en vaut le peine.

Oui, je crois bien que je vais ajouter d'autres livres du même auteur (dit-on auteure ?) à ma PAL. Mais pour ce faire, j'aurai une autre question... L'héritier, c'est bien le livre publié en 1922? Parce que Mrs. Sackville-West a aussi publié L'héritage en 1918...

@Cat47 : Je t'encourage a essayer un de ses romans; la plupart sont plutôt courts, alors, même si tu n'aimes pas, tu n'aura pas perdu trop de temps. Mais, tu aimeras, c'est presque sur, sil le manque d'action ne te gêne pas.

Oui, Anne Elliot, c'est bien le livre publié en 1922 ; mais L'Héritier et L'Héritage , ne seraient-ce pas le même ouvrage ? Dans l'édition d e mon livre, il y a un avant-propos de Vita Sackville West ( daté de 1949 ) disant : " J'ai écrit cette histoire en 1922, ou peut-être était-ce en 1921".
Cat 47 , je n'ai pas lu Une Aristocrate en Asie , mais, comme le dit Anne Elliot, L'Héritier et les Invités de Pâques sont de petits romans courts, agréables à lire.

J'ai fini les Invités de Pacques!

J'ai vraiment adoré. C'est une série d'événements très ordinaires, mais racontés de manière absolument sublime par Mrs. Sackville-West.

Maintenant, je meurs d'impatience de lire L'héritier!

Contente que tu aies aimé "Les Invités de Pâques ", Anne Elliott . Je pense que "L'Héritier " devrait te plaire aussi. J'ai l'intention de les relire tous deux prochainement, puis j'attaquerai " Toute Passion Abolie ".

J'ai très envie de lire Vita Sackeville-West, en Français, mais je n'arrive pas à trouver ses livres, même sur Amazon. Où vous les procurez-vous?

Séli, j'en ai trouvé quelques-uns sur Priceminister.

Je pense que le succès de Vita Sackville West, à son époque, s'explique par le fait qu'elle était bien introduite dans divers milieux aristocratiques et diplomatiques. (Elle était membre du PEN club)

Elle dit elle-même (je me demande si ce n'est pas dans sa correspondance avec Virginia Woolf) qu'avant leur rencontre, elle écrivait de mauvais romans et qu'après leur rencontre elle écrit de la bonne poésie. En effet, après sa rencontre avec Woolf, elle se met plutôt à la poésie, au point que certains poèmes répondent à des remarques que Woolf a faites sur elle - sur son physique, sur sa personnalité.

Vita est aussi intéressante par le petit volume autobiographique qu'elle a écrit: portrait d'un mariage. Repris et augmenté par son fils (la bbc a tourné aussi un téléfilm, mais je ne sais pas s'il est jamais passé). Car Harold Nicholson était gay et Vita était bisexuelle.

Malgré cela et des liaisons/amitiés fidèle (bien que l'une d'elles ait tourné au drame, celle avec Violet Trefusis), leur mariage a tenu de façon extraordinaire.

Je viens de lire Toute passion abolie et j'ai beaucoup aimé.

C'est un roman assez particulier sur la vieillesse, un thème que l'on rencontre en fait assez peu dans la littérature. Lord Slane, éminent diplomate anglais, vient de mourir à l'âge de quatre vingt quatorze ans. Sa femme, qui elle a quatre vingt huit ans, décide à la grande surprise de sa famille de se retirer à Hampstead, dans une petite maison qu'elle avait repérée une trentaine d'années plus tôt... C'est un roman plein d'humour et de tendresse. Le personnage de Lady Slane est très attachant, c'est un très beau portrait de femme.
Une jeune fille qui rêvait d'être artiste mais n'a pas osé le dire haut et fort, et qui s'est retrouvée mêlée à une vie de représentation qui ne lui correspondait pas, mais qui a toujours joué à la perfection son rôle de femme et de mère. Seulement, à presque quatre vingt dix ans, elle s'autorise à revivre chaque instant de sa vie, et à faire un bilan honnête de ce qu'elle a vécu. A-t-elle été heureuse ou malheureuse? A-t-elle vraiment aimé son mari?

Autour d'elle, Vita Sackville-West peint toute une galerie de personnages hauts en couleur. Les enfants de Lady Slane, assez pathétiques dans l'ensemble, hypocrites et cupides, sauf deux rêveurs un peu marginaux. Genoux, la femme de chambre qui ne mâche pas ses mots. Mr Buckrout, le propriétaire de la maison plus préoccupé de la fin du monde que du loyer qu'il va demander à sa locataire. Mr FitzGeorge, le collectionneur excentrique.

Spoiler:

Un roman assez contemplatif, très apaisant au fond, et dont certains passages sont très drôles. C'est un joli coup de coeur pour moi.

C'est un livre que j'avais découvert par le biais de Virginia Woolf, et il m'avait beaucoup plu également Tu as raison, la vieillesse est un thème peu abordé en littérature, mais ici il y a exception parce que cela permet à une femme de vivre un peu sa vie. Vita Sackville-West n'était pas une femme conventionnelle, ce n'est pas surprenant que ses personnages tentent d'obtenir un peu d'indépendance à leur tour. La bonne nouvelle est que les éditions Autrement ont entrepris de traduire son œuvre depuis quelques années, et que plusieurs de ses autres romans sont également sortis en poche

Oui, ça fait un moment que Haute société et Plus jamais d'invités me font de l'oeil d'ailleurs. Je me dis aussi qu'il va enfin falloir que je me mette à Virginia Woolf (qui fait partie de mes bonnes résolutions 2011 ).
J'ai oublié de dire que je trouve le titre sublime, ainsi que la citation de Milton au début dont vient ce titre :

Citation :

Ses serviteurs, il peut désormais les renvoyer,
Depuis le grand évènement il a acquis
L'expérience véritable, la paix, la consolation
Et la sérénité, toute passion abolie.

Je ne peux que t'encourager à lire Virginia Woolf Esperluette, même si c'est très différent de ce que tu viens de lire. Woolf est un écrivain à mon avis bien supérieur et fascinant

J'avais déjà mis cette info dans le topic de Woolf, mais une correspondance entre les deux femmes vient d'être publiée, si ça intéresse quelqu'un.

Je viens de lire Toute passion abolie. J’ai moi aussi beaucoup aimé et je partage complètement l’avis d’Esperluette.


Dès le premier chapitre j’ai apprécié Edith avec ses remarques incongrues. Je pensais qu’elle serait un personnage très important, et j’ai regretté par la suite de ne pas la croiser plus souvent.

Citation :

C’était bien Edith : on la croyait concentrée et puis soudain elle intervenait de manière très déplacée. Durant toute sa vie, sans d’ailleurs jamais y parvenir, elle avait essayé de dire clairement ce qu’elle pensait. L’éventualité de se tromper de mot la terrorisait ; annoncer par exemple : « C’est formidable, la mort de Père », plutôt que : « C’est affreux… »

J’ai adoré le moment où Lady Slane s’oppose, doucement mais fermement, aux décisions que ses enfants ont prises pour elle sans lui demander son avis.

Citation :

En fait, je me suis trop longtemps préoccupée de l’opinion des autres, j’ai droit à des vacances. Si on ne se fait pas plaisir à mon âge, quand le fera-t-on ? Il me reste si peu de temps !

Elle m’a fait penser à Lucy Muir (Mrs Muir et le fantôme, de R.A. Dick) qui elle aussi à son veuvage impose avec douceur et fermeté sa décision d’aller vivre dans une autre maison. Il existe d’ailleurs tant de similitudes dans ce début d’histoire que je me demande si R A Dick n’avait pas lu le roman de Vita Sackville West ! bien sûr la suite est bien différente, lady Slane ne rencontre pas de fantôme. Quoique !

Genoux, sa dame de compagnie française, est très drôle, avec ses commentaires en mélange de français et d’anglais. Je n’ai que la traduction, ce doit être encore plus savoureux en anglais

Citation :

Genoux avait aimé M. Gosheron dès le premier jour. « Voilà un monsieur, dit-elle, qui connaît son travail. Il sait par exemple quels weights il faut mettre dans les rideaux. Et il sait faire de la peinture pour que ça stick pas.

Un de mes passages préférés est quand lady Slane se remémore les papillons qui voltigeaient autour de leur voiture. Le passage est trop long pour que je le cite, mais j'aime beaucoup la phrase finale :

Citation :

Mais par quelle étrange perversion, le vol léger des papillons était-il toujours demeuré le plus important ?

Je voudrais vous en parler encore, mais là je reviendrai

J'espère que tu reviendras bientôt, Rosalinde, parce que c'est très agréable de lire des commentaires aussi enthousiastes sur un livre qui est déjà prévu à mon programme.

Alors la suite

Lady Slane annonce à ses enfants qu'elle va habiter à Hampstead, dans une maison qu'elle a vue trente ans auparavant ! Elle est persuadée que la maison existe encore et sera libre pour elle. Et elle a raison

Citation :

La maison attendait simplement depuis bien longtemps qu'on vienne l'habiter.

Et mieux encore, elle avait noté le nom de l'agent immobilier, et c'est toujours le même !

Citation :

Je me souviens même du nom de l'agent. C'était un drôle de nom, c'est sans doute pour cela que je m'en souviens. Gervase Bucktrout. Je trouvais qu'il allait bien avec la maison.

M. Bucktrout est un original. Il refuse de louer sa maison à des locataires qu'il n'aimerait pas. Et il est persuadé que la fin du monde est proche, dans deux ans, il l'a calculé !

Citation :

C'était un homme profondément hanté par l'imminence de la fin du monde. M. Bucktrout évoluait si familièrement dans l'éternité qu'il avait du mal à se cantonner dans des problèmes si superficiels. Il supportait de discuter de ces problèmes matériels cinq minutes, pas plus, avant de se lancer dans de vastes théories qui troublaient beaucoup ses amis. Par exemple, il essayait de prouver à M. Gosheron qu'un mètre n'avait pas la même longueur selon qu'on le mesurait du nord au sud ou d'est en ouest, et à Genoux que, de toute façon, ses étagères ne seraient jamais droites puisque le terre est ronde

.

Lui et M. Gosheron sont deux vieux messieurs charmants, et Lady Slane apprécie pleinement leur compagnie. Elle est plus à l'aise avec eux qu'avec ses enfants, qui ne sont pas spécialement sympathiques, à part Edith et Kay. La pire étant Carrie, quelle peste celle-là !

Et j'ai aimé les longues rêveries de lady Slane, au cours desquelles elle se remémore sa vie passée.

Miam, tout cela est très alléchant. Merci de nous donner toutes ces impressions, Rosalinde.

j'ai lu "toute passion abolie" il y a quelques semaines,c'est la couverture dessiné par lacroix et le titre (que j'aime beaucoup) qui m'ont attiré.
et ce livre m'a bouleversé ,peut-être pas pour l'écriture (quoique!!!)mais pour l'histoire,cette femme
qui toute sa vie a fait ce que l'on attendait d'elle et qui une fois veuve veut vivre comme elle l'entend,et qui va
même jusqu'à dire à ces enfants qu'elle n'aime pas ce qu'ils sont devenus(sauf les 2 derniers)J'ai relevé
quelques passages bouleversants mais désolée j'ai prété le livre!!!
Puis en me renseignant sur d'autres romans de VSW j'ai découvert que j'avais lu "plus jamais d'invités"
qui ne m'avait pas passionné même si j'avais passé un bon moment!!!

Pour l'instant je n'ai rien lu mais ma mère se régale avec Plus jamais d'invités et Au temps du roi Edward, ces livres semblent être totalement ce que j'aime et j'ai hâte de les commencer !

Spoiler:

Un petit portrait peint par Laszlo pour rendre tout ça plus constructif