Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
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| Natsume Sôseki (1867-1916) | |
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Auteur | Message |
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MissAcacia DerbyCheshire Cat
Nombre de messages : 7646 Age : 51 Localisation : Perched on a hot sound tree Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Natsume Sôseki (1867-1916) Mar 30 Nov 2010 - 0:14 | |
| Comme promis, je me lance à ouvrir un sujet sur Natsume Sôseki, souvent appelé Sôseki tout court. Une grande figure (pour ce que j'en ai lu car je suis loin d'être une spécialiste) de la littérature japonaise, à la charnière du XIXème et du XXème (ère Meiji). Il fut professeur puis écrivain à plein temps. Il n'est pas éloigné de nos préoccupations puisqu'il a passé trois ans à Londres au tout début du XXème siècle et était un spécialiste de la littérature anglaise (toutélié), qu'il a enseignée à l'Université de Tokyo. Sa première oeuvre, et la plus connue est le roman Je suis un chat, paru en 1905. Je ne vous en dirai rien puisque je ne l'ai pas lu, essentiellement parce que je ne l'ai pas encore trouvé. Mais ce fut un succès. Son deuxième roman, Botchan est un classique de la littérature jeunesse au Japon (pour que ce je m'en suis laissé dire). Et je l'ai lu, donc je vais essayer d'en parler. Botchan (qui, je crois veut dire "Jeune maître") est un jeune orphelin, assez doué pour se mettre dans l'embarras et s'attirer des inimitiés. Originaire d'Edo, il paye ses études avec l'argent hérité de son père. Sa seule compagnie est une vieille servante du nom de Kiyo. Diplôme en poche, il lui faut travailler. On lui propose une place de professeur de mathématique dans un collège de l'île de Shikokku. Il se retrouve dans l'ambiance assez confinée d'une petite ville de province très traditionnelle et dans le microcosme du collège, avec ses jeux de pouvoirs entre professeurs et entre professeurs et élèves. Un rude contraste pour Botchan le tokioïte habitué à une vie libre et plus raffinée et surtout peu enclin à se plier au cadre rigide qu'on veut lui imposer. Les portraits (de Botchan, de Kiyo, des professeurs, des logeurs...) sont d'une grande finesse et forment une galerie très intéressante. Botchan n'est pas vraiment un personnage sympathique, il est trop froid et trop caustique pour ça. Cependant, j'ai suivi ses aventures avec beaucoup d'intérêt et même souffert un peu en lui voyant commettre faux-pas et maladresses dans son nouvel environnement policé mais hostile. Il finira par ouvrir les yeux sur les personnes qui l'entourent et reconnaître le mérite de certains qu'il n'avait pourtant pas épargnés. J'ai ensuite lu Clair-Obscur, qui est le dernier roman de Sôseki, laissé inachevé par sa mort. J'ai lu que beaucoup de connaisseurs le considérait comme son chef d'oeuvre. J'ai été surprise par ce roman, qui, même inachevé, est assez épais. En effet, l'histoire tient en deux pages. Il ne s'y passe absolument rien (même notre chère Jane passerait pour une écrivaine épique à côté) mais l'analyse des sentiments, des relations entre les personnages, de leurs difficultés, de leurs faiblesses et de leurs manoeuvres est menée avec une subtilité et une précision portées à leur paroxysme. En deux mots: Tsuda est marié avec Nobuko depuis six mois. Il doit subir une opération chirurgicale, ce qui pose un problème d'argent une fois le congé nécessaire accordé de mauvaise grâce par son employeur. Le père de Tsuda, qui lui versait une somme tous les mois, a cessé son aide, par suite d'une indélicatesse de son fils. Car Tsuda se laisse un peu porter, un peu dorloter et sa famille n'apprécie pas. Sa femme, la trop jolie Nobuko, habituée à une vie facile ne serait-elle pas responsable ? Celle-ci a librement choisi Tsuda, un cas rare dans la société de l'époque, mais l'aime-t-il ? comment savoir sans poser la question directement, en demeurant l'épouse irréprochable qu'elle se doit à elle-même d'être ? comment faire quand on doit montrer a sa famille et à ses relations l'image d'une entente parfaite ? Et quelques grains de sable ne seraient-ils pas déjà en train de gripper les rouages... incompréhension et malentendus. Le rythme est très lent, l'analyse extrêmement fouillée, à la limite de la dissection. J'avoue que j'ai un peu décroché à certains moments mais j'ai globalement apprécié ce roman, lucide et sans complaisance. Comme dans Botchan, j'ai eu beaucoup de mal à sympathiser avec Tsuda mais j'ai une certaine empathie avec Nobuko. Les portraits sont là aussi très fins (notamment les femmes, plus ciselées que les hommes: tantes, belles-soeurs, amies, cousines). Entre les deux, il y a tout ça:
- 1906 : Oreiller d'herbe (Kusamakura - 草枕)
- 1906 : Le 210e jour (二百十日)
- 1907 : Le mineur (Kōfu - 坑夫)
- 1908 : Dix rêves (夢十夜), dans Anthologie de nouvelles japonaises contemporaines Tome II
- 1909 : Petits contes de printemps (Eijitsu shōhin - 永日小品)
- 1909 : Sanshirô (三四郎)
- 1909 : Et puis (Sorekara - それから)
- 1910 : La porte (Mon - 門)
- 1910-1911 : Choses dont je me souviens (Omoidasukoto nado - 思い出す事など)
- 1911 : La civilisation japonaise moderne (Gendai Nihon no Kaika - 現代日本の開化), dans Cent ans de pensée au Japon Tome I
- 1911 : Haltes en Mandchourie et en Corée
- 1912 : À l'équinoxe et au-delà (Higansugi made 彼岸過迄)
- 1913 : Le voyageur ou L'homme qui va (Kōjin - 行人)
- 1914 : Le pauvre cœur des hommes (Kokoro - こころ)
- 1914 : Mon individualisme (Watashi no kojinshugi - 私の個人主義)
- 1915 : À travers la vitre (Garasudo no naka - 硝子戸の中)
- 1915 : Les herbes du chemin (Michikusa - 道草)
suivant Wikipedia. J'ai commencé les Petits Contes du Printemps, courtes nouvelles évoquant des souvenirs, des bribes de quotidiens, des insignifiances dont je reviendrai sans doute parler. Sôseki, que je ne connais pas beaucoup, n'est certes pas un écrivain épique. Il manierait plutôt son petit pinceau sur de minuscules morceaux d'ivoire...
Dernière édition par MissAcacia le Mar 30 Nov 2010 - 20:24, édité 1 fois |
| | | lady Clare Lily-white Doe
Nombre de messages : 9970 Localisation : Between Thornfield Hall and Pemberley Date d'inscription : 01/10/2008
| Sujet: Re: Natsume Sôseki (1867-1916) Mar 30 Nov 2010 - 0:23 | |
| Oh Miss Acacia!!!!!!!!!!!!! merci pour ce topic! J'ai lu Je suis un chat il y a quelques années Pour ceux qui aiment les chats c'est un texte jubilatoire, on se met facilement à la place de ce petit animal, taquin et très très malin... je me souviens que c'était très plaisant à lire... & puis on apprend pas mal de choses sur la société japonaise de l'époque. Un grand livre! |
| | | Galy Witty Blossom Indeed!
Nombre de messages : 6056 Localisation : dans la piscine du réacteur n°4 de Fukushima-Daiichi Date d'inscription : 10/05/2007
| Sujet: Re: Natsume Sôseki (1867-1916) Mar 30 Nov 2010 - 1:07 | |
| Ouaouh merci Miss Acacia pour cette présentation!! Je ne connaissais que de nom mais je n'en ai jamais lu *honte/va se cacher* Je lirais volontiers Botchan!!! |
| | | mimidd Aki no Hoshizora
Nombre de messages : 15717 Localisation : with a Japanese man singing for Rotterdam Date d'inscription : 17/04/2006
| Sujet: Re: Natsume Sôseki (1867-1916) Mar 30 Nov 2010 - 9:43 | |
| Merci pour cette présentation, Miss Acacia ! Inconnu au bataillon pour moi , mais ce que tu en dis me parait très intéressant _________________ ずっと続く道 これからも変わらずに 同じことで笑っていよう 一人じゃないよ アホな仲間と =☆= In a road that keeps going without change, let’s keep laughing about the same things. =☆= =☆=☆=☆= You’re not alone. You’ve got this stupid friend with you (道, 丸∞すばる) =☆=☆=☆= |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72634 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Natsume Sôseki (1867-1916) Mar 30 Nov 2010 - 10:11 | |
| Merci MissAcacia !! Mon libraire m'en avait parlé !! Je le note car ce que tu en dis me donne envie d'aller un peu voir ce qu'il en est ! |
| | | MissAcacia DerbyCheshire Cat
Nombre de messages : 7646 Age : 51 Localisation : Perched on a hot sound tree Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Re: Natsume Sôseki (1867-1916) Mar 30 Nov 2010 - 20:29 | |
| Lady Clare, tu me donnes encore plus envie de trouver Je suis un chat. Je sens que je vais passer en phase active. J'ai découvert Sôseki grâce au rayon "Japon" de la bibliothèque municipale, assez fourni je dois dire. Botchan est court et plaisant à lire, c'est un bon roman pour aborder cet auteur, je pense. |
| | | Kusanagi Scottish Jedi Sensei
Nombre de messages : 8847 Age : 47 Localisation : lost in the wired, something better than the matrix Date d'inscription : 20/11/2008
| Sujet: Re: Natsume Sôseki (1867-1916) Mar 30 Nov 2010 - 20:38 | |
| Merci pour cette présentation MissAccacia.... je me suis dit qu'il faudrait que je lise Sôseki depuis que j'ai lu "Au temps de Botchan", un manga qui nous parle de Natsume Sôseki (et qui devrait plaire à ceux qui aiment le style de Taniguchi par exemple ^^ |
| | | MissAcacia DerbyCheshire Cat
Nombre de messages : 7646 Age : 51 Localisation : Perched on a hot sound tree Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Re: Natsume Sôseki (1867-1916) Jeu 2 Déc 2010 - 13:41 | |
| Kusanagi: cet ouvrage de Taniguchi me tente diablement, je dois dire... Je suis dans mes petits contes du printemps et je ne résiste pas à la tentation de vous mettre une petite citation: - Citation :
- Nous avons traversé le pont et pris tout de suite à gauche. Les méandres se faufilaient en zigzag jusque dans le riz en herbe. Nous avons longé pendant environ deux cent mètres le cours tortueux de l'eau, sans savoir jusqu'où il se prolongeait. Et nous nous sommes retrouvés tous les deux, perdus au milieu d'une vaste rizière, comme abandonnés. Le regard ne distingue rien d'autre que la pluie. Mon oncle soulève légèrement le bord de son chapeau et lève la tête vers le ciel. Le ciel est austère, fermé comme le couvercle d'une jarre de thé. De cette surface hermétiquement close tombe la pluie, interminablement. Quand on se tient debout, le bruit est assourdissant. Crépitement des gouttes qui rebondissent sur le chapeau et le manteau de paille. Ruissellement de l'eau qui tombe des nuages aux quatre coins de la rizière. S'y mêle aussi, semble-t-il, le lointain retentissement de la pluie sur la forêt entourant le sanctuaire de Kiô qu'on aperçoit de l'autre côté.
Le serpent. Petits contes de Printemps. Voilà, voilà... |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72634 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Natsume Sôseki (1867-1916) Jeu 2 Déc 2010 - 15:01 | |
| "Au temps de Botchan" me tente énormément !!! J'ai un souvenir délicieux de l'homme qui marche !! |
| | | MissAcacia DerbyCheshire Cat
Nombre de messages : 7646 Age : 51 Localisation : Perched on a hot sound tree Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Re: Natsume Sôseki (1867-1916) Mar 21 Aoû 2012 - 13:51 | |
| Je réactive le topic de Sôseki pour parler de Je suis un chat, que je viens de terminer. Une petite présentation (de l'éditeur) pour commencer: - Citation :
- Mort en 1916 à quarante-neuf ans, Natsume Sôseki vécut aux confins de la psychose la déchirure dont pâtirent tous les intellectuels nés avec la révolution industrielle, politique et culturelle du Meiji. Formé aux lettres classiques chinoises, au haïku, mais envoyé en Angleterre de 1900 à 1903 pour pouvoir enseigner ensuite la littérature anglaise, il s'imprégna si profondément du ton de Swift, de Sterne et de De Foe que, sans nuire à tout ce qu'il y a de japonais dans Je suis un chat, cette influence nous impose de penser au voyage de Gulliver chez les Houyhnhnms; sans doute aussi d'évoquer Le chat Murr d'Hoffmann. C'est pourquoi le traducteur peut conclure sa préface en affirmant que Je suis un chat «suffit amplement à démentir l'opinion si répandue selon laquelle les Japonais manquent d'humour». Ni Hegel, ni Marx, ni Darwin, qu'il a lus, ne lui ont fait avaler son parapluie.
La gouaille, voire la désinvolture apparente, n'empêchent pas les chapitres de s'organiser, cependant que tous les styles (jargon des savants et du zen, ou argot d'Edo, ancien nom de Tôkyô) se mêlent pour présenter la satire désopilante d'une société en transition, et même en danger de perdition. Kushami-Sôseki se demande parfois s'il n'est pas fou, mais c'est la société d'alors qui devient folle, elle qui déjà enferme en asile ceux qui la jugent. Le chat ne s'y trompe jamais, lui : aucun ridicule n'échappe à ce nyctalope. Alors que peut-être on en devrait pleurer, on rit follement. Si vous voulez comprendre le Japon, identifiez-vous au chat de Sôseki. Oui, l'éditeur est bavard. J'ai mis beaucoup de temps à terminer ce livre, non qu'il m'ait déplu, loin de là mais j'ai été surprise par la densité du texte. Impossible de lire plus d'une dizaine de pages d'affilée, je saturais. Et pourtant j'ai apprécié ma lecture, la saveur du regard ironique que porte le chat (il n'a pas de nom, petite bête abandonnée qui s'est incrustée chez le Pr Kushami) sur les exemples humains qui se présentent sous son regard félin. La mise en perspective de nos travers (il y a une portée universelle dans la peinture que fait Sôseki de la société qui tourne autour de son autoportrait Kushami) au travers du regard d'un chat fort peu impliqué et assez méprisant ne manque certes pas de saveur. Par ailleurs, il y a un côté "chronique de quartier" racontée par le menu dans ce roman : les repas, le soin de la maison, les soucis d'argent, le couple Kushami, les enfants, la bonne, les voisins... mais aussi un certain nombre de digressions plus sociales ou philosophiques qui émaillent le récit, souvent à l'occasion des visites que font ses amis (plus étonnants les uns que les autres: Meitei, Kangetsu, Tôju) à Kushami. L'autoportrait que Sôseki fait au travers de Kushami raconté par son chat est plutôt vitriolé, - Spoiler:
sans que les recoins mesquins, hypocondriaques ou faibles de sa personne ne soient épargnés.
Bref, je me suis promenée lentement mais avec plaisir dans ce roman assez complexe. La fin est surprenante, je ne m'y attendais pas. Ceci dit, je pense que le terme de désopilant donné par l'éditeur est quand même très excessif. Et ça m'a donné envie de lire le Chat Murr d'Hoffmann. Les premières lignes: - Citation :
- Je suis un chat. Je n'ai pas encore de nom.
Je n'ai aucune idée du lieu où je suis né. La seule chose dont je me souvienne est que je miaulais dans un endroit sombre et humide. C'est là que pour la première fois j'ai vu un être humain. En plus, comme je l'ai appris par la suite, il appartenait à l'espèce des étudiants à demeure, la plus féroce parmi les hommes. Il paraît que ces étudiants nous attrapent parfois, puis nous cuisent et nous mangent. Le chat regarde son maître: - Citation :
- C'est un imbécile et un malade, mais c'est mon maître. Il y a des poêtes qui font grand cas de la reconnaissance due à celui qui leur permet de manger; même un chat peut alors penser à son maître.
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| | | Acubens Ville du Nord...
Nombre de messages : 773 Age : 53 Date d'inscription : 05/05/2010
| Sujet: Re: Natsume Sôseki (1867-1916) Sam 25 Aoû 2012 - 12:17 | |
| Est-ce-que vous avez vu ce documentaire sur Arte ? Il s'agit d'une sorte de conte philosophique, sous forme de dessin animé, dans lequel une femme suit la trace de ses deux chats à travers le temps pour comprendre l'évolution de la relation entre les chats et les humains. Au cours de son périple, elle rencontre tout un tas de célébrités du XIX ème siècle (auteurs, peintres, philosophes), qui vont chacun lui donner leur point de vue sur la question. Ca n'a pas l'air de la perturber tant que ça de se retrouver à la même table que Théophile Gauthier, Mark Twain ou Victor Hugo, mais elle reste éblouie lorsqu'elle se retrouve en présence de Natsume Sôseki et quand il lui demande si elle n'a pas vu son stylo, comme une vraie fangirl, elle lui sort : "Mais, vous êtes Natsume Sôseki ! J'ai adoré votre roman Je suis un chat..." La suite de la conversation est carrément marrante, avec "gaffe temporelle" à la clé. Bref, un documentaire super sympa à regarder, je vous le conseille. |
| | | Lady A The Lady of Shalott
Nombre de messages : 2079 Localisation : France Date d'inscription : 05/05/2012
| Sujet: Re: Natsume Sôseki (1867-1916) Mer 27 Fév 2013 - 14:03 | |
| Je ne découvre ce topic que maintenant et le documentaire dont a parlé Acubens n'est apparemment plus référencé sur le site...
Et je confirme, Botchan c'est de la littérature jeunesse mais ce n'est peut-être pas explicite si on le lit en français(?). En japonais, le style d'écriture et la narration sont vraiment empreints de quelque chose d'enfantin. Et on retrouve la plume piquante de Natsume Sôseki ! |
| | | MissAcacia DerbyCheshire Cat
Nombre de messages : 7646 Age : 51 Localisation : Perched on a hot sound tree Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Re: Natsume Sôseki (1867-1916) Jeu 19 Déc 2013 - 21:04 | |
| - Kusanagi a écrit:
- De mon côté, j'ai lu Botchan de Natsume sôseki, grand classique du roman moderne japonais publié en 1906.
J'ai bien aimé, c'est un récit de forte inspiration autobiographique et un roman d'apprentissage, qui suis Botchan, jeune tokyoïte envoyé comme professeur dans un collège de province... et qui devra affronté ses collègues, ses élèves et la vie à la campagne.
Rien de triste dans tout cela, vu le caractère de tête à claque du héros, un parfait Edoko* (et manifestement un Edoko est un décalque parfait du Parisien, si vous voyez ce que je veux dire lol! )
Je m'attendais à un style plus lourd, vu l'époque d'écriture, et en fait, ça se lit vite, c'est frais, c'est rapide...bref, je vais m'attaquer à la montagne Sôseki d'un peu plus près moi ^^.
*Un Edoko, c'est un habitant de Tokyo, anciennement Edo, qui est réputé vaniteux, à la fois dépensier et radin et grande gueule... lol! (si vous regardez Tigre &Dragon le drama, ils en parlent souvent dans les histoires de rakugo ^^) |
| | | Kusanagi Scottish Jedi Sensei
Nombre de messages : 8847 Age : 47 Localisation : lost in the wired, something better than the matrix Date d'inscription : 20/11/2008
| Sujet: Re: Natsume Sôseki (1867-1916) Jeu 19 Déc 2013 - 21:25 | |
| Merci MissA... j'avais complétement oublié ce topic ^^
Pour revenir sur la littérature jeunesse de Botchan, c'est vrai que le style est assez léger, mais je ne suis pas sûre que ce soit un roman jeunesse... bon après, il est étudié à l'école au japon (mais tous les romans étudiés à l'école ne sont pas jeunesse à la base...)
Maintenant j'ai envie de lire Je suis un chat ^^ |
| | | MissAcacia DerbyCheshire Cat
Nombre de messages : 7646 Age : 51 Localisation : Perched on a hot sound tree Date d'inscription : 26/10/2007
| | | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72634 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Natsume Sôseki (1867-1916) Sam 21 Avr 2018 - 13:11 | |
| J'exhume ce topic pour parler d'un roman de Sôseki que je viens de lire, difficilement, je dois l'avouer ! "le voyageur". D'abord c'est écrit à la première personne, ce qui me plaît moins, et j'ai l'impression que la littérature japonaise affectionne ce style pour ce que j'en connais ! Le narrateur est un jeune homme, le second fils d'une famille de trois enfants, deux fils et une fille, vivant à Osaka. Tout tourne autour du fils aîné, dont l'attitude inquiète famille et amis. Au départ nous sommes le narrateur, qui raconte sa vie au jour le jour, le voyage prévu avec un ami vers le mont Koya, et Nagoya, le rendez-vous avec cet ami chez un cousin, puis... là rien ne se passe comme prévu, l'ami est malade, d'où visite à l'hôpital, et digression sur une femme(plus ou moins prostituée) qui s'y trouve... le mot est lâché : digression ! Si je vous ai dit que le tout tournait autour du fils aîné, c'est que j'ai fini le livre et qu'après avoir laissé tout ça reposer, j'ai fini par le comprendre... Comme souvent chez les Japonais, c'est au lecteur de se dépatouiller dans les broussailles du récit pour finir par y trouver un sentier ! Le fait est que Sôseki a réellement écrit ce livre comme un journal intime dont l'auteur ne se soucierait pas du tout d'être lu et compris car lui sait bien de quoi il parle ! Donc le frère ne parle jamais lui-même, il faut décrypter à travers sa femme, les parents, le narrateur pour comprendre que cet homme ne va pas bien, mais pourquoi ??? Sôseki a quand même dû se dire qu'il fallait un peu penser au lecteur, et la fin du roman est une longue lettre d'un ami parti en voyage avec ledit frère pour essayer de le comprendre et qui raconte les discussions, les interrogations, les doutes et aspirations profondes d'Ichirô, et c'est encore un récit à la première personne, autre que celle qui compte. Y a-t-il eu "quelque chose" entre Ichirô et la servante ? L'épouse d'Ichirô a-t-elle été amoureuse du narrateur ? Celui-ci l'a-t-il compris, ou fait semblant de ne rien voir ? Pourquoi Ichirô ressent-il un tel mal-être qui semble le conduire vers une décision tragique ?? On n'en saura jamais rien ! On ne peut tirer que des hypothèses... Alors la lecture n'a pas été facile, mais je ne pouvais pas l'abandonner, espérant toujours finir par apprendre quelque chose au détour d'un sentier, mais au fur et à mesure que j'écris ce post je me rends compte à quel point ce roman est une plongée en profondeur dans l'âme japonaise, ses non-dits, ses contraintes imposées et son attirance pour le néant... A vous de savoir si ça vous tente ! |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72634 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Natsume Sôseki (1867-1916) Mer 9 Déc 2020 - 13:39 | |
| Je continue à explorer Natsume Soseki, car cet auteur est un grand classique de la littérature contemporaine jaonaise, et là je viens de finir "Le mineur".
Tout au long de l'écriture l'auteur nous assure continuellement que "ce n'est pas un roman, car tout y est vrai."
C'est encore une fois écrit à la première personne. Le narrateur est un jeune homme de 19 ans, en proie à une crise existentielle et pris entre deux amours, qui décide de tout planter là et de faire une fugue loin de Tokyo. Hésitant entre l'idée de suicide (mais n'arrivant pas à finaliser le geste) et l'idée de s'anéantir dans l'inconnu et la solitude, il tombe dans les griffes d'un maquignon qui le convainc de devenir mineur. Il accepte, car pour lui c'est la concrétisation de la déchéance qu'il recherche... Ce qui m'a fait lire ce livre jusqu'au bout avec grand intérêt, c'est le style, vigoureux, nerveux, caustique de l'auteur, qui nous fait partager ses sentiments, ses angoisses et ses interrogations sur le vie, la mort... pour un jeune homme de 19 ans, c'est assez impressionnant ! Et puis j'ai été assez horrifiée des conditions de vie des mineurs des mines de cuivre de cette époque (fin XIXe)qui s'apparente assez au bagne !! Nous ne saurons jamais le nom de ce jeune homme, il m'a semblé tout du long que c'était autobiographique, après recherche il semble bien que ce ne soit pas le cas, mais la réalité crue du vécu est pourtant toujours présente, due au talent de la plusme de Soseki. Le vrai talent est dans la diversité, ce roman ne ressemble pas du tout à celui dont je parlais précédemment, "le voyageur" sauf dans le sentiment de recherche de sa propre nature profonde des deux héros. |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Natsume Sôseki (1867-1916) Mer 9 Déc 2020 - 17:20 | |
| Encore un classique à mettre sur ma liste d'auteurs à découvrir ... Merci pour ce compte-rendu très tentant |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29110 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Natsume Sôseki (1867-1916) Mer 9 Déc 2020 - 18:04 | |
| Je plussoie Petit Faucon : ton commentaire donne envie de découvrir ce roman, il a l'air riche et intéressant Merci pour ton retour, Clinchamps |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Natsume Sôseki (1867-1916) Jeu 3 Fév 2022 - 17:13 | |
| Mon retour sur Botchan de Sôseki (1906) Voici ce qu'en dit wiki : - Citation :
- Ce court roman est un des plus populaires du Japon. Chaque écolier japonais le lit au cours de sa scolarité. Ce roman est très largement autobiographique et se rapporte au séjour de l'auteur à Matsuyama 10 ans plus tôt.
Nous sommes dans le Japon de la fin du dix-neuvième siècle, la première génération après la restauration de l'empereur Meiji, alors que le pays vient seulement de s'ouvrir au monde et qu'une nouvelle époque commence. Botchan est orphelin très jeune, bagarreur et risque-tout. Le garçon ne trouve d'affection que chez Kiyo, la servante de la famille, de noble lignée ruinée. Envoyé pour son premier poste comme professeur de mathématiques dans un collège sur l'île de Kyushu, le jeune citadin se trouvera, comme l'auteur, transplanté, en butte aux tracasseries de ses élèves et aux intrigues de ses collègues.
C'est un roman d'éducation, caustique et vif, plein d'observations au vitriol sur le milieu provincial. Botchan est un jeune homme de 23 ans, seul au monde, à part une vieille servante de sa famille qui le vénère. Il est complètement au premier degré : il dit ce qu’il pense, il agit sur impulsion, il n’a pas « les codes », il a un côté simplet, ou enfantin. Il est décrit comme un citadin de la capitale, mais il agit comme s’il sortait de la campagne la plus reculée. A tel point que je pense qu’il peut y avoir 2 lectures de cette histoire : au premier degré, où le lecteur accompagne ce jeune professeur dans sa quête d’une pension, puis lors de sa première garde de nuit, de ses premiers cours et des réactions de ses élèves. Au 2e degré de lecture Botchan est un symbole de l’être humain avec ses émotions vraies, jeté dans un monde où il est jugé uniquement sur le paraître et le qu’en dira-t-on. J'ai aimé la façon dont Botchan donne à chacun des professeurs un surnom : le directeur du collège est le Blaireau, son collègue de maths le Porc-épic, il y a les affreux Chemise-Rouge et Bouffon, et le doux Courge-Verte. Plus qu'un roman écrit à la première personne, j'ai trouvé à ce livre un goût de conte philosophique, un peu à la manière de Candide. Voici quelques extraits : « Peut-être que le monde n’est peuplé que de charlatans qui ont une seule idée en tête : se tromper mutuellement. J’étais écœuré » « Tant que je ne sais pas ce qui est blanc et ce qui est noir, je ne peux me décider à prendre parti » « Depuis ma naissance je suis de nature insouciante et quoi qu’il puisse m’arriver, je ne m’en affecte pas – je me contente de vivre au jour le jour. Il en était ainsi jusqu’à présent mais voici un mois ou peut-être moins que je suis ici, et le monde commence à m’apparaître soudain comme un séjour dangereux. Non pas que des événements particuliers me soient arrivés mais j’ai l’impression que c’est comme si j’avais pris d’un coup cinq ou six ans. » |
| | | Juliette2a Tenant of Hamley Hall
Nombre de messages : 29110 Age : 27 Localisation : Entre l'Angleterre et la Thaïlande ! Date d'inscription : 06/03/2012
| Sujet: Re: Natsume Sôseki (1867-1916) Ven 4 Fév 2022 - 18:30 | |
| Merci pour ce beau retour, Petit Faucon ! Je ne connaissais pas ce roman, mais l'ajoute tout de suite à ma liste de lecture ! |
| | | MissAcacia DerbyCheshire Cat
Nombre de messages : 7646 Age : 51 Localisation : Perched on a hot sound tree Date d'inscription : 26/10/2007
| Sujet: Re: Natsume Sôseki (1867-1916) Ven 4 Fév 2022 - 20:06 | |
| Merci pour ces retours Clinchamps et PetitFaucon . Vous me donnez envie de retrouver cet auteur. Il faut que je sorte Oreiller d'herbe de ma Pile... |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4631 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Natsume Sôseki (1867-1916) Sam 5 Fév 2022 - 8:44 | |
| Merci pour ce retour qui donne envie Petit Faucon! Bon courage pour dépiler de ta PAL Oreiller d'herbes MissAcacia! Si tu as besoin de motivation par une lecture en duo pour le lire, n'hésite pas à me le dire. Je l'ai lu il y a longtemps et ai tout oublié... Il serait bon que je le relise un jour... |
| | | Petit Faucon Confiance en soie
Nombre de messages : 12005 Age : 59 Date d'inscription : 26/12/2011
| Sujet: Re: Natsume Sôseki (1867-1916) Ven 25 Fév 2022 - 16:25 | |
| Je poursuis chez Sôseki avec Le mineur (1907)
C'est un livre assez atypique, écrit à la première personne par un jeune homme de 19 ans, qui fuit sa famille bourgeoise de Tokyo, vers le néant, avec l'idée de se suicider. Le récit le suit de sa première nuit à la belle étoile dans un temple, jusqu'à la mine de cuivre dans laquelle il ne travaillera pas, comme le titre l'indique de façon fallacieuse, mais où il restera quelques mois. C'est un récit d'errance, d'un personnage qui est le jouet des évenements et des rencontres, qui a abdiqué toute volonté et tout sursaut de son moi. Le livre est constitué de petits chapitres courts (une centaine) qui contiennent surtout des réflexions du héros sur les réactions humaines, et qui reprennent un thème que j'avais déjà noté dans Botchan, à savoir la difficulté d'être soi-même sous le regard critique des autres. J'aurais plutôt classé ce livre dans les essais que dans les romans, d'ailleurs la dernière phrase du livre le dit : ce ne peut être un roman. Le ton est assez désespéré mais énergique, il y a beaucoup de vérité psychologique dans ce jeune homme à la dérive. Le livre culmine avec la visite de la mine de cuivre qui s'apparente à une descente aux Enfers au sens propre, et qui est d'une force incroyable.
Un livre fort et tout à fait étonnant. |
| | | Vavyala Wood Full Of Song
Nombre de messages : 4631 Age : 40 Localisation : Entre une forêt francilienne et celle des pages des livres qui m'entourent Date d'inscription : 27/08/2018
| Sujet: Re: Natsume Sôseki (1867-1916) Dim 27 Fév 2022 - 15:24 | |
| Merci Petit Faucon pour cette présentation qui donne envie de découvrir ce roman! |
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| Sujet: Re: Natsume Sôseki (1867-1916) | |
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| | | | Natsume Sôseki (1867-1916) | |
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