Nouvelles et autres textes courts

Ce week-end, j'ai lu "Souvenirs de Nassenheide", un court texte d'EM Forster que l'on trouve en avant-propos à l'édition 10/18 du livre "Elizabeth et son jardin allemand", d'Elizabeth Von Arnim.

Dans ce texte, qui pourra intéresser les admiratrices de Forster, l'auteur parle de son expérience de répétiteur d'anglais en 1905 auprès de la famille d'Elizabeth Von Arnim.

Sinon, j'ai dans ma bibliothèque un recueil de nouvelles de Forster "Quelle Importance ?" que j'ai acheté il y a quelques années. J'ai été assez déçue par ces nouvelles. Quelqu'un les a lues ici ?

J'aimerais bien en discuter, histoire d'avoir un autre point de vue que le mien

Voici ce qu'en disait Didier Garcia dans la Mensuel de la Littérature Contemporaine (critique glanée sur le net, donc je cite ma source ) :

Citation :

À quoi bon les hiérarchies, les interdits, les habitudes, la notion de bien et de mal semble nous dire Forster du haut des cinq nouvelles de ce recueil, rédigées entre 1930 et 1950? Le monde y est constamment tourné en dérision, les perversions s'y trouvent dédouanées, et fustigés les conformismes, comme dans la nouvelle éponyme, où le monarque d'une Pottibakie fantoche rend publique sa sexualité dissolue (triolisme, homosexualité : de quoi ridiculiser les très modestes écarts de Clinton!).

Avec un humour pince-sans-rire, que l'on s'empresserait de dire britannique, Forster décrit un monde où rien ne va comme il doit, où tout semble s'être brutalement déréglé : c'est ainsi que des statuettes antiques prennent vie, au milieu de leur musée, et, comme si cela ne suffisait pas -l'auteur affiche un goût prononcé pour l'outrance-, leur nudité se fait soudain obscène (dans ce florilège, la question de la sexualité surgit là où on l'attend le moins). Un monde qui balance entre l'absurde et le fantastique, et où les situations s'avèrent délirantes -même le soleil y va de sa contribution et s'en prend à la Race Dirigeante... Comme l'affirme le narrateur de la dernière nouvelle, écrite à quatre mains, "ces écrivains, on leur laisse toujours tout passer". Surtout quand ils nous enchantent.

Jane Bennett, je suis comme toi : j'ai lu "Quelle importance ? ", je n'ai pas du tout accroché. C'est extrêmement bizarre, un peu du n'importe quoi même. Je pense que je lirais les autres recueils de Forster quand j'en aurais fini avec ses romans...

Je remonte le topic des nouvelles de Forster qui avait connu un succès immense en son temps...

J'ai commencé à lire De l'autre côté de la haie, et j'ai lu la nouvelle éponyme.
Première phrase : "Mon podomètre m'indiquait que j'avais vingt-cinq ans..."
Le narrateur est un jeune homme qui marche avec tout le reste de l'humanité. Il a abandonné son frère sur le bord de la route un ou deux ans plus tôt. Et alors qu'il est arrêté, il se demande ce qu'il y a de l'autre côté de la haie, et décide de traverser.

La nouvelle fait dix pages, et j'ai franchement eu du mal à atterrir au début.

Spoiler:

Au final, je trouve cette nouvelle très réussie, saupoudrée d'un peu d'humour, même si pour ceux qui trouvent Forster un peu obscur quand il parle de destin et compagnie risquent d'être déboussolés.

Misshoneychurch : j'ai lu cette nouvelle il y a fort longtemps dans la collection "lire en anglais"' et je n'en ai aucun souvenir, en dehors du fait que je l'avais trouvée difficile (et j'en ai globalement retenu la même chose que toi dans ton spoiler)

Tu me donnes envie de la reprendre

Vu la longueur, tu peux te le permettre sans trop risquer d'avoir l'impression de perdre ton temps

Indeed, mais il va me falloir attendre car mon recueil est chez mes parents

J'ai quelle importance, et il m'était tombé des mains assez vite

Je pense que Forster est particulièrement obscur et difficile d'accès dans ses nouvelles. Du coup, je pense que je vais les lire tranquillement pour ne pas avoir d'indigestion

misshoneychurch a écrit:

J'ai commencé à lire De l'autre côté de la haie, et j'ai lu la nouvelle éponyme.

MissHoneychurch : mystère et boule de gommes, je viens de farfouiller de fond en comble dans ma bibliothèque restée chez mes parents et rien
Moi qui voulais profiter du WE pour relire cette nouvelle, ce sera pour plus tard

Pauvre Forster, déjà qu'il n'a pas des tonnes de lecteurs, alors si en plus ses livres se volatilisent

Je viens de tomber sur cet article de Libération intitulé "Il y a 110 ans, E.M. Forster imaginait Internet, les réunions en visio et même le confinement" et cela m'a pour le moins intriguée.

L'article évoque la nouvelle "La machine s'arrête" publiée en 1909.

Merci esperluette !!!
Ça a l'air très intéressant ! je suis justement en train de me dire que je devrais lire Forster, que je n'ai encore jamais lu

Merci esperluette   intéressant en effet et je n'imaginais pas Forster dans ce registre (d'ailleurs je ne pensais pas qu'il avait vécu jusqu'en 1970...)

Merci pour cet article, Esperluette ! C'est intéressant

Esperluette en a parlé ci-dessus, il est particulièrement question actuellement de la nouvelle The Machine Stops (cf. article sur The Conversation ici)

J'ai toujours envie de lire cette nouvelle

Je fais remonter ce topic après avoir lu la nouvelle The Machine Stops (que vous trouverez gratuitement en ligne sur le site Gutenberg ici).

C'est effectivement une nouvelle impressionnante et marquante on a du mal à croire que c'est un texte de Forster et surtout qu'il a été écrit entre A Room with a View et Howards Ends

C'est en effet un texte particulièrement troublant en ces temps de confinement et de recours accru aux technologies de communication ...

J'ai également relu The Other Side of the Hedge, la nouvelle évoquée ci-dessus par MissHoneychurch je l'avais lue il y a très longtemps et je n'ai pas été très emballée par celle-ci

J'ai lu ce week-end La Machine s'arrête dans la jolie édition de L'échappée, parue au moment du premier confinement. C'est le premier texte de Forster que je lis, même si ses romans sont sur ma liste de livres à lire.
Cette nouvelle m'a beaucoup plu, et j'aurais d'ailleurs voulu qu'elle soit plus longue. C'est très impressionnant de voir à quel point le monde que Forster imaginait est proche du nôtre. Nous n'en sommes pas à ce point-là mais c'est tout de même troublant de voir les similitudes avec notre époque. Sans parler des confinements (qui ont quand même été des situations exceptionnelles et temporaires) et des liens entre les gens à travers la technologie, je retiens aussi et surtout l'idée que les gens sont plutôt tournés vers "les idées" (j'y vois personnellement une similitude avec les "bullshit jobs", et avec tous les postes plus valorisés que ceux plus essentiels à la vie et souvent manuels) et le rapport au temps, où chaque minute doit être "utilisée" à quelque chose (et l'injonction qu'il y a souvent, aujourd'hui, à ne pas "perdre du temps"). Impressionnant aussi qu'en 1909, Forster imaginait déjà l'idée que les machines nous "permettraient" d'amener les choses à nous, même les plus courantes (on est à deux doigts d'*ber Eats & cie quand la nourriture vient directement dans la chambre de Vashti).
J'ai aussi trouvé très intéressant l'idée que Vashti connaisse des choses aussi pointues (les conférences qu'elle enchaîne sur des sujets si érudits) mais qu'en même temps,

Spoiler:

Une nouvelle très intéressante, donc, et qui fait beaucoup réfléchir à notre propre dépendance à la technologie et à la place qu'on donne aux machines dans notre vie.

Merci pour ton avis sur cette nouvelle Tsundoku
J'ai moins apprécié cette nouvelle que toi mais un an après je me souviens du sentiment oppressant qu'elle m'avait causé

Merci pour ton avis, Tsundoku ! La modernité de cette nouvelle est incontestable
Ceci dit, d'après ce qu'en dit Serendipity, je ne la prioriserais pas !