Jack London

que l'on découvre "civilisé", menant une vie de paresse aux côtés de son maître et de sa famille, mais qui, du jour au lendemain, se retrouve arraché à son foyer pour être vendu à tout chercheur d'or voulant bien de lui...Évoluant dans des conditions difficiles (en traversant le pays, Buck et ses nouveaux maîtres avancent vers le Nord et donc vers des régions froides, presque désertes), Buck va surtout apprendre à travailler comme chien de traîneaux, tout en obéissant à la loi du plus fort.

de l'enlèvement de Buck ; la mort de l'un des chiens du traîneau ou encore la partie avec Hal

nous offrant un magnifique exemple de l'amour inconditionnel qui unit un chien à son maître

Juillet 1902, Jack London reçoit un télégramme de l'American Press Association qui lui propose de partir pour l'Afrique du sud via Londres. Il s'agit de faire un reportage sur la guerre des Boers. Endetté, London se sent motivé. Avoir les poches vides est chez lui générateur d'énergie, de force créatrice.
Pour Jack, la fonction première de l'homme est de vivre, non d'exister.
En route pour l'Afrique, il apprend la fin de la guerre mais décide de rester à Londres. On le sait engagé, militant socialiste, aventurier et amoureux du monde anglo-saxon.
Il s'est déjà frotté au monde ouvrier, en travaillant dans des usines à San-Francisco et Oakland. Il a connu les emplois de forçats à raison de dix heures par jour pour quelques dollars et un jour de congé par mois.
Le " Rouge", comme on le surnomme en Californie, a décidé, en cet été de 1902, d'explorer l'East-End londonien et d'y faire un reportage. Pour approcher le monde des chômeurs et des sans-abri, il va devoir se faire passer pour l'un d'eux, se vêtir, se loger, se nourrir comme eux. Pendant 86 jours, il va côtoyer la misère la plus noire, se documenter, photographier, écrire ce livre.
Dans la capitale du plus grand empire du moment ( Britannia rules the waves), des Anglais fouillent les poubelles, ratissent les trottoirs à la recherchent d'un os à ronger, d'un trognon de pomme à déguster.
Dans sa ville éponyme, London découvre un spectacle hallucinant.
A l'époque, nombre de travailleurs agricoles sont attirés par le mirage d'une vie citadine pourvoyeuse d'emplois, de meilleurs salaires. Ces familles de la campagne, en général en bonne santé vont venir concurrencer la main d'oeuvre londonienne. Celle-ci , abrutie par les horaires démentiels, les salaires ridiculement bas, sous-alimentée, en proie aux maladies, à l'alcoolisme, à la prostitution est au bord de la déchéance. Les nouveaux arrivants vont remplacer, le personnel licencié, jeté à la rue, jusqu'à ce qu'une nouvelle vague de migrants chasse la première, et ainsi de suite.
Ouvriers sans travail et leurs familles entrent dans le monde de la clochardisation avec tout ce que cela comporte comme dérives, comme dégénérescence. C'est le début d'un long voyage vers la mort. Une mort à petit feu.
Dans son récit, l'auteur nous fait part de ses diverses expériences de la vie dans le ghetto de l'East-End. La vie dans les chambres louées; où s'entassent des dizaines de personnes sur quelques mètres carrés, les problèmes avec les propriétaires véreux, la recherche quotidienne, obsessionnelle, d'un hypothétique travail, d'un quignon de pain, de quelques pences, d'un abri pour la nuit pour les plus démunis. London nous décrit tout, avec l'oeil de l'entomologiste, froidement, sans pathos. Il conte la via dans les asiles de nuit, la vie dans la rue,les amitiés éphémères, la brutalité de la police, les rixes, l'alcool, la prostitution, le sort des enfants. C'est une véritable plongée dans l'inframonde. Une fois dans la rue, il n'y a plus que l'espoir d'une mort rapide.
A notre époque de médias envahissants, de l'information instantanée, de la caméra voyeuse, les images les plus crues, les plus horribles, les plus désespérantes ne me touchent plus. Il y a comme une accoutumance au malheur d'autrui. Je suis repu, blasé, insensible à la vue d'une trop lointaine misère.
Pourtant, la lecture du Peuple d'en bas m'a profondément touché, comme si la plume de London m'avait réveillé , provocant chez moi, malaise, dégoût, désespoir, empathie envers les personnages de l'auteur. Il faut redécouvrir London et ses écrits sociaux, son humanisme, son courage de dénoncer l'inhumain.