[Jeu] Déclarez-lui votre flamme

A la demande d'April, voici ma déclaration... Disons qu'il s'agit plutôt d'une lettre et que ce n'est pas vraiment moi qui l'écrit. Mon imagination a fait le reste. Désolée pour la longueur...

Citation :

Cher monsieur,

Pardonnez-moi d’avance de l’absurde sentimentalité que j’aurais mis dans cette lettre et que vous abhorrez tant.

Avant de la déchirer et de la jeter au feu, comme vous avez tellement l’habitude de le faire avec tout ce qui vous désintéresse, je vous prie de prendre patience et de bien vouloir libérer quelques minutes de votre précieux temps pour lire ces quelques lignes.

Enfant, on me parlait déjà de vous, grand détective : le seul de votre époque et le premier, sans doute, de l’histoire. Le nom de Sherlock Holmes ne m’était pas inconnu, comme cela est le cas pour beaucoup des lecteurs du Strand Magazine, où votre fidèle ami, le Dr Watson, relate vos multiples péripéties et vos surprenants raisonnements logiques.

J’ai admiré votre esprit brillant, votre cabotinage, votre ironie, votre « façon d’être » si peu conventionnelle, même si la froide machine à raisonner m’avait parfois glacé le cœur … Jusqu’à ce qu’un jour, je ne sois confrontée à vous.

Pendant des années, j’avais pris soin de mettre en cendres un passé condamnable, un passé que je m’évertuais à oublier, en dépit des attaques répétées des personnes qui m’avaient alors poussée à l’infamie. Depuis quelques temps, ma vie avait retrouvée une paix inespérée, mais je vivais toujours dans la crainte. Quand il y a quelques mois, un étrange et pauvre colporteur s’est présentée à ma porte, je ne me suis pas doutée immédiatement de ce qui m’attendait. Le pauvre homme s’est évertué à vouloir me vendre des objets tout aussi inutiles que curieux, et cela m’a fait sourire, moi qui n’en avais plus ni l’envie, ni l’opportunité… Quand, à ce moment, le colporteur a relevé ses yeux, qu’il tenait obstinément caché depuis qu’il était apparu sur le pas de ma porte, j’ai su à qui j’avais affaire. Nulle personne au monde ne peut avoir ce regard gris métallique et perçant, où brille cette malice mal dissimulée, où cette expression aiguë d’intelligence se mêle paradoxalement à la froideur la plus implacable. Nulle autre personne au monde ne peut avoir ce regard, sauf vous. On m’avait mis en garde contre vos méthodes, et j’avais craint secrètement d’être amenée à faire une telle rencontre. Mais je n’ai pas changé mon attitude, même si dans mon âme, je tremblais de voir réduire à néant tous mes efforts passés.
J’ai tâché d’écourter cette étrange entrevue, en glissant au colporteur que vous étiez, jouant votre jeu, quelques pennies que j’avais sur moi, refermant sur vous la porte de mon misérable appartement. Etrangement, vous n’avez pas insisté.

Je n’ai jamais revu le colporteur, ni le détective. J’ai cru à tout moment, pendant des jours, que la police allait surgir à ma porte. J’ai attendu ce moment dans l’angoisse pendant des jours encore et pendant des semaines, avec la résolution du désespoir.

Ce matin, j’ai reçu une lettre écrite d’une main nerveuse mais déterminée, me jurant que plus jamais mes ennemis ne reviendrait me tourmenter. Cette missive, non signée, me déclarait que l’avenir me sourirait à nouveau. Je sais que vous avez écrit cette lettre et je sais aussi que vous vous êtes substitué à la justice, en la détournant habilement de moi, devinant peut-être mes faiblesses passées, et me les pardonnant, au nom de la loi et de l’âme humaine.

Je vais quitter l’East End et Londres, avec l’assurance que mes misérables souvenirs d’autrefois seront à jamais effacés.

Sachez que vous avez simplement accompli l’action la plus juste et la plus noble de votre vie.

Je cherche des mots suffisamment puissants pour exprimer la profondeur de ma reconnaissance, mais il n’y en a pas. Alors, monsieur, pardonnez-moi si je me contente d’un simple merci.

Miss C.

Clelie, c'est superbe !!!!

Elle est magnifique, ta lettre.

Ca change des trucs "tordus" qui sortent de mon imagination lorsque je vois un certain Sir Guy. Ca doit être à cause de son ensemble en cuir, sans doute...

Tu vois, comme toi, j'ai un "côté obscur de la force" qui ressort quand je le vois.

Clélie, je suis fan!!! c'est un plaisir cette lettre, une merveille de sensibilité!!!

Un peu de douceur dans ce monde de brutes...

Etrange et passionnante, la lettre de Clélie !! Quel monde intérieur tourmenté elle laisse entendre, et quelle omniscience elle accorde à S.H (c'est bien lui ?). Une lettre toute en sentiments mais sans aucune sensualité, très très belle lettre !!

clinchamps a écrit:

... elle accorde à S.H (c'est bien lui ?).

S.H. peut-être , mais Jeremy Brett, forcément :

Citation :

... le colporteur a relevé ses yeux, qu’il tenait obstinément caché... ...ce regard gris métallique et perçant, ..., où cette expression aiguë d’intelligence se mêle paradoxalement à la froideur la plus implacable.

Waou, Clélie, c'est superbe et tellement bien vu !

Ohlala, merci, merci, merci

Vos compliments me touchent beaucoup

Je ne voulais pas faire une déclaration, ça me paraissait déplacé. Et puis, j'adore le mystère... C'est globalement un petit clin d'oeil à certaines histoires de Conan Doyle, où SH, au lieu de livrer un "coupable malgré lui" à la justice, préfère se taire et oublier... (Lire l'histoire "The Devil's foot", ou "The valley of fear" qui m'avaient complètement retournée)

Citation :

S.H. peut-être , mais Jeremy Brett, forcément :

SH bien sûr, et Jeremy Brett, sans aucun doute.

Clelie c'est superbe ...

Clelie, cette lettre un peu mystérieuse est superbe.

Clélie, merci c'est superbement écrit

voilà la réponse du gentilhomme à qui s'adressait la jeune fille de ma lettre :

Citation :

Mademoiselle,


pardonnez-moi de commencer cette lettre de façon si brutale mais il faut que vous sachiez quelle stupéfaction la vôtre a provoqué chez moi. Lorsque je reçus votre missive, je venais à peine de rentrer à L...
Je reconnus immédiatement votre écriture et une insoutenable angoisse m'envahit dès lors. Je n'osais l'ouvrir, le papier me brûlait littéralement les doigts, les lettres fines que vous aviez tracées si délicatement étaient comme autant de coups de poignards dans mes yeux et dans mon coeur, torturé par le remords. Je craignais en effet d'y découvrir...mais je m'égare et je perds le fil de mes idées.
Je ne suis qu'un horrible égoïste, alors que votre charmant coeur doit battre à la chamade et que vous passez par toutes les émotions par lesquelles je suis passé en vous lisant, m'interrogeant, me torturant, espérant...
Jamais je n'aurai cru être digne d'inspirer un tel amour. Tous ces mots que vous m'avez offerts, si beaux, si puissants, si sincères, je brûle à présent de vous les offrir en retour. Mais que puis-je réellement espérer? Ma réputation auprès des dames n'est plus à faire, de L. jusqu'à Paris et vous n'êtes pas sans l'ignorer, je le sais bien. Combien de fois, votre père, mon tendre ami, mon frère d'armes, m'a - t-il accompagné aux lueurs de l'aube, témoin impuissant de mes nombreux duels...
Dieu me pardonne, je ne vous mérite pas. Quelle folie irraisonnée a donc traversé mon esprit cette nuit de la Saint-Jean où je vous ai dérobé votre bien le plus précieux? Vous m'étiez apparue tel un ange...
J'arrivais alors fourbu de la capitale, laissant derrière moi les résidus d'une liaison sordide (pardonnez-moi encore une fois de ne pas vous ménager mais je vous dois la vérité tout entière), je vous reconnus à peine, votre doux visage souriant léché par le rouge des flammes du brasier, les rires et les chants des paysans vous faisant danser, tourbillonner et vous abandonner dans la douce chaleur de cette nuit d'été...
Jamais je n'avais vu de créature plus ensorcelante. Vos longs cheveux bruns détachés, dansant tout le long de votre dos, votre élégante robe rouge sang, vos yeux brillants de joie contenue, tout ceci vous rendait méconnaissable. A ma plus grande honte, je n'ai pas reconnu la fille de mon plus vieil ami, vous que j'ai vue grandir, que j'ai bercée, enfant, dans mes bras, vous que j'ai innocemment embrassée, tel un père, parfois...
Alors, sans un mot, sans défense, sans retenue, ne sachant à quelle puissance obscure et méprisable j'obéissais, je me suis approché de vous, j'ai pris votre main et j'ai cru follement lire dans vos yeux le même désir trouble que le mien. Vous n'étiez plus une petite fille, pas encore une femme, mais moi, je n'étais pas un homme. J'étais un monstre, un démon. Je vous ai pris votre innocence ce soir-là et je sentais à mon corps défendant que c'était la plus douce chose que je pouvais voler à la vie, la plus grande des tentations. Mon esprit s'est perdu dès l'instant où je dérivais vers des sensations et des émotions inconnues de moi jusqu'à présent...
Car je vous dois enfin ces mots : je vous aime. Tout en vous m'attire et tout en moi ne m'inspire que le dégoût. Comment ai-je pu ainsi profaner une âme pure, une enfant, je ne suis pas digne de l'amour que vous me décrivez, j'ose à peine écrire ces mots, mon coeur se serre de trop vouloir y croire...
Dans votre esprit d'enfant, vous croyez sans doute m'aimer, vous êtes si innocente, vous n'êtes coupable d'aucune faute...Je ne vous ai pas abandonnée pour cela, cher amour, comment avez-vous pu penser cela? Je ne voulais pas qu'à votre réveil, une fois la magie et la beauté de cette nuit envolées, vous me voyiez tel que je suis vraiment, le meilleur ami de votre père doublé de celui qui a abusé de votre générosité, le monstre de vos pires cauchemars. Car généreuse, vous le fûtes! Jamais créature humaine ne m'avait donné autant de tendresse, autant de baisers, autant de douceur...Sous vos caresses, je n'étais plus le même homme, je découvrais la beauté de l'amour pour la première fois...
Mais tout ceci ne pouvait être qu'un rêve, tout ceci ne pouvait être réel, je ne suis pas en droit de mériter un tel cadeau.
Cependant, risquer de vous blesser à nouveau en vous ignorant me ferait encore plus horreur, si tant que cela soit possible. Je ne voulais que vous protéger de moi-même, de ma conduite inqualifiable, misérable, impardonnable...
Malgré tout, si aujourd'hui encore vous ressentez dans votre coeur généreux les mêmes sentiments que m'ont révélés votre tendre lettre, écrivez-moi à nouveau. Votre belle écriture sera pareille à des mots doux murmurés à mes oreilles, je vous entendrai, je vous répondrai, et s'il tel est votre voeu, j'irai parler à votre père, mon ami...Je ne serais inspiré que par le désir de vous plaire et de vous rendre la plus heureuse. Ne tardez pas dans votre réponse, ma bien-aimée, car chaque seconde passée loin de vous est à présent une sourde torture...

tout à vous, G de L...

Lady Clare ...heu je ne sais pas quoi dire c'est magnifique j'aimerais recevoir ce genre de lettre... un jour peut-être quoique ... les hommes et les femmes n'écrivent plus tellement .... mais c'est sublime ...

Merci pour ce topic April !!!

Eh bien, lady Clare ! magnifique lettre ! Que voilà un couple peu banal !! Y aur-t-il une suite ? Un roman épistolaire, peut-être ?? Ce serait très chouette !

J'en ai des frissons. C'est vraiment magnifique !
Je plussoie à Clinchamps : y aura-t-il une suite ?! Cette histoire m'intéresse

Lady Clare, la suite, la réponse, plus plus encore plus. Tu n'aurais tout de même pas la cruauté de nous laisser ainsi, brulant du désir de connaitre la réponse alors merci pour la suiiiiiiiiite !!!!

Lady Clare, quel talent ! c'est magnifique ....

Merci pour vos encouragements les filles, c'est grâce à vous.

La réponse :

Citation :

Mon Bien-aimé,

je rougis et je tremble d'écrire ces mots qui me comblent pourtant d'un bonheur indicible...
Pardonnez mon écriture fébrile mais il me semble que mon pauvre coeur va exploser de bonheur. Il y a quelques heures à peine, je n'osais pourtant m'autoriser à espérer une réponse de votre part. Tout à mon souvenir de cette fameuse nuit que nous passâmes ensemble, je m'en remémorais sans cesse les moindres détails dans le fol espoir d'y découvrir un élément qui aurait pu échapper à mon esprit torturé...Je m'interrogeais, je cherchais à vous comprendre et à me rassurer, à trouver un sens à votre silence, à imaginer que votre fuite ne me concernait en rien, que c'étaient vos affaires qui vous avaient à nouveau ramené à Paris...
Mon esprit vagabondait ainsi à loisir, et malgré ma vigilance que je voulais constante, finissait par échapper à mon contrôle, j'en venais alors à me détester, à me dire que vous aviez honte de moi, de mon abandon si facile, de mon égarement sans limites...Je pensais que vous me méprisiez, que je n'étais pour vous qu'une compagne d'une nuit...et cependant, cela m'était égal.
Pour vous, j'aurai tout accepté, j'aurai franchi avec joie toutes les barrières de la décence et de la moralité. Vous me voyez comme un ange, sans doute aux yeux du monde, mais en mon for intérieur, je ne compte plus le temps que j'ai passé à vous regarder, à vous aimer, à vous désirer, à rêver de vous, au mépris des lois de Dieu et des hommes.
Je vous connais depuis toujours. Vous avez fait partie de ma vie aussi loin qu'il m'en souvienne et jamais je ne pourrai envisager d'aimer un autre homme que vous. Comme vous me l'aviez déjà avoué, vous m'aimiez comme un père et il était aussi un temps où je vous aimais comme une fille. Vous ne vous rendiez compte de rien, mais je grandissais, inexorablement, et mes sentiments pour vous ne cessaient de changer. Je ne saurai dire à quel moment précis ma vie a basculé et où j'aurai donné mon âme pour un seul regard de vous, un de ces regards que vous donniez d'ordinaire si facilement aux autres femmes.
J'étais toujours là, à vos côtés, mais alors que vous me voyiez, vous ne me regardiez point. Je n'aurais pourtant jamais cherché à attirer votre intention avec les artifices de ces autres femmes, je n'aurais jamais envisagé de vous parler...Je vous l'ai dit, je ne suis pas comme cela. Vous aimer en secret me suffisait amplement, vous voir tous les jours aux côtés de mon père me comblait de bonheur. Mais puisque ma bonne fortune en a décidé autrement et que vous m'autorisez à vous adorer, je dois vous demander sans plus tarder de parler à mon père. Je sais qu'il vous aime comme un frère, que malgré votre passé troublé, il ne pourra que se réjouir de notre union, quand il saura à quel point je vous aime et à quel point vous me rendrez heureuse.
Je vous en prie donc, mon bien-aimé, allez le voir sans plus attendre, il vous écoutera, et même si vous le trouvez, au début, courroucé, il vous pardonnera, comme il vous pardonne toujours...
Quant à moi, il m'aime plus que de raison, il ne voudra jamais me faire de mal. Il saura lire dans mon regard tout le bonheur que je vous dois déjà. Venez ce soir, comme à votre habitude, je saurai rendre mon père d'humeur joyeuse, ensuite vous lui parlerez, il m'appellera, et dans peu de temps, je n'appartiendrai qu'à vous...Je brûle de sentir vos bras autour de mes épaules. Je m'enhardis, pleine d'un doux espoir et j'ose encore vous avouer ceci, je rêve de me replonger dans l'intimité de votre coeur et de votre corps, venez vite.
Celle qui vous aime au delà du possible, votre tendre A...

Encouragements amplement mérités !
C'est toujours aussi beau. Tant l'histoire que la lettre. Si tu as en d'autres en réserves, nous sommes toutes ouies !

Merci Fearless, c'est très gentil, et moi je suis 100% preneuse si tu en as d'autres comme la chaudière et le port USB!!!!

Mmmm! ce serait bien pour le déroulement de l'intrigue que le papa ne soit pas si favorable que cela !! J'imagine assez bien sa réaction ! et quel rebondissement !!

OMG OMG OMG OMG !!!

Lady Clare, c'est absolument magnifique !!!

Que de superbes lignes, on aimerait que la lecture n'en finisse jamais. Tu ne voudrais pas publier un recueil de correspondance entre ces deux amants ???

J'ai eu la même idée que toi, je suis en train d'écrire une autre missive, mais de la part d'un homme cette fois-ci.

Parce que bon, j'ai quand même épuisé mon stock d'idées à Sir Guy... et que s'il n'a rien compris au sens de la lettre, c'est tant pis pour lui...

Merci ma chère April, j'avoue que j'attendais ton avis!!
En ce qui concerne ces deux-là, oui, plein de détails se sont développés mais je serai hors sujet, ici on doit "déclarer sa flamme" . Je vais voir si je peux en tirer quelque chose quand même de mon côté... En tous cas, merci, ce sont vraiment vos encouragements qui m'ont inspirée!!

J'attends ta lettre, April!!!!!

Mais comment fais-tu pour avoir autant d'idées ???

Mes missives sont tellement courtes par rapport aux tiennes...

J'en ai eu l'idée hier soir, après avoir regardé un épisode de "Robin Hood". Ca sera une déclaration de Sir Guy à Marianne. Quoique, je l'imagine mal prendre sa plus belle plume pour écrire une lettre d'amour à l'objet de ses voeux...

Ah l'imagination, quel mystère!! Mais tu n'es pas en reste de bonnes idées ^^, si tu vois ce que je veux dire....
Sinon, je peux te dire que les photos de Riri en Guy m'ont inspirée pour le personnage masculin, on peut l'imaginer comme ça! La fille ressemble à une héroïne de Waterhouse...

Citation :

Mes missives sont tellement courtes

et les miennes April

Lady Clare, si tu nous faisais la lettre du papa pas content maintenant, car je pense qu'elle doit avoir 17 ans et lui bien conservé dans les quarante cinq ? qu'en penses-tu ? allez Mme Balsen une petit peu plus encore encore