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Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films) Mer 26 Oct 2011 - 15:51
Je viens de découvrir ce topic sur Millenium, et je dois avouer que cette trilogie a été mon dernier coup de foudre littéraire en date (j'ai un peu laissé de côté la lecture ensuite, mais il faut que je m'y remette).
J'ai vraiment adoré ces romans, l'ambiance sombre parfois glauque, la précision dans la description des personnages, des lieux, des différents milieux (journalistiques, politiques, mafieux...) et surtout les intrigues vraiment passionnantes.
Et que dire des deux protagonistes principaux Lisbeth Salander et Mickael Blomkvist...Lisbeth personnage très complexe, génie en informatique, asociale et pourtant tellement touchante! Quant à Mickael Blomkvist journaliste intègre, charmeur, amateur de femmes, qui va former avec Lisbeth un duo aussi improbable qu'efficace!
Je ne connais pas la série ni les films, donc je ne peux pas juger mais il parait que la série suédoise avec Noomi Rapace et Michael Nykvist est bien jouée et très proche des romans...
cat47 Master of Thornfield
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Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films) Ven 28 Oct 2011 - 22:40
Je suis d'accord avec toi, Mélysia, les deux personnages principaux sont pour beaucoup dans la réussite de ces romans.
La série suédois est effectivement très proche des romans. Les premiers films sortis sont un concentré de cette série, ils sont très bien eux aussi pour qui a moins de temps.
Grâce à la remontée de ce topic, je suis allée jeter un coup d'oeil sur la page Imdb du film américain. Le casting se présente plutôt bien : à part Daniel Craig, il comprend Stellan Skarsgård, Robin Wright, Christopher Plummer, Joely Richardson, Goran Visnjic et Julian Sands. Pas mal. Lisbeth sera jouée par Rooney Mara, vue dans The Social Network. Succéder à Noomi Rapace dans ce rôle sera un gros défi, c'est clair.
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mélysia Sophisticated Lady
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Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films) Sam 29 Oct 2011 - 15:31
J'ai regardé la bande-annonce du film sur le net, et à première vue ça n'a pas l'air mal en effet... Après il faut voir ce que les acteurs vont donner dans leur rôle respectifs (Daniel Craig en Blomkvist et surtout Rooney Mara en Lisbeth, je pense que c'est le rôle le plus difficile à réussir)
Par contre j'ai noté que dans le film Harriet Vanger est jouée par une actrice blonde, alors que dans le roman c'est une jolie brune (elle a la beauté de sa mère Isabella Vanger)...
Enfin, affaire à suivre et à voir pour pouvoir donner un avis...
mélysia Sophisticated Lady
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Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films) Jeu 17 Nov 2011 - 16:01
Après avoir été adaptée en série et en films en Suède, en attendant le remake américain qui doit sortir en début d'année, la trilogie Millenium va également être adaptée en BD... Ce sont les éditions Dupuis qui vont s'en occuper, et le premier tome de cette série (qui doit en compter neuf en tout) doit sortir en fin d'année prochaine...
catherine morland Manteau de Darcy
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Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films) Ven 18 Nov 2011 - 14:59
J'ai eu un gros coup de coeur pour la trilogie ainsi que la série mais comment dire je ne suis pas fan du remake mais alors pas du tout. Pourquoi vouloir tout mettre à la sauce USA!!
mélysia Sophisticated Lady
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Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films) Ven 18 Nov 2011 - 15:51
Je suis d'accord avec toi Catherine, en ce qui concerne les remake made in USA. Les Etats-Unis sont les rois en la matière, quand un film a du succès et bien le remake USA n'est jamais très loin! Pour preuve, le film français Intouchables vient à peine de sortir et il cartonne, et il est déjà question d'en faire un copié-collé américain (Colin Firth serait pressenti pour le rôle que tient François Cluzet)... C'est presque devenu une épidémie...
Pour en revenir à Millénium à voir pour juger la version américaine, mais l'idée d'une BD me parait intéressante (si graphiquement c'est de bonne qualité, et si le scénario respecte l'oeuvre bien sûr)...
Corasirene Intendante de Pemberley
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Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films) Dim 20 Nov 2011 - 13:46
Je conseille à tout le monde la série télévisée (interdite au moins de 16 ans) !!! J'irai voir le remake américain, par curiosité pure car je suis une grande fan de Lisbeth !!!!!
mélysia Sophisticated Lady
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Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films) Dim 20 Nov 2011 - 14:32
En effet j'ai entendu parler de la série, et il parait qu'elle est très fidèle aux romans et que la performance de Noomi Rapace est excellente... Pour ce qui est du remake, je pense que Rooney Mara va avoir du mal à faire aussi bien...
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Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films) Sam 28 Jan 2012 - 16:36
Alors j'ai enfin vu Millénium hier soir et je précise que je n'ai ni lu les livres ni vu les séries suédoises
Alors, j'ai aimé c'est sure. C'est un film surtout intriguant mais ce n'est pas un coup de coeur pour moi et ce n'est pas un des meilleurs films de Fincher selon moi. Je pensais plus l'aimer quand même. Le film est très long, on ne s'ennuie pas MAIS j'aurais préféré un peu plus court quand même. En tout cas c'était vraiment un film pour Fincher, je ne vois aucun autre réalisateur que lui pour ce film L'histoire du film correspond vraiment au style de Fincher lol. J'ai ADORE le générique du début: Magnifique BO et images. Très esthétique dans son genre. Ca claque vraiment
Il y a des génériques que tu n'a pas envie que ça se termine, et bien avec Drive, c'était un des générique je ne voulais pas que ça se termine
Le cast est génial !!!!
Rooney Mara est épatante !!! J'ai adoré ! Dommage qu'elle soit dans la même catégorie que Michelle Williams aux Oscars, j'aurais vraiment voulu la voir gagner, bon pour une prochaine fois Daniel Craig est toujours aussi charimatique Stellan Skarsgaard est juste excellent
Bref super cast !
J'ai hâte de connaitre ce qui va se passer dans le second volet, surtout que sur allociné, il n'y a pas de résumé :/ et il n'y pas marqué Fincher, sans Fincher ce film sera moins bon à mon avis .... En tout cas, je vais me pencher sur la filmo de Rooney dorénavant. D'ailleurs j'ai vu que un de ses prochains film est un film de T.Malick.
J'ai également beaucoup aimé voir l'ambiance des 60 xD
7/10. Je m'attendais à mieux ou peut être devrais-je dire à plus différent ^^.
Par contre, je dois dire que ce film, m'a un peu dérangé de par ces quelques scènes spécifiques. Il y avait des scènes assez difficile à regarder ....
Dérinoé Ready for a strike!
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Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films) Sam 28 Jan 2012 - 22:18
Hello tout le monde,
alors, pour ma part, j'ai lu Les hommes qui n'aimaient pas les femmes cet été, durant les vacances et j'ai été assez séduite par l'ambiance nordique et la description des paysages.
Spoiler:
Particulièrement durant la période où, hébérgé par Henrik Vanger, Mikael Blomkvist mène l'enquête sur sa sympathique petite famille, perdu dans ce village rural où la nuit tombe à 16 h. et où la neige fait comme rempart au reste du monde
.
Par contre, j'ai trouvé le personnage de Lisbeth un poil trop caricatural. Pour moi, une figure devient compendium de clichés lorsque, pour chaque évènement qui survient, on sait parfaitement comme elle réagira, invariablement. Le côté dur, renfermé et inamovible de Lisbeth - qui est à mon sens le seul côté qui transparaisse dans le roman - donne le ton d'à peu près toutes ses actions. Je ne la sentais pas très "vraie", si j'ose dire.
J'ai également vu le premier volet de la saga suédoise au cinéma et cela m'a plutôt plu. La lumière que j'imaginais y était bien rendue et j'ai trouvé les acteurs excellents. Mais, de par la richesse et la complexité de l'histoire inventée par Stieg Larsson, j'ai préféré lire le roman.
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Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films) Ven 3 Fév 2012 - 13:32
Je viens de voir le film aussi et c'est vraiment un gros coup de coeur! J'y suis allée en ronchonnant "oui mais pourquoi les américains se sentent toujours obligés de faire des remakes de films européens qui sont déjà très bien au lieu de les diffuser chez eux... " Je précise que j'avais déjà vu la version suédoise sans avoir lu les livres, mais je trouve globalement les acteurs meilleurs (même si la Lisbeth de l'autre adaptation était très bien aussi), le film plus prenant et de bonnes trouvailles stylistiques comme celle du générique qui est un grand coup de coeur avec l'excellente reprise d'Immigrant Song. Dès le début j'étais vissée sur mon fauteuil et je n'ai vraiment pas vu le temps passer (à la base je m'étais laissé du temps pour aller boire un coup avec une amie après mais j'ai été très surprise de voir que j'avais complètement loupé mon rendez vous alors que je pensais que je n'étais que depuis une heure et demie dans la salle. On s'attache énormément aux personnages, bon je vais pas faire très original en disant que j'ai adoré Lisbeth, c'est impossible de pas l'admirer L'ambiance nordique est vraiment inquiétante j'ai cru que j'allais pas tenir le coup lorsque
Spoiler:
Martin et Michael se tournent autour dans la maison à la fin
Et bon je suis sortie du cinéma avec la pêche ce qui est important aussi!
cat47 Master of Thornfield
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Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films) Mer 15 Fév 2012 - 19:12
Dérinoé a écrit:
Le côté dur, renfermé et inamovible de Lisbeth - qui est à mon sens le seul côté qui transparaisse dans le roman - donne le ton d'à peu près toutes ses actions. Je ne la sentais pas très "vraie", si j'ose dire.
Je trouve assez juste que ce côté dur prédomine. Lisbeth est un personnage hors norme, dans ce sens, je pense qu'il n'est pas possible qu'elle fasse "vraie", car dans la vie, les personnes ayant sont vécu sont, heureusement, très rares.
J'ai vu le film de David Fincher l'autre jour. Je l'ai trouvé bien, mais pour quelqu'un comme moi qui ai lu le livre, vu le film suédois ainsi que la série, cela commence à faire beaucoup. Je connais maintenant très bien l'histoire, malgré ma mémoire défaillante. Et le film de Fincher n'apporte rien de plus que ce qui a déjà été montré. A part peut-être son excellent générique (Immigrand Song magnifiquement mis en valeur ). Du coup le film m'a semblé long, même si je ne peux pas vraiment dire que je me suis ennuyée.
Daniel Craig et Rooney Mara font très bien leur job mais Michael Nyqvist et Noomi Rapace étaient tellement bons que leur performance reste à mes yeux inoubliable. Stellan Skarsgård, lui, est stupéfiant, tout simplement parfait pour le rôle de Martin. Très bonne idée que de nous mettre Goran Visnjic en Armansky. Dommage que pour le doublage (je l'ai vu en VF), ils n'aient pas repris Stéphane Ronchewski. Mais c'est un détails peu constructif, j'en conviens. Mention également à Robin Wright, Geraldine James et Joely Richardson, mais malheureusement leurs personnages sont réduits à peau de chagrin.
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Dérinoé Ready for a strike!
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Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films) Mer 15 Fév 2012 - 21:40
@ Cat47:
Merci beaucoup pour ton message qui me permet d'embrayer sur un thème littéraire que j’affectionne: les femmes fortes.
Citation :
Je trouve assez juste que ce côté dur prédomine. Lisbeth est un personnage hors norme, dans ce sens, je pense qu'il n'est pas possible qu'elle fasse "vraie", car dans la vie, les personnes ayant sont vécu sont, heureusement, très rares.
Sur ce point, je suis doublement en désaccord.
D'abord, si le vécu qui est précisément le sien n'est pas forcément le plus répandu, il existe beaucoup d'êtres humains qui, près de chez nous ou de par le monde, survivent à des situations d'une violence inouïe: génocide, déportation, viol, inceste, mutilation, esclavage physique ou sexuel, famille entière décimée, misère intolérable, famine, maladies ou handicaps d'une gravité extrême, torture et j'en passe des plus atroces qui, toutes, tombent sous le coup de cette fatale Injustice qui poursuit plusieurs des personnages du livre.
La mise en scène de la jeune vie de Lisbeth est certes éminemment spectaculaire mais des existences broyées et violentées à l'extrême, des êtres dont on se dit presque qu'il est inhumain qu'ils aient pu survivre à des situations dignes de Millénium, il y en a pas mal. Ça, c'est le premier point.
Le deuxième élément contre lequel je m'inscris en faux, c'est l'idée selon laquelle les destins extraordinaires - dans le bon comme dans le mauvais d'ailleurs - seraient faits d'une matière hors-du-commun qui semblerait d'un autre monde. Il y a des génies espiègles, des cavaleurs gagas de leurs enfants, des abrutis extrêmement touchants, de vrais connards que l'on aime malgré soi - et d'autres que l'on déteste, parce que, en la matière, il n'existe aucune règle générale -, des survivants qui s'écroulent quand l'être aimé les quittent et des êtres très simples qui survivent étonnamment aux grandes ruptures de la vie. Et inversement. Et entre-deux. Et plus ou moins. Et peut-être pas tant que ça. La vie, quoi. Les humains.
Spoiler:
J'ai trouvé que les moments qui suivent le second viol, d'une violence inimaginable, commis par Maître Bjurman sont franchement hallucinants. Allez hop! Un petit comprimé et au lit: on fomentera la vengeance au réveil. Parfaitement crédible! Je ne dis pas qu'il eut été normal ou adéquat que Larsson balance son personnage par la fenêtre de désespoir ou qu'il la précipite à l'hôpital, s'évanouissant dans le hall à deux doigts de l'arrêt cardiaque (comme c'est généralement le cas dans les séries américaines où les personnages ne passent jamais par la case "12 heures d'attente dans des Urgences surchauffées".)
Ni non plus qu'elle aurait dû rester hébétée dans sa cuisine durant 48 heures en se laissant mourir de faim et de soif. Il n'y a pas de réaction préétablie, je crois. Mais réaction il y a. Et je parle d'une réaction immédiate, psychologique et physique, quelle qu'elle soit: la vengeance fomentée relève elle plutôt de la partie rationnelle de l'âme, comme disent les philosophes. (Rationnelle dans le sens où, d'une part, elle nécessite une fine organisation et où, d'autre part, elle consiste à rendre à l'avocat la monnaie exacte de sa pièce.)
Spoiler:
Ou alors, sa réaction de rejet violent lorsque Michael s'émerveille de sa mémoire photographique. Évidemment, le génie ne supporte pas d'être un génie. Il ne s'agace pas de ses défauts ordinaires - mais en a-t-il seulement? Il souffre de son extraordinaire. Car tout, de ses relations amoureuses à sa vie sociale en passant par son look respire le pas-comme-tout le monde.
Disons que je suis assez agacée que les personnages littéraires féminins estampillés "forts" ou "indépendants" nous soient toujours présentés comme des Terminators physiquement increvables - car Lisbeth est proprement increvable -, psychologiquement inamovibles et moralement indestructibles. Pour la nuance, on repassera.
N.B. Pour la nuance de ma critique, on repassera aussi, d'ailleurs. Dans le genre Terminator qui se pose là, je fais plus fort que Larsson, erf!
cat47 Master of Thornfield
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Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films) Jeu 16 Fév 2012 - 19:30
Chouette, on va pouvoir discuter de la psychologie d'un personnage, j'adore!
Dérinoé a écrit:
D'abord, si le vécu qui est précisément le sien n'est pas forcément le plus répandu, il existe beaucoup d'êtres humains qui, près de chez nous ou de par le monde, survivent à des situations d'une violence inouïe.
Tout d'abord, loin de moi l'idée de minimiser le nombre de personnes confrontées à des violences dans le monde, et d'ailleurs, on en voit déjà mal dans Les hommes qui n'aimaient pas les femmes. Mais ils sont loin d'avoir tous le vécu de Lisbeth. Je ne vais pas entrer dans le détail, car si je comprends bien, tu n'as lu que le premier tome de la série. Mais le destin de Lisbeth n'est pas si courant que cela. Non pas tant par ce qu'elle a dû subir, mais par sa réaction lors de sa première confrontation à la violence masculine. Et c'est là que je ne vais pas entrer dans les détails, car cette réaction est décrite dans La Fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette, le deuxième tome de la série. L'évolution de son personnage après ce premier événement marquant me semble plausible. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'est pas possible de réagir et d'évoluer autrement, bien sûr.
Toutes les personnes soumises à des violences ne réagissent pas de la même façon, cela ne veut pas dire que réagir et évoluer comme elle le fait n'est pas "vrai".
Citation :
Le deuxième élément contre lequel je m'inscris en faux, c'est l'idée selon laquelle les destins extraordinaires - dans le bon comme dans le mauvais d'ailleurs - seraient faits d'une matière hors-du-commun qui semblerait d'un autre monde.
Je ne pense pas avoir exprimé cette idée. J'ai dit que la dureté de Lisbeth était hors norme, et je le pense toujours. Je n'ai pas dit que la jeune fille semblait venir d'un autre monde. Justement, si je la trouve vraie, c'est qu'elle me semble réelle. Je pense que des gens comme elle existent dans notre monde, qu'en créant ce personnage, Stieg Larsson a cerné un profil psychologique tout à fait vraisemblable.
Spoiler:
Citation :
J'ai trouvé que les moments qui suivent le second viol, d'une violence inimaginable, commis par Maître Bjurman sont franchement hallucinants. Allez hop! Un petit comprimé et au lit: on fomentera la vengeance au réveil.
Dans le film de Fincher, qui pourtant résume beaucoup le livre, on se rend très bien compte de la profondeur de la blessure psychologique reçue par Lisbeth. Et si mes souvenirs sont bons, dans le livre on s'en rend encore mieux compte. Les détails (regard, démarche, douche, pour ceux dont je me souviens) sont bien plus parlants à mes yeux que des pleurs, des cris ou des grincements de dents. Et clairement plus plausible pour une personnalité comme celle de Lisbeth. Moi j'ai en tout cas trouvé cela très crédible. J'ai trouvé que Lisbeth démontrait qu'elle était une femme comme les autres, blessée au plus profond de sa chair par l'abjection subie. En fait, je n'arrive pas à voir quel genre de réaction tu attendais.
Spoiler:
Citation :
Ou alors, sa réaction de rejet violent lorsque Michael s'émerveille de sa mémoire photographique. Évidemment, le génie ne supporte pas d'être un génie. Il ne s'agace pas de ses défauts ordinaires - mais en a-t-il seulement? Il souffre de son extraordinaire. Car tout, de ses relations amoureuses à sa vie sociale en passant par son look respire le pas-comme-tout le monde.
Oui, car justement, elle n'est pas comme tout le monde. Elle est différente. C'est le concept même de son personnage. Cela ne veut pas dire qu'elle ne soit pas vraie. Encore une fois, je crois en l'existence de personnes comme elle. Elle n'est pas "normale", ce qui ne veut pas dire que c'est une elfe ou une extra-terrestre. Et pour les défauts, oui, elle en a. Elle est asociale, violente, méfiante. Elle manque d'empathie et n'a aucun sens de convenances. Et elle n'est pas spécialement belle, ce qui est déjà un premier pas vers la nuance.
J'aurais compris que tu parles de caricature si Lisbeth avait été une sorte de super héroïne. Mais moi je ne l'ai pas perçue du tout comme cela. Je l'ai perçue comme une rebelle, quelqu'un qui, dès l'enfance, ne peut pas entrer dans le moule. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir des fêlures... et d'être un peu fêlée.
Citation :
Disons que je suis assez agacée que les personnages littéraires féminins estampillés "forts" ou "indépendants" nous soient toujours présentés comme des Terminators physiquement increvables - car Lisbeth est proprement increvable -, psychologiquement inamovibles et moralement indestructibles. Pour la nuance, on repassera.
Alors là, je crois que nous n'avons pas lu le même livre. Si Lisbeth a effectivement des capacités physiques plutôt supérieures à la normale, psychologiquement et moralement, elle est loin d'être indestructible. En tout cas moi je la vois comme quelqu'un d'extrêmement fragile et complexe, et je pense même que c'est ce qui la rend si attachante. J'ai même tendance à penser que ses capacités intellectuelles et physiques découlent en partie de cette fragilité.
Par ailleurs, je ne suis pas sûre que je parlerais d'indépendance en ce qui la concerne. Pour moi, un personnage indépendant est quelqu'un qui n'a pas besoin des autres parce qu'il se sent plus fort qu'eux. Elle ne veut pas avoir besoin des autres parce qu'elle se méfie d'eux. Là encore, nuance!
En gros, je pense même que Lisbeth est pour beaucoup dans le succès phénoménal qu'ont connu les livres de Larsson. Loin des stéréotypes, dérangeante... et terriblement touchante.
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Dérinoé Ready for a strike!
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Chouette, on va pouvoir discuter de la psychologie d'un personnage, j'adore!
Ca marche! Fight forLisbeth, round II, c'est parti!
Citation :
Tout d'abord, loin de moi l'idée de minimiser le nombre de personnes confrontées à des violences dans le monde, et d'ailleurs, on en voit déjà mal dans Les hommes qui n'aimaient pas les femmes. Mais ils sont loin d'avoir tous le vécu de Lisbeth. Je ne vais pas entrer dans le détail, car si je comprends bien, tu n'as lu que le premier tome de la série. Mais le destin de Lisbeth n'est pas si courant que cela. Non pas tant par ce qu'elle a dû subir, mais par sa réaction lors de sa première confrontation à la violence masculine. Et c'est là que je ne vais pas entrer dans les détails, car cette réaction est décrite dans La Fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette, le deuxième tome de la série. L'évolution de son personnage après ce premier événement marquant me semble plausible. Ce qui ne veut pas dire qu'il n'est pas possible de réagir et d'évoluer autrement, bien sûr.
Je n'ai en effet lu que le premier tome mais je connais le passé de Lisbeth pour être tombée sur un paragraphe indélicat sur un blog où il était question de la trilogie. Pour moi, du point de vue de la gravité, cela reste plus spectaculaire que vraiment rare. Pour ne prendre qu'un petit exemple tout bête, je ne sais pas si tu as déjà regardé l'émission Faites entrer l'accusé dont je connais, je pense, tous les numéros: des histoires à la Lisbeth, il y en a des tas. Plus ou moins glauques, plus ou moins romanesques, mais franchement tout aussi effrayantes et extraordinaires que la sienne.
Ce n'est pas le canevas général qui me pose problème: les auteurs ont toute licence d'inventer et de créer aussi loin que l'imagination peut aller. Ce qui m'ennuie, ce sont les réactions prêtées à l'héroïne à l'intérieur de ce canevas. C'est le compendium de clichés absolu: petite et frêle mais pratiquement indestructible - et là, c'est moi qui fait appel à l'ensemble de la trilogie -, se nourrissant de bières et de pizzas mais toujours en grande forme physique, et, bien entendu, brillantissime et taiseuse au possible, portant le poids de la surdouance comme celui d'une infamie. Enfin bref, l'étouffe-chrétien à l'américaine estampillé "héroïne de fer et d'acier cachant ses sentiments pour survivre dans un monde de mâles hostiles et brutaux".
Citation :
Je pense que des gens comme elle existent dans notre monde, qu'en créant ce personnage, Stieg Larsson a cerné un profil psychologique tout à fait vraisemblable.
Ah bon? Ben tu me les présenteras à l'occasion parce que moi, des comme ça, je n'en connais pas. La psychologie qui découle d'une vie brisée et broyée n'est à mon avis pas celle d'une Lisbeth, toute surdouée soit-elle.
Ce n'est pas le fait que sa dureté soit hors-norme qui me dérange, mais qu'elle réunisse tous les clichés psychologiques possibles et imaginables que l'on retrouve chez les personnages féminins de ce type-là: parle pas, s'attache pas, rit pas, marchande pas, n'a besoin de rien, ni de personne et s'autosuffit à tous les niveaux, tant intellectuellement qu’émotionnelle ment. Cogne, boit, répond, fomente en une semaine des vengeances dignes de Monte-Cristo en trente ans de cachot, la violence physique en plus. S'interdit d'aimer, de faire des blagues, de faire à bouffer, de faire son lit, bref, vit dans un monde où le drame ne cède jamais d'un pouce à la déconnade ou, tout bêtement, au quotidien. Passé lourd, trèèèèèès lourd. Toujours. La fille forte est élevée à la dure dès la plus tendre enfance et a appris à se faire justice avant même que de savoir se faire cuire un œuf. (Ce qui serait quand même plus sympa, avec un peu de mayonnaise sur le tranche.)
Citation :
Les détails (regard, démarche, douche, pour ceux dont je me souviens) sont bien plus parlants à mes yeux que des pleurs, des cris ou des grincements de dents.
C'est vraiment le minimum syndical que pouvait nous offrir Larsson après ce qu'il fait subir à Lisbeth. Il aurait été un peu gros qu'elle rentrât chez elle en trottinant tranquillement et en enchaînant sur une soirée D.V.D.-pizza en sautant la case douche, quand même. J'ai plutôt eu le sentiment qu'il n'osait pas faire moins.
Citation :
J'ai trouvé que Lisbeth démontrait qu'elle était une femme comme les autres, blessée au plus profond de sa chair par l'abjection subie. En fait, je n'arrive pas à voir quel genre de réaction tu attendais.
Tu as écrit que l'on n'avait pas lu le même livre. Je crois surtout que l'on ne connaît pas les mêmes femmes. Enfin bon, si Lisbeth est un personnage psychologiquement construit et crédible, je crois que c'est le monde autour de moi qui ne l'est pas - ce qui est une hypothèse que je considère régulièrement depuis longtemps déjà.
Citation :
Et pour les défauts, oui, elle en a. Elle est asociale, violente, méfiante. Elle manque d'empathie et n'a aucun sens de convenances. Et elle n'est pas spécialement belle, ce qui est déjà un premier pas vers la nuance.
Les femmes fortes (copyright hollywood et compagnie) dont nous rabâchent les médias ont toujours des fêlures. Qu'elles cachent sous le gros manteau de leur asociabilité et de leur violence, tout en ne manquant pas de provoquer au passage l'intérêt et le désir du personnage masculin. (Alors que la fille asociale et violente, dans la vraie vie, je ne sais pas si tu as remarqué, mais elle fait fuir les hommes à grands pas. Surtout si elle est affublée d'un look de garçonne gothique.) Lisbeth est un personnage par essence sexy et cela, déjà, ne cadre pas le moins du monde avec ce que Larsson voudrait nous en dire.
Citation :
Alors là, je crois que nous n'avons pas lu le même livre. Si Lisbeth a effectivement des capacités physiques plutôt supérieures à la normale, psychologiquement et moralement, elle est loin d'être indestructible. En tout cas moi je la vois comme quelqu'un d'extrêmement fragile et complexe, et je pense même que c'est ce qui la rend si attachante. J'ai même tendance à penser que ses capacités intellectuelles et physiques découlent en partie de cette fragilité.
Je confirme. On n'a pas lu le même livre.
Spoiler:
Tu connais beaucoup de personnes qui, après avoir vu un parent se faire maltraité durant des années, mis le feu volontairement à un être humain, subi des années d'hôpital psychiatrique et deux viols terriblement violents de la part d'une personne assumant une fonction censément tutélaire, continuent de faire leur bonhomme de chemin au sein de la société? (Je veux dire hors toxicomanie, alcoolisme, criminalité grave, hôpitaux psychiatriques, médication lourde et compagnie?)
Alors oui, bien sûr, je comprends bien que Lisbeth est un personnage de fiction et que, comme nombre de héros de papier, elle vit une existence un poil plus palpitante que la nôtre. No problemo! Ce qui me manque surtout, c'est une certaine épaisseur psychologique, un certain réalisme de réactions et de sentiments, un peu de « ça-sent-le-vrai » instinctivement.
Larsson lui en met plein la tête sans arrêt mais rien ne la freine: c'est le personnage punching-ball et increvable par excellence. Le Chevalier Bayard sans peur et sans reproche, version Syndrome d'Asperger.
Citation :
En gros, je pense même que Lisbeth est pour beaucoup dans le succès phénoménal qu'ont connu les livres de Larsson. Loin des stéréotypes, dérangeante... et terriblement touchante.
Loin des stéréotypes? Je n'aurai qu'un mot: erf!
C'est un bon mot de conclusion, je trouve.
christelle The Gathering Storm
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Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films) Ven 26 Oct 2012 - 20:40
Ah du coup j'arrive dans le débat, moi aussi.
Bon, ouais, d'abord, des Lisbeth, je n'en connais pas dans la vie, certes, mais je n'en ai jamais croisé non plus dans la fiction.
Je me souviens quand j'ai découvert la trilogie, j'étais en emploi court comme libraire dans une Fnac, le 3e tome venait de sortir, et la libraire chef me l'a chaudement recommandé. Je ne la remercierai jamais assez pour cela. Je suis complètement tombée en amour de ce perso, mais là, je me permets de rajouter quand même un gros : IL FAUT LIRE TOUS LES TOMES, sinon, on n'a qu'une idée très ténue du personnage.
Oui, je pense qu'un personnage comme Lisbeth est tout à fait vraisemblable, il est envisageable, mais il reste hors du commun des mortels. Je pense que la société, dans ce qu'elle a de plus noir, peut produire des gens comme cela. La particularité de Lisbeth, hormis le fait d'avoir un instinct de survie hors du commun, est ce que Blomkvist appelle "Syndrome d'Asperger", cela est la particularité que tu lui reproches, puisque cela en fait finalement une quasi super héroïne. On peut l'expliquer aussi par un super QI, et cela je ne vois pas en quoi c'est impossible. Ses comportements autistiques, renfermés sont parfaitement expliqués par Larrson dans son mode vie, sa façon de vivre et d'appréhender le monde, et dans tout ce qu'elle a subi.
Par contre, je fais quelques rectifications concernant son physique, Larrson la dit repoussante dans son look, mais il dit aussi qu'elle a de jolis traits, et un beau visage, quand on arrive à oublier tout le maquillage et les artifices gothiques ou punk qui la dissimulent. A ce sens, l'incarnation physique de Rooney Mara était parfaite, beaucoup plus crédible que ne l'était physiquement Noomi Rapace, mais l'actrice danoise était tout de même meilleure en tant qu'actrice, alors que Rooney Mara faisait parler Lisbeth comme un robot. Mais dans l'attitude, le physique, on est tout à fait dans le personnage.
Après, il ne faut pas non plus oublier que tout ceci se passe en Europe, et pas du tout aux USA, je ne vois aucun modèle américain dans son bouquin, puisqu’au contraire, il s'appuie tout de même beaucoup sur un contexte historique très suédois, très européen du nord.
Dérinoé Ready for a strike!
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Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films) Ven 26 Oct 2012 - 20:52
*Édité: Christelle, je crois que nos messages se sont croisés. J'ai posté celui-ci avant de voir le tien qui, bien évidemment, appelle réponse. À venir, donc.
Avec la permission de Christelle, qui est l'auteur du passage ci-après, je poursuis la discussion initiée sur le topic consacré aux livres-phénomènes et portant plus spécifiquement sur le personnage de Lisbeth dans Millenium.
Citation :
Sinon, pour Millenium, je voulais juste dire que le meilleur des livres n'est pas l'ambiance scandinave, mais bel et bien le personnage de Lisbeth Salander, probablement un des meilleurs personnages féminins jamais écrits.
Et d'ailleurs, on peut aussi noter que c'est la seule, dans la liste donnée, a être une héroïne AGISSANTE, car ce que je reproche principalement à Twilight et FS(à part l'écriture, certes), ce sont bien leurs héroïnes, qui sont de vraies cruches, subissant les évènements, hésitantes, inactives, qui mettent au moins un tome à entrer en action.
Je commence d'emblée par préciser que je n'ai lu (et vu) que la partie de l'histoire narrée dans le premier tome de la trilogie et dans son adaptation suédoise.
Ne trouves-tu pas que la personnalité effectivement indépendante et pour le moins frondeuse de Lisbeth Salander est largement contrebalancée par la dose massive de violences sexuelles que nous jette complaisamment l'auteur au visage et dont l'adaptation cinématographique se fait par ailleurs fidèlement l'écho ?
Si Lisbeth met effectivement moins d'un tome à entrer en action, pour reprendre ton expression, on doit néanmoins constater qu'elle s'en prend plein la tête – et le reste – dès le premier livre également. Je maintiens l'avis déjà exprimé lors d'une discussion avec Cat47 sur la cohérence psychologique du personnage principal : les scènes d'humiliation sexuelle, qu'elles impliquent d'ailleurs Lisbeth, les victimes des Vanger père et fils ou Hariett – la jeune femme dont Michael Blomkvist tente d'élucider la disparition – sont d'une telle violence et décrites avec un tel luxe de détails scabreux, que je n'ai pu m'empêcher de penser que Stieg Larsson jouait sur la provocation de fantasmes malsains sous couvert de dénoncer un certain type de violence commis à l'encontre des femmes.
Évidemment, je ne vois aucun problème à ce qu'un écrivain ou tout autre artiste travaille cette matière-là, de la manière qui lui convient, quelles que soient les extrémités présentées. Ce que je remets en cause, c'est cet empressement facile et complaisant – je ne vois pas d'autre mot – à utiliser prétendument un support artistique – le roman – sous couvert de dénoncer des violences ciblées – le viol, ici pratiqué dans une joyeuse barbarie – et d'offrir le portrait de femmes fortes et endurantes – comme par exemple Lisbeth ou Harriet – alors que ledit support regorge lui-même de représentations penchant plus, pour ce qui est du déroulement des faits, du côté du fantasme que de celui de la réalité, simple, dure et nue.
Je crois me rappeler que chacun des chapitres était précédé d'une statistique concernant les violences sexuelles, physiques et psychologiques endurées par les femmes dans le monde et j'ai ressenti un certain malaise dans le hiatus créé par ces données réelles d'une part et l'exhibition très appuyée de mises en scène spectaculaires grossissant le trait desdites violences, reprises ici à des fins de divertissement, d'autre part – le roman demeurant, in fine, l'outil du divertissement plus que celui de l'information brute et précise.
En ce sens, j'ai toujours eu le sentiment que l'auteur avait créé de toutes pièces un véritable punching ball, Lisbeth, dont la force et l'endurance ne seraient pas les résultats d'une évolution psychologique crédible mais le prérequis d'une histoire infligeant à l'héroïne tout un panel de sévices divers et variés dont, pour la pérennité de l'histoire, il lui fallait réchapper à tout prix, et ce dans un état mental relativement correct.
Dernière édition par Dérinoé le Sam 27 Oct 2012 - 15:16, édité 1 fois
christelle The Gathering Storm
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Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films) Sam 27 Oct 2012 - 1:10
Dérinoé a écrit:
Je commence d'emblée par préciser que je n'ai lu (et vu) que la partie de l'histoire narrée dans le premier tome de la trilogie et dans son adaptation suédoise.
Ben ouais, mais là, c'est difficile d'en discuter, alors, parce qu'on ne peut comprendre le (et adhérer au) personnage de Lisbeth qu'en ayant justement lu les autres tomes.
Dérinoé a écrit:
Ne trouves-tu pas que la personnalité effectivement indépendante et pour le moins frondeuse de Lisbeth Salander est largement contrebalancée par la dose massive de violences sexuelles que nous jette complaisamment l'auteur au visage et dont l'adaptation cinématographique se fait par ailleurs fidèlement l'écho ?
Pas du tout, parce que c'est justement le sujet des livres. Avant de prêter des intentions à l'auteur, il est bon de se renseigner un peu sur le bonhomme. C'était un journaliste très engagé, et qui a toujours laissé entendre qu'il passait par les romans pour dénoncer des faits qu'il ne pouvait pas dénoncer dans sa revue, avatar de Millenium.
Dérinoé a écrit:
Si Lisbeth met effectivement moins d'un tome à entrer en action, pour reprendre ton expression, on doit néanmoins constater qu'elle s'en prend plein la tête – et le reste – dès le premier livre également. Je maintiens l'avis déjà exprimé lors d'une discussion avec Cat47 sur la cohérence psychologique du personnage principal : les scènes d'humiliation sexuelle, qu'elles impliquent d'ailleurs Lisbeth, les victimes des Vanger père et fils ou Hariett – la jeune femme dont Michael Blomkvist tente d'élucider la disparition – sont d'une telle violence et décrites avec un tel luxe de détails scabreux, que je n'ai pu m'empêcher de penser que Stieg Larsson jouait sur la provocation de fantasmes malsains sous couvert de dénoncer un certain type de violence commis à l'encontre des femmes.
Mais là encore, c'est qu'on est dans le sujet même des livres. Pour comprendre pourquoi le personnage de Lisbeth entre en guerre contre les hommes qui font du mal aux femmes, justement il serait bon de lire les autres tomes, sinon, le personnage garde son mystère et ses motivations. Quant aux détails scabreux et la violence décrite, je n'ai jamais trouvé cela complaisant. Les hommes infligeant ces violences à leurs victimes n'étant en aucune façon sympathiques, ou des personnages auxquels on a envie de s'identifier. D'ailleurs, Larrson prend toujours soin de marquer sa distance avec ces faits. Si détails il y a, je pense qu'il faut plutôt l'imputer à une déformation professionnelle du journaliste.
Dérinoé a écrit:
Évidemment, je ne vois aucun problème à ce qu'un écrivain ou tout autre artiste travaille cette matière-là, de la manière qui lui convient, quelles que soient les extrémités présentées. Ce que je remets en cause, c'est cet empressement facile et complaisant – je ne vois pas d'autre mot – à utiliser prétendument un support artistique – le roman – sous couvert de dénoncer des violences ciblées – le viol, ici pratiqué dans une joyeuse barbarie – et d'offrir le portrait de femmes fortes et endurantes – comme par exemple Lisbeth ou Harriet – alors que ledit support regorge lui-même de représentations penchant plus, pour ce qui est du déroulement des faits, du côté du fantasme que de celui de la réalité, simple, dure et nue.
Justement, si tu te renseignais un peu plus, tu comprendrais aussi que Stieg Larrson a déjà beaucoup dénoncé au cours de sa carrière de journaliste. Mon amie libraire avait assisté à une de ses premières conférences de presse données à l'occasion des sorties françaises des romans, et il avait dit qu'il avait utilisé la forme de la fiction pour pouvoir dénoncer des faits sans être poursuivi par la justice. Il avait notamment beaucoup parlé de réseaux mafieux qui font venir des filles de l'Est dans des conditions effroyables, qui est un des sujets traités de façon sous-jacentes dans les deux autres tomes.
Dérinoé a écrit:
Je crois me rappeler que chacun des chapitres était précédé d'une statistique concernant les violences sexuelles, physiques et psychologiques endurées par les femmes dans le monde et j'ai ressenti un certain malaise dans le hiatus créé par ces données réelles d'une part et l'exhibition très appuyée de mises en scène spectaculaires grossissant le trait desdites violences, reprises ici à des fins de divertissement, d'autre part – le roman demeurant, in fine, l'outil du divertissement plus que celui de l'information brute et précise.
Pourtant, cela a eu sur moi l'effet contraire, cela m'a glacé le sang, parce que sont des chiffres effroyables. Et je les trouve beaucoup plus flippants que les scènes de violence.
Dérinoé a écrit:
En ce sens, j'ai toujours eu le sentiment que l'auteur avait créé de toutes pièces un véritable punching ball, Lisbeth, dont la force et l'endurance ne seraient pas les résultats d'une évolution psychologique crédible mais le prérequis d'une histoire infligeant à l'héroïne tout un panel de sévices divers et variés dont, pour la pérennité de l'histoire, il lui fallait réchapper à tout prix, et ce dans un état mental relativement correct.[/color]
Je n'ai pas l'impression qu'elle s'en sorte justement avec un état mental complètement correct. Elle est asociale, ne peut faire confiance à personne, et est méfiante d'instinct. Elle a une image d'elle-même très abîmée, il y a des passages d'ailleurs dans les autres tomes où elle modifie son apparence. Elle s'humanise de plus en plus au fur à mesure des livres, et surtout on comprend pourquoi elle agit comme ça. Il est intéressant également de noter que Larrson avait créé une soeur jumelle à Lisbeth, qui suivait un parcours complètement différent. Il avait sans doute prévu quelque chose de ce côté-là, mais nous ne le saurons jamais, malheureusement. Et des punching-balls qui rendent coups pour coups, je n'en ai jamais vus, personnellement.
A te lire, j'ai vraiment l'impression que tu es passée complètement à côté des bouquins, je ne parle même pas des films qui sont deux adaptations plus ou moins réussies. Mais tu prêtes des intentions à l'auteur bien étranges, complètement en décalage avec le livre. Tu es même la première personne qui me parle de cela, alors que les autres, s'ils n’aiment pas le livre, ne donnent jamais ces arguments, c'est ... surprenant. D'autant que la plupart des amies avec qui j'en ai discuté sont en général des féministes militantes qui ont toutes adhéré au personnage de Lisbeth.
S'il y avait un seul bémol à signaler, c'est bien l'autre personnage principal, Blomskvist, qui est l'avatar de Larrson qui le présente comme un tombeur fini, et le seul homme digne de confiance. Là oui, je trouve également qu'il est des fois un peu ridicule, mais globalement c'est aussi un personnage très rassurant, qui te redonne foi en l'humanité.
Dérinoé Ready for a strike!
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Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films) Sam 27 Oct 2012 - 9:23
@ Christelle:
Citation :
Ben ouais, mais là, c'est difficile d'en discuter, alors, parce qu'on ne peut comprendre le (et adhérer au) personnage de Lisbeth qu'en ayant justement lu les autres tomes.
Si l'on ne peut ni comprendre, ni adhérer au personnage de Lisbeth sur la foi d'un livre long de quelques 574 pages, je dirais que l'auteur fait mal son travail. Il me semble aisé de retourner ton argument dans la mesure où, si le personnage était bien construit et crédible, la lecture du premier tome laissant ouverts et irrésolus nombre de ses motivations aurait naturellement dû appeler la découverte des romans suivants, au lieu que de la freiner.
D'une manière générale, que l'on parle de Millénium ou pas, je ne pense pas qu'il faille connaître une saga entière pour pouvoir émettre un avis sur la crédibilité psychologique des personnages développés dans l'un de ses tomes, et ce dans la mesure où la cohérence d'une personnalité ne repose pas sur une connaissance absolue de la vie et des pensées des protagonistes mais sur la vraisemblance des éléments dévoilés. Si Larsson était mort avant d'avoir pu rédiger les tomes 2 et 3 de son éppopée, nul doute que tu aurais trouvé le personnage présenté dans le tome 1 convaincant.
Le genre de la nouvelle en est un fort bon exemple qui démontre bien que l'on peut construire de manière complexe et, en un sens, complète, un personnage entier en ne donnant à voir qu'un instant de sa vie, voire même un petit bout de sa journée, le reste de l'édifice mental s'inscrivant en pointillé dans les marges du récit et à discrétion du lecteur.
Citation :
Avant de prêter des intentions à l'auteur, il est bon de se renseigner un peu sur le bonhomme. C'était un journaliste très engagé, et qui a toujours laissé entendre qu'il passait par les romans pour dénoncer des faits qu'il ne pouvait pas dénoncer dans sa revue, avatar de Millenium.
Précisément, je ne lui prête aucune intention. Je constate deux faits, aussi univoques qu'explicites : premièrement, le fait qu'il jalonne son roman de statistiques que je suppose issues d'études menées sur le monde réel, deuxièmement, le fait que le récit fasse la part belle à une violence sexuelle, physique et psychique extrême. Maintenant, il est vrai que l'effet produit par cette superposition – dénonciation sociale et déploiement fantasmagorique – sur la lectrice que je suis est peut-être en complet décalage avec l'intention de l'auteur, comme il l'est sans doute avec l'impression produit sur lectrice que tu es.
Mais je suppose que, sur les deux données susmentionnées au moins, nous nous rejoignons.
Citation :
C'était un journaliste très engagé, et qui a toujours laissé entendre qu'il passait par les romans pour dénoncer des faits qu'il ne pouvait pas dénoncer dans sa revue, avatar de Millenium.
Dans la mesure où je me cantonne au premier tome (pour l'instant), la seule dénonciation à caractère sociale que je discerne, c'est-à-dire la seule dénonciation outrepassant l'épiphénomène anecdotique que constitue, par exemple, une famille de psychopathes, est celle des abus de toutes sortes commis par des tuteurs sur les pupilles qu'ils ont à leur charge. S'il s'agit là d'un thème que Larsson entendait vraiment mettre en lumière, il me semble que le spectaculaire des événements décrits – déroulement des viols, puis petite vengeance fignolée au teaser – le disputant au caractère extraordinaire des personnalités en cause n'offre pas la meilleure étude sociologique du phénomène qui soit. C'est ainsi que, pour ce livre-là à tout le moins, le caractère romanesque très marqué de l'histoire et de ses protagonistes prend le pas sur la peinture politico-sociale de telle sorte que c'est en roman que je traite et conçois Les Hommes qui n'aimaient pas les femmes. Entendons-nous bien : je n'ai aucunement l'intention de reprocher à un roman son caractère romanesque, ses fantaisies, l'imaginaire dont il se nourrit. Mais je n'entends pas pour non plus le traiter en étude de terrain censément porteuse de résultats généraux quand tout, en lui, crie à l'invention et au particulier.
Citation :
Pour comprendre pourquoi le personnage de Lisbeth entre en guerre contre les hommes qui font du mal aux femmes, justement il serait bon de lire les autres tomes, sinon, le personnage garde son mystère et ses motivations.
Le fait que cette jeune femme soit en guerre contre les hommes – elle me semble par ailleurs batailler contre le monde entier – ne me paraît ni incohérent, ni dissonant, d'un point de vue psychologique. Pas plus, d'ailleurs, le fait de ne pas avoir en main les épisodes de son histoire donnant justification de ses comportements. Encore une fois, lorsqu'un personnage résonne en moi, j'aurais tendance à reconstruire, c'est-à-dire à inventer, les motivations que l'auteur, pour une raison ou une autre, ne nous donne pas sans pour autant que s'installe une impression de fausseté dans mon appréhension de l'histoire.
Citation :
Quant aux détails scabreux et la violence décrite, je n'ai jamais trouvé cela complaisant. Les hommes infligeant ces violences à leurs victimes n'étant en aucune façon sympathiques, ou des personnages auxquels on a envie de s'identifier. D'ailleurs, Larrson prend toujours soin de marquer sa distance avec ces faits. Si détails il y a, je pense qu'il faut plutôt l'imputer à une déformation professionnelle du journaliste.
Le fait de rendre les personnages odieux sympathiques – ce qu'est par ailleurs Martin, durant la majeure partie de l'enquête de Mikael – n'aurait pas relevé de la complaisance mais d'un sens de la subversion et de la nuance pour le coup intéressant. Enfin, là n'est pas la question.
Comment m'expliquer clairement ? Si tu veux, le livre, à certains égards, me fait penser à ce genre de canard qui, sous prétexte de dénoncer les violences subies par une communauté dans un cas donné – disons les femmes –, agrémente son enquête citoyenne des détails et des photographies les plus scabreuses, les plus impudiques et les plus horrifiantes qui soient quand un récit sobre ou un unique échantillon visuel auraient suffi à soutenir le propos. C'est précisément cette sorte de contradiction – que l'on ne retrouvera du reste pas dans un bon thriller américain affiché, truffé de cadavres atrocement mutilés d'un bout à l'autre de la trame – entre la dénonciation d'une violence probablement haïe par l'auteur et la mise en forme de cette dénonciation, trempant dans ce que le gore mêlé de fantasmes fait de plus achevé, que je nomme « complaisance ». (Il me faudra bientôt trois jours et trois boîtes d'aspirines pour aller du sujet au complément d'objet direct.)
Citation :
Pourtant, cela a eu sur moi l'effet contraire, cela m'a glacé le sang, parce que sont des chiffres effroyables. Et je les trouve beaucoup plus flippants que les scènes de violence.
Plus flippants, certainement. Mais moins spectaculaires.
Citation :
Je n'ai pas l'impression qu'elle s'en sorte justement avec un état mental complètement correct.
Je ne sais pas si tu as déjà eu l'occasion de côtoyer des personnes vivant dans un asile psychiatrique ou y faisant des séjours de plus ou moins longues durées mais, si on compare Lisbeth à l'état dans lequel se trouvent ces êtres-là, je maintiens que son mental est à peu près correct : elle peut vivre seule, s'assumer physiquement et entrer en interaction avec les autres à la mesure de ses besoins vitaux sans plonger ni dans le délire, ni dans des addictions violentes. Elle a des passions, entretient, dès le premier livre, quelques relations plus étroites avec certains personnages et comprend assez le monde qui l'entoure pour s'y mouvoir et y survivre, tant sur un plan pratique qu'émotionnel. C'est plus que bien des gens ne traînant pas son passé derrière eux.
Citation :
Et des punching-balls qui rendent coups pour coups, je n'en ai jamais vus, personnellement.
Moi non plus.
Citation :
A te lire, j'ai vraiment l'impression que tu es passée complètement à côté des bouquins, je ne parle même pas des films qui sont deux adaptations plus ou moins réussies.
Je suis passée à côté du livre tel que tu l'as perçu, je pense .
Citation :
Mais tu prêtes des intentions à l'auteur bien étranges, complètement en décalage avec le livre.
Encore une fois, je ne lui prête aucune intention a priori mais je retire d'éléments purement textuels une impression d'étrangeté, en effet, dont je ne sais d'ailleurs pas si elle a été délibérément voulue par l'auteur ou non. Je tente d'analyser le double sentiment laissé par la lecture du livre, à savoir une ambiguïté de l'ouvrage vis-à-vis du phénomène qu'il semble dénoncer et une absence totale de crédibilité psychologique de certains personnages.
Citation :
Tu es même la première personne qui me parle de cela, alors que les autres, s'ils n’aiment pas le livre, ne donnent jamais ces arguments, c'est ... surprenant.
Et quels arguments donnent-ils ?
Citation :
D'autant que la plupart des amies avec qui j'en ai discuté sont en général des féministes militantes qui ont toutes adhéré au personnage de Lisbeth.
Cela vient sans doute du fait que je ne suis ni féministe, ni militante. Du reste, la notion de « violence faite aux femmes » me plonge toujours dans des abîmes de perplexité. Je ne vois de violences que commises sur des êtres humains par d'autres êtres humains et permises, in fine, par cette vaste et familiale communauté qui est celle du genre humain, tous sexes confondus dans ce grand bain de lâcheté et d'indifférence qui est la marque déposée de cette belle race de bipèdes.
Citation :
S'il y avait un seul bémol à signaler, c'est bien l'autre personnage principal, Blomskvist, qui est l'avatar de Larrson qui le présente comme un tombeur fini, et le seul homme digne de confiance.
Arrête, c'est le seul personnage que je trouvais crédible. (Je plaisante, hein.) Non, là, je suis assez d'accord avec toi. Il y a un côté "porteur de rédemption du genre humain" un peu exagéré, chez Blomkvist.
christelle The Gathering Storm
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Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films) Sam 27 Oct 2012 - 14:31
Bon, écoute, je ne sais pas trop quoi te dire de plus... je pense qu'on a fait le tour de la question, tu n'as pas aimé le livre, soit, je pense qu'on l'a bien compris. Cela ne sert pas à grand chose de continuer à débattre car tu prends systématiquement le contre-pied de chaque argument avancé, on tourne un peu en rond... De plus, Cat t'a déjà répondu sur pas mal de ces questions et je suis plutôt d'accord avec elle.
Je te répondrai donc seulement sur deux points:
Dérinoé a écrit:
Je ne sais pas si tu as déjà eu l'occasion de côtoyer des personnes vivant dans un asile psychiatrique ou y faisant des séjours de plus ou moins longues durées mais, si on compare Lisbeth à l'état dans lequel se trouvent ces êtres-là, je maintiens que son mental est à peu près correct : elle peut vivre seule, s'assumer physiquement et entrer en interaction avec les autres à la mesure de ses besoins vitaux sans plonger ni dans le délire, ni dans des addictions violentes. Elle a des passions, entretient, dès le premier livre, quelques relations plus étroites avec certains personnages et comprend assez le monde qui l'entoure pour s'y mouvoir et y survivre, tant sur un plan pratique qu'émotionnel. C'est plus que bien des gens ne traînant pas son passé derrière eux.
Là, franchement, je n'apprécie guère que tu laisses entendre que je n'ai sans doute pas côtoyé assez de patients dans des hôpitaux psychiatriques. Je trouve cela assez déplacé que tu mettes en doute mon expérience personnelle, et de plus, je vois mal la justesse de cet argument.
Dérinoé a écrit:
Cela vient sans doute du fait que je ne suis ni féministe, ni militante. Du reste, la notion de « violence faite aux femmes » me plonge toujours dans des abîmes de perplexité. Je ne vois de violences que commises sur des êtres humains par d'autres êtres humains et permises, in fine, par cette vaste et familiale communauté qui est celle du genre humain, tous sexes confondus dans ce grand bain de lâcheté et d'indifférence qui est la marque déposée de cette belle race de bipèdes.
Alors là, tout s'explique, puisque c’est justement le sujet même de Millenium. Si tu ne considères pas que les violences faites aux femmes sont à prendre en considération (et je n'ai jamais dit qu'il fallait les placer au-dessus des autres phénomènes de violence à l'encontre du reste de l'humanité, elles en font partie), je vois mal comment et pourquoi on en discute...
Dérinoé Ready for a strike!
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Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films) Sam 27 Oct 2012 - 15:30
@ Christelle:
Citation :
Cela ne sert pas à grand chose de continuer à débattre car tu prends systématiquement le contre-pied de chaque argument avancé, on tourne un peu en rond...
Citation :
je vois mal comment et pourquoi on en discute...
Bien sûr. Aucun problème, je comprends.
Citation :
Là, franchement, je n'apprécie guère que tu laisses entendre que je n'ai sans doute pas côtoyé assez de patients dans des hôpitaux psychiatriques. Je trouve cela assez déplacé que tu mettes en doute mon expérience personnelle, et de plus, je vois mal la justesse de cet argument.
Excuse-moi, c'est un pur malentendu: je ne sous-entendais pas que tu n'avais aucune connaissance des milieux psychiatriques mais je te demandais, sincèrement et réellement, si c'était le cas. Arrivée à un certain âge, la plupart d'entre nous connaît ou côtoie au moins une, voire plusieurs personnes ayant passé par un asile psychiatrique mais comme l'expérience n'est pas universelle, j'ai fait appel à cette hypothétique connaissance pour mettre en contraste l'état d'une personne sérieusement malade avec la santé mentale de Lisbeth que je qualifierais, du moins dans le premier tome, de correcte, parce que fonctionnelle.
Aucun sous-entendu de ma part, je t'assure, et pardonne-moi si je t'ai heurtée.
christelle The Gathering Storm
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Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films) Sam 27 Oct 2012 - 16:34
Mais justement, tu fais fausse route, cela n'a rien à voir avec une expérience personnelle du domaine des pathologies psychiatriques, et là c'est difficile de ne pas spoiler, mais je vais le faire quand même avec des balises:
Spoiler:
Tout ce qui explique le comportement asocial et violent de Lisbeth est révélé petit à petit dans les deuxième et troisième tomes. Elle n'était pas une malade psychiatrique, mais a été avant tout la victime d'abus et violences depuis son enfance, à cause de son père à qui elle a osé s'en prendre physiquement, après qu'il ait une nouvelle fois battu sa mère. En parallèle avec une autre intrigue, Larrson dénonce, à travers le personnage de Lisbeth, la difficulté pour un individu de combattre et de sortir d'un système judiciaire et social à partir du moment où ce système l'a enfermé dans un carcan, surtout depuis son enfance. Il met en lumière les faiblesses du système qui piège un individu dès lors qu'il l'a condamné. C'est aussi ce qui arrive à Blomkvist dans le premier tome avec son affaire judiciaire, d'ailleurs.
Cela est quand même très fortement suggéré dans le premier tome, puisque tu t'es arrêtée là.
EDIT du 3 novembre 2012 Je viens d'écouter l'émission sur Inter Rendez-vous avec X, qui relate les affaires d'espionnage, et il fait des rapprochements avec Stieg Larrson et Henning Mankell, avec leur façon de dévoiler à leur manière les dessous sombres de la Suède. http://www.franceinter.fr/emission-rendez-vous-avec-x-l-affaire-olof-palme
Darcy Romancière anglaise
Nombre de messages : 6092 Date d'inscription : 09/03/2009
Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films) Dim 4 Nov 2012 - 22:34
C'est parce que je sors d'une trilogie James Bond que j'ai voulu creuser un peu plus la filmographie de Daniel Craig. J'aurais pu aller du côté de Cowboys & envahisseurs mais j'ai opté pour quelque chose de plus abordable comme Millenium. Je ne suis pas déçue, c'est un film captivant par son ambiance polaire, ses personnages, et son côté "affaire non classée". Captivant comme votre discussion, je parle de celle Cat, Derinoé et Christelle, de vos avis divergents autour du personnage de Lizbeth. Ainsi, au sujet du manque d'épaisseur psychologique, du certain manque de réalisme des réactions et des sentiments, du peu de « ça-sent-le-vrai » instinctivement de Lizbeth; je me demande tout simplement si c'est dû fait que l'écrivain est un homme et malgré tout son talent, il est incapable d'entrer dans la psychologie d'une femme. Enfin, bref ce qui m'amène à m'intéresse au livre et à me faire ma propre opinion.
Atonement Ready for a strike!
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Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films) Dim 4 Nov 2012 - 22:54
Hum...Je viens de jeter un coup d'oeil aux analyses de Christelle et de Dérinoé, je n'irais pas aussi loin. En fait, j'avais commencé le livre Les hommes qui n'aimaient pas les femmes il y a quelques années, et je n'arrivais vraiment pas à accrocher. C'était la période où j'avais du mal à lire des pavés, que je reprenais lentement la lecture, et du coup, je pense que je m'étais attaqué à trop gros. Je pense que je devrais réessayer, si j'ai le temps. Quoi qu'il en soit, j'ai quand même regardé l'adaptation de David Fincher il y a quelques jours, je ne pouvais pas passer à côté de ça, même si d'habitude, je ne suis pas spécialement attirée par les films à succès américains. Là, j'ai adoré l'ambiance. Je n'ai pas trouvé que c'était trop américanisé (malgré la langue américaine), l'actrice qui joue Lizbeth est vraiment douée. Au niveau de l'histoire, j'ai vraiment plus accroché que lorsqu'elle était racontée dans le livre. Trouver des traces dans le passé, sur une personne disparue, puis un dénouement comme celui-là, ça m'a vraiment beaucoup plus. La photographie était très belle aussi, en particulier sur les scènes qui se passe à l'époque où la jeune fille a disparu, les couleurs étaient vraiment magnifiques. La semaine prochaine, je pense que je vais regarder l'adaptation scandinave (en version originale, bien entendu, pour la langue originale de l'auteur), pour pouvoir comparer.
Krol Manteau de Darcy
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Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films) Dim 4 Nov 2012 - 23:24
Haaa Millénium. J'ai relu la trilogie plusieurs fois, je la trouve vraiment très bien écrite. Il y a quelque chose de très fin et intelligent dans sa manière de décrire les personnages qui paraissent bêtement noirs, inadaptés & donc inintéressants à la base. Par contre, maintenant que j'ai de meilleures connaissances en psychologie, je me demande si la manière dont il décrit la mémoire photographique de Lisbeth est très réaliste Il faudrait que je fasse quelques recherches à ce sujet. (J'espère que vous n'aviez pas déjà abordé le sujet, je n'ai pas tout relu ) J'ai également regardé le film américain, et j'ai aussi trouvé qu'il était assez bien réalisé, plutôt esthétique et finalement Lisbeth en jette pas mal comme ça. Je voulais regarder la version suèdoise, mais il y a un bête truc qui me bloque. L'acteur qui joue Blomkvist il n'est pas très et je trouve que ça ne colle pas très bien au séducteur qu'il est censé être
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Sujet: Re: Stieg Larsson / Millenium (livres et films)