Une auberge pour les admirateurs de Jane Austen, et bien plus encore... |
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| Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus | |
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Auteur | Message |
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Artemis Clever Smiling Sweetness
Nombre de messages : 2721 Age : 38 Localisation : De passage au 221B Baker Street Date d'inscription : 14/09/2008
| Sujet: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Sam 6 Fév 2010 - 13:32 | |
| J'ouvre officiellement les discussions sur la première partie de la lecture de groupe ! Semaine 1 : chapitres 1 à 11 (inclus) Le roman commence sur ces mots: - Edith Wharton a écrit:
- Un soir de janvier 187..., Christine Nilsson chantait la Marguerite de Faust à l'Académie de Musique de New York.
Cette histoire nous plonge en effet dans la haute société new yorkaise des années 1870, où les conventions régissent la vie de ces personnes. On rencontre Newland Archer, le héros de cette histoire, qui, au contact de la comtesse Ellen Olanska à la réputation scandaleuse (elle a quitté son mari, et un voile plane sur son passé), prend conscience de ces conventions et commence à porter un oeil critique sur celles-ci. Mais entre réflexion intellectuelle et réalité, il y a un pas. En effet, ce jeune homme est fiancé à May Welland, jeune femme innocente de 22 ans, appartenant à une famille de la haute bourgeoisie, dont l'innocence justement, est un de ses charmes. Voici un extrait qui rassemble bien ces problématiques, à mes yeux: - Chapitre 6 a écrit:
- Le cas de la comtesse Olenska avait troublé en lui de vieilles convictions traditionnelles. Son exclamation: "les femmes doivent être libres, aussi libres que nous", avait touché la racine d'un problème considéré dans son monde comme inexistant. Il savait que les femmes "bien élevées", si lésées qu'elles fussent dans tous leurs droits, ne revendiqueraient jamais le genre de liberté auquel il faisait allusion ; et les hommes se trouvaient, dans la chaleur de l'argumentation, d'autant plus disposés à la leur accorder. De telles générosités verbales n'étaient qu'un plaisant déguisement des inexorables conventions qui réglementaient le milieu où il vivait. Néanmoins, il serait tenu à défendre, chez la cousine de sa fiancée, une liberté que jamais il n'accorderait à sa femme, si un jour elle venait à la revendiquer.
Et vous, que pensez-vous de ce passage ? Quelques questions pour commencer la discussion pêle-même Comment avez-vous trouvé l'ouverture de ce roman ? Que pensez-vous de cette galerie de personnages ? Qu'est-ce qui vous a le plus marqué dans cette première partie ? Je suis impatiente de connaître vos impressions !!! |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72616 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Sam 6 Fév 2010 - 13:45 | |
| Dès l'ouverture de l'histoire l'auteur nous présente à la fois le héros et le milieu dans lequel il évolue : environnement grand bourgeois d'esprit victorien amplifié par le puritanisme américain, milieu conservateur et conventionnel aux règles rigides. Il y a - Citation :
- "ce qui ne se fait pas"
et - Citation :
- "ce qui est de bon ton"
. Newland Archer est le héros de l'histoire, mais le milieu dans lequel il vit l'est également, on sent très vite que ce sera le nœud de l'histoire : Newland face à son monde. Le jeune homme nous est présenté comme assez suffisant et raffiné (l'épisode de l'arrivée en retard à l'Opéra), avec des idées assez achétypales sur les femmes : il est fiancé avec une jeune fille de son monde et il est ravi qu'elle soit pure, innocente, totalement ignorante de la vie, mais en même temps, il évoque avec regrets l'éclat d'une maîtresse, et souhaite que sa femme atteigne à cet éclat, qu'elle ne devrait bien sûr qu'à lui : on sent le désir d'être une sorte de Pygmalion dont dépendrait entièrement l'évolution de May, sa fiancée. Cependant, dès le deuxième chapitre entre en scène cette "pauvre Ellen" cousine de sa fiancée, revenue à New-York après avoir quitté son mari, donc portant le poids d'une réputation ternie. Tout le monde s'accorde à penser que le mari était odieux, mais l'avoir quitté "n'est pas de bon ton"! Newland va avancer l'annonce officielle de ses fiançailles afin de bien monter à la Société qu'il est aux côtés de May, car la réputation ternie d'Ellen va bien sûr s'étendre à sa famille ! Et dès ce moment l'auteur nos fait comprendre que Newland, bien que tout entier dans son monde social, n'en ressent pas moins les limites, et s'agace de - Citation :
- "l'obligation rituelle d'ignorer ce qui est déplaisant"
. Cette hypocrisie dont il est parfaitement conscient lui déplaît. Dès sa première rencontre avec Ellen il va être assez troublé par la personnalité de la jeune femme, surtout parce qu'elle est si différente de sa fiancée : sa vie européenne et l'échec de son mariage (dont on ne sait pas encore grand'chose) si ils l'ont blessée, lui ont donné une liberté que ne connaissent pas les femmes de l'environnement de Newland. Il va même prendre position pour la liberté des femmes et défendre Ellen, quand tout le monde sera choqué qu'elle soit allée à une soirée chez une femme si "commune" !! Au passage, la description de la - Citation :
- "famille régnante"
des Van der Luyden, descendants des premiers colons hollandais - Citation :
- "que le sort oblige à rester les arbitres sociaux de leur petit monde"
est remarquable. Newland sera de plus en plus troublé par l'autre univers qu'il commence à entrevoir au contact d'Ellen alors que la normalité de sa fiancée le rassure et le tranquillise, bien qu'il se demande - Citation :
- "quand les jeunes filles bien élevées commencent à penser par elles-mêes"
. En même temps il souffre à l'idée d'une vie future figée et prévisible, qui sera monotone, car même les conversations avec May sont convenues, chaque réplique étant "comme elle doit être". La jeune fille ne veut pas avancer le mariage pour pouvoir avoir - Citation :
- "douze douzaines de pièces brodées à la main"
dans son trousseau (j'imagine les ouvrières !!). Newland, repensant à une liaison qu'il a eue, qui est normale pour quelqu'un de son âge et de son milieu pense-t-il, se dit que dans cette situation l'homme fait preuve de légèreté, mais c'est la femme qui est coupable. Mais quand Ellen va déclarer vouloir divorcer, la situation va changer : pourquoi ne pas rester juste comme cela, puisque le mari est en Europe, qu'il lui a rendu le reste de sa fortune et qu'il s'est plutôt bien comporté de l'avis des messieurs de la famille ? Le divorce sera une tâche indélébile sur la famille, et Newland est chargé de voir Ellen pour la dissuader d'en arriver là. Quelque chose me dit qu'elle ne va pas accepter !! Je voudrais dire aussi que j'aime énormément le style de l'auteur, clair, précis, et parfois poétique (la description de la vieille MrsMingott dans - Citation :
- "des vagues et des vagues de gros grain noir, sur la crête desquelles deux petites mains blanches se balançaient comme des mouettes"
) ainsi que le ton assez distancié du récit : elle nous met un microcosme sous les yeux, comme un vivarium où toute une petite colonie d'insectes se croise et se reproduit suivant des lois qu'elle croit immuables. Pour répondre à une de tes questions, Artémis, ce qui me frappe le plus dans ce début, c'est la clarté avec laquelle toutes les marionnettes sont mises en place sur le théâtre, et la façon évidente dont Newland va se retrouver face à un carrefour important de sa vie. Au total, j'ai hâte de lire la suite !! |
| | | esperluette Magnolia-White Ampersand
Nombre de messages : 9312 Date d'inscription : 11/07/2009
| Sujet: Re: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Sam 6 Fév 2010 - 14:01 | |
| Arrrgh ! Je venais de taper un post assez long et je l'ai perdu ! Je reviendrai donc poster mes impressions plus tard... |
| | | Les yeux noirs Romancière anglaise
Nombre de messages : 2807 Age : 48 Localisation : Résolument tournée vers la Terre bien installée sur mon quartier de Lune Date d'inscription : 26/08/2009
| Sujet: Re: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Sam 6 Fév 2010 - 16:32 | |
| Pour commencer, je voudrais d'abord remercier celles qui ont voté pour ce roman. Il ne faisait pas partie de mes choix et je rechignais à participer à cette lecture de groupe, mais je suis aujourd'hui (et je l'ai été très rapidement) totalement conquise. Grande béotienne que je suis, je ne connaissais pas du tout Edith Wharton et son univers : je m'attendais à une histoire d'amour et c'est bien plus que cela. Une critique très acerbe de la société new-yorkaise "bien pensante" et "bien née" surtout. Je n'ai bien évidemment pas pris de notes aux moments qui ont retenus mon attention (ni marqué les pages), mais je trouve le passage que tu as choisi Artémis, résumant parfaitement la situation. Clinchamps, je me retrouve dans tout ce que tu as pu écrire. J'essaierai de rechercher quelques phrases qui ont particulièrement retenues mon attention, si d'ici là vous ne les postez pas toutes! Le décor est très rapidement planté et chacun des premiers chapitre décrit précisément les membres les plus influents de ce microcosme. Newland Archer est une sorte de maître de cérémonie : il nous présente son monde et semble le découvrir lui-même un peu plus à mesure que le lecteur avance. Il est une marionnette façonnée dans un bois qui s'effrite page après page et tout le décor de sa vie avec lui. C'est au fond de lui un homme d'une très grande modernité, mais il n'est pas prêt à assumer cela face à ses pairs. En ce qui concerne les autres personnages : - May est jusque là, charmante, absolument transparente, la parfaite jeune fille de bonne famille de l'époque, la fiancée idéale sur laquelle il n'y a pas grand chose à ajouter, si ce n'est comme l'a très justement fait remarquer Clinchamps, l'attente de l'effet Pygmalion, après son mariage -La mère et la soeur de Newland, dans une certaine mesure me font penser à la mère et la soeur de John Thornton A ce stade là du roman, d'Ellen Olenska on ne sait pas grand chose, on entrevoit qu'elle va être une sorte de "facteur déclenchant" pour Newland (ce n'est guère très romantique ce terme, j'en conviens), mais on ne sait pas vraiment qui elle est, ce qu'elle veut. Les Van der Luyden et tout ce qui les entoure, sont présentés de façon délicieusement caustique. De mémoire c'est à peu près tout ce que je peux dire. Je ne suis pas habituée à l'exercice de style "lecture de groupe" et j'essaierai d'être plus prévoyante pour les 10 chapitres à venir. Conclusion temporaire : j'aime beaucoup le style d'Edith Wharton et il me tarde d'avancer un peu plus dans ce roman. |
| | | cecilou41 Lover's Lane Wanderer
Nombre de messages : 2191 Age : 40 Localisation : Lost in translation Date d'inscription : 03/07/2008
| Sujet: Re: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Sam 6 Fév 2010 - 17:37 | |
| Je vais avoir du mal à compléter ce que vous avez dit toutes les 3 jusque là. Je suis d'accord avec vous sauf que je n'aime pas vraiment le roman. Je trouve la critique du New York de bonne société bien croquée mais je n'adhère pas au style de Wharton (je lis en VO, je précise). Je commence à moins lutter dans ma lecture à mesure que j'avance dans le roman et que l'intrigue se noue. J'ai pris du plaisir à lire les chapitres X et XI en gros, mais très peu avant. Je suis assez attachée au personnage de Newland, qui est très intéressant, mais j'ai peu de patience avec May, sa famille et leurs attitudes conservatrices, bien qu'elles soient d'époque et donc justifiées en quelque sorte. Je vais attendre la suite pour voir si mon jugement s'améliore... |
| | | Les yeux noirs Romancière anglaise
Nombre de messages : 2807 Age : 48 Localisation : Résolument tournée vers la Terre bien installée sur mon quartier de Lune Date d'inscription : 26/08/2009
| Sujet: Re: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Sam 6 Fév 2010 - 19:38 | |
| Je peux comprendre que la lecture de Wharton dans le texte apporte une difficulté supplémentaire. Je te félicite en tous cas pour ton courage! J'avoue que j'ai joué la facilité de la traduction ...je ne suis pas sure que mon niveau soit aujourd'hui suffisant pour saisir toutes les subtilités en VO, j'ai trop perdu! |
| | | Cassandre Sweet Indian Princess
Nombre de messages : 59822 Age : 62 Localisation : entre deux livres Date d'inscription : 22/08/2009
| Sujet: Re: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Sam 6 Fév 2010 - 20:21 | |
| Merci Artémis pour l'organisation ! Je suis contente de découvrir cette auteure que je ne connaissais que de nom. Et pour l'instant, j'aime ce livre et j'ai d'ailleurs commandé le DVD pour avoir la vision de Scorcese. Newland est un jeune homme raffiné, fruit d'une éducation rigide et codifiée par les règles de ce qui se fait et de ce qui ne se fait pas. Cette société new-yorkaise a l'obligation rituelle d'éviter ce qui est "pénible". A certains passages, j'ai eu envie de rire, notamment quand il est écrit que Newland épouse Amy parce qu'elle dit ce qu'il faut au moment où il faut. Délicieux ! On voit qu'Newland va être est amené à modifier sa façon de penser. Au début, c'et imperceptible, cela commence par la petite phrase d'Ellen sur la liberté. Une phrase m'a interpellée, c'est quand Ellen dit - Citation :
- La solitude, c'est de vivre parmi tous ces gens aimables qui ne vous demandent que de dissimuler vos pensées.
Une phrase déchirante et combien vraie ! Par contre, je ne comprends pas pourquoi Newland lui envoie des roses jaunes, qui représentent symboliquement je crois, la trahison et l'infidélité. J'ai trouvé que c'était une faute de goût, puisque il est dit qu'Ellen a quitté son mari pour un autre. Mais pour l'instant, rien n'est confirmé, nous n'avons pas la version d'Ellen. Voilà pour l'instant, j'ai hâte aussi de lire la suite et tous vos commentaires. |
| | | lady Clare Lily-white Doe
Nombre de messages : 9970 Localisation : Between Thornfield Hall and Pemberley Date d'inscription : 01/10/2008
| Sujet: Re: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Dim 7 Fév 2010 - 0:06 | |
| Ca commence très fort et je ne peux que plussoyer aux remarques intéressantes que je viens de lire! Cecilou, je t'admire de lire en VO... Merci encore à Artémis pour cette très bonne organisation, et son post d'introduction. Voici mes impressions de lecture (je précise que j'avais déjà lu ce livre après avoir vu le film de Scorcese lors de sa sortie en salles, ça fait donc un bail!! ) J'avoue que j'avais pris beaucoup de retard dans ma lecture. Mais j'ai littéralement dévoré les onze chapitres cet après midi...et j'adore le style de Edith Wharton... J'avais commencé tout d'abord par lire l'introduction et la chronologie car je me suis rendue compte que finalement, je ne connaissais pas grand chose de Edith Wharton (si ce n'est qu'elle était très amie avec Henry James). Dans la collection Garnier Flammarion, l'introduction est rédigée par Diane de Margerie et nous apprend une quantité de choses sur l'auteur. Edith Wharton nous parle d'un monde qu'elle connait très bien, elle est née dedans, elle même a souffert d'appartenir à ce milieu, elle a cherché à s'en échapper, en se réfugiant notamment en France, j'ai appris ainsi qu'elle a longtemps vécu au 53 rue de Varenne à Paris et même qu'elle est enterrée au cimetière de Versailles. Elle écrit ce magnifique roman en 1920 (mais dont l'action se situe dans les années 1870, période à laquelle elle n'était qu'une petite fille), gagne au passage le tout premier Prix Pulitzer accordé à une femme, alors qu'elle approche de la soixantaine, ce roman sonne presque comme un bilan de sa vie. Si on peut y déceler facilement des accents autobiographiques, elle a beaucoup de similitudes avec la comtesse Olenska, on la retrouve aussi beaucoup dans son personnage masculin de Newland Archer, qui essaie de prendre ses distances avec ce monde qui l'étouffe mais ne semble pas avoir le courage d'aller au bout de ses convictions, je pense en particulier à la discussion entre Newland et un des vieux piliers de la Old New York, Sillerton Jackson (c'est d'ailleurs justement au cours de cette discussion que se situe le passage choisi par Artémis dans son post d'introduction), où Newland prend passionnément la défense de la comtesse et s'insurge contre l'oppression faite aux femmes. On le croit tout à fait sincère mais on sait très bien aussi que lui de son côté ne pourrait supporter autre épouse que celle qui est formatée pour lui par la société stricte dans laquelle il évolue...et à laquelle il adhère pleinement... Dès le début du roman, le ton est donné, il y a une soirée importante à l'Opéra, où il est de bon ton d'arriver en retard pour un homme de la haute société et où le souci principal est d'être aussi le premier à en repartir et par le moyen le plus commode qui soit, dû-t-il être bon marché... société toute en paradoxe dans laquelle on ne rentre pas, il faut y naître, il faut de plus appartenir par un moyen ou un autre à la branche familiale la plus haute de la pyramide, comme la mère de Newland, cousine de la famille la plus ancienne et la plus puissante... On ne peut rien faire si l'on n'est pas bien né, et l'on ne peut choisir qui l'on aime, il est donc bien doux de se bercer de l'illusion d'être amoureux...nul doute que May aime son fiancé, nul doute aussi qu'elle est depuis la naissance conditionnée à l'aimer ou du moins aimer un homme tel que lui, "mais pourquoi changerions nous ce qui est déjà arrangé?" dit elle à un moment à son fiancé !! pas de place pour l'imprévu, nos personnages évoluent dans un monde extrêmement codifié, dénaturé, je dirai même artificiel. La comtesse apparait rapidement comme l'élément perturbateur, elle n'est cependant pas une paria, puisqu'elle est bien née, mais elle a cessé à un moment d'obéir à leurs codes, leurs règles, et donc d'appartenir à leur monde, c'est comme s'il y avait un point de non-retour, comme si quitter ce monde est irréversible. On lui trouve hypocritement mille et un maux à lui reprocher, elle ne correspond plus (ou pas dans son cas, car elle a toujours évolué comme en parallèle de ce monde, à cause de la mort prématurée de ses parents, elle n'a pas eu "un destin" bien propre et en ligne droite comme sa cousine May). A ce stade de la lecture, elle m'apparait comme le personnage le plus intéressant. Je sais que May aussi est plus complexe qu'elle n'en a l'air et que Newland un côté très touchant tout en demeurant très lâche...des très très beaux portraits de personnages... c'est vraiment ce qui me plait le plus pour le moment, j'ai hâte de les retrouver... |
| | | esperluette Magnolia-White Ampersand
Nombre de messages : 9312 Date d'inscription : 11/07/2009
| Sujet: Re: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Dim 7 Fév 2010 - 10:05 | |
| Je suis moi aussi d'accord avec une grande partie de vos remarques, du coup mon post va être moins long que le premier ! Et je dois avouer que j'ai bien avancé dans le livre depuis hier, je ne suis plus du tout le planning vu que je risque de le finir aujourd'hui^^ Mais je vais faire attention à ne pas vous spoiler ou me laisser influencer par ce que j'ai lu après le chapitre 11 ! Un des aspects qui m'a le plus frappé dans ce début du livre est l'évocation des différences entre les sociétés européennes et américaines. En effet la société new yorkaise apparaît comme figée, pleine de conventions; comme vous l'avez dit il y a ce qui est de bon ton et ce qui ne se fait pas. Mais Edith Wharton évoque ici les sociétés européennes comme beaucoup plus libres, ce qui peut sembler étonnant étant donné que les Etats Unis sont beaucoup plus jeunes, et quand on a lu des oeuvres évoquant le XIXéme en Europe on a pas forcément l'impression d'une grande liberté... Donc cela m'a un peu déstabilisée.^^ Je me suis très vite attachée à Newland Archer car même s'il correspond à ce que l'on attend d'un jeune homme dans son monde, on sent dès le début ses réticences, et ses possibles révoltes. A ce stade du roman la comtesse Olenska reste mystérieuse, j'avais un peu de mal à appréhender ce personnage, à savoir si elle agissait par naïveté ou par provocation... Et l'évocation du divorce est très intéressante. La femme a toujours tort ici, c'est comme lorsque Archer évoque sa liaison deux ans auparavant et qu'il imagine le même cas du point de vue de la femme... Sa relation avec May est complexe dès le début. Il est amoureux d'elle et est séduit par sa candeur, son innocence, mais en même temps ne peut s'empêcher de regretter l'éducation qu'elle a reçue. Elle a été maintenue dans cette innocence, destinée à faire une bonne épouse mais n'est-ce pas une forme de gâchis? Les conventions l'écrasent déjà. Un des passages qui m'ont le plus marquée à cet égard est le moment où Newland lui propose de partir avec lui, de s'enfuir comme des héros de roman : - Citation :
- - Mon Dieu ! Vous voulez donc m'enlever ?
- Je ne demande pas mieux ! - Comme vous m'aimez, Newland ! Je suis si heureuse. Nous ne pouvons pourtant pas agir comme des amoureux de roman, dit-elle en riant. - Pourquoi pas ? Pourquoi pas ? Elle parut un peu contrariée de son insistance. Elle sentait très bien que ce qu'il voulait était impossible, mais visiblement elle ne trouvait pas de raison à lui imposer. - Je ne suis pas assez forte pour discuter avec vous; mais ne serait-ce pas - comment dire ? - "mauvais genre" ? suggéra-t-elle doucement. Elle avait conscience d'avoir énoncé l'argument sans réplique. - Avez-vous si peur de paraître "mauvais genre" ? - Mais oui, j'en serais fâchée. Et vous aussi, ajouta-t-elle, légèrement piquée. Newland a peur d'être enfermé dans une vie sans surprises, et c'est pourtant ce à quoi il est destiné. J'ai été séduite par cette première partie, la mise est place de ce microcosme m'a semblé très habile et le style de Wharton, assez distancié me plaît assez, justement parce qu'il n'est pas trop froid non plus (c'était ce que je reprochais un peu au seul autre livre de Wharton que j'ai lu, Chez les heureux du monde, une certaine froideur). Mais j'admire celles qui le lise en VO ! Et j'avoue que je mélange un peu les personnages parfois. (Et je peux d'ores et déjà vous dire que la suite me plaît autant ! ) |
| | | Les yeux noirs Romancière anglaise
Nombre de messages : 2807 Age : 48 Localisation : Résolument tournée vers la Terre bien installée sur mon quartier de Lune Date d'inscription : 26/08/2009
| Sujet: Re: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Dim 7 Fév 2010 - 10:32 | |
| Ce que tu dis sur la relation de May et Newland est tout à fait juste, Esperluette. Newland est un homme plein de contradictions tiraillé entre son éducation et des valeurs qu'il pense être siennes mais avec lesquelles il n'est pas en parfaite adéquation cependant. En effet à ce que tu écris - esperluette a écrit:
Newland a peur d'être enfermé dans une vie sans surprises, et c'est pourtant ce à quoi il est destiné.
j'ajouterai un citation du chapitre 11 C'était la note du vieux New-York : c'était celle qu'il aimerait toujours à retrouver chez sa femmeInconsciemment au fond de lui il est un homme aux aspirations plutôt modernes mais il ne peut pas se l'avouer en encore moins le faire connaître aux yeux de la bonne société. Il n'est pas prêt à assumer ses réels désirs. |
| | | Val Subtil compliment
Nombre de messages : 184 Age : 39 Date d'inscription : 04/01/2010
| Sujet: Re: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Dim 7 Fév 2010 - 10:47 | |
| Je suis d'accord avec vos commentaires. Cette plongée dans la haute société New-Yorkaise et la découverte des moeurs du 19 ème siècle est très intéressante. Ce roman est très agréable, les descriptions des personnages sont géniales notamment celle de Van der Luyden et de Mrs Mingott Catherine. Pour le moment je trouve le personnage de May effacé. Dans ces premiers chapitres, la bienséance, les liens familiaux, les conventions sociales sont élevés au rang de religion suprême et sont un poids pour Archer qui a envie de liberté, de briser la monotonie. On voit bien l'opposition de l'individu contre le groupe. La comtesse Olenska représente la liberté, l'indépendance mais on ne sait pas grand chose de son passé. Elle ouvre les yeux à Archer. Mais j'ai bien peur qu'Archer voulant nager à contre courant se fasse broyer par la société. J'ai hâte de savoir la suite. |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Dim 7 Fév 2010 - 12:25 | |
| J’ai terminé hier soir ma lecture de cette première partie, je suis contente de pouvoir enfin lire vos commentaires, mais je poste d’abord mes impressions afin de ne pas être influencée par les vôtres. Je dois malheureusement l’avouer, cette première partie ne m’a pas emportée. Je pense cependant que c’est en partie dû aux conditions de ma lecture, trop hachée pour que la prose de Wharton puisse faire son effet sur moi, je crois. J’ai trouvé cette introduction un peu lente, et, comment dire… un peu trop introductive. La romancière tient à bien décrire le milieu dans lequel vont évoluer les personnages principaux, ce qui fait qu’on s’y sent plongé, clairement, mais aussi que l’intérêt n’est pas tout de suite titillé. On sent vite bien sûr que la comtesse Olenska va avoir une influence déterminante sur l’évolution de Newland Archer et que du coup les fiançailles vont peut-être connaître quelques aléas, mais franchement, l’accent semble plus au documentaire qu’à l’intrigue psychologique. Mis à part ce bémol, je trouve que c’est très bien écrit et la galerie de personnages m’a intéressée. Mrs Manson Minggot déjà, une figure haute en couleur et plutôt amusante (est-ce à elle que la comtesse doit son anticonformisme?). Et puis Sillerton Jackson, les Beaufort et surtout les van der Luydens et leur duc, je les trouve tous très bien croqués, on observe leur savant ballet avec un petit sourire ironique aux lèvres. Bon, j’ai trouvé parfois un peu difficile de m’y retrouver au milieu de tous ces noms mais maintenant ça va mieux. Ce qui lance vraiment l’histoire, à mon avis, c’est la réception de van der Luydens et surtout le chapitre 11, à vrai dire, lorsque Newland est pressenti pour gérer le divorce. C’est vraiment à ce moment que j’ai eu envie d’en savoir plus et de voir comment le héro va faire la part des choses entre l’attrait inconscient qu’exerce sur lui la «différence» de la comtesse et les sentiments, certainement sincères malgré leur côté raisonnable, qu’il a pour sa fiancée. Le passage que tu nous as demandé de commenter, Artemis, est un de ceux qui m’ont fait le plus réfléchir. Je me suis non seulement demandé s’il était possible que des hommes de cette époque envisagent une plus grande liberté pour les femmes, mais aussi combien d’entre eux pensaient tout simplement au thème à défaut d’avoir une telle lucidité. Mais je suis médisante, Thomas Hardy a finalement eu le même type de réflexion. _________________ |
| | | Les yeux noirs Romancière anglaise
Nombre de messages : 2807 Age : 48 Localisation : Résolument tournée vers la Terre bien installée sur mon quartier de Lune Date d'inscription : 26/08/2009
| Sujet: Re: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Dim 7 Fév 2010 - 12:35 | |
| Il est vrai qu'à plusieurs reprises je me suis fait la réflexion qu'Edith Wharton n'en finissait pas "d'enfoncer le clou" mais c'est peut-être parce que de mon côté je craignais un excès de "romance" que cela ne m'a pas gêné outre mesure... Il me semble effectivement qu'il est possible que des hommes de cette époques aient pu avoir une telle réflexion...cependant peut-être y avait-il plus de chance que cela arrive à ceux qui n'étaient pas autant enferrés dans les conventions que ne peut l'être Newland Archer. |
| | | clinchamps Oshaberi Sensei
Nombre de messages : 72616 Age : 81 Localisation : Dans les bois du Fushimi Inari-taïsha Date d'inscription : 09/01/2007
| Sujet: Re: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Dim 7 Fév 2010 - 12:35 | |
| je pense que Newland Archer est intelligent, ce qui amène tout naturellement à se poser des questions, surtout que l'arrivée d'Ellen rend ces questions plus réelles. De là à entrer en conflit ouvert avec la société qui l'a formaté, il y a pas mal de chemin à faire !! Il est allé en Europe, pour le voyage "obligé" de tout jeune homme bien éduqué, peut-être a-t-il lu ou croisé des idées sur la liberté des femmes ? est-ce impossible en 1877 ? Il faudrait que je fasse des recherches ! Edit : 8 mars 1857 : les femmes de New York envahissent les rues pour réclamer la journée de 8 heures !!! mais c'étaient des ouvrières, et comme le dit Newland lui-même, les femmes de son monde ne réclament rien ! cependant l'idée était dans l'air |
| | | cat47 Master of Thornfield
Nombre de messages : 24251 Age : 67 Localisation : Entre Salève et Léman Date d'inscription : 28/01/2006
| Sujet: Re: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Dim 7 Fév 2010 - 13:38 | |
| Je crois que tu as raison, Clinchamps. En fait plus encore que son intelligence, je crois que c'est son côté intellectuel qui est à mettre en exergue. N'y a-t-il pas d'ailleurs un passage dans lequel Wharton se moque du fait que dans le milieu en question, livres et culture en général ne sont pas vraiment l'occupation première? Alors que Newland a me semble-t-il non seulement une bibliothèque bien fournie mais il s'en sert. @Esperluette : le thème de la société européenne bien moins collet monté que la société américaine ressort aussi clairement dans The Buccanneers. Il me semble également chez Henry James, d'ailleurs. James et Wharton, qui étaient amis, ont tous deux été fascinés par l'Europe et ont d'ailleurs fini leur vie l'une en France et l'autre en Angleterre. Je crois que leur choix était fait. _________________ |
| | | Accalia Enfolded in Adoring Gaze
Nombre de messages : 3264 Age : 34 Localisation : pas loin... Date d'inscription : 29/04/2008
| Sujet: Re: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Dim 7 Fév 2010 - 14:09 | |
| Vous avez déjà trés bien résumé mes pensées... Je n'aimais pas vraiment Newland Archer au début, avec ces "ce qui se fait ou pas", pour moi c'était un bellâtre et c'est tout. Seule la contesse m'interressait (la contesse et sa famille qui est une véritable forteresse contre les autres...j'ai beaucoup aimé cette idée d'une famille si forte et unie qu'elle se dresse contre toute la société et lui fait un pied de nez en l'obligeant à accepter le retour de la Contesse...parce que même si ils refusent le divorce, ils ont accepté son retour, ce qui est déjà immense quand on est en disgrâce. Normalement ils auraient dû refuser de reprendre le mouton noir de la famille prés d'eux. ) Donc j'ai beaucoup aimé cet aspect là (je suis trés famille moi^^) Et j'adore la maison qui fait super "cosy" de la contesse...je m'y sentais trés bien (alors que le pauvre Archer était légèrement godiche ) Sinon Archer commence à s'améliorer un peu. Mais je trouve cela trop facile de ne faire que de penser et rêver une vie moins conventionnelle. Ce qui fait un homme (pour moi) c'est ses actes. Les pensées, c'est le début, mais cela ne va pas loin. Le jour ou il la donnera la liberté à May il aura toute ma considération. Mais il ne compte pas le faire. Il se sent choqué de la situation,mais il ne va rien changer. (enfin je crois...) D'ailleurs j'aurais voulu voir sa tête si au moment de son envolé lyrique avec May "partons ensemble qu'importe ce qui se fait" elle s'était exclamée: "Oh oui mon chéri enlève moi maintenant, tout de suite!"...je pense qu'il se serait refroidi et qu'il aurait été tréééés choqué .... Bref je ne suis pas fan du personnage pour le moment. Mais il a encore une chance de bien tourner avec la contesse. J'espère qu'il va bien la défendre. Le passage que tu cites Artémis, défend bien mes pensées...tant qu'il ne fait que de penser, il ne remonte pas dans mon estime. En fait, il manque de courage. Jamais il n'osera donner cette liberté à sa femme. Cela lui ferait presque peur. Imaginez ce qu'elle pourrait faire? Je ne sais plus quand, mais à un moment donné, Archer dit quelque chose comme: Les hommes sont sensés avoir une expérience et la cacher, tandis que les femmes sont sensées tout ignorer. Bon la mon âme de féministe est dans tous ses états Je me demande comment les mères pouvaient laisser faire ca à leurs filles. Elle devait être joyeuse la nuit de noce! Je suis bien contente de ne pas être née à cette époque ou on arrivait sans rien savoir (ah si on savait broder) et ou on dépendait de son père, puis de son mari et enfin de son fils. Je plains la mére et la soeur d'Archer sinon....quelle vie peu attrayante....surtout pour la soeur qui de temps en temps à des envolées romantiques que tout le monde fait bien attention d'ignorer en espèrant que cela passera. Cette fille ne vit pas, ou ne vit que par procuration. Bon, j'ai été assez énervée, puisqu'on a dû s'arréter au moment ou cela devenait trés interressant. J'ai hâte de lire la suite. Merci pour l'organisation et de me faire découvrir un nouvel écrivanin. (J'étais pas trés contente au début , mais je suis convertie) |
| | | January Extensive reading
Nombre de messages : 222 Age : 44 Localisation : Picardie Date d'inscription : 13/08/2009
| Sujet: Re: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Dim 7 Fév 2010 - 18:15 | |
| Après avoir lu vos commentaires, je suis entièrement d'accord avec vous toutes et ai peu de choses à rajouter. La première scène à l'opéra est à l'image du "vieux New York" : elle est lente, voire même un peu pesante et introduit de nombreux personnages dont j'ai parfois eu du mal à retenir le nom et le lien de parenté. Mais grâce à elle le décor est de suite planté et on comprend rapidement l'ambiance rigide et étouffante de cette haute société, qui finalement est très étriquée et refermée sur elle-même. A part Mrs Manson Mingott (que j'aime assez) qui, parce qu'elle vient d'un autre milieu, a un regard plus ouvert, les femmes y sont pires que les hommes, parce qu'elles sont les gardiennes de cet esprit, comme le dit Newland, et que cloîtrées chez elles et entre elles, elles n'ont pas la possibilité ni l'intelligence de confronter leur vision du monde à une autre. Et même les Anglais sont vus d'un mauvais œil ! Julius Beaufort ou le duc sont, j'ai l'impression, plus souvent critiqués pour leurs manquements (supposés ou non) aux usages en cours à New York que pour leurs défauts propres. Newland (d'ailleurs son prénom veut tout dire !) m'apparaît, dés le début, assez décalé dans cette société. C'est étrange, il ne semble pas avoir de vrais amis dans les jeunes hommes qu'il fréquente, ils font juste partie du même club. Et May semble une jeune fille des plus banales pour l'époque : jolie, effacée, douce, respectueuse des convenances. Finalement, dans cette première partie, c'est surtout la description de cette société sclérosée qui m'a intéressée. Mais, c'est juste à la fin du chapitre 11 (j'avoue j'ai déjà lu la suite) que la situation des personnages commence à évoluer et que mon intérêt pour eux a augmenté.
NB : "vieux New York", je ne suis pas habituée à cette expression, cela voudrait-il dire qu'à partir d'une certaine période (peut-être suite à des vagues d'immigration) cette atmosphère pesante a cessé d'exister ? |
| | | Testifly Cherry Blossom Girl
Nombre de messages : 2458 Age : 34 Date d'inscription : 09/02/2008
| Sujet: Re: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Dim 7 Fév 2010 - 18:56 | |
| Je crois que je vais faire tâche parmi tous vos commentaires plutôt élogieux car je me suis assez ennuyée en lisant cette première partie (et je crois que je n'ai pas grand chose à rajouter à vos remarques pertinentes) J'ai trouvé le roman très long à démarrer, il se passe quelque chose qu'au onzième chapitre ; une coïncidence ! Je suis absolument perdue dans la galerie des personnages. Je trouve qu'il y en a beaucoup trop ; mais c'est peut-être un effet voulu par l'auteure, je vais devoir aller visiter mon ami Wiki pour me réperer parmi tous ces bourgeois. En revanche, j'adore comment la plume d'Edith Wharton critique la société newyorkaise. Je reconnais que le style de l'écrivain est admirable. Elle sait dire beaucoup avec peu de mots. Je suis assez attachée au personnage de Newland qui détonne au milieu de cette société superficielle du XIXe siècle. Mais le personne qui me plaît le plus pour le moment est la "pauvre Ellen" ; elle est absolument fascinante, j'ai vraiment hâte d'en savoir plus sur son passé ! Quant au personnage de May, que j'ai eu beaucoup de mal à associer à Newland, je le trouve bien fade... En bref, je suis déçue par cette première partie, mais j'espère bien que la suite me réservera de bonnes surprises ! |
| | | Rosalind Ice and Fire Wanderer
Nombre de messages : 17037 Age : 74 Localisation : entre Rohan et Ruatha ... Date d'inscription : 17/04/2008
| Sujet: Re: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Lun 8 Fév 2010 - 0:32 | |
| Comme toi Testifly j'ai eu du mal à accrocher au début. Je n'étais peut-être pas dans les meilleures conditions de lecture, j'ai commencé dans le train et j'avais plutôt sommeil... et les premiers chapitres ont bien contribué à m'endormir:sleep: J'ai trouvé qu'il y avait trop de personnages que je ne situais pas bien. je revenais sans cesse en arrière pour essayer de m'y retrouver, entre Julius Beaufort, Sillerton Jackson, Lawrence Lefferts, qui de plus élucubrent sur les parentés et cousinages de toutes les familles Le "héros" Newland Archer ne m'a pas été très sympathique, beaucoup trop snob et conventionnel, et même carrément détestable dans son attitude par rapport à sa fiancée - Citation :
- Si Archer avait pu sonder le fond même de sa propre vanité -ce qui lui arrivait parfois- il y aurait trouvé le souci que sa femme fut aussi avertie, aussi désireuse de plaire que cette autre femme dont les charmes avaient retenu son caprice pendant deux années. Cependant, chez la compagne de sa vie, il n'admettait, naturellement, aucune faiblesse semblable à celle qui avait failli gâcher l'avenir de cette malheureuse, et qui avait dérangé ses projets à lui pendant tout un hiver.
Heureusement il semble devenir plus intéressant par la suite, j'ai commencé à l'apprécier à la fin du chapitre 11 (il était temps !!!) quand il semble qu'il va soutenir la cause d'Ellen. Sa fiancée May paraît bien trop sage et effacée, mais elle réserve peut-être des surprises, enfin j'espère Le personnage le plus intéressant pour le moment est Ellen Olenska, c'est la seule qui ne soit pas engluée dans les conventions de la société bien pensante. A ce propos j'ai ressenti comme Esperluette une certaine surprise, je ne pensais pas que la société américaine était aussi rigide, du moins à New-York. C'est plutôt Boston et la Nouvelle-Angleterre que je voyais ainsi. Et rien à voir, mais j'ai été étonnée par l'allusion au peintre Cabanel, je ne pensais pas qu'il était connu aux Etats-Unis ! |
| | | serendipity Aurora Borealis Chaser
Nombre de messages : 12420 Date d'inscription : 31/05/2007
| Sujet: Re: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Lun 8 Fév 2010 - 13:16 | |
| Tout d'abord merci à vous toutes pour ces commentaires (et pour les citations que vous avez insérées dans vos commentaires, qui me sont précieuses, moi qui lis en VO). Merci également à Lady Clare d'avoir pris le temps d'insérer quelques éléments de contexte utiles aux personnes qui ont le texte intégral et seulement le texte Comme certaines d'entre vous, j'ai été un peu déçue quand j'ai vu le résultat du vote, mais je suis contente de m'être laissée embarquer dans cette lecture de groupe Pour le moment, j'aime bien ce que je lis, j'aime le style de Wharton (même si je dois reconnaître que j'ai un peu ramé au début de ma lecture). J'ai juste un bémol sur la personnalité de la Comtesse. Je vous avoue que, pour le moment, elle n'a pas éveillé en moi de sympathie particulière (et la féministe que je suis en est un peu gênée aux entournures ). Je dois avouer que cette femme qui connaît parfaitement la société newyorkaise -puisqu'elle y a été élevée- et qui la réintègre un peu par la force ne m'est pas des plus sympathiques -pour le moment. Elle sait pertinemment que ce retour peut apparaître scandaleux, mais au lieu de faire profil bas quelques temps avant de tenter progressivement de réintégrer cette société si sclérosée, elle passe en force et s'impose. Je la trouve assez égocentrique. Tout lui est dû (y compris l'assistance de ses proches). Bon je vais arrêter là, au risque de transformer ce bémol en charge |
| | | lila Héritier de Hamley Hall
Nombre de messages : 483 Age : 66 Localisation : SARTROUVILLE Date d'inscription : 26/02/2008
| Sujet: Re: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Lun 8 Fév 2010 - 13:36 | |
| Je vais avoir du mal à vous suivre, je ne peux écrire qu'au bureau et ce n'est pas facile. Je n'ai pas lu tous vos commentaires.
Comme certaines, j'ai eu du mal à accrocher, l'intrigue était longue à venir. Je fus perdue avec tous ces noms, il fallait me souvenir de qui est qui. Je remarque tout de suite que la Comtesse et Archer sont attirés l'un vers l'autre et qu'il y aura quelque chose par la suite. Si j'avais été à la place d'Archer j'aurais aidé la Comtesse dans le sens qu'elle aimerait qu'on la défende. Mais il est vrai qu'une femme libérée était égale à femme légère à cette époque et à quelques années de nous aussi. Je suis désolée de ne pas écrire plus. Je m'attaque à la suite.... |
| | | Resmiranda Faithful Heart
Nombre de messages : 3891 Age : 41 Localisation : Belgique Date d'inscription : 27/04/2007
| Sujet: Re: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Lun 8 Fév 2010 - 14:13 | |
| Je vais rejoindre le club des "pas très emballée pour l'instant mais le chapitre 11 est prometteur" même si j'ai très peu à ajouter devant les analyses qui ont déjà été faites. J'ai eu un peu de mal à entrer dans le roman, j'avoue m'y perdre encore un peu dans la galerie des personnages de ce livre (un peu comme un nouveau riche devait se sentir perdu en essayant d'entrer dans ce cercle de "bonnes familles" et leurs codes). Bref, ces premiers chapitres m'ont été assez pénibles bien que j'aime assez le style d'Edith Wharton. J'avoue également ne pas apprécier des masses le personnage d'Archer (sa façon de pensée à May et à son avenir avec elle m'insupporte grandement ). La comtesse me fait penser à deux autres personnages : celui d'Isabelle Archer (Portrait de femme d'Henry James) et Mrs Cheveley (An ideal husband d'Oscar Wilde), j'ai immédiatement pensé à elles. J'espère qu'Edith Wharton va un peu plus développer ce personnage par la suite. J'ai hâte aussi de lire ce qui va advenir de May, j'espère découvrir qu'il se cache autre chose derrière ce sourire candide. |
| | | lady Clare Lily-white Doe
Nombre de messages : 9970 Localisation : Between Thornfield Hall and Pemberley Date d'inscription : 01/10/2008
| Sujet: Re: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Lun 8 Fév 2010 - 14:47 | |
| Merci pour vos commentaires les filles... Même si je comprends parfaitement vos réticences sur le début du roman, pour ma part, ce rythme un peu lent ne m'a pas du tout gênée... Comme je l'avais déjà précisé, j'avais déjà lu ce livre, je le découvre donc autrement cette fois. Il me semble qu'il s'agit bien là pour le lecteur d'entrer dans un univers qu'il ne connait pas, dont les codes sont d'ailleurs aujourd'hui obsolètes sans doute, et la romancière prend bien le temps d'installer son univers avec une foison de détails, mais je trouve aussi que dans les détails, elle révèle beaucoup de choses... La description du teint d'une jeune fille fraîchement fiancée, le bouquet de fleurs, invariablement le même tous les jours qu'elle tient à la main, la bibliothèque aux meubles gothiques, tout ceci apparaît très délicatement par petites touches, à la manière d'un peintre... Je pense aux tableaux de Whistler par exemple... Tout ceci nous révèle déjà une chose, sous de bien jolies apparences, la vie de cette fourmilière de luxe (on s'y perd effectivement avec tous ces personnages et leur pedigree ) est d'une terrible banalité. J'ai remarqué aussi, sauf erreur de ma part, qu'on ne parle jamais du père de Archer, comme dans les familles aristocratiques anglaises (n'est ce pas Mr Darcy?), il porte en prénom, presque comme une marque de fabrique, un poinçon qui atteste de ses bonnes origines, le nom de famille de sa mère. Il est LA famille dans toute son essence, la combinaison d'un mariage idéal qu'il doit reproduire à l'identique. C'est pour cela que j'étais un peu étonnée qu'on ne sache rien de sa branche paternelle. De May, par contre, on sait qu'elle est tout entière dévouée à sa famille, ses parents ont déjà leur idée sur sa maison de jeune mariée, le mariage ne semble rien changer à sa vie finalement. Entre May et Archer j'ai aimé quand même cette connivence qui existe entre eux et qui fait qu'ils se comprennent en un seul regard. |
| | | Fred Amazing Needle Spirit
Nombre de messages : 3739 Age : 53 Localisation : les pieds sur terre et la tête dans les nuages Date d'inscription : 05/10/2009
| Sujet: Re: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Lun 8 Fév 2010 - 14:49 | |
| Je suis la mauvaise élève de la semaine! Je n'ai pas réussi à lire tous les chapitres.. j'ai du mal en général à entrer dans un livre et celui là ne fait pas exception! Pourtant dès les premières lignes, je me suis dit "Chic, on entre directement au coeur du sujet" et puis j'ai vite déchanté! Ces longues pages de description ont eu raison de ma volonté. J'ai suspendu ma lecture pour éviter de lire contre mon gré. - Rosalinde a écrit:
- Heureusement il semble devenir plus intéressant par la suite, j'ai commencé à l'apprécier à la fin du chapitre 11 (il était temps !!!)
Je vais m'accrocher, je n'ai plus tellement à lire pour y arriver! Sinon, je trouve Newland Archer très touchant. On sent bien qu'il est formaté par le milieu dans lequel il vit et que ça influence ses actes. Ce coté chevaleresque, pétri de bonnes intentions est exacerbé par son éducation. Il est pétri de certitudes alors qu'il commence tout juste sa vie d'adulte. Il ressemble à ces enfants qui jouent à être des grandes personnes. S'agissant de la question féministe (si on peut l'appeler comme ça), elle me semble légèrement anachronique et néanmoins plausible. On se situe à une époque de transition (fin de la guerre de sécession, révolution industrielle) dans un pays jeune donc propice à la diffusion d'idées nouvelles. Mais, la société américaine et en particulier la bourgeoisie New-Yorkaise de l'époque semble très conservatrice et ça me parait bizarre qu'entre la période où se situe le roman et celle des suffragettes (plus d'une génération), la cause féministe ait si peu évolué. Des recherches s'imposent! (j'essaierai de trouver le temps cette semaine) Mais avant, je vais finir les chapitres en retard! Vous lire m'a redonné l'envie!
Dernière édition par Fred le Lun 8 Fév 2010 - 20:48, édité 2 fois |
| | | lady Clare Lily-white Doe
Nombre de messages : 9970 Localisation : Between Thornfield Hall and Pemberley Date d'inscription : 01/10/2008
| Sujet: Re: Semaine 1 : chapitres 1 à 11 inclus Lun 8 Fév 2010 - 14:58 | |
| Je m'interroge comme toi Fred, au sujet de la question des femmes, mais n'oublions pas que nous sommes dans un milieu cloisonné, feutré & presque hermétique à ce qui se passe en dehors du cercle si l'on peut dire... C'est un peu, à mon sens en tout cas, comme si ce milieu-là ne pouvait pas être contaminé par des idées novatrices...ou en tout cas pas facilement...et les femmes y sont de tels objets, retirez les de leur socle doré et un monde s'écroule... |
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