[Lecture] Semaine 1, Chapitres 1 à 15

Certes, Mr Hale est comme Mr Bennet, il a épousé un jolie papillon et fait avec.

Je trouve qu'il a l'art de se décharger des corvées avec une insouciance qui m'épate. Il compte sur Margaret sans vergogne je n'arrive pas à le comprendre. Estime-t-il sa fille plus habile que lui-même ? curieux pour un pasteur, un berger d'âmes ou est-ce que Margaret étant une femme, elle saura mieux faire passer la pilule ?

Fred a écrit:

La vie ne lui a guère apporté de joies ou alors elles lui ont été retirées. Je comprends qu'elle puisse avoir des regrets et devenir aussi désagréable pour son entourage. C'est très humain, comme comportement!

Je la comprends un peu aussi, elle a suivi son coeur, jeune fille, sans considération sociale ni financière. Elle le regrette sûrement, elle ne vit pas dans la pauvreté, mais son budget est très limité. D'ailleurs elle n'a pas pu aller au mariage de sa nièce, faute d'une nouvelle robe à se mettre. Elle se plaint parce qu'elle est malheureuse à Helstone, pas d'amis à fréquenter, pas de mondanités, etc. Son mari a dû beaucoup la décevoir aussi, elle devait avoir une vision romantique de l'amour et la réalité ne lui convient pas. Mais elle fait peut-être partie aussi de ces gens qui se plaignent tout le temps et qui ne sont jamais heureux. Une personne faible comme dirait Mrs Thornton.

Fée clochette a écrit:

Je trouve qu'il a l'art de se décharger des corvées avec une insouciance qui m'épate. Il compte sur Margaret sans vergogne

J'ai été vraiment choquée aussi. Mais c'est typiquement masculin de l'époque, cet art de l'esquive et cette fuite des responsabilités (cf Mr Bennet, le frère de Marianne et d'Eléanor, Sir Walter, et j'en oublie sûrement).

tout de même Cassandre, pas tous se comportent ainsi, mais c'est un trait de caractère que j'avoue n'avoir rencontré que dans les livres, n'ayant pas assez observé autour de moi.... vais m'y mettre, je vais bien trouver des Mr Hale, Bennet, Dashwood, Walter etc....

Il est vrai aussi qu'aller à cette époque à un mariage avec une vieille robe était montré du doigt, mais tout de même, elle en fait des histoires !!! Mrs Bennet avec ses trois bouts de dentelles et deux rubans remaniait tout cela sans problème

Fée clochette a écrit:

Certes, Mr Hale est comme Mr Bennet, il a épousé un jolie papillon et fait avec.

Sauf que Mr Bennet, il est désenchanté, Mr Hale est toujours sous le charme, lui!

Cassandre a écrit:

Mais elle fait peut-être partie aussi de ces gens qui se plaignent tout le temps et qui ne sont jamais heureux. Une personne faible comme dirait Mrs Thornton.

La part de l'acquis et celle de l'inné! Tout un débat.

Fée clochette a écrit:

Je trouve qu'il a l'art de se décharger des corvées avec une insouciance qui m'épate. Il compte sur Margaret sans vergogne je n'arrive pas à le comprendre.

Et en fait, la gestion de la maison incombait en intégralité aux femmes, regarde Emma! Très jeune elle a du prendre en main Hartfield.

je ne parle pas de la gestion de la maison Fred.... j'ai dû mal m'expliquer... je parle de la façon dont il charge Margaret d'avertir sa femme.... une anguille ce pasteur

Je ne sais pas si Mr Hale est sous le charme, je le sens plutôt coupable de ne pas avoir rendu sa femme heureuse et il redoute (comme pas mal d'homme) ses pleurs... je crois.

Moi, je vois Mr Bennet résigné pas désenchanté, il s'est fait une petite vie bien à lui et son porto, ses livres, le spectacle de ses filles qu'il traite avec ironie et les nerfs de sa femme (ce qui donne des réparties savoureuses), ne me montrent pas un homme triste, mais plutôt pince sans rire. j'avoue qu'il laisse bien tomber l'éducation de ses filles sauf des deux premières. Mais cette éducation là incombait à la mère de famille ou une institutrice particulière.
D'ailleurs, les demoiselles Bennet sont éduquées, pas d'une façon parfaite, mais librement et si elles ne se fondent pas dans le moule parfait que réclame la bonne société, cela convient au père qui m'a l'air d'être fort original.

Mr Hale ne possède ni cette ironie, ni cette originalité, qui fait que je puisse m'attacher à lui.

Quant à Emma elle se charge de tout mais se fait pas mal de fausses idées sur la vie, heureusement que Mr Knightley la met dans le droit chemin de temps en temps.

je pensais que vous parliez du déménagement. J'ai lu trop vite! Une fois de plus!

Fée clochette a écrit:

tout de même Cassandre, pas tous se comportent ainsi, mais c'est un trait de caractère que j'avoue n'avoir rencontré que dans les livres, n'ayant pas assez observé autour de moi.... vais m'y mettre, je vais bien trouver des Mr Hale, Bennet, Dashwood, Walter etc....

Oui, Fée Clochette je parlais de littérature et de certains pères de l'époque. Mais je ne faisais aucune allusion sur la gent masculine en général.

Fée clochette a écrit:

:Il est vrai aussi qu'aller à cette époque à un mariage avec une vieille robe était montré du doigt, mais tout de même, elle en fait des histoires !!! Mrs Bennet avec ses trois bouts de dentelles et deux rubans remaniait tout cela sans problème

Tu me fais rire avec des bouts de dentelle. Personnellement, je n'ai pas été choquée, certaines femmes ont du goût pour la toilette et aiment avoir une robe neuve pour des événements importants. Ce qui me choque, c'est qu'à l'époque, cette attitude est habituellement réservée à des jeunes filles qui doivent trouver un mari et Mrs Hale n'a pas à se placer et aurait dû aller à ce mariage. Mais elle ne voulait peut-être pas montrer à sa sœur, sa pauvreté.

cassandre a écrit:

certaines femmes (...) aiment avoir une robe neuve pour des événements importants.

Pour qui je vais passer... J'ai été élevée comme ça.

cassandre a écrit:

Ce qui me choque, c'est qu'à l'époque, cette attitude est habituellement réservée à des jeunes filles qui doivent trouver un mari et Mrs Hale n'a pas à se placer et aurait dû aller à ce mariage. Mais elle ne voulait peut-être pas montrer à sa sœur, sa pauvreté.

Elle n'a pas à se placer, mais elle est un peu vaniteuse quand même et ne veut pas subir les regards des autres sur "la fille de Lord Beresford". Je ne pense pas que ce soit à sa soeur qu'elle veuille cacher sa pauvreté, elle ne veut souffrir de la comparaison!

Fred a écrit:

Pour qui je vais passer... J'ai été élevée comme ça.

Là aussi, je parlais plus de littérature que de la réalité, car moi aussi, j'aime avoir une toilette neuve pour une occasion particulière. Toujours l'éternel débat entre l'être et le paraître. Je pensais à toutes ces coquettes qui négligent tout pour avoir une robe et parader dans les bals.

Fred a écrit:

mais elle est un peu vaniteuse quand même et ne veut pas subir les regards des autres sur "la fille de Lord Beresford

Tu as raison, c'est une vaniteuse. Finalement Mrs Thornton est presque une meilleure mère que Mrs Hale.

cassandre a écrit:

Fred a écrit:

mais elle est un peu vaniteuse quand même et ne veut pas subir les regards des autres sur "la fille de Lord Beresford

Tu as raison, c'est une vaniteuse. Finalement Mrs Thornton est presque une meilleure mère que Mrs Hale.

Parce que Mrs Thornton est une force de la nature, hyper protectrice alors que Mrs Hale est davantage une femme qu'on est contraint de protéger.

Je vous rejoins enfin, très tardivement

J'ai lu tous vos commentaires avec grand plaisir (un grand merci à mimmid pour cet éclairage historique ).

Bon, je crains de n'avoir rien de très intéressant à ajouter

Quelques commentaires néanmoins :

- je reviens en arrière sur la discussion Margaret brode / Mrs Thornton reprise. Quelqu'un a dit que Margaret devait également repriser mais que c'était passé sous silence par Mrs Gaskell. N'est-ce pas parce que l'éducation reçue par Margaret lui interdit de pratiquer une telle éducation peu noble en public (ou tout au moins dans le salon, la pièce où l'on reçoit) ou bien est-ce parce que ces tâches sont réservées à Dixon

- s'agissant de la longue conversation entre Thornton et Margaret dans la chapitre 15, je me suis constamment demandé si à cette époque, on aurait laissé une jeune fille parler aussi librement si longtemps à un homme, son aîné. Surtout en présence de son père

En tout cas, merci d'avoir lancé ce marathon qui me permet de lire "North and South" (ma fainéantise me faisant presque considérer qu'ayant visionné la mini-série, j'étais presque exonérée d'une lecture de l'oeuvre )

serendipity a écrit:

Quelqu'un a dit que Margaret devait également repriser mais que c'était passé sous silence par Mrs Gaskell. N'est-ce pas parce que l'éducation reçue par Margaret lui interdit de pratiquer une telle éducation peu noble en public (ou tout au moins dans le salon, la pièce où l'on reçoit) ou bien est-ce parce que ces tâches sont réservées à Dixon

Tu as touché du doigt une pratique courante dans les familles du XIXe. Oui, toutes les femmes savent repriser, car le linge doit durer. Dixon reprise certainement ou bien à Helstone elle faisait sans doute travailler une lingère c'était fort courant. Mais à Milton, apparemment, la main-d'oeuvre est moins facile à trouver et chère, il faut bien s'y mettre, sauf que Mrs Hale lui prend tout son temps et que c'est Margaret qui s'occupe du linge.

jE remarque que Mrs Thornton reprise, mais elle n'est pas en train de recevoir.

Margaret, brode. Les jeunes filles avaient tout intérêt à broder ou à faire de la dentelle, lorsqu'elles recevaient en compagnie du reste de la famille. D'une part, cela leur donne une posture et la possibilité de baisser les yeux, de ne pas s'ennuyer ou dévoiler leur manque d'enthousiasme si le visiteur ne leur plait pas. Ou de se lancer des oeillades de temps en temps avec l'hôte s'il plait. Cela permet aussi démontrer son goût et son adresse dans cet art difficile qu'est la broderie. Enfin qu'elle est une jeune fille accomplie, elle sait occuper son temps : elle n'est pas paresseuse.

Quant à la prise de parole de Margaret, elle est possible, elle n'est pas seule dans la pièce avec John, Mr Hale est un peu sa "duègne" il la chaperonne. mais il est vrai que cela devait être peu courant. De la part de Mr Hale, cela ne me surprend pas, il a l'air de beaucoup estimer sa fille.

Je ne suis que dans le marathon "adaptation" mais je suis vos discussions très intéressantes et très instructives avec grand plaisir!
Merci à vous !

Merci pour ces passionnants échanges ! C'est vraiment un plaisir de vous lire !
J'arrive comme un cheveu sur la soupe et avec un mois de retard , mais je voulais quand même partager un peu plus loin mes impressions de lecture avec vous !

D'abord, je me prosterne devant Mimidd grâce à qui j'ai enfin compris ce qui se passait avec Mr Hale ! Parce que j'ai lu plusieurs fois le roman et vu l'adaptation, et à chaque fois, je sentais qu'il me manquait un élément pour comprendre !


Pour reprendre la discussion sur Fanny, je pense qu'elle a été sur-protégée. Comme on l'apprend dans le roman, elle était très jeune lorsque son père est mort, et j'ai l'impression que sa mère et son frère ont tout fait pour qu'elle n'en subisse pas les conséquences, qu'elle n'en souffre pas. Résultat, elle a grandi dans une sorte de bulle ce qui fait qu'elle n'a pas été confrontée à la réalité comme son frère et sa mère, réalité dure qui a aussi renforcé leurs caractères (enfin, c'est juste une idée !) D'ailleurs, Fanny est un personnage qui m'amuse, notamment dans ce passage (je me demande d'ailleurs si je ne l'avais pas déjà relevé dans le topic des citations):

Citation :

Dans une pièce distante, on entendait s'égrener des exercices de piano. Quelqu'un répétait un morceau de salon sur un rythme très rapide qui escamotait deux notes sur six en moyenne ; quant aux accords finaux, plaqués avec force, ils étaient faux pour une bonne moitié, mais n'en satisfaisaient pas moins leur exécutant.

Je pense qu'il se serait agi de Mrs Thornton ou de son fils, chaque erreur aurait été immédiatement perçue, et les exercices de piano auraient été recommencés encore et encore jusqu'à obtenir un résultat satisfaisant.

Par ailleurs, sur la relation qu'entretiennent Fanny et sa mère, ce passage nous éclaire un peu :

Chapitre 12 a écrit:

Elle [mrs Thornton] concevait un mépris inconscient pour les faibles ; hors Fanny était faible dans les domaines précis où sa mère et son frère étaient forts.[...] D'instinct, elle sentait que rien ne pourrait aguerrir Fanny, ni lui donner la force de supporter patiemment des épreuves et de faire face avec courage à des difficultés. Et si cette constatation concernant sa fille la contrariait fort, elle la poussait en même temps à lui manifester une tendresse teintée de pitié qui n'était pas sans évoquer la manière dont les mères ont tendance à traiter leurs enfants délicats et maladifs.

Elizabeth Gaskell continue d'ailleurs en parlant de la "honte" qu'éprouve Mrs Thornton à l'égard de sa fille.


Cette relecture me fait d'ailleurs voir de manière inédite les rapports qu'entretiennent les personnages.

Je ne me souvenais plus que Mr Thornton était fasciné par Margaret lors de leur première rencontre

Chapitre 7 a écrit:

Sa beauté le frappa de plein fouet[...]

D'ailleurs, le regard porté sur Margaret me fait un peu penser à celui porté sur Darcy lors du premier bal. En effet, il est d'abord admiré pour son élégance et son maintien, puis sa hauteur et son orgueil passent au premier plan (d'après ceux qui l'observent). Ici, Margaret est tout d'abord admirée, puis jugée hautaine.

Pour continuer les rapports entre les personnages, c'est la première fois que je remarque aussi que Mrs Hale est jalouse de Mr Thornton !

Chapitre 8 a écrit:

Tant qu'il avait été occupé par ses livres et ses paroissiens à Helstone, elle [Mrs Hale] n'avait guère paru se soucier de voir son mari beaucoup ou non ; mais maintenant qu'il attendait avec impatience l'occasion de retrouver Mr Thornton, elle semblait contrariée et chagrinée, comme si pour la première fois, il dédaignait sa compagnie.

D'ailleurs, autant Fanny m'amuse, autant Mr comme Mrs Hale m'énervent prodigieusement. De l'attitude pleine de langueur de Mrs Hale à la lâcheté de Mr Hale qui envoie sa fille au front pour annoncer la nouvelle de leur départ à sa femme, je n'ai que peu de sympathie pour ces personnages.


Je vais m'arrêter là avant de vous ennuyer mais à chaque lecture je prends encore plus de plaisir et profite plus des détails

Magnifique Artémis et pas du tout ennuyeuse, tu peux continuer, j'ai trouvé du plaisir à te lire.