[Lecture] Semaine 1, Chapitres 1 à 15

J'ouvre le topic de la première partie de la lecture de groupe accompagnant le marathon "North & South", adapté du roman d'Elizabeth Gaskell, que nous (re)lisons ensemble !

D'ailleurs, cette lecture est-elle une découverte du roman ? L'avez-vous déjà lu ? Ou connaissiez-vous auparavant le téléfilm ?

Dans cette partie, on découvre peu à peu Margaret Hale, l'héroïne de cette histoire, et les personnages qui gravitent autour d'elle : tout d'abord sa cousine, puis sa tante, sa famille, Mr Hale, puis Helstone, et l'arrivée dans le nord industriel.

Que pensez-vous de l'ouverture du roman ?

J'y ai été plus attentive, pensant à la lecture de groupe et redécouvrant le texte (je l'ai déjà lu une fois en anglais et une fois en français). J'ai été surprise par ce début, car tout commence par un mariage, comme si c'était la fin d'une histoire ! Le titre du premier chapitre s'intitule "Haste to a wedding" (traduit par "Galop nuptial" dans l'édition Fayard) mais on découvre Edith endormie ! En fait, on se rend compte que tout cette agitation qu'annonce le titre s'est déjà produite, pour une grande part !

Cette ouverture présente un monde qui semble assez idéal, d'ailleurs, plusieurs fois on trouve des références aux contes de fées : Edith est comparée à Titania du Songe d'une Nuit d'été de Shakespeare, Mr Lennox remarque que Helstone ressemble à un village de contes de fées, qui fait aussi référence à la marraine de Cendrillon.
Puis peu à peu, Margaret doit partir, sortir de ce "cocon" dans lequel elle a grandi et retourner vers ses parents, et la réalité apparaît peu à peu.

Quels sont les passages qui vous ont le plus marqué ?


A vos claviers !!! Je reviendrai bientôt pour vous donner la suite de mes "First impressions" pour reprendre le titre d'un des chapitres de cette partie, et discuter avec vous !

Le passage que je relis régulièrement et mon préféré est celui de Margaret essayant les châles indiens. Mme Gaskell oppose la fragilité et la joliesse de la cousine Edith, avec son caractère d'enfant gâté, à la solidité de belle plante au port de reine de Margaret, et je dois dire que ce contraste nous embarque déjà dans l'action.

L'une est une femme enfant, elle joue à la femme coquette, mutine et décorative. L'autre est sans manière, déterminée présente et il faut compter avec elle autrement que par les petites mines et roueries féminines, elle respire l'intelligence ce qui attire Henry Lennox.

C'est une bonne vision des différents caractères de femmes, car la réunion des amies de la tante est tout aussi savoureuse, et l'entrée en scène des Lennox tout aussi différents l'un de l'autre nous guide dans le salon.

Je remarque qu'Edith, comme la belle au bois dormant, ne reprend vie que lorsque son "amour" arrive. Margaret veille et pose son regard calme constamment.

Il s'agit de ma seconde lecture depuis le mois de mars, et je l'apprecie d'autant plus, c'est un vrai délice depuis une semaine, car je m'attarde sur plus de détails. Et d'ailleurs, je crains de détailler un peu trop dans ce sujet, désolée.

Dès le premier chapitre, on constate que Margaret, malgré avoir pasé 10 ans dans la haute socièté londonienne, aspire à une vie plus simple, par exemple sa description du mariage ou de la vie à Helstone. (P20 Ed Fayard)Toutes ces descriptions sont à l'opposé du mariage raffiné d'Edith qui se déroule tout au long de ce chapitre.
On découvre aussi les préjugés de Margaret concernant les commerçants ce qui n'augure rien de bon pour la suite du roman. (p 28)
J'aime le chapitre V (La décision) où Margaret doitr annoncer à sa mère qu'ils vont quitter Helstone pour Milton. Elle lui dit d'un coup et on ressent bien le poids sur ses épaules pour cette délicate mission. On découvre Margaret à la fois forte et fragile avec un caractère déjà bien affirmé. Peu de filles de son âge auraient pu en faire autant. Margaret prend les choses en mains et reste forte pour sa mère jusqu'au retour de son père tard dans la journée. Mais une fois seule, à l'abri des regards, s'enferme et laisse ses larmes couler.
J'aime les descriptions d'Helstone et Milton opposées l'une à l'autre. Milton étant décrite avec un vocabulaire très sombre "épais nuage gris" "une usine aux multiples fenêtres, qui crachait des bouffées noires de fumée" (p74) "supporter la fumée et les brouillards " (p82). Cela ressemble au Paradis d'helstone et l'Enfer de Milton.
J'aime la manière dont E Gaskell décrit, l'air de rien, en une seule phrase les opinions ou sentiments de chaque personnage:
- elle sous entend déjà une inclination de J Thortnon envers Margaret avec l'ordre de changer ce "hideux papier-peint "(p80)
-Mrs Thornton qui "deteste" Margaret avant même de l'avoir vu (p95).

Tout est bien posé par E Gaskell dès le départ, que ce soit les comportements ou opinions de tous les personnages (H lennox, Mrs hale, Edith...), les descriptions des paysages...on visualise très bien ce qui est écrit. Je trouve son écriture très fluide.

Je passe en coup de vent ! Merci Fée Clochette et Miss Margaret pour vos impressions !

Miss Margaret a écrit:

Et d'ailleurs, je crains de détailler un peu trop dans ce sujet, désolée.

Ne t'inquiète pas, Miss Margaret, ce topic est fait pour !!! Au contraire, c'est le plaisir de discuter, de manière plus ou moins longue (mais jamais trop longue !!! ) sur ce qu'on aime (ou qu'on aime moins !) !!

Mon analyse va vous sembler un peu superficielle, mais je ne connais pas ce roman aussi bien que vous toutes puisque je le découvre. J'aime bien Margareth, un peu indolente, mais pas futile et capable d'une grande énergie et de sens pratique. Elle est plutôt moderne, dans ses attitudes, à Helstone et à Londres au début du roman et aussi dans le cercle familial à Milton, ainsi qu'avec Henry Lennox. En revanche, sans doute parce qu'elle est déstabilisée, elle se raccroche à son éducation un peu "old fashionned" avec les gens de Milton et les écarts se creusent.
Miss Margaret a relevé des oppositions entre Helstone et Milton, il y en a beaucoup d'autres: le salon des Hale (une pièce où l'on vit) et celui des Thornton (qui n'est qu'une pièce d'apparat) ainsi que leurs occupations: Margareth brode (dans le genre décoratif), Mrs Thornton reprise du linge (tout le contraire donc...)
Et parce que j'ai le goût du paradoxe, je dois dire que j'aime aussi beaucoup Mrs Thornton. Pas au sens affectif (quoi que j'ai sans doute un peu de tendresse pour elle tout de même...), ce serait plus du respect pour sa force de caractère, laquelle contraste avec le coté apathique de Mr et Mrs Hale qui aurait tendance à m'exaspérer...
Qui ai-je oublié? Fanny. Je n'ai rien à dire sur Fanny, elle me laisse pantoise!
Et quant à Mr Thornton, je suis perplexe! Si je n'étais pas aussi pressée de connaitre la suite, je relirais volontiers les passages où il est en présence de Margaret, parce que j'ai du mal à comprendre certaines contradictions dans sa personnalité (notamment en ce qui concerne ses employés: à la fois paternaliste et les encourageant à l'indépendance...)

Fred a écrit:

Qui ai-je oublié? Fanny. Je n'ai rien à dire sur Fanny, elle me laisse pantoise!
Et quant à Mr Thornton,......

Mrs Thornton reprise du linge... elle s'applique à faire durer car elle a connu des revers de fortune, et repriser n'est pas un signe d'avarice, mais d'économie domestique. D'ailleurs ses reprises doivent être de vraies broderies et elle sait certainement broder.

Margaret lit, brode nul doute qu'elle reprise aussi mais ce n'est pas spécifié. D'ailleurs, à Milton, elle s'applique à repasser par manque de domestique.

Quant à Fanny, elle ne reçoit que l'éducation des jeunes filles qui laissait fort à désirer pour qu'elle puisse se marier, grâce à son frère dans la société des hommes les plus riches en vue de la société de leur ville d'industriels. Un peu de piano, de dessin, comme Edith en fait. Comme le personnage d'Edith est assez absent, l'on perçoit mieux Fanny pour qui une seule chose compte, l'argent et être un joli objet dans sa future maison. Je trouve que Edith et Fanny sont assez proches dans leurs attitudes.

John est un homme fort occupé et responsable de ses ouvriers...

Fée clochette a écrit:

Margaret brode, nul doute qu'elle reprise aussi mais ce n'est pas spécifié.

Le fait que ce ne soit pas spécifié, bien qu'on s'en doute, conforte cette opposition, c'est ce que je voulais dire...
Comme si il y avait besoin de cela!

Pour Edith et Fanny, le parallèle est intéressant. Je n'avais pas envisagé ça tout à fait comme ça. Mais plutôt que Fanny voulait "copier" pour faire genre. Elle a une attitude très "nouveau riche", je trouve.
Finalement, j'ai des trucs à dire sur Fanny.

Fanny très nouveau riche... ou une attitude d'enfant gâtéé

Je ne participe pas activement à la partie lecture du marathon, par manque de temps, mais je peux d'ores et déjà vous dire que je lis vos échanges avec intérêt.

Je n'arrive pas à envisager Fanny comme une enfant gâtée. D'abord parce que gâtée par qui? Elle n'a pas vécu son enfance dans l'opulence, et je ne pense pas que ça mère ait encouragé ce genre de penchants.... Elle aurait conseillé à son fils d'épargner une partie de son salaire quitte à vivre très chichement et aurait cédé aux caprices de sa fille? J'ai du mal à l'accepter.
Il y a d'autres petits détails au sujet de Fanny qui me confortent dans cette opinion. Au sujet de ses aptitudes au piano et des partitions qu'elle achète, on ressent un genre de frénésie, dans son attitude, celle qu'on a pour une passade, et une boulimie d'achat, comme si elle voulait compenser un manque.

Je plussoie Cat.

Merci pour ta réaction Fred, sur le comportement et le caractère de Fanny. C'est vrai que de prime abord, elle peut passer pour une jeune fille capricieuse mais ça ne colle pas avec l'environnement dans lequel elle a passé son enfance. C'est plus symptomatique d'un manque.

Je suis bien ton avis, mais Mrs Thornton n'a jamais rien exigé de Fanny de difficile, elle l'a protégée justement pour qu'elle ne souffre pas du manque d'argent jusqu'à se restreindre elle-même. Toute sa force a été employée à faire de John l'homme qu'elle voulait. Elle a toujours aimé sa fille mais la juge très inférieure en intelligence, et si elle craint Margaret, c'est qu'elle devine que celle-ci a un caractère semblable au sien.

Si Fanny dépense, sa mère ne la restreint jamais, ni son frère d'ailleurs. Elle est compulsive dans ses achats et a fort mauvais goût, joue fort mal du piano, brode contrainte et avec ennuie, pour moi, moins gâtée, elle aurait pu développer sa personnalité d'avantage. Elle n'est pas dissemblable à par exemple, Lydia Bennet^^.

La priorité de mrs Thornton n'a jamais été sa fille, mais bien son fils, devenu chef de famille à la mort du père et responsable des dettes laissées par le père.

C'est une lourde très lourde charge qui est tombé sur les épaules de John, c'est pour cela qu'il est raide dans ses bottes et mal à l'aise dans le salon des Hale qui y sont journellement. Le sien ne sert que pour des réceptions rares et importantes aux yeux du milieu qu'il fréquente.

je note cependant que lorsqu'il parle avec Mr Hale il est tout à fait à l'aise... c'est un terrain qu'il connaît.

Je suis comme Cat, je ne participe pas à la lecture par manque de temps, mais je lis vos commentaires avec grand intérêt.

Mais je pense que je vous rejoindrais pour lire la fin du livre... Hé oui, je n'ai toujours pas lu les 20-30 dernières pages.

Fée clochette a écrit:

... mal à l'aise dans le salon des Hale...

Pas autant que ça quand même quand on pense à l'épisode du bracelet...

Il va falloir que je le relise, ce roman. Mais après le marathon, je ne voudrais pas me prendre des coups de règle sur les doigts par la cheffe Artémis parce que je suis en retard...

l'épisode du bracelet est une manifestation de sa gêne, il aurait été familier de ce genre de comportement, il n'aurait pas fait une "fixation" aussi incroyable... faut-il qu'il ait mené une vie de moine ce cher homme , il n'aurait pas remarqué le mouvement de Margaret

Fée clochette a écrit:

La priorité de mrs Thornton n'a jamais été sa fille, mais bien son fils, devenu chef de famille à la mort du père et responsable des dettes laissées par le père.

Et la pauvre Fanny l'a sans doute senti. On lui laisse tout faire parce qu'elle ne représente pas grand chose, ce qui diminue tout de même son aura d'enfant gâtée, la pauvrette.

Et voilà, je ne peux pas m'empêcher d'intervenir, alors que je ne lis pas le livre en votre compagnie. Je suis incorrigible.

Avant de passer la porte, un petit coup de fouet à April pour avoir encore une fois démontré une négligence sans borne.

Je plussoie Fée Clochette pour l'épisode du bracelet. Lorsque j'avais lu le livre, je me souviens avoir beaucoup aimé cette scène et le fait que Mr Thornton ne puisse détacher son regard du bracelet de Margaret qui n'arrêtait pas de glisser à son poignet. Il devait trouver cela très sensuel.


Cat, j'étais sûre que tu allais réagir.

Citation :

Il fut fort tenté de lui demander de répéter pour lui ce qu'il la vit devoir faire pour son père, qui lui prit le pouce et le petit doigt dans sa grosse main masculine et les utilisa comme pince à sucre.

@ Fée Clochette: Vraiment, il est gêné, tu crois? Ou alors, c'est par les pensées que lui inspirent Margaret.
A chaque fois qu'il est en présence de Margaret, je trouve d'ailleurs le vocabulaire employé plutôt suggestif. Lors de leur première rencontre:

Citation :

ce cou rond, blanc et flexible qui s'élevait au dessus de son buste à la fois souple et épanoui

C'est vrai aussi que j'ai parfois l'esprit mal tourné.


Et apparemment, je ne suis pas la seule!

Non Fred, tu n'as pas l'esprit mal tourné. Pour ma part, je ne pense pas non plus que Mr Thornton soit gêné, mais qu'il est plutôt attiré par Margaret au vu du vocabulaire qu'il emploie pour la décrire.

Mais peut-on pour l'époque le lui reprocher

Mettons nous dans le contexte 19e.

1) Mrs Thornton devient veuve et pauvre.

2) le fils doit repartir de zéro et rembourser les dettes... Il est chef de famille, contraint et forcé, mais sa mère le soutient, car il faut sauver la famille de la honte et assurer le futur d'une petite fille.

3) Fanny, est très jeune et n'a jamais souffert, d'autre part, elle appartient à une classe ou les jeunes filles ne gagnent pas leur vie (Margaret aussi) et sa mère ne veut absolument pas qu'elle change de classe et préfère que sa fille ne souffre pas du manque d'argent, d'où la mise à l'écart de Fanny sur tout ce qui peut être difficile. Elle la trouve- immature et c'est une fille, une fille au 19e ce n'est pas important, jamais elle ne portera l'honneur de la famille, mais elle en sera l'ornement. Je pense qu'elle n'a pas réfléchi aux conséquences futures pour sa fille, elle la protège sans expliquer, et la gâte au-dessus de ses moyens en connivence avec John Thorton en la cantonnant dans des occupations de jeune fille oisive, d'ailleurs frère et soeur sont totalement différents, et souvent ils sont en désaccord, mais leur mère est le trait d'union qui calme le jeu... elle approuve John mais ne donne jamais tord à Fanny.

Je ne pense pas qu'elle préfère John. Il est simplement son soutien de famille, Fanny, c'est son bébé et après tout, si elle était comme elle, elle serait sa rivale. Comment fait-on pour éliminer une rivale ? quel meilleur moyen que justement aller au devant de ses désirs et de se dire qu'après tout ce n'est qu'une fille... et que l'on fait tout pour assouvir ses désirs ? en fait elle la couve sa Fanny, elle l'enferme dans une cage dorée

Ok, maintenant Françoise DOLTO est passée par là, mais à cette époque, si la fille était intelligente cela devenait une Margaret



J'en arrive à penser que l'orgueil de cette femme a fait de son fils un brillant industriel et de sa fille quelqu'un apte à devenir la femme que réclament certains hommes de cette époque, c'est à dire un petit oiseau d'ornement heureux de posséder des colifichets de donner des enfants de mener une vie "home sweet home" que nous n'apprécierions pas du tout mais qui pour elle est le symbole de la réussite de son fils.



Fred, cet homme est en proie au désir et Mrs Gaskell nous le fait comprendre avec une adresse incroyable.

Une belle fille, et vouloir la toucher

Fée clochette a écrit:

Fred, cet homme est en proie au désir et Mrs Gaskell nous le fait comprendre avec une adresse incroyable.

Une belle fille, et vouloir la toucher

Je suis bien d'accord, le désir n'est lié à rien de raisonnable comme les considérations sociales, ou d'éducation, le désir naït instantanément à la vue de l'objet désirable, et John Thornton, bien que corseté dans une éducation rigide et par une volonté de fer ne peut empêcher cette réaction primale : le désir. c'est ce que j'aime particulièrement dans le passage du bracelet, que Mrs Gaskell nous fasse sentir si bien cette réaction d'un homme d'une manière allusive et très fine.

D'ailleurs je crois aussi que Henry Lenox à mots couverts essaie aussi de cacher son désir en quelque chose de plus facile pour lui.. la franche camaraderie, car il sent bien que Margaret se comporte avec lui sans ambiguïté, et lui l'est énormément... enfin, c'est ce que je ressens. Toutes ces allusions aux contes de fée, à Cendrillon, aux rose même en hiver, vouloir connaître son futur emploi du temps, c'est très amusant pour moi, mais l'on sent l'homme qui essaie de se frayer un passage dans les zones d'intérêts de la demoiselle, qui elle reste indifférente car elle est à cent lieues de se douter de l'intérêt de son voisin ou alors, elle donne bien le change.

Mais cela m'étonnerait. Margaret est sans détour, honnête et pure, elle n'a que 18 ans et même si elle a beaucoup lu, elle n'a pas encore ressenti en elle l'émoi que provoque l'état amoureux.

C'est amusant comme le ressenti est différent. L'interrogatoire que subit Margaret de la part de Lennox (et j'emploie le mot interrogatoire à dessein) me fait plus penser à ces chevaux dont on regarde les dents avant de les acheter...

Fée clochette a écrit:

D'ailleurs je crois aussi que Henry Lenox à mots couverts essaie aussi de cacher son désir

De fait, je ne suis pas sûre que Henry Lennox ait du désir pour Margaret. Si il en a, je doute qu'il soit aussi animal (dans le sens instinctif ) que ce que Thornton ressent. C'est plus policé, réfléchi, raisonné, voire même idéalisé. Il l'aime, sans aucun doute, enfin, c'est ce qu'il croit! Mais sans passion... La camaraderie, c'est à partir de là qu'il a évolué vers un sentiment plus profond, je pense et c'est aussi à quoi il se raccroche pour ne pas perdre définitivement Margaret. Il espère qu'avec le temps, elle évoluera de la même façon que lui. La camaraderie lui permet de garder le lien parce qu'il sait que si il persiste dans le rôle de l'amoureux transi, elle le rompra.
J'ai lu ce passage en anglais et je viens de mettre la main sur les citations françaises:

Citation :

Mais je peux espérer (...) qu'un jour vous penserez à moi comme à un soupirant?

Citation :

Je ne lui suis pas aussi indifférent qu'elle le croit

Je suis d'accord avec Fred concernant Henry Lennox : son désir, si il existe certainement, car comment un homme peut-il souhaiter créer un lien avec une femme sans en éprouver peu ou prou ? son désir, donc, est rendu d'une façon beaucoup moins évidente par l'auteur.

Lenox se contrôle bien dirais-je.

J'ai du mal à le cerner, mais, il me semble, qu'il regarde très froidement le mariage de son frère et d'Edith. Il cherche à s'établir lui aussi, sait parfaitement qu'il ne serait jamais heureux avec une autre "Edith", par contre, Margaret semble le tenter, sinon pourquoi poser tant de questions et s'intéresser à elle.

Elle a d'énormes qualités : elle est fille de pasteur, sa mère est de très bonne famille, sa tante est riche, sa place dans la bonne société fait qu'il ne déchoira pas en l'épousant... il sait qu'elle ne sera pas une riche héritière, mais lui est établi et sans être riche, ils seront "à l'aise". Il cherche donc une Margaret, une femme naturelle, qui ne fait pas d'histoire pour rien, qui ne minaude pas, qui ne sera pas dépensière. De plus Margaret est jeune fraîche attirante et "neuve".... son désir est dans tout ce qu'elle représente. C'est un tout, alors que John Thornton reçoit en la voyant le choc de sa vie et n'a de cesse de revivre ce choc en la rencontrant de nouveau. (j'adore) Thornton s'enflamme, Lenox prudent encercle, mais Margaret est une femme libre et choisit. Bravo Mrs Gaskell !

Nous assistons à deux méthodes de chasse Thornton accule la biche et Lenox est à l'affût