Semaine 2 : chapitres 8 à 14

Je fais partie de celles qui ont terminé le livre et vais essayer de ce fait de ne pas m'embrouiller les pédales. Heureusement, l'arrivée "fracassante" de Mr Wilkins est un repère temporel inratable

Comme beaucoup, j'ai trouvé que cette seconde partie n'avançait pas des masses. En fait, j'ai surtout eu l'impression que dans ces chapitres, l'auteur mettait tous les ingrédients en place pour la réalisation d'une recette "explosive". L'explosion de la chaudière était-elle le seul point culminant du roman ou faut-il s'attendre à d'autres fracas ? J'espère tout de même que c'est la deuxième proposition qui l'emporte.
Au passage, cette chaudière capricieuse m'a rappelée une autre de ses comparses, celle décrite par Kingsley Amis dans Take a girl like you (enfin celle de l'adaptation parce que je n'ai toujours pas lu le bouquin ). A croire que les romanciers anglais de la première moitié du vingtième siècle ont été traumatisés par ces ustensiles dans leur enfance

Mais trève de bavardages, que se passe t-il donc dans cette seconde partie ? Ben pas grand chose .
Lady Caroline bronze. Mrs Fisher commande. Rose déprime et Lotty elle, est frappée d'illuminations. C'est en effet le bon point de cette seconde partie, Lotty s'écarte de son rôle de frappadingue de service pour devenir une femme épanouie, rêveuse certes mais aussi lucide (elle est la seule à comprendre que Lady Caroline souhaite rester seule).
Tout comme clinchamps, j'ai bondi lorsque celle-ci, à peine arrivée, écrit à son mari pour le prier de la rejoindre. A sa place, j'aurais profité de la propriété pour moi toute seule
Je garde toujours une certaine sympathie pour Lady Caroline et Mrs Fisher car ce sont les 2 personnages qui apportent la dynamique et le ressort comique au livre. L'une, "condamnée" à être perpétuellement adorée, l'autre "condamnée" à se faire perpétuellement détester. Entre les 2, Rose et Lotty et de ce fait, chacune choisit son alliée. Pour Lady Caroline ce sera Lotty, pour Mrs Fisher, ce sera Rose.
A cet instant, les questions que je me posais quant à l'évolution de l'histoire étaient les suivantes :
- San Salvatore va t-il devenir le lieu d'une guerre de tranchées entre les 2 forces en puissance ?
- est-ce que Frederic va arriver un jour et quelles seront les conséquences de son arrivée ?
- comment Mr Wilkins va t-il réussir à s'intégrer dans ce paysage et ne va t-il pas rompre le frêle équilibre de ce petits paradis ?

Et c'est donc sur ces questions que Mr Wilkins arrive et apporte avec lui une grande bouffée d'air frais. Son accueil en serviette de bain laisse présager de bonnes choses pour la suite

Toxic, j'adore ton analyse!

J'ai enfin fini la deuxième partie, mais sans prendre beaucoup de notes (j'ai beau essayé, je n'y arrive jamais...) donc je vais baser mon avis sur mes souvenirs...

L'écriture me plaît toujours autant, l'auteur décrit de manière toujours aussi admirable les paysages et les fleurs de l'Italie ce qui m'enveloppe, dès que je me replonge dans le livre, dans une atmosphère ensoleillée très agréable. Ce livre est un véritable voyage dans les beautés de l'Italie, et rien que pour cela je l'aime beaucoup
Un autre point que j'admire dans l'écriture c'est le changement constant de point de vue qui s'effectue de telle manière qu'on ne s'en rend pas tout de suite compte. On passe d'un personnage à l'autre de manière tout à fait naturelle, avec à chaque fois un subtil élément de transition.

En ce qui concerne l'histoire en elle-même, il est vrai que cette deuxième partie est beaucoup plus lente, mais toujours intéressante.

Mrs Fisher est toujours aussi insupportable, pourtant c'est elle qui est à l'origine des situations ou des remarques les plus drôles (les macaronis, l'histoire des maris, le vin de Lady Caroline...) donc rien que pour cet humour involontaire, je l'aime beaucoup

Je m'attache de plus en plus à Lady Caroline car on se rend compte que finalement elle est humaine, notamment parce qu'elle s'attache à Lottie. San Salvatore lui permet de réfléchir. Peut-être deviendra-t-elle plus agréable envers les autres intérieurement, puisque son visage traduit toujours l'inverse de ce qu'elle pense (ce qui est pour le coup assez improbable et un peu trop répétitif).

Rose est en effet beaucoup plus effacée dans cette partie. J'ai hâte de la voir un peu plus active. Mais ses réflexions à propos de son mari m'ont touchée et j'espère qu'elle va finalement parvenir à aller mieux, peut être grâce à lui ? Va-t-elle se décider à lui écrire ?

Enfin Lottie est un personnage que j'apprécie beaucoup. Sa gentillesse et sa joie d'être dans le château font plaisir. La métamorphose opérée depuis son arrivée est impressionnante et j'espère pour elle qu'elle ne reviendra pas à son ancienne personnalité et à son ancienne vie.
J'ai moi aussi été très surprise voire déçue qu'elle demande à Mellresh de venir la rejoindre, surtout avec ce que nous savons de lui, et après qu'elle ait exprimé sa joie d'être libérée de lui. Pourtant le comportement de son mari une fois arrivé m'a rassurée....avant de savoir le réel objectif de son acceptation.
Toutefois, son arrivée au château bouleverse beaucoup de choses, ce qui était nécessaire pour casser la routine qui s'y était installée. Dès sa rencontre avec Lady Caroline (excellent moment ) on se doute que tout ne va pas être de tout repos.

J'ai hâte de lire la suite pour savoir comment va se passer la cohabitation entre Mr Wilkins et ces quatre dames !

Je ne partage pas tout à fait ton avis sur certains points, Toxicangel!

toxicangel a écrit:

Lotty s'écarte de son rôle de frappadingue de service pour devenir une femme épanouie, rêveuse certes mais aussi lucide (elle est la seule à comprendre que Lady Caroline souhaite rester seule).

Pour ma part, je ne suis pas persuadée qu'il s'agisse d'une véritable lucidité...
Je vois plutôt Lotty comme quelqu'un d'empathique et d'intuitif... ce qu'elle décrète par "je le vois" "je le sais"....
La suite nous apportera peut-être des éléments de réponse...

toxicangel a écrit:

Entre les 2, Rose et Lotty et de ce fait, chacune choisit son alliée. Pour Lady Caroline ce sera Lotty, pour Mrs Fisher, ce sera Rose.

Ces choix, effectués par défaut, sont sans cesse remis en question: ainsi il y a aussi des alliances Mrs Fisher/Lady Caroline... rien n'est jamais acquis, tout se fait et se défait sur des éléments très insignifiants pour nous....
Enfin, c'est ce que j'ai ressenti à la lecture de cette deuxième partie...^^

Dune a écrit:

Un autre point que j'admire dans l'écriture c'est le changement constant de point de vue qui s'effectue de telle manière qu'on ne s'en rend pas tout de suite compte. On passe d'un personnage à l'autre de manière tout à fait naturelle, avec à chaque fois un subtil élément de transition.

C'est également un de mes plaisirs dans cette lecture!

J'ai autant adoré cette deuxième partie que la première, même s'il ne s'y passe pas grand chose de concret, l'écriture est absolument exquise et les pages se tournent toute seules

L'évolution du personnage de Lottie est assez spectaculaire. C'est une femme effacée, l'ombre de son mari à Hampstead, puis elle devient quelqu'un de très généreux et de bien sympathique. Je trouve qu'elle fait preuve d'optimisme en invitant Mellersh, cela peut sembler une incommensurable erreur, mais elle est comme envoûtée par le cadre paradisiaque et elle croit que tout est possible dans le meilleur des mondes. Ce fameux mari est un véritable goujat, qui ne se rend en Italie uniquement pour affaires, mais j'ai bon espoir que les glycines et les arbres de Judée lui ouvriront les yeux et qu'il pourra montrer de l'affection à son épouse. D'ailleurs, le masque de politesse et de convenance de Mellersh s'écroule lors de l'explosion de la chaudière ; qui n'a pas eu envie de s'enfuir dans le jardin avec Caroline pour se moquer de cet homme obséquieux et quasiment nu qui tente tant bien que mal de faire la cour ?!
Pour en revenir à Caroline, je m'attache de plus en plus à elle, j'aimerais bien être son amie. Elle a certes une attitude hautaine mais je pense qu'elle a de bonnes raisons de repousser l'affection des gens. Elle est tellement belle que des tas de personnes gravitent autour d'elle afin de lui arranger un mariage ou de contrôler sa vie. J'imagine qu'elle se sent comme une poupée humaine, une sorte de Barbie parfaite qui n'a pas le pouvoir de faire ses propres choix ; ça me rappelle aussi le phénomène de la star et des paparazzi. Et je pense aussi qu'elle s'est fermée comme une huître suite au décès de son bien-aimé pendant la guerre, elle a peur de donner de l'affection à autrui, et probablement aussi d'en recevoir.
Et Mrs Fischer reste toujours la mégère insupportable de l'histoire ; elle assume parfaitement le fait qu'elle souhaite être la maîtresse de maison, elle veut tout contrôler et être le centre de l'attention. Elle joue un peu à la fausse modeste en barricadant le salon à partir duquel on pourrait la voir se promener sur "ses" remparts alors qu'elle a littéralement envahi la villa. La voir se ridiculiser avec ses crises de nerfs (scène du salon et du stylo, scènes de repas, etc...) est toujours un moment savoureux
Quant à Rose, à part rougir quand on évoque son mari, ne joue pas un rôle clé dans ces chapitres. Dommage...

Je suis vraiment impatiente de lire la suite, de découvrir le comportement de Mellersh au milieu de ces femmes, et de voir s'il y aura de nouvelles additions à cette petite communauté !

Décidément, ce livre est pour moi une excellente lecture d'été et je me régale à le lire

Je viens de terminer la fin du chapitre 14 et j'adore cette fin de deuxième partie où Lady Caroline et Mrs Fisher rencontrent Mellersh, trempé et en serviette de bain, qui se présente d'un air tout à fait normal (et un peu pompeux, je trouve !) Quelle situation cocasse !

D'ailleurs, à continuer ainsi le livre, mes sentiments par rapport aux personnages ont changé, à la fois au niveau de leur importance, et de la manière dont je les apprécie. Dans la première partie de la lecture, j’avais l’impression de deux personnages principaux (Lottie et Rose) et de deux secondaires. Cette deuxième partie rétablit l’équilibre car on passe plus de temps avec Lady Caroline (que j’aime beaucoup, finalement) et Mrs Fisher (aussi désagréable et qui a des rhumatismes quand ça l’arrange…)

Comme vous, j’ai été plus qu’étonnée que Mrs Wilkins, à peine arrivée, appelle son mari (qu’elle fuyait plus ou moins en partant en vacances ; tout du moins elle recherchait la tranquillité). J’espère que l’influence qu’a eue San Salvator sur Mrs Wilkins aura tout autant d’effet sur son époux … dont la venue est motivée par les « affaires »…

On voit moins Mrs Arbuthnot qui semble triste et seule... Elle aimerait pouvoir aussi faire venir son époux, mais elle est persuadée qu'il ne viendra pas

En mode solitude, on découvre aussi un peu plus de lady Caroline, et c'est un personnage qui me touche :

Chapitre 8 a écrit:

Elle continuait à avoir ce déplaisant sentiment d'avoir passé sa vie dans un brouhaha sans justification ni sens.

Chapitre 10 a écrit:

A force de désillusions, la malheureuse avait développé un cynisme à toute épreuve qui la rongeait de l'intérieur tandis que sa beauté continuait à rendre le monde plus aimable - et pour certains délicieux. Que lui réservait l'avenir ? [...] Tout était absurde, d'ailleurs. Elle n'avait envie de rien, et le dégoût de tout.

J'espère que dans la suite du roman, elle va trouver un sens à sa vie, tout du moins trouver un moyen de renverser ce sentiment de vide, de manque de sens.

Par contre, Mrs Fisher m'horripile toujours autant, je n'arrive pas à lui trouver de bons côtés (mais son personnage est vraiment bien croqué, et comme vous l'histoire des macaronis m'a bien fait sourire ! )

D'ailleurs, comme vous l'avez aussi noté, ce qui est génial dans le roman, c'est qu'à chaque fois, on rentre dans l'esprit des personnages. Lors des dialogues, on ne reste pas à la surface de ce qui se dit, mais on se balade dans la tête des personnages, et les confrontations en sont encore plus délicieuses pour nous autres lecteurs !


Pour finir, j'ai une petite question... Régulièrement, la guerre est mentionnée, mais de laquelle s'agit-il ? J'avoue que j'ai du mal m'y retrouver Le roman ayant été écrit en 1922, sommes-nous dans le récit en 1922 et la guerre dont ils parlent serait alors la première guerre mondiale ?

Je me pose exactement la même question que toi Artemis

Je pense que c'est forcément la premiére guerre mondiale...Je ne me souviens plus trés bien, mais on en parle comme de la guerre qui a pris tant de jeunes hommes non? C'est la premiére caractéristique de cette guerre.

Je vous rejoins enfin, désolée pour le retard, je n'avais pas trop de temps pour la lecture ces derniers jours.

Je voulais poster sans lire vos posts mais finalement je n'ai pas trouvé trop d'inspiration donc ce sera plus un post réactif qu'autre chose. Alors c'est sûr, il ne se passe pas grand chose durant ces chapitres, mais je trouve qu'on progresse pas mal dans la connaissance des personnages, sauf peut-être pour Rose, qui est un peu en retrait.

Dans ce deuxième partie, on en apprend un peu plus sur Lady Caroline et sur Mrs Fischer, et je trouve qu'il devient un peu plus facile de les comprendre. Une grande lassitude chez toutes les deux, l'une parce qu'elle ne trouve aucun sens à sa vie et l'autre parce qu'elle ne sait vivre que dans le passé et les principes rigides, bien sûr ce n'est pas très sexy mais j'ai quand même pitié d'elles et j'ai de l'indulgence pour leur besoin de solitude car je suis capable moi aussi de fuir ainsi le contact en cas de malaise grave.

Je comprends que le portrait de Lady Caroline puisse sembler invraisemblable à certains mais je le vois comme l'illustration d'une situation que je rencontre beaucoup en exerçant mon métier, une certaine indulgence envers les gens beaux. Chez nous cela se concrétise par un «il (et surtout elle ) passera bien chez les clients», qui a le don de me mettre en rogne et dans ce sens, je trouve qu'EVA (si je peux me permettre d'abréger ainsi le nom de la romancière) a capturé quelque chose de réel. Et ceci encore renforcé par son statut d'aristocrate, qui la rende naturellement angélique aux yeux d'un Mellersh ou d'un Mrs Fisher, très aptes à penser que la classe crée la classe.

Pour moi ce sont les visions de Lotty et son invraisemblable optimisme que je trouve un peu lassantes, mais je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'elle a raison. Avec ce lieu enchanteur, elle a trouvé un paradis, cela lui a donné envie de se concentrer sur l'aspect positif des choses ainsi que sur ses propres envies, et il ne lui en faut pas plus pour que l'idée de son mari ne soit plus un pensum mais un partage, je trouve cela attendrissant (même si comme Clinchamps, j'avais dans un premier temps souhaité qu'elle profite un peu plus de sa liberté). Décidément, l'idée que le contact de la beauté amène l'apaisement me plaît. La voir prendre avec bonne humeur le fait d'avoir été snobées par les deux autres à le don de me donner le sourire. Elle devient épicurienne et entraine Rose dans ces plaisirs simples que sont tremper ses pieds dans l'eau, profiter des odeurs de thym, de pin et de fleurs.

Citation :

They were just cups of acceptance.

serendipity a écrit:

Le chapitre 14 se termine sur une scène des plus cocasses : Mellersh Wilkins -tentant de masquer sa nudité au moyen d'une serviette de toilette- tombe sur Lady Caroline dont il s'empresse de faire la connaissance (probablement la scène à laquelle Cat faisait allusion comme sa scène préférée du livre cf. son intervention sur la première partie).

Eh bien non, même si j'aime beaucoup cette scène, dont le burlesque me semble parfaitement maîtrisé, ce n'est pas ma préférée du livre. J'apprécie la façon dont tout ceci est observé du point de vue de Lady Caroline, ce qui accentue encore le comique lorsque l'on connaît le snobisme de Mellersh et les peurs de Lady Caroline. Comme Malethane et Toxic l'ont dit, EVA manie très bien cette diversité d'angles qui apportent énormément à la descriptions des personnages (j'aime beaucoup le terme de mosaïque que tu as utilisé, Malethane).

Non, ma scène préférée c'est le repas du soir, avec le chianti de Lady Caroline qui choque Mrs Fisher, et Lottie qui reçoit soudain un soutien inespéré de la jeune aristocrate, je trouve cela savoureux. EVA abuse peut-être un peu du comique de répétition mais je ne peux pas m'empêcher de trouver cette scène jouissive.

Et puis quelques autres touches d'humour :

Citation :

Browning managed macaroni very well.

Citation :

You would have been looked at by very great people.

J'adore Mrs Fisher, en fait.

Bon, je retourne en vitesse à ma lecture si je veux pouvoir poster sur la troisième partie avant de partir en vacances.