Lisa Kleypas

J'ai beaucoup aimé l'histoire des deux frères dont l'un hérite d'un titre de Comte, d'un domaine et d'une montagne de dettes, le tout accompagné des trois soeurs et de la veuve du précédent comte. Les deux frères, tous deux présentés comme des noceurs, sont plus pour moi des gens qui profitent des bons côtés de la vie et la perspective de devoir faire face à des responsabilités leur donnent des sueurs froides. Mais j'ai adoré les voir changer parce que cet héritage donne enfin un sens à leur vie.

Par contre ... la romance du nouveau comte, Devon et de la veuve Kathleen ... C'est une de ces héroïnes qu'on aimerait secouer comme un prunier jusqu'à lui faire entendre raison. Elle est engoncée dans ses convenances, têtue comme une mule et ce qu'elle fait à la pauvre Hélène ... Je lui aurais bien crié de se mêler de ses fesses moi! J'ai détesté cette fille.

J'ai tenu (pas seulement parce que je l'ai acheté) pour tout le reste, l'intrigue, les deux frères et la perspective d'un tome 2 qui promet (avec la précitée Hélène et Rhys... Mazette Rhys!!!)

S’il est vrai que la romance sera toujours l'une des parties les plus importantes d'un roman d'amour, les lecteurs savent que la relation n'est pas la seule chose qui fait la qualité d’un livre : Les scènes de sexe sont importantes, bien sûr, mais sans un peu de contexte - amis, famille, carrière, etc. - tous ces regards brûlants peuvent être un peu répétitifs. Lisa Kleypas, qui a écrit plus de 30 romans au cours des 30 dernières années, le sait mieux que personne. Son roman le plus récent, Devil in Spring, raconte l'histoire de Pandora Ravenel, une jeune femme quelque peu excentrique qui rêve de posséder et de gérer une entreprise de jeux de société, un objectif qui serait beaucoup plus facile à réaliser si dans un même temps elle ne voulait pas épouser un aristocrate extrêmement attrayant : Gabriel, Lord St. Vincent. (NB : le fils de … oui oui    ). Sous l’époque Victorienne, le mariage donnait au mari le contrôle exclusif des affaires et des bénéfices de l’épouse, et c'est un sacrifice que Pandora ne veut tout simplement pas faire. Vous pouvez probablement deviner comment tout se termine, mais c'est la façon d'y parvenir qui est le plus amusant, à la fois pour les lecteurs et pour Lisa. "Vous cherchez toujours une nouvelle façon de raconter la même histoire", dit-elle, "mais la façon dont ils arrivent à la fin heureuse, c'est le défi et l'amusement pour un écrivain". Lisa parle du pourquoi elle a rendu la carrière de Pandora, tellement importante dans son livre, ce qu'elle pense de l'idée de Donald Trump comme héros romantique (NB Beurk), et comment la notion de consentement dans les scènes d’amour a changé au cours des années.

Devil in Spring a été partiellement inspiré par Elizabeth Magie, la femme qui a inventé le Monopoly. Comment avez-vous découvert son histoire?

Plus le temps passe, j’aime mettre plus d'Histoire dans la romance historique. Il faut qu'il y ait plus qu’une histoire légère et amusante autours d’une relation, il faut un contexte. J'ai donc commencé à lire beaucoup plus sur les parcours des femmes de la période victorienne ... et j'ai découvert Elizabeth Magie's. Elle a créé un jeu appelé The Landlord's Game pour illustrer les principes économiques qui est devenu très populaire. Quelques années plus tard, Charles Darrow a pris la version de son jeu chez Parker Brothers et l'a vendu comme Monopoly. Elle a eu comme une compensation totale de 500 $ et a été oubliée par l'Histoire, alors qu'il a été crédité comme le seul créateur de Monopoly. (NB Salo****) J'étais obsédé par elle.

Comment les lectrices réagissent lorsqu'un gros morceau de l'intrigue est dédié à la carrière de l'héroïne plutôt qu'à sa relation?

Il y a eu une réaction étonnante, explosive et positive. J'ai reçu 10 fois plus de commentaires et d'emails que ce que je reçois habituellement, car non seulement Pandora a créé un jeu de société, mais on retrouve aussi le Dr Garret Gibson, qui est la seule femme médecin en Angleterre. Elle m'a été inspirée par la vie réelle d’Elizabeth Garret Anderson. Le fait de donner une profession à ces femmes et de les montrer face aux défis de cette profession a vraiment donné à ces histoires beaucoup d'excitation (NB là j’ai un peu de mal à traduire, je pense qu’elle veut dire que ça a créé un engouement pour l’histoire). Cela les rend plus pertinentes pour les lecteurs modernes, car il s’agit de femmes en train de lutter et non juste en train de se demander : "Quel homme vais-je épouser?"

Les romances finissent souvent par l'héroïne qui attend un enfant, ou encore plus loin dans le futur après avoir eu un ou deux enfants, mais dans Devil in Spring, il n'y est pas fait  mention d'enfants -  seulement Pandora qui se passionne pour sa carrière. Est-ce quelque chose que vous avez fait à dessein?

Absolument. Je suis sûre que je vais mentionner dans un futur livre qu'elle aura eu un enfant, mais la satisfaction réelle pour elle, doit être qu'elle a finalement atteint son objectif de créer un jeu réussi et d'établir une entreprise prospère pour elle-même. Ce qui m'a inquiété pendant que j'écrivais le livre était que plus j'essayais d'imaginer Pandora créant cette entreprise, plus je m'inquiétais : est-ce qu'il y a trop de choses juridiques? Est-ce que Pandora ne se plaint pas trop de ne pas avoir de droits? Mais encore une fois, la réponse des lectrices a été phénoménale. Les femmes s’intéressent à la façon dont nous étions traitées auparavant .

Même si votre intrigue se déroule sous l'ère victorienne, on peut faire un parallèle avec 2017, par exemple, que vous preniez ou non le nom de votre mari lorsque vous vous mariez - cela peut affecter votre carrière maintenant.

Tout à fait! Je me suis toujours considérée comme une féministe, ce qui est un « gros » mot pour certains. Certaines personnes supposent immédiatement que vous êtes en colère ou vous détestez les hommes, ce qui n'est évidemment pas vrai. Mais tout en faisant la recherche pour cette série et ce livre particulier, j’ai pris conscience qu'il y a une certaine attitude que la société a dans son ensemble, qui devient une partie de vous. Comme dans cet article dont mon mari m'a parlé de ce matin,  les juges de la Cour suprême de sexe féminin se sont beaucoup plus les juges de la Cour suprême masculine. C'est juste un exemple subtil de l’atmosphère dans laquelle nous vivons. Bien que nous ayons tellement plus de droits maintenant et que nous pouvons posséder des choses, il y a beaucoup de parallèles à faire avec la façon dont les femmes étaient traitées avant. Nous avons encore beaucoup de progrès à faire.

(l'article en question : https://hbr.org/2017/04/female-supreme-court-justices-are-interrupted-more-by-male-justices-and-advocates )

Depuis que vous avez commencé à écrire des romances, et surtout dans les cinq ou dix dernières années, les attitudes culturelles vis-à-vis du consentement ont tellement changé, et les gens sont beaucoup plus conscients de cette question qu'ils ne l'étaient autrefois. Est-ce que cela a changé la façon dont vous écrivez les scènes d'amour dans vos livres?

Oui. Je suis devenu plus sensible à cela. Je suis franchement émue et énormément embarrassée par mes tout premiers romans  à l'âge de 20 ans, parce que je baignais dans les années 70 et 80. Il y avait beaucoup de croyances très sexistes et misogynes que j'avais inconsciemment absorbées. Aussi, mon sentiment personnel à propos des hommes, ce qui était attrayant, ce qui était sexy, était différent de ce qu'il était maintenant. Aujourd’hui, je trouve que l'idée d'être embrassée avec force n'est pas aussi sexy que deux personnes intelligentes et fortes qui se défient et se découvrent l’un l’autre. Le  respect mutuel dans une relation, c'est vraiment assez sexy (… NB moi pas tout comprendre mais en gros pour elle c’est plus fun de voir une relation saine et respectueuse où les personnages se titillent … C’est définitif, c’est ma copine !!). Certains lecteurs m'étonnent encore sur certaines choses. Dans Rake Cold Hearted, il y a une scène d'amour dans une étable. Mon héros demande explicitement le consentement de sa partenaire: "Est-ce que ça vous convient?" - et elle disait oui, et pourtant il y a eu beaucoup de lectrices qui ont eu le sentiment que l’attitude de l’héroïne n’était pas juste. Vous ne pouvez pas plaire à tous, mais il est important d'essayer de s'assurer que le consentement existe.

Il y a quelque temps, il y a eu un article dans Village Voice comparant Donald Trump aux héros milliardaires de la romance (NB hein hein tout de suite moins sexy Christian Grey   !!), qui a également noté que beaucoup de fans de romance sont probablement des femmes qui ont voté pour lui (NB beuh alors là c’est pire que ce que je pensais   ). Qu'avez-vous pensé de cet article?

Oh good Lord. (NB pas besoin de traduire) Je pense qu’il y a un hors sujet ... Je parle de façon personnelle ici. Pour moi, ce n'est pas parce que le héros a beaucoup d'argent et qu'il se promène dans de beaux vêtements que cela fait de lui un héros romance. C'est son caractère et sa personnalité. J'essaie de le dire sans offenser. J'ai beaucoup d'amis qui ont voté pour Trump, j'ai beaucoup d'amis qui ont voté pour Hillary, j'ai beaucoup d'amis qui n'ont pas voté, et je dois les respecter et les aimer tous et ne pas blesser les sentiments de personne. Mais Donald Trump n'a pas le caractère ou les traits que je mets personnellement dans beaucoup de mes romans. Je n'ai pas vu beaucoup de parallèle. Je ne peux pas l’imaginer en héros romantique. Je ne peux pas.

Cet article a également mis l'accent sur Fifty Shades of Grey comme début d'un nouveau boom de la romance, mais je ne pense pas que ce soit le meilleur exemple d'un roman d'amour.

Des femmes ont aimé le lire, je suis heureuse qu'elles l'aient fait, je suis contente qu'elles aient apprécié, mais je ne l'ai pas personnellement considéré comme une romance. Je ne suis pas sûre de ce que vous appelez une romance, mais cela ne correspond pas à ma définition.

Il n’y a dans leur relation jamais tout le respect mutuel que pouvez trouver dans beaucoup d'autres romances plus «traditionnelles». (NB ou classique si je reprends la façon de dire de la reine des abeilles)

L'auteur m'a perdue, et en partie à cause des problèmes personnels que j'ai, dès l’instant où assez tôt dans le livre il l’oblige à manger toute son assiette. L'idée que quelqu'un veuille vous contrôler et dicter la quantité de nourriture que vous consommez, a déclenché toutes sortes d'alarmes et soulevé toutes sortes de drapeaux rouges chez moi, parce que ce n'est pas une relation mutuellement respectueuse.

(NB vous remarquerez que j'évite de commenter et dire le fond de ma pensée sur cette m...histoire)

Dans un climat politique instable comme celui que nous traversons, vous sentez-vous plus responsable à rendre vos personnages encore plus progressifs ou plus politiques comme Pandora?

Puisque j'étais déjà dans cette direction avant que Trump ne soit élu, je ne peux pas dire que cela l'a changée. Cela m'a certainement confirmé que je suis dans la bonne direction car je pense qu'il est important de montrer d'où viennent les femmes. Il est également bon de démontrer une relation saine, respectueuse et amoureuse. Dans Devil in spring, il n'y a pas de réponse facile au conflit. Quand elle l'épouse, son rêve de posséder son propre métier, d'être indépendant, de se prémunir, d'avoir des droits et des libertés, s’écroule. Les attentes personnelles de St Vincent d'avoir une femme pour diriger la maison, être traditionnelle et devenir une duchesse un jour, sont déçues aussi. Chacun d’eux se retrouvent avec de nouvelles perspectives qui ne leur correspondent pas. Aucun d'eux n'obtient réellement ce qu’il souhaitait. Je pense que cela reflète vraiment la vie réelle, et c'est une bonne chose. Personne n’a de voie toute tracée mais si vous trouvez le bon partenaire, en couple, vous allez créer quelque chose qui sera mieux que ce que vous auriez pu faire seul.


Vous avez mentionné que vous travaillez sur l'histoire du docteur. Peut-être que vous ne pouvez pas dire trop, mais travaillez-vous sur plus de livres dans la série Ravenels?
Je peux certainement dire! [L'histoire du docteur] est le quatrième livre de Ravenels.  (les reste est spoiler !!  Je ne l’ai pas traduit parce que je ne l’ai pas lu désolée ... c'est pareil pour le reste de l'entretien, elle parle du futur de la série et Ekat me connait je refuse tout spoiler quand il s'agit d'une série que j'aime)

j'ai vraiment beaucoup aimer l'histoire. Comme elle le dit dans l'interview, Lisa Kleypas a situé les problèmes sur un autre plan que l'incompréhension et les non-dits entre époux.
Pandora veut devenir une femme entrepreneur, le problème c'est que la loi de l'époque lui ôte toute indépendance sur sa fortune, ses création son entreprise une fois mariée. Et même si elle veut faire confiance à Gabriel, on la comprends que fondamentalement, cette injustice, qui la place en position de mineure à vie et la dépossède de tout soit un obstacle à une relation épanouie. Parce que oui, là, tout va bien, mais imaginons un instant qu'un problème surgisse?
De son côté Gabriel au début ne comprends pas... déjà, une jeune femme qui se lance dans les affaires.... c'est original. Comme il n'est pas stupide, il comprend vite les besoins et les espoirs de Pandora, et il va chercher lui aussi à contourner la loi. En plus de gagner la confiance de sa femme. Ce que j'ai aimé c'est qu'on a un parallèle avec l'histoire de ses parents, où Sebastian hérite finalement plus qu'Evangeline (merci la loi) du casino et va tout prendre en charge, tandis que 30 ans plus tard, son fils va rechercher un équilibre et laisser sa femme accomplir son destin.
A cela vient s'ajouter pour pimenter le tout une affaire avec les fenians et des manipulations au niveau de l'Etat....