Jørn Riel, un auteur danois

MissAcacia a écrit:

Il a aussi un petit article dans la revue Lire de ce mois-ci, qui fait un dossier spécial sur la littérature nordique, avec ses collègues Suédois, Norvégiens, Finlandais et Islandais.

Ouh là là, ça c'est une mine!
Et hop un numéro de lire qui va atterrir dans mon salon....
Miss Acacia

Lady Clare, je ne te remercie pas, j'enrage de na pas aller au salon...

Je viens de lire Le Naufrage de la Vesle Mari et autres racontars, qui clôt les récits des aventures des chasseurs de phoque du Nord Est du Groenland.

Le fil conducteur de ce dernier tome des racontars est une affreuse nouvelle. L'administration danoise a décider de supprimer la chasse au phoque dans le Groenland et nos chasseurs se voient sommés par une circulaire de revenir au Danemark par le prochain bateau, en l’occurrence la Vesle Mari du capitaine Olsen qui les a ravitaillé pendant des années.

Panique chez les chasseurs qui n'envisagent pas d'autre vie que les longs hivers glacés et les courts étés arctiques qu'ils ont toujours connus, sur fond d'expéditions de chasse, parties de pêche accompagnées de lampées d'eau de vie de myrtille et de veillées au coin du poêle. Björken, Lasselille, le Lieutenant, le Comte, Volmersen, Museau, Doc, Madsen et les autres vont devoir improviser.

Une série de paysages artistement décrits, toujours des personnages hauts en couleur et des histoires pas possibles. Le charme des "racontars", IMO  

Faudra que je me refasse la série, au coeur de l'été quand il fera bien chaud et que j'aurai envie de lire avec des glaçons...

Cet été je me suis lancée dans les auteurs scandinaves histoire de me rafraîchir un peu! J'ai donc emprunté Une épopée littéraire, c'est une littérature déconcertante mais intéressante. Je ne connaissais rien aux racontars mais j'ai apprécié le côté fantastique de chaque histoire avec quand même une portée morale. Ca se lit très vite et c'est surprenant.

Je suis en train de lire La vierge froide et autres racontars grâce à une collègue qui m'a gentiment prêté son exemplaire de poche, et je trouve pour le moment cette lecture très plaisante et dépaysante, quoiqu'un peu légère : les nouvelles s'enchaînent parfaitement les unes avec les autres vu qu'on suit toujours la même petite troupe de chasseurs plus gratinés les uns que les autres, mais l'absurdité générale de leurs aventures et interactions empêche un peu le lecteur de ressentir beaucoup d'empathie à leur égard
Une lecture pas inoubliable donc, mais qui donne envie de se pencher sur les romans plus élaborés de l'auteur comme L'histoire du garçon qui voulait devenir un être humain, évoqué par serendipity plus haut et qui me tente beaucoup

Merci pour ces retours .

Fauvette, si tu préfères les textes plus graves, je te conseille Le jour avant le lendemain, qui se situe exclusivement dans la communauté inuit à la fin du XIXème siècle et n'a rien d'amusant, tout en étant très intéressant.

MissAcacia a écrit:

Si tu as le temps de mettre un petit commentaire sur le Naufrage de la Vesle Mari, je te lirai avec plaisir Je l'avais trouvé plus nostalgique que les autres racontars

Spoiler:

D'accord avec toi Miss, cet ultime opus laisse un petit goût d'amertume. Mais d'un autre côté, comme il fait référence à toutes les autres aventures de nos "héros",  je me rends compte que je ne les ai pas toutes lues, loin de là, et quel bonheur, j'ai encore de beaux jours de lecture devant moi  

Petit résumé au dos du livre

Citation :

Comment des chasseurs du nord-est du Groenland, sains de corps et d'esprit, rompus à l'art de transformer l'ours blanc en carpette de lit et d'ingurgiter entre potes un infâme distillat maison, pourraient se réacclimater à la moiteur quasi tropicale du Danemark ? Comment échapper à cette fatale descente aux enfers décrétée par un bureaucrate blafard et cravaté de Copenhague ? Comment ? Nos héros arctiques ont l'imagination fertile, et plus d'un tour dans leur sac...

Le premier racontar est spécialement dramatique, et férocement drôle en même temps. Museau aura échappé à la reconversion, mais à quel prix  

Le second est bien dans le délire habituel ! Doc et Mortensen entreprennent la traversée de l'inlandsis ...

Spoiler:

Dans Le naufrage de la Vesle Mari qui donne son titre au recueil le capitaine Olsen décide de couler son bateau pour toucher l'assurance. Bjorken est à bord, ce qui veut dire que rien ne sera simple  

J'ai beaucoup aimé le racontar du Comte et l'avocat Volmersen. Ils décident de s'installer ensemble sur une île du sud du Groenland pour y cultiver de la vigne  

Jorn Riel en profite pour nous offrir quelques lignes d'une belle poésie.

Citation :

A la saison que l’on appelle « juste avant l’automne », il y a des jours dans le sud du Groenland où on a l’impression que tout se fige. Comme si la nature retenait son souffle. Les fjords se font silencieux, l’eau est étale, immobile, comme une large route argentée. Les glaciers suspendent leur grondement, et la montagne se reflète dans les fjords, dédoublant ses fantastiques couleurs d’automne.
Les oiseaux migrateurs s'en sont allés, les oiseaux des plages se sont tus. […]
A ce moment-là, le simple fait de bouger serait un sacrilège. Les êtres humains dans les hameaux s’assoient sur les flancs des montagnes donnant sur la mer ou, ici, sur la colline de la boutique. Ils décapsulent tranquillement une bière et la boivent en silence. Les moutons s’allongent sur les adrets brunis et fixent la mer de leurs yeux jaunes. Les chiens se couchent au milieu d’eux, tête en l’air, les oreilles dressées. C’est comme si tout le petit monde sud-groenlandais était en attente de quelque chose, ce que les anciens appelaient qarrtsiluni « en attendant que quelque chose se brise ».
Cette beauté, ce calme, devant forcément, tôt ou tard, éclater comme une bulle qui remonte des profondeurs aquatiques. Ce silence est différent, ce n’est pas le silence de l’œil du cyclone. C’est la vie même qui, un temps, retient son souffle pour nous donner l’occasion d’absorber toute la beauté dont notre Terre rayonne, l’accumuler de manière à nous donner la force de continuer à vivre.

Nos deux compères vont faire la connaissance de l'ancien occupant des lieux

Spoiler:

avec qui ils sympathisent.

Le lieutenant Hansen se découvre une vocation de pilote, et Valfred se trouve une épouse, toujours sans se fatiguer  

Merci Rosalind, tu me donnes envie de les relire

Lors des propositions de romans pour la croisière 2020 avec le capitaine Wentworth, le résumé d’un roman proposé par MissAcacia, Le garçon qui voulait devenir un être humain (présenté plus haut dans ce topic par serendipity), m’avait fortement intéressé.  

Même s’il n’a pas reçu suffisamment de votes pour faire partie de la croisière cette année, je me suis lancée    et je ne regrette pas!    Cela a été une lecture très agréable à tous points de vue :  
- le voyage de l’Islande au Groenland
- la découverte du mode de vie inuit de l’époque, en harmonie entre humains et avec leur environnement
- le beau récit initiatique de ces Nord-Européens qui s’initient à la culture inuite

J’avais peur de lire un roman qui présente une image d’Épinal de cette culture, mais j’ai été rassurée, le récit reste réaliste avec la présence de personnages plus antipathiques.  

Le récit fait aussi la part belle aux femmes et à leur capacité d’assister les hommes, à la fois pour s’occuper du foyer, des vêtements,… mais aussi pour agir avec force et adresse en cas de danger.  

La fin m’a beaucoup fait rire

Spoiler:

serendipity a écrit:

tu nous diras si ce livre peut-être lu à un enfant et si oui, à quel âge selon toi ? je ne m'en souviens pas assez pour en juger

Pour répondre à ta question serendipity (sur le topic Que lisez-vous en ce moment), selon ma sensibilité, c’est un beau conte initiatique qui peut être partagé avec des jeunes, mais à partir de l’adolescence. Il y a certaines scènes assez violentes auxquelles je n'exposerai pas un enfant d’une petite dizaine d’années. Le héros, Liev, a treize ans au début de l'histoire, ça peut être un bon âge pour découvrir cette histoire.

Vavyala a écrit:

Le récit fait aussi la part belle aux femmes et à leur capacité d’assister les hommes, à la fois pour s’occuper du foyer, des vêtements,… mais aussi pour agir avec force et adresse en cas de danger.  

Un point positif

Merci pour ton retour, Vavyala Jolie initiative de découvrir les autres livres du challenge Wentworth

Double post car, suite à l'avis enthousiaste de Vavyala (que je remercie pour le conseil   ), j'ai voulu plonger dans cette histoire à mon tour J'ai passé un très bon moment
Vavyala a tout dit dans son commentaire, mais, comme elle, j'ai aimé voyager aux côtés de Leiv et ainsi découvrir le peuple Inuit au fin fond du Groënland Ce roman est rempli d'aventures, de belles rencontres (en particulier Narua et Apuluk, deux jeunes personnages attachants, débrouillards, sages, gentils et courageux ), de réflexions sur la vengeance, les humains (d'où le titre qui ne se comprend qu'au fil des pages ), les croyances de chacun, l'amour, la famille...etc C'est un très beau conte initiatique, porté par une écriture simple (qui convient donc aussi bien à des adultes qu'à des adolescents), nous offrant, en outre, une belle conclusion pleine d'humour et de joie

Merci à vous deux, Vavyala puis Juliette, pour cette présentation enthousiaste de Jörn Riel

Merci Juliette pour ton retour détaillé et enthousiaste sur ce roman!
Je suis super contente qu'il t'ait plu!!!
Super aussi que tu aies eu envie et la curiosité de prolonger la croisière du capitaine Wentworth avec cette découverte!

Merci à toi, Vavyala, pour la belle présentation de ce livre !!

Petit Faucon, avec plaisir !

Je suis ravie que ma proposition t'ait donné envie Vavyala. Les récits "inuits" de Jorn Riel sont souvent touchants ou attachants sans tomber dans la bien pensance ou la miévrerie, certains sont très durs comme Le jour avant le lendemain.

Ce livre ayant été proposé l'année dernière dans le cadre de la croisière du capitaine Wentworth, et moi-même étant une grande fan des contes et du grand Nord, j'ai découvert avec beaucoup de curiosité Le garçon qui voulait devenir un être humain.

J'ai beaucoup aimé ce livre, qui est écrit comme un conte, en 3 parties, avec des personnages simples et des péripéties prenantes. Il donne vie à l'imaginaire arctique, et est plus facile d'accès que les livres sociologiques que j'ai pu lire sur les Inuit, de Jean Malaurie par exemple.
Une belle découverte !

Contente de lire que tu aies apprécié ta lecture et cette escale bonus de la croisière du capitaine Wentworth!

Je plussoie ton retour, sur le plaisir et l'accessibilité de ce conte!

Je suis également ravie que ce roman t'ait plu, Petit Faucon ! Je te rejoins bien évidemment sur l'intégralité de ton post

J’ai lu Le jour avant le lendemain, de Jørn Riel dont voici le résumé proposé en quatrième de couverture :

Citation :

Dans le nord-est du Groenland, tandis que la saison de chasse vient de se terminer pour la tribu de Katingak, la doyenne Ninioq et son petit-fils Manik partent sur l'île de Neqe pour faire sécher la viande et le poisson récoltés. Là-bas, elle lui transmet les traditions et les légendes de la tribu. Mais quelque chose est arrivé. Depuis des semaines déjà, quelqu’un aurait dû revenir les chercher. Que s'est-il passé ? Ninioq doit savoir... et retrouver les siens.

Encore un très bel écrit de cet auteur qui nous partage avec un mélange de rigueur ethnographique et de poésie dans le récit des paysages, des animaux et des humains, le quotidien d’un groupe d’Inuits du Groenland.

La vie y est rythmée par les saisons et les événements sociaux. Je me suis plu à partager le quotidien de Ninioq et ses proches, à apprendre quelques éléments de leur culture.

J’ai compris en avançant dans le récit la dureté du récit annoncé par MissAcacia. De manière réaliste, l’auteur nous rappelle que la vie n’est/n’a pas été tendre pour ces populations.  

Spoiler:

L’auteur explique en postface que l’idée de ce récit est venue d’une découverte faite lors d’une de ses explorations du Groenland, pour laquelle il a voulu imaginer une histoire autour. Je remercie Les Yeux Noirs pour l’interview posté dans le topic d’ouverture qui amène des éléments complémentaires très intéressants à l’histoire !  

Un roman que je recommande fortement, tout en conseillant de préparer les mouchoirs pour la seconde partie.

Merci pour ce joli retour, Vavyala ! Ayant apprécié la plume de Jørn Riel, je me note ce titre qui semble émouvant

Je te le recommande. Il est dur, mais il vaut la lecture.