Avez-vous réussi à lire Proust ?

J'ai bien aimé la deuxième partie et me suis même réconciliée avec le jeu de Lescot. A vrai dire je le trouvais au début, un peu maniéré. Quand en y pense, la description colle bien avec le personnage du narrateur qui est souvent décrit comme quelqu'un de délicat limite efféminé. Je tire chapeau à Nina Companeeze qui a trouvé une façon très originale de rendre accessibles, les pensées de Proust. Car, il n'est pas facile d'adapter des états d'âmes, un chamboulement de pensées, de douleurs, de pics de bonheur et surtout de rêves sans tomber dans la lenteur ou plonger le spectateur dans une profonde torpeur. Si le style de Proust se laisse déguster en raison de la beauté et de la poésie du texte, il est difficile de retrouver cette poésie dans une adaptation; Et pourtant, elle a réussi! Cette manière de faire des feed back, des tableaux, tantôt colorés, tantôt sombres, pimentés d'humour. Bref, tous les ingrédients pour savourer ce film sans modération!

Tatiana a écrit:

Pas de chance Darcy ! Mais normalement tu peux dès à présent, ou dans quelques jours si ce n'est pas encore sur le site, revoir l'épisode sur le site pluzz.

Malheureusement, je n'ai pas le matériel pour.

J'ai bien aimé cette adaptation qui m'a donné envie de tenir mes résolutions de l'année dernière et de me lancer dans la lecture de Proust quand je trouverai le temps...

Je me retrouve totalement dans ta manière de décrire l'adaptation Ysabelle ! Je l'ai dégustée un peu comme une pâtisserie

Le DVD de la récente adaptation d'A la recherche du temps perdu est annoncé chez Koba films pour le 31 août
Il comprendra un making-of et des interviews des comédiens et de la réalisatrice.

Spoiler:

Un beau cadeau de rentrée en perspective !

Je note surtout que j'avais raté la 2ème partie.

Bon, pour ceux et celles qui veulent se réconcilier avec Proust... Voici un mini essai de l'auteur qui en ravira certain(e)s (les fans peuvent s'y joindre).
J'avais promis de poster, dès que mon temps se libère, un petit post sur ce mini livre, considérez que c'est chose faite ! Voilà le petit exposé que j'en tire:

Cet essai qui s'intitule Sur La Lecture a été écrit principalement pour critiquer la thèse que soutenait Ruskin, un jeune poète écrivain, lorsqu'il disait que, pour lui, la lecture était comme une conversation supérieure avec un "sage". La lecture permettrait alors, presque magiquement, d’accéder à un savoir qu’on ne trouve plus aujourd’hui et de parler avec un ami.

Mais pour Proust au contraire, avant d’être un dialogue avec un auteur, la lecture c’est une solitude.

« La lecture, au rebours de la conversation, consistant pour chacun de nous à recevoir communication d’une autre pensée, mais tout en restant seul, c’est-à-dire en continuant à jouir de la puissance intellectuelle qu’on a dans la solitude et que la conversation dissipe immédiatement, en continuant à pouvoir être inspiré, à rester en plein travail fécond de l’esprit sur lui-même ».

Ce qu’il entend par là, c’est que le lecteur (l'esprit de lecture) ne fait que recevoir un bout de pensée, un bout de savoir, mais qu’après il lui reste à faire travailler tout son esprit, seul, sans aide magique de l’auteur, pour dégager un sens et une interprétation au texte. La lecture pour Proust n’est pas l’activité qui permet d’accéder directement à la connaissance, elle n’est que son initiatrice...

Mais il montre également dans cet écrit, que la lecture est un moment vécu, un moment que reste souvent gravé dans l'esprit. Il cite notamment, pour sa part, Le Capitaine Fracasse dont il restituer parfaitement le moment où il l'a lu, c'est-à-dire à l'enfance, et la façon dont il a vécu cette lecture (assis dans un fauteuil, ou sur l'herbe, si mes souvenirs sont bons).

Voilà un extrait du livre, qui se trouve au début, il me semble, et qui rend un véritable hommage à cette activité qui est chère aux Lambtoniens:

« Il n'y a peut-être pas de jours de notre enfance que nous ayans si pleinement vécus que ceux que nous avons passés avec un livre préféré. Tout ce qui, semblait-il, les remplissait pour les autres, et que nous écartions comme un obstacle vulgaire à un plaisir divin : le jeu pour lequel un ami venait nous chercher au passage le plus intéressant, l'abeille ou le rayon de soleil gênants qui nous forçaient à lever les yeux sur la page ou à changer de place, les provisions du goûter qu'on nous avait fait emporter et que nous laissions à coté de nous sur le banc, sans y toucher, tandis que, au-dessus de notre tête, le soleil diminuait de force dans le ciel bleu, le dîner pour lequel il avait fallu rentrer et où nous ne pensions qu'à monter finir, tout de site après, le chapitre interrompu, tout cela, dont la lecture aurait dû nous empêcher de percevoir autre que l'importunité, elle en gravait au contraire en nous un souvenir tellement doux (tellement plus précieux à notre jugement actuel, que ce que nous lisions alors avec tant d'amour), que, s'il nous arrive encore aujourd'hui de feuilleter ces livres d'autrefois, ce n'est plus que comme les seuls calendriers que nous ayons gardés des jours enfuis, et avec l'espoir de voir reflétés sur leurs pages les demeures et les étangs qui n'existent plus. »

Bref, cet essai a été pour moi très plaisant à lire (et il est relativement court), il nous interroge sur la façon dont nous nous rapportons à l'activité de la lecture, la façon dont on devrait peut-être l'analyser. Il nous met surtout en garde sur l'éloge de celle-ci, en tant que véritable détentrice de savoir car pour lui, la lecture n'est en quelque sorte que l'eveilleuse de l'âme. Et je finirais sur ces mots «La lecture est l’initiatrice dont les clefs magiques nous ouvrent au fond de nous-mêmes la porte des demeures où nous n’aurions pas su pénétrer, son rôle dans notre vie est salutaire. Il devient dangereux au contraire quand, au lieu de nous éveiller à la vie personnelle de l’esprit, la lecture tend à se substituer à elle, quand la vérité nous apparait plus comme un idéal que nous ne pouvons réaliser que par le progrès intime de notre pensée et par l’effort de notre cœur, mais comme une chose matérielle, déposée entre les feuillets des livres, comme un miel tout préparé par les autres et que nous n’avons qu’à prendre la peine d’atteindre sur les rayons des bibliothèques et de déguster ensuite passivement dans un parfait repos du corps et de l’esprit ».

Vous pouvez également trouver un avis sur ce livre ici (je lui ai d'ailleurs piqué ses deux citations pour constituer ce mini-avis, car je les trouvaient particulièrement bien choisies):

http://www.biblioblog.fr/post/2008/04/28/Sur-la-lecture-Marcel-Proust

Merci pour ce très bel avant-goût J. S., que c'est merveilleusement écrit . Voilà un petit livre que je veux absolument lire, d'autant que je me suis remise à La Recherche l'été dernier, et que ce fut un bonheur.

="Tatiana"

Citation :

... Voilà un petit livre que je veux absolument lire,...

Je plussoie Tatiana. Voilà une lecture qui s'annonce fort bien agréable
Je n'ai, en revanche pas eu le temps de replonger dans "A la recherche..." malgré ma résolution voilà un bon bout de temps! C'est que ce n'est pas chose aisée! Mais je ne désespère pas de m'y mettre un jour.

De rien ! Jetez vous dessus les filles, il est vraiment super et relativement court (en même pas deux heures vous l'aurez englouti ) et sinon t'inquiètes pas Ysabelle, moi aussi j'avoue ne jamais avoir fini À la recherche du temps perdu

Dimanche sur Arte, l'émissions philosophie de Rapahel Enthoven était consacrée à la conversation et Marcel Proust y avait une belle part.
J'ai relevé quelques extraits : "La conversation n'est ni la discussion, ni la dispute, ni le bavardage", "Une des conditions de la conversation est de penser contre soi", etc,...

Peut-être c'est du HS, mais comme Proust était à l'honneur et que c'était très agréable, j'ai pensé que ça valait la peine de remonter le topic

Voici le lien pour ceux souhaitent y jeter un coup d'oeil.
http://www.arte.tv/fr/Conversation---Ali-Benmakhlouf-est-l-invite-de-Raphael-Enthoven-dans-Philosophie/6366314.html

Dommage, je n'arrive pas à charger la vidéo. Cette discussion autour de la conversation m'aurait bien intéressée.

C'est dommage Darcy! Je vais voir si je peux l'enregistrer. Je te tiendrai au courant.
Je crois qu'elle sera rediffusée le samedi 18 février à 7h30.

Merci pour l'info, je verrais pour samedi mais c'est un peu tôt.

Je viens de voir après le documentaire d'Elisabeth I sur Arte; la bande annonce de la mini série. Elle est rediffusée a partir de vendredi sur la chaîne. Je m'en réjouis par avance.

Oui, je l'ai vue aussi, je serais de la partie car ça m'a vraiment plu la dernière fois!

Edit: On parle bien de "La recheche" de Nina Companeez!

Oui, bien sûr.

je suis tombé par hasard sur ce livre nommé A l'ombre des jeunes filles en fleurs , je ne savais pas au début que c'est à ce famous Proust , il parle trop mais bon comme j'avais tout le temps devant moi pour le lire lentement , j'ai vraiment aimé après

Je signale que, pour célébrer le centenaire de la publication du premier volume de A La Recherche... le magasine Lire vient de (re)sortir un hors-série très intéressant sur Proust dont voici la couverture.

Spoiler:

Plusieurs auteurs d'aujourd'hui partagent notamment leur admiration pour l'oeuvre de Proust, certains conseillant même de ne pas forcément lire les différents volumes dans l'ordre ce qui est un peu bizarre. En tout cas après avoir lu quelques articles je me dis qu'il faut que je continue et me mette à A l'ombre des jeunes filles en fleurs.

Merci Tatiana pour l'info. Je cours le prendre dès que possible! Je trouve aussi bizarre qu'ils recommandent de ne pas respecter l'ordre. Il est vrai qu'on peut lire séparément les différents volumes mais on gagne vraiment à connaitre l'évolution des différents personnages, jusqu'à arriver à la madeleine comme récompense C'est peut-être pour encourager ceux que les pavés découragent. Ainsi, ils seront conquis et peut-être rechercheront-ils à lire l'ensemble et dans l'ordre

Oui peut-être que le fait de commencer par un des volumes "au hasard" peut encourager à le lire, qui sait.

Toujours dans ma période Proust, j'ai regardé "La grande librairie" de jeudi dernier qui lui était consacré. Avis à ceux qui aiment Proust ou qui souhaitent le découvrir, c'était très intéressant (François Busnel souhaite que les romans de Proust deviennent des romans de plage, y'a de l'espoir ). Les invités étaient tous des grands spécialistes de l'auteur. Evidemment j'en suis sortie avec des envies de lectures proustiennes (le contraire m'eût étonné ), dont la biographie de Jean-Yves Tadié qui a l'air incontournable. Dans la foulée, j'ai commencé A l'ombre des jeunes filles de fleurs, et après quelques pages je retrouve déjà la saveur toute particulière du style, de l’atmosphère et des personnages .

Contente que tu aies pu regarder cette émission, Tatiana. Je l'ai aussi suivie avec un grand intérêt et j'ai beaucoup apprécié. Tout comme toi, j'avais envie de courir acheter les livres proposés. Ils ont aussi montré la librairie que fréquentait Proust Je ne la connaissais pas et j'ai bien l'intention d'aller y faire un tour. C'est une émission particulière que je recommande aux amateurs de Proust aussi. Il faut se dépêcher! En revanche, j'ai été surprises par la présence de Raphaël Enthoven. J'ai trouvé le lien Proust / Philosophie très intéressant. A la recherche du temps perdu est vraiment une illustration des questions qu'on se pose dans ce cadre.

Ysabelle a écrit:

Ils ont aussi montré la librairie que fréquentait Proust Je ne la connaissais pas et j'ai bien l'intention d'aller y faire un tour.

Tout pareil . J'ai noté son nom et qu'elle est située non loin de boulevard Haussmann où Proust a habité un temps. En plus d'après le reportage cette librairie n'est bien sûr pas la dernière à proposer des livres de et sur Proust. La biographie de Mme Proust me tente en particulier, encore une lecture en perspective.

J'ai moins été intéressée par les propos de Raphaël Enthoven, et j'ai même trouvé qu'il tendait à monopoliser la parole au détriment des autres invités mais la philosophie ne me passionne pas du tout de manière générale.

Tatiana a écrit:

Plusieurs auteurs d'aujourd'hui partagent notamment leur admiration pour l'oeuvre de Proust, certains conseillant même de ne pas forcément lire les différents volumes dans l'ordre

Voilà qui est intéressant ! J'avoue que jusqu'à présent j'avais dans l'idée de lire La Recherche dans l'ordre. Mais j'ai commencé Du côté de chez Swann l'an dernier (dans une période chargée de déménagement / nouvelle fac, ce qui n'était pas très judicieux ), du coup j'en ai lu une centaine de pages et je l'ai planté là avec l'idée de le reprendre plus tard. A ce stade je dois dire que cette lecture m'avait parue un peu laborieuse par moments, mais pas insurmontable. Bref, tout ça pour dire que maintenant je n'ai cependant pas trop la motivation pour le recommencer ou le reprendre en cours de route, mais j'ai aussi A l'ombre des jeunes filles en fleurs sur ma PAL, donc je me dis que je continuerais peut-être directement avec celui-ci (d'autant qu'il me fait de l'œil avec sa sublime couverture conçue par Christian Lacroix ). Qu'en pensent les lambtoniennes ?

Sinon, je pense que je m'achèterai Les Plaisirs et les jours, car j'avais lu quelques nouvelles tirées de ce recueil (en Folio 2€) il y a quelques années et j'avais bien aimé, j'avais trouvé cette lecture fluide et agréable.

J'ai bien aimé le titre de ce topic, car Marcel Proust est un auteur que je n'ai abordé réellement que récemment, à cause de sa réputation d'écrivain "à phrases longues et à sujet pas passionnant" (je cite les principaux lecteurs de ma famille)

Donc j'ai d'abord connu Marcel Proust par le film de Raoul Ruiz Le Temps retrouvé qui m'avait beaucoup plu, et dans lequel je me suis familiarisée avec sa propre vie et ses personnages.
Puis j'ai lu "à la recherche du temps perdu" en BD (aïe pas de tomates !!! ) adapté en dessins par Stéphane Heuet, c'était très bien
Enfin j'ai vu l'adaptation TV dont vous avez parlé plus haut, que j'ai également beaucoup aimée.

Donc, après, j'ai eu honte et j'ai lu "Du coté de chez Swann" il y a 4 ou 5 ans ; et j'ai trouvé que le style était très agréable, pas du tout illisible ou embrouillé, et j'ai bien apprécié ; par contre l'histoire m'a laissé une trace assez faible, on ne peut pas dire qu'il y ait des rebondissements, c'est plutôt nonchalant comme histoire, c'est descendre le cours de la Seine en péniche, ou contempler un tableau d'Eugène Boudin
Mais c'est à déguster comme une tasse de thé, à petites gorgées au coin du feu. Pour moi c'est un genre de lecture de vacances, on ne peut pas en lire 200 pages par jour, sinon on survole et on passe à côté de la substantifique moëlle .

C'est pourquoi je dirais à Esperluette qu'elle peut commencer par le livre qu'elle veut, et qu'il faut prendre son temps pour savourer.