Rosamond Lehmann

essaie ici Ysabelle

Bonjour Merci pour la réactivité, si rapide . Je pense que je n'ai plus que le moyen d'achat à distance. J'ai essayé d'éviter car j'ai été très deçue à 2 reprises, par ce site et celui de Chapitre également. La qualité n'était pas au RDV. Et pour reprendre le titre de cette chère Rosamond LEHMANN, le livre en question s'est transformé en "poussière" et j'ai eu du mal à le finir. Il était trop vieux. En revacnche mon libraire m'a trouvé "Note de musique" que je suis entrain de relire et j'attends "Le jour enseveli". Après avoir fini avec Jane, je retrouve Rosamond. Quel plaisir! et merci de l'avoir réactivé

Je viens de finir Poussière que j'ai énormément aimé

Rosamond Lehmann est une auteur qu'il faut absolument que je découvre entièrement car elle a un style et une prose superbes c'est vraiment dommage qu'elle soit tombée dans l'oubli aujourd'hui! Ses romans ont un charme suranné, en les lisant on se sent transportée, c'est le genre de livres à lire un dimanche pluvieux au coin du feu, avec un breuvage chaud à la main Je trouve parfois ses descriptions un peu trop longues et trop recherchées, du coup au bout d'un moment j'ai tendane à les lire plus distraitement mais c'est le seul reproche que je ferai et encore je trouve que ça fait partie intégrante de son charme

Alors au début j'aimais vraiment beaucoup le roman mais sans plus, et la partie à Cambridge m'a moins plue car la famille Fyfe passait un peu au second plan, pour laisser la place à Jennyfer que j'ai détesté dès le début. Leur amitié était assez ambiguë comme l'a dit Esperluette même si Judith dans son innocence, ne se rendait compte de rien...je me demande si c'est la vie si proche que les étudiantes menaient 24h/24 ensemble qui fait que les sentiments même amicaux étaient si forts et si emprunts de tendresse, j'ai l'impression qu'aujourd'hui, même avec ses meilleurs amies, on reste quand même plus froides

Mais revenons au roman^^ A partir du moment où Judith n'est plus à Cambridge j'ai adoré de plus en plus, l'histoire avec Roddy m'a passionnée puis celles avec Martin et Julien aussi. Rosamond Lehmann décrit à merveille les sentiments, c'est incroyable l'impression qu'on a, en lisant qu'elle tombe toujours juste! Je me suis totalement retrouvée en Judith dans pas mal de moments et je me disais "mais c'est exactement ça que je ressentais!", elle l'explique en quelques phrases mieux qu'on ne pourrait le faire en des dizaines de pages. J'ai trouvé les sentiments des garçons (surtout ceux de Roddy) très bien expliqués aussi, même si c'était moins détaillé, tout parait absolument clair: j'ai adoré du coup la scène de la dernière soirée entre Roddy et Judith (terrible Roddy que je n'arrive pas à détester, comme Judith ), la lettre qu'elle lui envoit ensuite et leur scène d'adieu Judith est tellement juste à ce moment, tiraillée entre l'envie de s'arrêter pour repartir avec quelques morceaux de fierté encore et celle de se dévoiler entièrement, de tenter le tout pour le tout! Quelle héroine! Pas une superwoman, mais une vraie femme-enfant, remplie de qualités, entière, passionnée, qui se laisse toucher, blesser mais est capable de trouver la force de s'en sortir toute seule. Je me suis aussi beaucoup retrouvée dans sa tendance à rêver sa vie, à en changer le cours dans sa tête avec le retour parfois rude à la réalité ensuite.

Les cousins Fyfe étaient vraiment passionants: on les découvre vraiment tout doucement, parfois on a l'impression de les avoir compris et puis non, ce n'est qu'à la fin que tout est vraiment dit. Mariella par exemple était assez mystérieuse, insaississable et sa lettre à la fin la rend accessible et humaine. Je les ai tous aimés, sauf Charlie un peu moins, car c'est celui qu'on a le moins connu. Mais Roddy reste mon préféré: il est impossible à détester, il est beaucoup trop complexe pour susciter des sentiments manichéens.

Ce roman est au final vraiment triste,

Spoiler:

Mais en même temps le paragraphe de fin que Resmiranda a posté donne quand même de l'espoir, en tout cas pour Judith

Un très très beau roman donc, même si j'ai préféré L'invitation à la valse. J'ai l'impression d'être un mélange d'Olivia et Judith dans mon caractère, ça doit être pour ça que ces romans me parlent autant. (et que j'en parle autant après )

Belle analyse Nathys. Je crois que la plupart des lecteurs de "Poussière" ont cette impression d'inachevé, de frustration en raison de tous les non dits et de la complexité des sentiments qui s'y croisent.
C'est un livre que j'ai lu plusieurs fois, comme si je voulais trouver entre les lignes des choses qui m'ont échappées.
Contrairement à toi, j'ai détesté beaucoup Roddy à la fin. C'était aussi mon préféré. Normal, si l'en s'identifie à Judith.
J'ai également aimé son affranchissement des Fyfe à la fin, enfin libre!
Enfin, Rosamond Lehmann fut l'une des rares auteurs à toucher au sujet de l'homosexualité, sujet tabou à l'époque.

Il faut vraiment que j'arrive à me procurer l'Invitation à la valse!

J'avais lu Poussière pendant les dernières vacances d'été mais comme je n'avais pas internet, je n'ai pas posté mon avis puis j'ai oublié
Contrairement à la plupart d'entre vous, j'avais été un peu déçue...Vous en aviez dit tellement de bien que je m'attendais à mieux. Je ne dis pas que je n'ai pas aimé, loin de là, j'ai trouvé les personnages très intéressants et l'histoire très bien écrite! Ensuite je ne sais pas, il me manquait un petit quelque chose je ne saurais dire quoi...

Merci Ysabelle! J'ai l'intention de le relire un jour aussi, pour analyser le roman de façon différente maintenant que j'en connais la fin....j'ai peur d'être frustrée en le relisant car je connais la fin, mais ce roman m'a tellement plu, ça restera un plaisir

Tu as réussi à détester Roddy, je ne peux vraiment pas Dans la vraie vie un mec comme ça je l'aurais considéré comme un beau salaud, mais là impossible, le fait d'avoir accès à une partie de ses sentiments à travers Judith, fait que je comprend smieux son comportement et je l'accepte.

Dommage que tu n'aies pas tant aimé Ju!! Mais je te conseille vrmt L'invitation à la valse (qui doit se trouver chez les bouquinistes) ça avait été un gros coup de coeur pour moi

Cela me fait toujours un grand plaisir de voir la jeunesse s'intéresser et aimer Rosamond Lehmann !! J'aime beaucoup ton analyse, Nathy's. Roddy est le plus charmant mais Martin le plus touchant( pauvre Martin ! ). Judith ne pourra devenir adulte qu'après avoir vécu ses fantasmes d'adolescente solitaire avec chacun des cousins Fyfe, et si la fin est douce-amère, c'est que c'est la fin de son enfance, qu'une page se tourne et que c'est un passage toujours mélancolique, mais elle est encore si jeune ! l'avenir est devant elle, et les cousins Fyfe deviendront un délicieux souvenir jauni et parfumé de lavande qu'on retrouve avec émotion dans les tiroirs de la mémoire au soir de sa vie !!
Je te recommande chaudement "le jour enseveli" histoire de deux sœurs qui vont aimer le même homme, mais c'est beaucoup moins simple qu'il n'y paraît !!

C'est vrai que Martin est aussi très touchant c'est celui qui est le plus simple, le moins tourmenté et qui fait le moins de mal, il méritait d'être heureux J'aime bcp ce que tu dis ensuite sur les fantasmes d'adolescen de Judith c'est tout à fait ça! On est forcément un peu triste, parce qu'abandonner tout ce qui a fait son enfance c'est dur et Judith va devoir se jeter dans le monde vraiment seule cette fois mais en même temps elle est enfin libre

J'avais noté que tu aimais bcp Le jour enseveli, le sujet m'interesse en plus beaucoup je le rajoute sur ma PAL virtuelle

Contente que tu aies aimé Nathy's, je plussoie tout ce que tu dis.

Je viens de terminer la lecture de Poussière. Un choix du à Lambton et au hasard: entendu parlé de Rosamond Lehmann sur le forum et vu le livre artistement posé sur un présentoir de la bibliothèque avec un gros macaon "lu et élu par votre bibliothéquaire". N'en fallait pas tant pour me tenter...

Alors, c'est très étrange. J'ai dévoré ce livre en trois jours en me couchant super tard au point d'en avoir la migraine par manque de sommeil (ce qui m'arrive rarement) et bizarrement il me laisse une impression mitigée. J'en ai apprécié certains aspects (même fortement apprécié) et d'autres m'ont agacée voire ennuyée (au point de lire en diagonale un certain nombre de paragraphes).
J'ai aimé la poésie du style, notamment des descriptions de paysages (les saules de la Tamises et leurs feuilles-dents éffilées croquant les deux jeunes gens, les descriptions de ciels nuageux, empourprés, orageux, nocturnes, intensément bleus... c'est fou le nombre de cieux qu'héberge ce roman) et la construction du roman avec ses parties nettement cloisonnées, ses chapitres de longueur inégale qui donnent un rythme plein d'à-coup (accélération puis ralentissement voire léthargie complète puis le contraire).
J'aime bien aussi l'aspect "roman d'apprentissage", passage de l'enfance à l'adolescence puis à l'âge adulte au travers d'expériences amicales et amoureuses plutôt douloureuses.
Je suis d'accord avec Jonathan Coe, qui signe la préface, pour dire que ses portraits masculins sont très remarquables. Le mystérieux et fascinant Roddy, le confortable et bon Martin, l'inquiet et lucide Julien, le faible et beau Charlie, ils sont tous intéressants.
J'ai aussi bien aimé voir gesticuler Jennifer (qui m'a rappelé la Philippa de Lucy Maud Montgomery, avec un côté obscur intéressant). L'amitié exaltée qu'elle noue avec Judith a quelque chose d'attirant tout en étant un peu trop éxubérante et trop pleine de "jamais" et de "toujours" et de points d'exclamations !!!! pour moi (je dois avoir l'esprit tiède ).
Et puis je me suis laissée prendre dans les méandres des relations entre les personnages, notamment les Fyfe: les cousins entre eux, les cousins et Judith. Tout est raté, un immense gâchis avec des côtés vraiment tragiques (j'aime bien aussi cette espèce de malédiction qui pèse sur la famille Fyfe, qui a l'air si heureuse et si soudée au début du roman face à la petite fille solitaire du jardin d'à-côté). Seul bémol: les larges plages de disparition des Fyfe ne collent finalement pas trop avec certains dénouements : Julien (il a beau être patient, ça n'explique pas tout) ou Mariella.
Roddy ou Martin - le seul qui garde contact avec Judith- sonnent plus "juste" même si je peine à faire coller "l'emballement roddynien" sur l'île aux saules avec le flegme, l'indifférence et la distance habituelle au monde du personnage. J'ai par contre parfaitement intégré son attitude le lendemain

Spoiler:

Mais j'ai eu vraiment du mal avec Judith et surtout du mal à m'intéresser à ses perpétuels états d'âme, son mélange d'exaltation et de froideur, son élitisme (snobisme ?) et, finalement, son orgueil. Elle a des circonstances atténuantes (vraiment inhumain d'être élevée comme ça, toute seule, surtout avec la mère qu'elle a) mais je n'ai pas compati à ses malheurs. Elle ne m'a pas touchée (alors que j'ai ressenti la douleur de Martin ou le désespoir de Mariella, voire même la déception de Julien). Bon, j'imagine que c'est comme ça, on ne peut pas être copain avec tout le monde... Je n'ai pas tellement compati aux "grands" malheurs de Jennifer non plus.
Et puis, je me suis franchement ennuyée dans toute une bonne partie des études à Cambridge, que j'ai trouvée un peu répétitive et assez vide.

Alors quoi ? je pense que c'est le mystère de cet entrelacs de relations qui m'a tenue en haleine. L'intuition d'un malheur possible , la présomption de fin tragique*, l'espoir d'un lendemain qui chante, m'ont tenue en haleine. Le mystère de certains personnages assez incroyables (Roddy, bien sûr, qui satisfait pleinement à mes attentes en matière de ténébreux-mystérieux-flegmatique-au-charme-envoûtant-et-pourtant... mais aussi Mariella tellement peu vivante qu'on veut absolument savoir ce qui va lui arriver) a fait que j'ai à toute force voulu connaître leur destin et leur influence sur celui des autres.

*

Spoiler:

Certains passages mériteraient certainement une relecture plus attentive.

Je pense que j'écris sous pleine influence de ma lecture (je reviendrai rire de mes élucubrations demain )

D'ici là je vais rêver d'hommes élégants mystérieux flegmatiques et inaccessibles...

J'aime beaucoup ton analyse, MissAcacia. J'ai beaucoup lu et relu "Poussière" en fin d'adolescence et en début d'âge adulte, mais il y a longtemps que je ne l'ai pas relu. Ton analyse me fais prendre conscience que je me souviens très bien des Fyfe, mais très peu de Judith, pour moi elle était le moyen d'accéder aux Fyfe, un peu comme si je m'en étais approchée à travers elle, et si l'épisode Oxford m'a peu marquée c'est que justement il n'y avait pas - ou peu les Fyfe. Cependant je n'ai pas le souvenir de m'être jamais ennuyée, j'étais au contraire fascinée par ces personnes mystérieuses qui apparaissaient et disparaissaient, allumant ou éteignant la vie chez leur voisine !! J'ai été surtout sensible à l'atmosphère de ce roman, feutrée, bizarre même.

Analyse, analyse, est-ce que j'ai une g.... hum-hum, brm brm je me trouve plutôt confuse à la relecture.

Tu mets le doigt sur un point Clinchamps .
En fait, j'aurais préféré que le roman finisse sur les Fyfe restants plutôt que sur Judith (en particulier Roddy puisque c'est le seul dont on ne peut rien dire et sur lequel on ne sait rien, notamment comment toutes ces histoires l'ont affecté).
Parce je n'ai pas réussi à m'intéresser à Judith et parce que je suis très pessimiste sur son sort.
Je ne suis pas sûre que ces différents "apprentissages" successifs l'aient libérée car je ne pense pas qu'elle soit libérable. Je ne sais pas, peut-être trop seule, trop longtemps. Il n'y a pas que des Fyfe ou de Jennifer qu'elle doive se libérer, impossible pour moi de croire qu'une telle enfance ne pèse pas lourdement sur sa vie. Je prends à témoin ses études à Cambridge, où elle trouve une amie et une seule, à l'exclusion de toutes les autres (trop moches, trop bêtes, trop vulgaires, pas assez raffinées... c'est de la femme accomplie à la Darcy-Miss Bingley qu'il lui faut...). Tout ce passage est vide car il n'y a pas ou très peu les Fyfe et qu'en dehors des Fyfe (et de Jennifer), il n'y a rien, aucune figure n'émerge sauf un tout petit peu la pauvre Mabel (qui cumule bon nombre de handicaps et ne suffit pas à rendre Cambridge vivant).
J'en arriverais à penser que ce sont les Fyfe qui sont libérés d'elle et qu'en la regardant mieux je lui trouve des tendances à la vampirisation issues de sa presque totale dépendance à ses voisins intermittents, notamment après la mort de son père quand elle n'a plus aucun "contre-poids". Ceci explique mieux, pour moi, en tous les cas, que Roddy ait pu se laisser emporter aussi loin de son comportement habituel, sans que cela excuse tout d'ailleurs.

C'est vrai que l'atmosphère du roman est l'une de ses forces.

Merci de ton avis MissAcacia, c'est très interessant à lire! Je peux comprends même si j'ai beaucoup aimé Judith et je me suis pas mal retrouvée dans ses réflexions et sa façon d'agir....tout comme toi j'avais moins aimé la partie à Cambridge à cause de l'absence des Fyfe mais au final ce roman a quand même été un gros coup de coeur!

Je te conseille L'invitation à la Valse qui est

Merci pour ton analyse vraiment intéressante Miss Acacia! Elle m'a fait revivre le roman une deuxième fois
Même si le passage à Cambridge est moins agréable à lire que les autres passages où les Fyfe sont présents il reste quand même important pour montrer l'évolution de Judith...Je n'apprécie pas trop le personnage mais je m'identifie pas mal sur certains points à elle, et montrer comment une certaine éducation influence son regard sur l'enfance(et sur autrui...assez méprisant d'ailleurs) était nécessaire.
Je suis totalement d'accord avec toi pour Roddy, jusqu'à la fin du roman j'espérais aussi qu'il y aurait une occasion pour le découvrir réellement, mais non, il reste mystérieux d'un bout à l'autre...et c'est sans doute ce qui fait son charme.

Au final c'est un très beau roman malgré quelques longueurs par moment

Miss Accacia! J'aime beaucoup ta critique, même si j'en partage pas tous les aspects! Ça m'a permis de constater les divergences de vues et les différentes appréciations, pas toujours du même bord, et c'est tant mieux! Ce serait d'un ennui si nous voyons tous les choses de la même manière
Judith, moi j'ai vu en elle, une enfant qui a vécu une telle solitude, qu'elle en était venue à créer son propre monde avec ses propres valeurs. Cet état des choses la poussait également à rechercher la compagnie des autres, les Fyfe, à en être fascinée!
Concernant l'étape Cambridge, tout comme Vegas, je trouve qu'elle était nécessaire à sa maturité, à l'ouverture aux autres. Ces autres qui étaient différents des Fyfe. Un monde plus large qui ne se limitait pas à elle et aux Fyfe!
La force de ce romain réside dans ces mystères, cette ambiance feutrée, floue, cette attente du lecteur et sa soif d'aller au bout pour rechercher un apaisement une réponse à "ses attentes"! Car il faut dire que ce qui est constaté auprès des lecteurs et des différentes critiques, c'est que chacun de nous, attendait, que dis-je, espérait une fin différente .
Les romans, tout comme la vie ont un déroulement et des issues que peuvent être contraires à nos aspirations et nos attentes!
Pour finir, je me suis beaucoup identifiée à Judith car j'ai vécu à peu près la même chose. Enfant unique, j'étais souvent livrée à moi même, vivant dans une bulle que j'ai créée et que les livres ont renforcée davantage. J'avais également des voisins qui me fascinaient! Une famille avec des enfants et des petits enfants qui venaient régulièrement passer leurs vacances dans la même maison! Et aussi un Rody! Moins mystérieux cependant, mais très beau et qui exerçait un charme particulier sur son entourage. Nos chemins se sont séparés et je les avaient retrouvés plus tard. Ça m'a fait plaisir! Mais tout comme Judith, leur fascination n'opérait plus à partir du moment ou j'ai connu d'autres personnes, d'autres environnements...
Bref, ce roman pour moi est un chef d'œuvre! Car il continue à fasciner, à intriguer!

Eh bien, je ne regrette pas de m'être lancée et je vous lis avec beaucoup de plaisir. Ce livre a le mérite et le grand intérêt de nous amener à revivre certaines expériences passées (du moins c'est ce que ça m'a fait). Je n'ai pas du tout le même vécu que toi Ysabelle, et encore moins celui de Judith... c'est sans doute une bonne raison pour ne pas voir le roman de la même façon.
Je crois comprendre ce que tu veux dire quand tu vois Judith créatrice de son propre monde.
Ceci dit, contrairement à Vegas et à toi (si j'ai bien compris), je ne trouve pas que Cambridge la fasse évoluer. Cet épisode, comme le dit Vegas, révèle le profond impact de son enfance, mais je n'ai pas senti qu'elle s'ouvrait aux autres. Elle rencontre une personne et en devient dépendante. Après la "défection" de Jennifer, elle se retrouve toute seule. Et elle ne me semble pas moins dépendante aux Fyfe (enfin à Roddy, car elle ne court pas particulièrement après Martin) après Cambridge qu'avant. Et c'est sans doute l'une des causes de sa déconvenue future. Peut-être que si elle avait été moins dépendante de lui (en s'étant moins construit un château dans le ciel autour de lui) et si elle avait eu un tout petit peu plus d'expérience, elle aurait peut-être pu "l'apprivoiser". Pas sûr mais pas exclu. En tous cas, pour moi, c'est un autre aspect des "liens perdus" entre les personnages de ce roman.

Comme toujours avec les personnages mystérieux, j'essaie de me placer de leur point de vue. Que peut bien penser Roddy de Judith ? Il la voit très peu, il doit avoir compris qu'il lui plaît et il est assez évident qu'elle le recherche. Mais après trois ans à Cambridge et en supposant que Martin lui a raconté quel genre de fille est Jennifer, il a fort bien pu supposer que Judith s'était émancipée (après tout, elle fume, sort sans chaperon, le fait rentrer dans sa chambre malgré l'interdiction, accepte une ballade au clair de lune en tête à tête). Je peux comprendre sa surprise en recevant la lettre, il a fort bien pu se méprendre sur la profondeur des sentiments de la jeune fille et sur ce qu'elle recherchait. Leur temps n'est pas le même: elle n'a cessé de penser à lui donc ce qui arrive (enfin ce que l'on peut supposer être arrivé) est la concrétisation d'un sentiment longuement mûri alors que ce n'est vraisemblablement pas le cas pour lui. La fuite n'est pas très glorieuse, certes (mais à sa place, j'aurai aussi été très tentée, j'avoue). Bon, ce sont des élucubrations, désolée .

La passivité de Judith est aussi intrigante pour moi. Elle ne pense qu'au Fyfe mais ne les voit jamais que par hasard ou lorsqu'ils viennent la chercher, et ce bien après qu'elle se soit déclaré à elle-même être leur "égale". Enfin, c'est encore un détail.

Merci pour ton avis passionnant à lire MissAcacia. J'avoue que je ne me rappelle plus très bien de l'histoire mais personnellement j'avais beaucoup aimé la partie à Cambridge.

De mon côté j'ai relu L'invitation à la valse et j'ai enchaîné avec la suite, Intempéries, mais celui ci m'a laissé une impression bizarre... Comme si ce n'était pas vraiment un livre de Rosamond Lehmann que j'avais lu en fait... J'ai trouvé ce roman beaucoup plus attaché aux "réalités de la vie" que les autres que j'ai pu lire (ça y est, déjà je galère pour exprimer mon ressenti ).

Spoiler:

En fait ce qui m'a un peu dérangée/attristée c'est l'évolution des personnages. J'aime beaucoup Olivia, mais en fait je n'arrive pas à me dire que c'est la même personne que dans L'invitation à la valse. Pareil pour Rollo, il était tellement fascinant, pleins de promesses... et là je n'ai pas trop accroché à son personnage, je ne voyais pas trop ce qu'Olivia lui trouvait. Par contre j'ai retrouvé Kate telle que je l'avais laissée, même si sa vie n'est pas forcément devenue ce qu'on attendait, elle garde sa personnalité si particulière.

J'ai trouvé le roman un peu long parfois. Le style est toujours aussi sublime par contre. J'ai bien aimé la bande d'amis d'Olivia, en particulier Anna et Simon.

Spoiler:

Je ne sais pas trop quoi penser de ce livre en fait. J'ai été surprise car jusqu'à présent pour moi les romans de Lehmann étaient en "demi teinte", un peu mélancoliques mais aussi optimistes et là je l'ai trouvée beaucoup plus désabusée. Ca reste un beau livre toutefois.

(Désolée pour ce post décousu et pas très intéressant et en plus je passe après Miss Acacia alors on va voir la différence )

Merci de ton avis Esperluette C'est exactement pour ça que je ne veux pas lire ce livre pour l'instant, j'aime trop L'invitation à la valse qui se finit tout en promesses futures, pour lire la suite qui va ruiner ma belle image des personnages et du livre

Moi de toute façon je voulais le lire parce que c'est Rosamond Lehmann et que je veux lire tous ses livres.

Mais finalement ça n'a pas tellement gâché ma vision des personnages parce que j'ai un peu l'impression d'avoir lu une histoire qui n'a rien à voir avec L'invitation à la valse du coup.

Bien vu Esperluette! C'est exactement ce que je pense, un roman autre mais pas la suite! Surtout si on l'a lu avec un intervalle assez important. Je les ai commandés et je m'apprête à les lire. Je ne manquerai pas d'en discuter car j'en ai oublié presque tout.
J'ai également "Le jour enseveli" Lehman est l'un de mes auteurs préférés et c'est elle qui m'a menée vers le "Inn". C'est en cherchant des forums et informations sur elle que j'ai été orientée par là et je ne le regrette pas!

Oui moi aussi je veux tout lire d'elle, c'est mon gros coup de coeur de 2010 cette auteur mais j'attendrai encore pour celui-ci, surtout que j'ai comme ysabelle Le jour enseveli dans ma PAL

Et moi je n'ai plus aucun livre d'elle dans ma PAL... Il va falloir que j'y remédie très vite.

Ah !! je suis ravie de votre enthousiasme pour cette auteur que j'aime beaucoup et dont j'ai eu le grand plaisir de créer le topic au tout début de mon séjour ici, ce qui explique d'ailleurs la pauvreté de la présentation !! Il me faudrait la refaire ... mais du moment qu'on lit ses livres
Ysabelle j'ai hâte que tu lises "le jour enseveli" qui est un de mes préférés, et dont une partie est inspirée de sa propre vie, et que tu nous donnes ton avis. Contrairement à vos avis, je trouve qu' "Intempéries" complète parfaitement "L'invitation à la valse", car il fait remarquablement sentir la force du temps qui passe, le poids de la vie quotidienne sur les rêves, et les blessures que provoque le passage des rêves adolescents à la maturité. Ce qui m'a frappé c'est qu'Olivia accepte cette réalité, elle comprend parfaitement que l'histoire de Rollo et elle ne peut être que ce qu'elle est : un intermède, ce qui n'enlève rien à la sincérité des sentiments, ni à leur profondeur, mais dans la gentry de ce temps-là il y a ce qui se fait, et ce qui ne se fait pas, et la mère de Rollo et Olivia se comprennent tout à fait. Alors que l'on en soit déçue je vous l'accorde bien volontiers, car c'est amer comme conclusion, et cela rejoint tout à fait l'esprit général des livres de R L, qui ne sont jamais optimistes et joyeux (le plus mélancolique de tous étant "une note de musique").
Quant à Roddy, si mes souvenirs sont bons, il semble avoir un ami très proche, et ce serait un peu le pendant de l'amitié de Jennifer pour Judith, ce qui rend ces relations fort ambigües, d'où leur intérêt !! Plusieurs critiques suggèrent que RL aborde d'une façon implicite le thème de l'homosexualité, ou tout au moins de la bisexualité.

esperluette a écrit:

j'ai enchaîné avec la suite, Intempéries, mais celui ci m'a laissé une impression bizarre... Comme si ce n'était pas vraiment un livre de Rosamond Lehmann que j'avais lu en fait...

En fait ce qui m'a un peu dérangée/attristée c'est l'évolution des personnages. J'aime beaucoup Olivia, mais en fait je n'arrive pas à me dire que c'est la même personne que dans L'invitation à la valse. Pareil pour Rollo, il était tellement fascinant, pleins de promesses... et là je n'ai pas trop accroché à son personnage, je ne voyais pas trop ce qu'Olivia lui trouvait. [...]
Je ne sais pas trop quoi penser de ce livre en fait. J'ai été surprise car jusqu'à présent pour moi les romans de Lehmann étaient en "demi teinte", un peu mélancoliques mais aussi optimistes et là je l'ai trouvée beaucoup plus désabusée. Ca reste un beau livre toutefois.

Esperluette, j'ai eu exactement la même impression de lecture que toi en lisant Intempéries, cette suite a absolument gâché la bonne impression que j'avaie eue de L'invitation à la valse, et m'a même pour le moment, fâchée avec cet auteur. Mais j'ai bon espoir de retrouver un jour l'envie de la lire, et surtout de découvrir Poussière.

nathy's a écrit:

Merci de ton avis Esperluette C'est exactement pour ça que je ne veux pas lire ce livre pour l'instant, j'aime trop L'invitation à la valse qui se finit tout en promesses futures, pour lire la suite qui va ruiner ma belle image des personnages et du livre

Nathy's, je ne peux que t'encourager dans ce choix, mais ce n'est que mon humble avis , d'autres membres du forum (cf Clinchamp juste ci-dessus!) ont beaucoup aimé Intempéries.

clinchamps a écrit:

.. (le plus mélancolique de tous étant "une note de musique").

Une note de musique, je l'ai adoré! Il m'a rappelé un peu le style de Françoise SAGAN dans "Aimez vous Brahms". Une parenthèse dans une vie tranquille, qui bouleverse les habitudes, l'âme, le cours de la vie. Une rétrospective amenant des questions enfouies, jusque là, aux tréfonds de l'inconscient! Voilà, Hugues qui arrive avec sa jeunesse, son charme, sa presque insouciance. Grâce, une femme qui a fait des choix, où les circonstances s'en sont chargés à sa place, se tourmente avec des questionnements métaphysiques sur son destin. un frère et une sœur (Hugues et Claire) qui arrivent, comme une brise d'été, entrent pour un temps dans la vie rangée de plusieurs familles, surtout celles de Grâce et de Norah, la dérangent, la bousculent et tout cela sans qu'ils ne semblent, le moins du monde, affectés par ce qu'ils provoquent. Une parenthèse s'ouvre et se referme dans une grande mélancolie et la résignation de continuer son petit bonhomme de chemin, comme avant, avec juste en plus, une note de musique.
Les personnages après une analyse de leurs vie, des chemins empruntés, des : que se serait-il passé si..., se rangent, reprennent le cours de leur vie normale!
J'ai inventé un mot pour cet état de spleen quand parfois il me prend "Malménomanie".
Désolée je voulais donner mon avis et je me suis laissée aller à un spleen et idéal qui n'a ni queue ni tête!